Me réveiller à tes côtés [pv Riley]

Elle se sentie s’éloigner de Morphée et de ses doux rêves pour revenir peu à peu à la réalité. Elle ne voulut toutefois pas ouvrir les yeux tout de suite, souhaitant encore profiter de la sérénité qu’elle ressentait. Elle se sentait apaisé et surtout curieuse de voir si les doigts déposés sur son sein allaient oser d’autres caresses, profitant de son état de sommeil. Elle dû se mordre la joue pour empêcher son visage d’afficher le bonheur qu’elle ressentait en sentant les lèvres de sa petite-amie parcourir ses traits. Lorsque la voix de la violoniste résonna, elle ne put empêcher ses lèvres de se fendre en un sourire coupable. Elle finit par ouvrir les paupières qui dévoilèrent deux orbes au reflet rubis.

« Morning sunshine »

Elle approcha son visage de celui de la virtuose afin de lui voler un baiser, avant d’aller se réfugier dans son cou et de resserrer son étreinte. Elle aimait se réveiller près de sa belle et profitait chaque fois de ces instants éphémères. Elle n’avait pas si souvent l’occasion de s’en délecter alors elle avait appris à prendre son temps et ne pas sauter rapidement hors de son lit, comme lorsqu’elle était seule.

L’autre raison c’est qu’elle se sentait encore fatiguée et courbaturée de leur nuit. Elle avait voulu fêter leur première Saint Valentin et leur victoire au concours comme il se devait. Elle se sentait irrassasiable quand venait le temps de procurer du plaisir à la jeune femme. Autant dire qu’elle avait laissé aller son imagination pour inaugurer leur première nuit dans une chambre inconnue. Elle s’était également laissé surprendre par les intentions de la violoniste et avait pu se délecter de ses caresses de plus en plus entreprenante.

Elle finit par quitter son refuge et étira ses membres légèrement endoloris avant de se redresser. Elle prit tout de même le temps de laisser aller ses doigts profiter de la douceur du corps de Keiko et lui prodigua quelque caresse partant de son dos jusqu’à ses fesses qu’elle appréciait particulièrement. Il était tentant de se laisser aller à une journée au lit où elle ne ferait rien d’autre que de câliner la virtuose. Mais elles avaient qu’un weekend pour profiter de Kyoto et de ses richesses.
À présent assise au bord du lit, elle termina de s’étirer avant de se lever. Elle se dirigea vers la salle de bain en adoptant une démarche volontairement plus sensuelle et aguicheuse qu’à l’accoutumée. Lorsqu’elle fut devant l’encadrement de
la porte de la pièce annexe, elle regarda Keiko par-dessus son épaule en affichant un sourire espiègle.

« Je laisse la porte ouverte, si jamais tu as envie de me rejoindre. »

Elle ponctua sa phrase par un clin d’œil. Elle avait déjà fait cette proposition lors de leur dernier voyage, alors qu’elles avaient partagé leur premier. Cette fois ci, elle laissa la porte coulissante grande ouverte et alla sans se retourner se prélasser sous l’eau chaude. La première fois, Keiko n’était pas venue, sûrement trop débordée par les sentiments qu’elle ressentait et la gêne de la des premiers instants de relation. Aujourd’hui elles étaient beaucoup plus intime et Riley se dit que la seule raison pour laquelle elle ne viendrait pas, ce serait uniquement pour ne pas la laisser gagner en réalisant trop facilement ses souhaits.

Riley fit une moue lorsqu’elle prit conscience qu’elle devrait une nouvelle fois se contenter d’une douche solitaire. Keiko n’était pas drôle. Elle se lava rapidement prenant soin de masser ses muscles endoloris et d’effacer toute trace de sa nuit. Une fois propre elle se sécha et noua ses cheveux en une tresse qu’elle laissa reposer sur son épaule gauche. Elle opta pour un pull noir moulant rentré dans son jeans qu’elle roula au niveau de ses chevilles. Une fois prête elle alla rejoindre la violoniste en se laissant guider par la douce odeur de nourriture.

« Ça a l’air délicieux pancake ! Merci. »

Elle laissa filer la jeune femme avant de prendre un morceau dans l’assiette qui lui était dédiée. Elle avait un sourire amusé sur les lèvres face aux petites attentions de la virtuose. Depuis quelque temps la musicienne lui offrait fréquemment des bentos qu’elle emportait au garage pour son repas du midi. Elle était toujours ravie de les découvrir et de les déguster se faisant une joie de détailler ce qu’elle en avait pensé quand la blonde venait la rejoindre en fin de journée. Il n’y en avait qu’un seul qu’elle n’avait pas mangé parce qu’elle l’avait offert à Suzume qui semblait mourir de faim.

Ses papilles furent ravies de cette dégustation, mais son ventre commençait à s’activer et à réclamer davantage de nourriture. Une chance que Keiko lui avait fait une assiette suffisamment consistante pour le calmer en attendant le vrai repas. Tout en grignotant, la rousse s’attela à trouver un endroit où aller pour aller profiter d’un petit-déjeuner avec sa petite-amie. Elle ne mit pas longtemps à se décider et rangea les prospectus présents dans leur chambre d’hôtel. Elle se servit un café et alla admirer la vue de leur fenêtre, se perdant dans ses pensées.

Elle était heureuse de prendre un Week-end loin avec pour seule compagnie la violoniste. Elles avaient d’abord voulu aller à Florence, mais avaient changé d’idée se disant qu’elle avait eue leur dose concernant les longs voyages en avion. De plus, elle n’aurait pas bien pu profiter comme elle profiterait de Kyoto. Elle avait eu le temps de faire un tour en ville la veille pour faire leur épicerie. C’était un endroit magnifique et apaisant et la rousse avait hâte d’en découvrir davantage sur l’ancienne capitale. Elle termina son assiette qu’elle posa sur le comptoir se tenant à ses côtés et sursauta légèrement en sentant des bras l’enlacer. Elle tourna sa tête pour recevoir le baiser de la violoniste et se retourna afin de la regarder en souriant. Son cœur s’emballa comme à chaque fois qu’elle prenait le temps d’admirer sa petite-amie. Elle la trouvait tellement belle. Elle se sentait un peu niaise de s’émouvoir ainsi à chaque fois, mais c’était plus fort qu’elle. Elle ne pouvait empêcher son cœur et ses sentiments de réagir face à Keiko. Lucie se serait fait un plaisir de la taquiner à ce sujet. Elle chassa l’idée de sa tête et revint au temps présent. Elle déposa un chaste baiser sur les lèvres de sa valentine et posa les mains sur ses hanches.

« Oui, je ne pouvais rêver mieux. »

Ses yeux et son sourire s’illuminèrent de sincérité et d’amour et elle déposa un nouveau baiser sur le front de sa belle, avant de prendre le temps de finir son café. Elle alla ensuite laver rapidement sa vaisselle avant de récupérer les bentos et d’inviter la blonde à quitter leur demeure éphémère. Elle décida de garder le silence sur leur destination, souhaitant surprendre la violoniste. Cette année la floraison des cerisiers était précoce dû au changement de température. La rousse ne pensait pas se réjouir un jour de ce genre de phénomène, mais pour le coup ça tombait assez bien. Elle savait que Keiko affectionnait particulièrement ces arbres mythiques du Japon, ainsi que leur fleur. Elle avait choisi l’endroit parfait pour en profiter tout en profitant du repas confectionné par sa petite amie. Autre chance qu’elle eut, cet endroit se situait à une quinzaine de minutes à pied de leur chambre et la météo annonçait une journée ensoleillée. Tout était parfait. La faiseuse de violons avait l’impression que les étoiles s’étaient alignées pour leur offrir un merveilleux week-end. C’est donc muni d’un grand sourire aux lèvres et d’une démarche enjouée que Riley entraina Keiko à sa suite en entrelaçant leurs doigts ensemble. Destination : le chemin de la philosophie.

Malgré que les températures dépassaient à peine les dix degrés Celsius, le soleil était doux et l’air agréable. Riley appréciait sa promenade sous les cerisiers et se délectait des couleurs et odeurs des fleurs à peine sorties de leur repos hivernal. Elle ne pouvait s’empêcher également d’admirer sa compagne de voyage qui semblait s’émerveiller de chaque découverte qu’elle immortalisait en clichés photographiques. Riley se sentait d’humeur joueuse et s’amusa à en photobomber certains en riant, passant à « l’improviste » devant l’appareil une seconde avant que celui-ci ne se déclenche, en affichant ses plus belles grimaces. Elle riait chaque fois que son plan réussissait, mais ne le fit qu’à trois reprises afin d’éviter de ruiner l’art de la belle violoniste et surtout d’avoir trop de photos dossiers à son sujet. De manière générale, Riley préférait troller les clichés plutôt que de poser. Au grand damne de sa mère qui avait la même passion que Keiko concernant la récolte de souvenir.

En voyant la beauté des lieux, la rousse comprit pourquoi elle avait choisi de s’établir dans ce pays si particulier. Elle se sentait apaisée en ces lieux et admirait l’architecture des temples jonchant le chemin. Ces colosses faits de bois impressionnaient l’artisane qui s’en retrouvait béate. Elle se sentait à sa place en ces lieux, encore plus depuis que la violoniste se tenait à ses côtés. Elle ramassa quelques fleurs de cerisier tombées des arbres et les glissa dans le nœud de la demi-queue de cheval de Keiko. Elle lui sourit avec tendresse avant de l’aider à s’installer pour leur pique-nique improvisé. Son sourire ne fut que plus grand quand elle découvrit le contenu de la boite qu’elle avait porté jusqu’ici. Keiko était une jeune femme qui aimait que les choses soient bien faites. Les bentos qu’elle confectionnait pour la mécanicienne étaient toujours très soignés et donnaient autant envie de les manger que de les exposer. La demoiselle prêtait une grande attention aux détails et remplissait toujours ses boites avec beaucoup d’amour. Riley se sentait toujours un peu émue lorsqu’elle découvrait le contenu de ses repas.

La faiseuse de violons eut à peine le temps de remercier sa belle pour le repas et les baguettes qu’elle lui tendit, qu’elle se retrouva avec un morceau de nourriture offert par la blonde. Elle lui sourit avant de prendre la bouchée, repensant à la fois où les rôles avaient été inversés alors qu’elles étaient bloquées dans une cabane de pêche sur un lac gelé. Les mots de la virtuose la touchèrent et elle sentit ses joues se réchauffer tandis que son cœur bondissait de bonheur.

« Merci à toi de m’accompagner et de concocter de si délicieux repas. »

À son tour elle prit une part de nourriture entre ses baguettes et la tendit à la violoniste. C’est fou comme des moments aussi simples devenaient beaucoup plus colorés lorsqu’on était amoureuse. Rien que par la présence de la virtuose et la beauté des lieux où elles se trouvaient, la nourriture en semblait meilleure. Riley avait l’impression de n’avoir rien mangé d’aussi bon que ce bento préparé par Keiko.

« Est-ce que tu étais déjà venue à Kyoto auparavant ? »

Elle avait envie de savoir dans quels coins du Japon la violoniste s’était déjà aventurée. Elle savait d’expérience qu’on avait tendance à ne pas forcément explorer son pays de naissance. Riley en avait pris conscience quand elle avait emménagé au Japon. Depuis elle s’était promis de visiter toutes les provinces que contenait le Canada, et elle avait de quoi voyager pour plusieurs années. Avant ça, elle souhaitait découvrir les richesses de chaque région du Japon.

Riley écoutait attentivement le récit de Keiko tout en continuant de déguster son repas. Elle aimait quand la blonde divaguait ainsi dans ses histoires de famille. Toutes ses histoires semblaient plus merveilleuses quand elles étaient racontées avec cet amour et cette passion qui emplissait les traits de la violoniste. La rousse n’était pas spécialement proche de ses grand-mères bien qu’elle ait la chance d’encore les avoir dans sa vie. Sa grand-mère maternelle avait toujours trouvé la vie de sa petite fille trop décadente et elle ne comprenait pas comment son fils avait pu la laisser dériver ainsi. Elle adorait sa grand-mère maternelle, mais comme celle de Keiko, elle vivait trop loin pour qu’elle puisse pleinement en profiter. Il en était de même pour son grand-père encore en vie. La rousse se souvenait de ses vacances chez eux où elle passait tout son temps dans l’Atelier de son grand-père qui ne cessait de bricoler. Son amour pour cette pratique lui venait certainement de lui d’ailleurs. Mais maintenant qu’elle avait changé de pays, elle avait encore plus creusé le faussé entre elle et ses ancêtres.

« Qu’elle vie incroyable, ça n’a pas dû être facile pour elle. Je trouve cela si remarquable que les femmes de ta famille se soient ainsi émancipées. Elles semblent être de véritable modèle de lutte. »

Riley le pensait. Les descendantes de la famille Arima avaient un caractère bien trempé et étaient de véritable force de la nature. La rousse l’avait elle-même observé via son amie Hinata et sa fille Keiko. Cela ne l’étonnait donc pas que les autres femmes de la lignée s’étaient démarquées de la normalité. La Canadienne avait hâte de rencontrer la grand-mère de sa petite amie, elle était certaine qu’elle l’aimerait.

Elle laissa la violoniste s’installer sur elle et vint jouer avec ses cheveux. Elle profita de cet instant de calme et de plénitude pour se ressourcer. Elle se sentait parfaitement bien et en harmonie avec l’instant. Elle sourit en entendant la requête de sa petite-amie et s’amusa à caresser son visage avec une de ses mèches de cheveux.

« Avec plaisir, à condition que tu m’accompagnes au chant. »

Riley n’avait pas vraiment eu le plaisir d’entendre sa belle chanter. Elle l’avait entendu fredonner, mais elle était curieuse de découvrir sa voix. Elle était persuadée qu’elle chantait bien.

Leur conversation précédente trottait dans la tête de la bricoleuse. Keiko semblait énormément aimer sa grand-mère et s’ennuyait d’elle. Si la géographie de la rousse était bonne, elle pouvait surement réaliser l’idée qui lui trottait dans la tête. Elle sortit son téléphone, chose rare, et fit une rapide recherche sur internet. Un sourire étira ses lèvres. Elle aurait aimé garder son idée secrète, mais c’était leur week-end de saint Valentin et elle voulait s’assurer que la virtuose était d’accord pour éventuellement couper leur bulle amoureuse.

« Est-ce que tu aimerais voir ta grand-mère ? Genre, ce week-end ? »

Un train reliait Kyoto à Okayama. En à peine deux heures, elles pourraient se rendre chez la grand-mère de Keiko. Elles pouvaient également la faire venir, le trajet inverse étant moins long d’une demi-heure. Tout ce que souhaitait Riley, c’était rendre heureuse la femme qu’elle aimait. Elle s’adapterait à ses désirs et se promettait de réaliser le moindre de ses souhaits.

« Je ne trouve pas que tu fasses pâle figure à côté d’elles. »

La rousse regardait sa petite-amie avec intensité. Elle s’en voulait un peu d’avoir poussé à la comparaison. Chaque personne était différente avec ses forces et ses faiblesses. Quand elle regardait Keiko, elle voyait une femme aussi forte et charismatique que sa mère. Elle n’aimait pas l’idée que la violoniste en doute.

« Bien sûr, je ne connais que ta mère. Je trouve cependant que tu n’as rien à lui envier. Tu es forte et charismatique aussi, à ta manière. Tu es plus tolérante et bienveillante qu’Hinata et je trouve que c’est cela qui fait que tu es une jeune femme remarquable. Puis, entre nous, tu as aussi un caractère bien trempé et même moi je ne me risquerais pas à te provoquer. Tu es encore jeune, tu as le temps de t’affirmer davantage, d’avoir des doutes et de faire des erreurs, mais je te trouve déjà d’une sagesse et d’une maturité admirable. »

Riley aimerait tellement pouvoir partager ses pensées en cet instant. Keiko était selon elle la jeune femme la plus incroyable qu’elle connaisse. Elle avait beaucoup d’admiration envers sa petite-amie.

« Et je ne dis pas ça parce que je suis follement amoureuse de toi. Je le pense vraiment. »

Elle sentit ses joues rosir légèrement. Elle avait tendance à s’emporter quand il s’agissait de la violoniste. Keiko éveillait en elle une passion puissante qui la submergeait. Elle avait parfois l’impression de perdre le contrôle sur ce qu’elle ressentait, mais cela lui faisait du bien. Elle croyait en la virtuose, quelles que soient les facettes de sa personnalité.

Elle eut une moue en entendant la réponse de la jeune femme à sa propre demande de chanter. Voilà qu’elle ne l’écoutait plus à présent. Cela valait la peine d’essayer de lui faire plaisir.

« Trop tard, tu as dit oui, tu verras en temps et en heure. »

Laisser la violoniste se faire des films et redouter la raison de son consentement seraient sa punition pour son manque d’écoute. Riley affichait un sourire narquois fier de sa vengeance. Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant la réaction de sa belle à sa proposition. Elle posa une de ses mains sur la joue de la violoniste, afin de l’apaiser et d’attirer son regard dans le sien.

« Si je te le propose, c’est que ça ne me dérange pas pancake. »

Certes, elle avait participé au concours dans le but de passer du temps avec sa petite-amie. Cela ne voulait pas forcément dire qu’elles avaient besoin d’être en tête à tête pour tout le week-end. Riley voulait découvrir l’univers de Keiko et surtout, elle voulait la rendre heureuse. Elle savait que la blonde s’ennuyait de sa grand-mère et elles étaient actuellement assez proches pour se permettre d’aller la voir. Elle ne savait pas quand elle pourrait poser des vacances pour y accompagner Keiko une autre fois. Autant profiter de l’instant présent et de l’occasion.

« Je sais que ça ne fait pas longtemps que nous sommes ensemble et que ta grand-mère compte énormément pour toi. De mon côté, je me sens prête à rencontrer cette légende si chère à ton cœur. Je le suis si tu l’es aussi. Je suis certaines de ce que j’éprouve pour toi et rien ne me ferait plus plaisir que d’être à tes côtés à l’endroit que tu aimes le plus. »

Elle caressait doucement la joue de la virtuose et lui souriait avec amour. Elle savait qu’importe le lieu et la compagnie, tant que Keiko était à ses côtés, elle se sentait comblée.

« Je ne sais pas quand nous aurons une occasion d’allée la voir. Autant profiter maintenant, non ? On peut rester à Kyoto aujourd’hui et cette nuit et prendre le train demain pour aller la voir. Il n’y a que deux heures de trajet. Ou alors, on la fait venir ici et on lui demande d’être notre guide pour la journée de demain. »

Quoique choisissait Keiko, cela conviendrait à Riley. Elle voulait en apprendre plus au sujet de sa petite-amie et rêvait de rencontrer sa grand-mère qui semblait être incroyable. Elle se pencha pour venir embrasser sa bien-aimée avec douceur.

« Je veux juste que tu sois heureuse Pancake. »

Riley accueillit l’étreinte soudaine de Keiko en souriant et en riant. Elle embrassa sa joue avant de la laisser se retirer. Elle replaça une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Son sourire ne quittait pas ses lèvres.

« Je sais que tu sais contrôler ta colère, c’est exactement pour ça que je ne m’amuserais pas à te faire perdre le contrôle. J’en ai déjà eu un aperçu et j’en frissonne encore de peur. »

Elle repensait à ce moment où un quiproquo avait failli mettre fin à son idylle naissante. Elle entendait encore les coups que la violoniste avait donnés à cette pauvre porte et surtout, elle ressentait encore cette aura meurtrière qui avait fait irruption quelques secondes avant qu’elle ne tombe de fatigue. Peut-être que Keiko ne s’en était pas rendu compte, après tout elle avait été complètement chamboulée et était passée par plusieurs émotions en une fraction de seconde. Elle ne prit toutefois pas la peine d’évoquer ce moment déplaisant même si la fin de cette journée avait été nettement plus agréable.
La rousse laissa sa petite-amie appeler sa grand-mère en se laissant réchauffer par les rayons du soleil tout en écoutant d’une oreille ce qu’il se disait entre les deux femmes. Enfin du moins en déchiffrant ce que disait Keiko. Elle fut surprise de l’entendre annoncer avec autant d’aisance qu’elle était en couple avec une femme. La violoniste lui avait pourtant confié que sa grand-mère ne le savait pas et qu’elle appréhendait légèrement sa réaction. La bricoleuse était toutefois touchée de voir que la virtuose évoquait sa relation avec autant de naturel.

Comprenant qu’elles allaient bouger de leur spot de pique-nique, Riley s’affaira à ramasser leurs affaires pendant que Keiko concluait sa conversation. L’artisane se sentait bizarrement plus anxieuse à l’idée de savoir qu’elle allait rencontrer la femme âgée plus tôt que ce qu’elle pensait. Elle se rationalisa toutefois en se disant qu’il n’y avait pas de raison de s’en faire, car il s’agissait après tout d’une des personnes que Keiko aimait le plus au monde.

« Un concert de Queen ? C’est le nom d’un groupe local ou ils reprennent les chansons du « vrai » groupe ? »

Oui, ça piquait sa curiosité. Riley s’empara de la main de sa petite-amie en lui souriant. Elle la suivit jusqu’à leur hôtel et se chargea d’ouvrir la porte pour qu’elles puissent aller ranger leurs affaires en trop. Elle croisa son reflet dans un des miroirs et prit le temps de se recoiffer.

« Est-ce que je devrais me changer ? »

Sa tenue n’avait rien d’extravagant toutefois, elle voulait faire bonne impression pour sa première rencontre avec son ainée. Elle ne voulait pas mettre Keiko dans un quelconque embarras si jamais sa grand-mère avait des commentaires à faire sur son look. Sa propre grand-mère ne s’étant jamais gênée pour faire des commentaires sur Riley et les filles qu’elle côtoyait, elle avait toujours une certaine crainte qu’on la juge, mais surtout, qu’on ne la trouve pas digne de la violoniste. Elle savait que cette rencontre était importante pour sa petite-amie et elle voulait tout faire pour la rendre fière.

Riley se laissa rassurer par sa petite-amie et quitta leur chambre avec plus de confiance. C’était une grande fille après tout, elle avait passé l’âge d’être stressée à l’idée de rencontrer les membres de la famille de la femme qu’elle aimait. Elle avait déjà la bénédiction d’Hinata, alors qu’elle avait pensé que cette dernière aurait eu une mauvaise réaction. La grand-mère de Keiko pouvait également lui réserver des surprises, même si elle venait d’une autre époque.

Alors que l'anxiété de Riley diminuait, elle sentait celle de Keiko augmenter au fur et à mesure que leur pas les rapprochait de la gare. Les doigts de la violoniste serraient plus fort les siens et Riley caressa le dos de sa main de son pouce.

« Ça va aller Pancake, j’ai déjà réussi à charmer deux générations de votre famille.»

Elle lui fit un clin d’œil, passant une nouvelle fois par l’humour pour tenter de détendre l’atmosphère. Elle-même accentuait sa propre confiance en elle pour camoufler les légers picotements qu’elle ressentait au niveau de l’abdomen. Elles arrivèrent enfin à destination et la rousse fronça les sourcils en entendant Keiko lui dire qu’elle ne voyait pas sa grand-mère. La Canadienne espérait de tout cœur qu’elles ne s’étaient pas fait poser un lapin, ce serait encore pire que de devoir faire face à la désapprobation de l’ancêtre de la blonde. Riley ne supporterait pas de voir la tristesse sur le visage jusqu’ici rayonnant de sa petite-amie.

Elle fut sortie de ses pensées alors que la violoniste poussa un cri en bondissant en avant. Avait-elle rêvé ou avait-elle bien vu une main claquer les fesses de la virtuose du coin de l’œil ? Riley sentit la colère monter en elle et se tourna vers le malotru qui avait fait cela. La pression redescendit pourtant instantanément alors que ses yeux couleur érable se posaient sur une vieille dame rockeuse. Elle ne s’était pas attendue à cela.

Ainsi il s’agissait de la fameuse grand-mère. Même si Keiko lui avait parlé plusieurs fois du fais qu’elle était rock’n’roll, Riley restait surprise de voir un tel personnage. Quel genre de grand-mère saluait sa petite fille en lui claquant le derrière ? Les seules fois où c’était arrivé à Riley, c’est quand elle se faisait réprimander après avoir fait une « bêtise ». Lorsque Keiko la présenta, Riley se courba en avant. Il n’y avait qu’avec les personnes âgées qu’elle respectait volontiers les traditions japonaises. Puis, elle était encore un peu stressée et ne voulait pas tout faire foirer.

« Ravie de faire votre connaissance, Arima-sama. »

La bricoleuse fut surprise de voir la vieille dame l’enlacer, mais elle répondit à son étreinte. Riley était une personne entière qui aimait la proximité avec ses semblables. Elle était soulagée de voir que la vieille dame était pleine d’humanité et de simplicité. Un sourire amusé face à la remarque qu’elle venait de lui faire, Riley alla s’installer à côté de son soleil. Riley se commanda un grand café corsé et invita les deux femmes à sa table. Elle écoutait ce que racontait la mamie rockeuse avec un sourire.

« Cela ne m’étonne pas, on voit tout de suite de quel côté de sa famille Keiko a puisé tout son charme. »

La rousse fut touchée par l’histoire qui leur était partagée. Elle ne pensait pas que la grand-mère de Keiko aurait partagé un instant l’amour avec une femme. Il est vrai qu’elles étaient chanceuses d’évoluer dans une société plus tolérante. Toutefois, Riley se dit que l’histoire était bien faite, car si la grand-mère avait gardé son amour de jeunesse, Riley n’aurait pu rencontrer Keiko. Elle se sentait un peu égoïste de penser cela, mais elle était reconnaissante de la chance qu’elle avait. La Canadienne se sentait rougir en entendant son ainée parler de mariage. Elle n’avait pas l’air d’avoir sa langue dans sa poche, ça plaisait à la luthière autant que ça la mettait mal à l’aise. Heureusement, Keiko apporta la discussion sur un autre sujet et son O’bachan rebondit rapidement dessus.

« Je dirais que Keiko est encore plus têtue qu’Hinata à ce sujet. Si comme elle, elle en venait à ne plus pouvoir utiliser un de ses bras pour jouer, ça ne m’étonnerait pas de la voir prendre des cours avec Manami Ito pour continuer à jouer. »

Riley avait dit cela avec une lueur d’amusement dans les yeux, mais elle le pensait vraiment. Elle ne pouvait pas imaginer un seul instant Keiko abandonné sa passion. Elle aimait à penser que contrairement à sa mère, elle trouverait une solution pour outre passer son handicape et continuer à partager sa musique au monde.

Riley se sentait nettement plus détendu maintenant que la glace était brisée. Elle sirotait son café tranquillement en écoutant attendrie les deux femmes partageant sa table. Elle adorait déjà cette mamie et sa manière d’être avec Keiko. Elles les trouvaient adorables et étaient heureuses de partager un instant leur bulle. Elle écoutait plus qu’elle ne participait à la conversation, laissant le temps aux deux membres de cette famille de se retrouver. Elle était heureuse que la grand-mère de sa petite ait pu voir le concours, elle savait que cela comptait beaucoup pour la violoniste.

Elle ignorait que Keiko ne connaissait toujours pas le passé de sa mère et manqua d’avaler de travers la gorgée de café qu’elle venait de prendre. Elle venait de faire une gaffe et sacra mentalement contre son amie de ne pas avoir parlé à sa fille. Elle était persuadée qu’elle l’avait fait quand elles les avaient laissé se rendre au restaurant ensemble. Le comportement d’Hinata désespérait Riley. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était si gênée d’en parler à son enfant. Heureusement l’o’bachan brisa le silence au sujet du passé de sa fille et Riley fut contente de ne pas avoir à mentir à sa petite-amie. Déjà qu’elle se sentait mal d’avoir participé au secret. Sentant le trouble de la virtuose, elle vint placer une main réconfortante sur sa cuisse et lui sourit avec tendresse.

« Je suis d’accord avec ton o’bachan. Ta mère est fière, mais jamais elle ne douterait de toi. Ce n’est pas par manque de confiance à ton égard qu’elle ne t’en a pas parlé. Je pense que d’une certaine façon, elle ne voulait pas non plus te mettre la pression pour que tu réalises son rêve, elle souhaite que tu fasses ce qu’il te plait, pour toi et non pour elle. »

Riley était persuadée que son amie souhaitait juste le meilleur pour sa fille. Même si elle la trouvait idiote de ne pas avoir parlé à sa fille, elle savait que la Japonaise faisait toujours ce qu’elle considérait être le mieux pour que Keiko soit épanouie. En entendant la nouvelle réplique de la vieille dame et en sentant la violoniste accaparer son bras dans un geste possessif, Riley eut un rire amusé.

« J’ai été surprise, mais Hinata a merveilleusement bien réagi et nous soutient. Je dois admettre que je redoute la rencontre avec Pavel. Je compte sur toi Obachan pour nous soutenir en cas de besoin. Avec toi et ta fille à nos côtés impossible qu'il puisse nous embêter. De toute façon je vois mal comment il pourrait me dissuader d’être avec Keiko, tant qu’elle voudra de moi, je défendrais notre relation coûte que coûte. »

Il était hors de question que la rousse laisse qui que ce soit interférer dans son couple. Elle avait trouvé la perle rare et ne comptait pas la laisser filer tant que la jeune femme se sentait bien à ses côtés et l’aimait. Soutenue ou non, elle était prête à affronter n'importe qui. Elle entrelaça ses doigts à ceux de sa petite amie et lui accorda un nouveau sourire. Son regard couleur automne se perdit dans les orbes gris et elle fut davantage convaincue de ses paroles.

« Ce concert de Queen sinon, en quoi il consiste ? Est-ce que c’est un groupe qui va reprendre les musiques ou des hologrammes qui vont faire le show ? Je suis assez curieuse. »

C’était déjà arrivé que des ingénieurs fassent revivre d’anciennes personnalités en se servant de la technologie. Elle se demandait si la mamie rock’n’roll appréciait ou non ces nouveaux spectacles modernes.

« Ah oui, je sais qu’elle n’aurait rien eu contre le fait que sa fille soit avec une femme ! Je pensais qu’elle aurait eu du mal avec le fait que cette femme, ce soit moi. »

La rousse eut un léger rire et souriait avant de prendre nouvelle gorgée de son breuvage, tenant sa tasse avec ses deux mains. Elle avait été surprise qu’Hinata ne la menace pas de mort pour avoir osé toucher à sa fille. La Japonaise se transformait en mère ours quand il s’agissait de sa fille. Au moins elle agissait par amour pour sa fille, et Riley aimait mieux ça que de devoir faire face à Pavel. Ce dernier pensait davantage aux investissements, qu’au bien-être de ses enfants. La bricoleuse serait toutefois au côté de sa petite amie pour la soutenir.

Elle lui sourit en retour profitant du contact de leur tête. Riley était rassurée de savoir que Keiko avait des alternatives pour échapper à la pression paternelle. Elle n’aurait pas aimé qu’il puisse librement mettre de la pression à sa fille. Elle était confiante concernant leur avenir, que Pavel consente leur relation ou non. Elles étaient en voyage, il était hors de question de se tracasser davantage à ce sujet et la rousse décida de changer de sujet. La grand-mère nippone semblait en accord avec elle, car elle reprit son entrain et ses anecdotes. Son histoire fit rire l’étrangère. Elle se dit que l’obachan était un véritable phénomène.

« Ça a dû être mouvementé comme journées. Au moins tu elle vous a laissé profiter du concert avant de pointer le bout de son nez. »

En entendant les recommandations de son ainée, elle plongea son regard dans celui de la violoniste en lui souriant avec tendresse. Ses doigts caressèrent ceux qu’elle tenait dans sa main. Riley, regarda à nouveau la vieille femme et lui fit un sourire chaleureux.

« Je ferais de mon mieux. »

Elle le pensait sincèrement. Elle était d’accord, Keiko méritait le meilleur et Riley ferait en sorte de lui apporter. Elle voulait la rendre heureuse et ferait son possible pour que ce soit le cas. La violoniste était un véritable électrochoc de bonheur dans sa vie. La proposition de la grand-mère fit rayonner le visage de la luthière.

« Avec joie ! Ce serait un véritable plaisir de découvrir Kyoto au travers de tes anecdotes. »

Riley sourit une nouvelle fois aux deux femmes avant de finir son café. Une fois que tout le monde eut terminé, elle régla l’addition avant de remettre sa veste pour quitter la gare. Elle tenue les portes aux femmes qui l’accompagnaient et adapta son pas à celui de la vieille dame. Une fois dehors, elle apprécia un instant l’air frais et ensoleillé. C’était une magnifique journée pour se balader.

« Est-ce qu’il faut prendre des transports pour se rendre dans les anciens quartiers ? »

Elle écouta et suivit la grand-mère de sa petite-amie. Elle tenait la main de cette dernière, gardant son sourire heureux affiché sur son visage.

Riley était ravie de constater que le courant passait bien avec la grand-mère de sa petite amie. Elle avait les joues légèrement roses après son commentaire sur le fait qu’elle tenait à Keiko et que ça se voyait. À vrai dire, cela la gênait, mais ne l’étonnait pas. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder la violoniste avec des yeux brillants d’amour et passait son temps à rechercher son contacte. Elle restait toutefois assez pudique en public et se contentait du contacte de leur main.

La rousse eut un nouveau rire en apprenant qu’accouchement ou non, la vieille dame serait restée jusqu’à la fin du concert. Elle reconnaissait bien la détermination d’Hinata et de Keiko briller également dans les prunelles anciennes. La luthière constata toutefois que la musicienne était perdue dans ses pensées et semblait tourmenter. Riley ne voulait pas qu’elle aille le regret de ne pas avoir pleinement profité de la journée avec sa grand-mère. Elle alla alors à nouveau chercher sa main et la serra doucement avant de la caresser de son pouce. Croisant les prunelles grises, elle lui accorda un sourire confiant. Keiko semblait revenir sur Terre et lui rendit son sourire. Riley fut rassuré et la laissa se prendre en photo avec son ainée qui, comme la Canadienne, prenait plaisir à grimacer sur les clichés.
Cela ne dérangeait pas du tout la bricoleuse de régler l’addition. Au contraire, cela lui faisait plaisir et elle utilisa cet argument pour calmer les protestations de la vieille dame. Les deux jeunes femmes purent ensuite commencer leur marche, main dans la main, en suivant leur guide improvisée.

« J’ai bien hâte de gouter cela !  Si ma mère était là, elle dirait surement « Je t’ai faite avec de grandes jambes alors sers-t’en pour marcher ! » Cela ne me dérange pas du tout de me balader à pied. Ça ira pour toi Pancake ? »

Riley était une amoureuse d’activité en plein air et notamment de randonnées. Ayant grandi sur une ferme elle avait vite développé les muscles de son corps et avait toujours choisi d’utiliser ses jambes en priorité comme moyen de locomotion. Puis, se déplacer à pied leur permettait de profiter pleinement de la ville qu’elles visitaient et du beau temps qui régnait. La rousse releva un sourcil intrigué et amusé par les paroles de la vieille dame. Elle ne s’attendait pas à ce qu’elle sorte une chose pareille et regarda sa violoniste de petite amie. Cette dernière avait le visage écarlate ce qui amusa Riley qui lui fit un clin d’œil complice. Elle ne serait certainement pas gênée de voler un baiser à sa bien-aimée si l’envie lui en prenait, mais le fait de savoir que cela ne dérangeait pas son o’bachan la rassura.

Elles s’arrêtèrent pour écouter une nouvelle anecdote. Riley était fascinée par l’histoire de cette ancêtre qui avait eu le courage de tout plaquer pour vivre sa vie comme elle l’entendait. Elle comprenait aussi le regret de la grand-mère, elle-même avait été marié, mais n’avais fait aucune cérémonie et sans inviter qui que ce soit à y participer. Sa famille lui avait longuement reproché d’avoir fait cela en cachette alors qu’ils l’avaient toujours soutenue dans sa relation avec Amelia. Cette dernière n’était pas vraiment en bon terme avec sa propre famille et à l’époque, Riley avait voulu être solidaire avec elle. Elles s’étaient tout de même senties mal, mais finalement, leur union n’avait pas fait long feu et la rousse s’était dit que c’était mieux ainsi.

Le baiser sur sa joue la ramena sur terre et elle regarda Keiko en souriant. Elle se promit si elle se mariait avec la violoniste, elle lui offrirait une cérémonie digne de ce nom qu’elle partagerait avec les personnes chères à leur cœur. Elle passa un bras sur les épaules de la musicienne et l’attira à elle pour lui embrasser la tempe.

« Tu n’as pas besoin de te justifier Sunshine. J’aime quand tu m’embrasses. »

Elle lui fit un nouveau sourire chaleureux avant de reprendre la marche en gardant son bras sur les épaules de la blonde.  Un instant plus tard, elle se retrouvait avec un calmar frit entre les mains qu’elle regardait d’un air dubitatif. Elle était loin d’être dédaigneuse et avait déjà mangé du calmar dans sa vie, elle n’en avait toutefois jamais gouté de la sorte. Elle était assez curieuse et croqua dedans sans sauce piquante pour commencer. La texture était intéressante et la cuisson parfaite. C’était bon. Voulant pousser plus loin son expérience, elle y ajouta de la sauce piquante. Cela ne la dérangeait pas de manger épicé, son palais était assez habitué aux saveurs variées. Elle n’écouta donc pas l’avertissement de sa petite-amie et prit une bouchée généreuse.

Elle regretta son engouement en sentant le piquant s’emparer de sa bouche et lui faire monter les larmes aux yeux. Elle sentait également son corps prendre rapidement quelques degrés de plus et sa gorge la brûler tandis que le morceau de calmar descendait son œsophage. Riley était toutefois une personne fière et elle continua de manger sans faire un seul commentaire, essayant de garder un visage serein. Les bouchées suivantes furent moins intenses et elle les apprécia davantage maintenant que son palais s’était habitué à l’intensité des épices. Elle pouvait à présent davantage profiter du gout de sa brochette qui était rehaussé par la sauce. C’est vrai que c’était meilleur. Ou alors sa bouche en feu lui jouait des tours. Elle ne savait pas trop, mais elle apprécia sa collation et prit son temps pour la finir.

« C’est vraiment bon, toutefois je pense que la prochaine fois j’irais plus mollo avec la sauce piquante.»

Elle y était allée un peu fort pour une première expérience, mais elle s’en remettait rapidement. Sa dégustation terminée, elle jeta le bâton dans une poubelle avant de revenir s’emparer de la main de Keiko.

« Keiko m’a dit que tu habitais dans une ferme o’bachan. Est-ce que tu cultives toujours ? »

La Canadienne ayant elle-même grandi dans une ferme, elle était curieuse de découvrir comment cela fonctionnait dans la campagne japonaise. Même si elle n’avait pas décidé d’en faire sa carrière, Riley aimait la vie de fermière et se disait souvent que le jour où elle possèderait une maison, elle ne pourrait s’empêcher de faire pousser des fruits et des légumes. Elle avait encore une mini jardinière sur son balcon pour faire pousser des fines herbes et des salades. Elle avait encore besoin de se sentir connecter à la terre, même en habitant au dernier étage d’un immeuble de ville.

Riley leva un sourcil avant de sourire amusé. Keiko devenait de plus en plus à l’aise avec elle et osait se montrer de plus en plus taquine concernant leurs activités intimes, ce qui n’était pas pour déplaire à la rousse. Cette dernière avait toujours été assez libérée vis-à-vis de sa vie privée. La mine taquine et le tirage de langue de la blonde firent également rire la Canadienne, qui leva exagérément les yeux au ciel, tandis que la violoniste s’éloignait pour rejoindre sa grand-mère. Elle passa rapidement du rire aux larmes alors que le piment incendiait sa bouche. Elle regrettait d’avoir joué la maligne, mais la vieille dame avait raison, seule la première bouchée était difficile et le feu se calma rapidement. Elle n’osait tout de même pas imaginer ce que ça avait pu faire d’avaler une bouteille de cette sauce au complet.

« Il va falloir que j’apprenne de mes erreurs, j’ai fait la même chose avec le wasabi la première fois que j’en ai mangé. »

La rousse eut tout de même la force de sourire à sa petite amie quand cette dernière posa sa main sur sa joue. Elle s’en empara pour venir embrasser sa paume en continuant de lui sourire. Elle allait survivre. L’anecdote sur la blonde se transformant en dragon l’a fait rire. Elle connaissait la version sage et responsable de Keiko. Plus récemment, elle avait découvert sa facette taquine et enjôleuse. Elle se demandait qu’elle genre d’enfant elle avait été, avant de se retrouver à devoir élever sa sœur.

« Tu as confondu avec le ketchup ? Est-ce que ça lui arrivait souvent de faire ce genre de « bêtise »? »

Est-ce qu’elle profitait d’une vieille dame pour obtenir des dossiers sur son amante ? Absolument. Ce serait surement plus facile de faire parler la grand-mère qui adorait raconter toutes sortes d’anecdotes. Keiko aimait rarement se mettre dans l’embarras en lui racontant ce genre de chose, même si elle s’ouvrait davantage maintenant.

La Canadienne eut un visage rayonnant en entendant parler de la ferme des grands-parents de sa bien-aimée. Elle aimait parler d’agriculture, ça avait été une part importante de sa vie et elle avait passé ses plus belles années à la ferme familiale. Elle trouvait cela vraiment admirable que leur ainée ait offert la possibilité aux plus jeunes générations d’acquérir des terres dans leurs moyens. Cela lui faisait penser au projet de sa sœur et elle eut un tendre sourire sur les lèvres.

« J’adorerais ! Je vis en appartement, mais je me suis aménagée des jardinières sur mon balcon. La première fois que j’ai vécu loin de chez mes parents, ça m’a fait bizarre d’acheter des légumes. À la ferme on avait toujours des surplus qui nous permettaient de faire des réserves. On en fait aussi don aux associations du village qui offre des repas aux familles dans le besoin. »

Le trio se retrouva dans un endroit sacré. L’ambiance générale était si apaisante et sereine que même sans qu’on le dise il était possible de savoir que c’était un endroit mystique. Riley regarda la vieille dame faire son rituel avec intérêt et respect. Elle n’était pas spécialement croyante, elle avait été élevée dans la croyance en la nature et non spécialement en des Dieux quelconques. Toutefois, elle était toujours curieuse de découvrir les traditions qui lui échappaient. Elle était assez attirée par les différentes mythologies et lisait souvent à ce sujet. Ainsi la rousse écouta son ainée sans une once de jugement dans les yeux. Elle trouvait cette histoire fascinante et croyait sur parole la vieille femme.

« Ma mère fait également des rituels avant les plantations et après la première récolte. Elle nous a toujours enseigné à chérir la Terre et à en être reconnaissants quand elle nous fait don de ressources. Elle offre toujours une part de nos récoltes à celle qu’on appelle « mère Nature ». Je dois avouer que je n’ai jamais rien vu ou entendu qui me fait croire que cela fonctionne, mais en attendant, nous n’avons jamais connu de sécheresse ou autre évènement qui ont nui à nos récoltes, alors que les champs voisins ont déjà été ravagés. Alors, j’aime croire que les incantations de ma mère nous protègent. »

La grande rousse accorda un sourire chaleureux à la vieille femme. Même si elle n’était pas croyante, elle trouvait cela réconfortant et rassurant d’avoir des gens dans son entourage qui prenait le temps de remercier la vie, qu’importe la forme de ces remerciements. Elle-même prenait le temps, avant de s’endormir, d’être reconnaissante pour toutes les belles choses qu’elle vivait chaque jour et pour chaque apprentissage qu’elle faisait.

Un sourire attendri sur les lèvres, Riley observa sa petite-amie avec un regard rempli de douceur. Elle, elle les aimait ces cheveux blonds. Elle pouvait passer des heures à glisser ses doigts dans les mèches soyeuses aux reflets dorés. Elle savait qu’au Japon les personnes d’apparence étrangères étaient vite jugées. En fait, c’était le cas un peu partout elle supposait. Elle se souvenait que sa famille avait déjà été associée à des êtres démoniaques en raison de leurs cheveux couleur feu. Riley et son frère s’étaient déjà battus pour faire rabattre le caquet aux enfants intolérant. Lucie elle, en avait davantage souffert aussi. Elle était la gentillesse incarnée et sa grande sœur avait senti son cœur se briser quand elle l’avait trouvé en pleur en train d’essayer de se teindre les cheveux.

« Je comprends ce que tu as pu ressentir. Nos cheveux roux nous ont aussi causés des moqueries à mon frère, ma sœur et moi. Lucie a même tenté de se les teindre en noir quand elle avait 10 ans… Mais en grandissant on se rend compte qu’on n’a pas à faire plaisir aux autres et qu’il vaut mieux s’entourer de gens tolérants qui nous accepte tel qu’on est. »

La rousse avait toujours eu un caractère sauvage et indomptable, elle s’était toujours moquée de ce que les autres pensaient et avait rarement été touchée par les moqueries de ses camarades. C’était de voir sa petite sœur en souffrir qui lui avait fait le plus de mal. Elle s’était alors donné pour mission de veiller sur elle et de toujours la soutenir, pour lui montrer qu’elle était belle et importante telle qu’elle était.

« Et c’est une merveilleuse cuisinière ! Tous les jours je me régale avec les plats qu’elle me fait. Elle nous a même mis une raclée à mon père et moi, lors d’un concours de cuisine où elle était en équipe avec ma mère ! Je n’ai jamais aussi bien mangé de ma vie ! »

Elle était sincère. Keiko avait un don pour associer des saveurs et faire des plats incroyables. Depuis qu’elles étaient ensemble, Riley attendait sa pause déjeuner avec hâte de déguster son repas. Elle-même se débrouillait assez bien aux fourneaux, mais elle était loin d’égaler le talent de la blonde.

« Oui, les légumes de grande exploitation sont atroces. Il va falloir que je me renseigne davantage sur les producteurs présents dans notre coin. Vous aviez vraiment de belles idées, ton époux avait l’air d’être un grand homme. Cela me fait penser à ma jeune sœur qui se lance dans des projets sociaux de grande envergure. »

Riley posa ses yeux aux couleurs automnales sur la statue de la déesse, lui demanda de veiller sur sa sœur et de l’accompagner dans ses projets. Elle s’excusa également de ne pas avoir d’offrande, mais lui promit de lui en laisser une sur le balcon de son appartement quand elle serait rentrée. Les doigts s’entrelaçant avec les siens la sortirent de sa discussion intérieure et elle souriait à nouveau avec tendresse à Keiko en venant serrer doucement sa main. Elle la trouvait vraiment adorable, si bien qu’elle ne put s’empêcher de lui voler un chaste baiser. Elle passait un merveilleux moment en compagnie de la violoniste et de sa grand-mère. Elle se promit de chérir cet instant en le gravant dans sa mémoire.

Leur marche reprit et ses prunelles ne cessaient de s’émerveiller devant la beauté de la ville. Chaque coin de rue laissait place à un endroit sublime et atypique. La rousse appréciait vraiment les vieilles villes japonaises. Elle avait l’impression de remonter dans le temps. Cette impression s’intensifia alors que les trois femmes se trouvaient devant un immense érable où étaient gravés les noms des femmes de la famille de sa belle. Riley trouvait cela incroyable de voir ces kanjis gravés dans l’écorce depuis plusieurs années. Elle était heureuse de pouvoir assister à l’ajout du nom de la femme qu’elle aimait sur cet arbre symbolique. La voyant hésiter, elle posa sa main libre sur sa joue pour attirer son regard dans le sien. Elle lui accorda un sourire confiant et serra légèrement ses doigts dans sa main.

« Si tu ne penses pas avoir assez brillé, alors écrit ton nom en te promettant de toujours faire de ton mieux et de te donner à fond pour accomplir de grande chose. »

La rousse déposa un baiser encourageant sur le front de la blonde avant de se reculer pour la laisser s’avancer vers l’arbre pour quelle puisse y graver son nom.

« Je crois en toi Sunshine. »