Lundi était enfin arrivé. La ballerine en avait eu mal au ventre une partie du week-end. Bien entendu, sa mère avait deviné son changement d'état et n'avait cessé de lui demander les raisons de ces maux d'estomac. Ce à quoi Nina avait répondu qu'il s'agissait d'une simple anxiété quant à son retour au Japon et des entraînements plus ardues auxquelles elle allait être confronté. Pour la rassurer, sa mère n'avait pas tari d'éloges envers le talent de sa fille, comme si ce dernier était le résultat d'un héritage génétique, et qu'elle n'avait aucune raison d'avoir peur au point dans perdre l'appétit. De plus, elle avait rajouté que sa fille chérie était chez elle pour se détendre et se vider l'esprit en profitant de la féerie de Noël. Désirant éviter un énième interrogatoire Nina avait en partie joué la comédie en donnant raison à sa mère.
Au petit matin elle attendit que sa mère quitte l'appartement pour se rendre au travail et se leva. Elle avait très mal dormi cette nuit-là, mille et une questions avaient tournées dans sa tête comme du linge dans le tambour d'une machine à laver. Toujours dans les vapes, elle se fit son meuble de thé vert matcha dans l'espoir qu'ils vont que la théine la réveille un peu. Elle s'était également aspergé le visage d'eau glacée. Bien entendu elle n'envoya aucun message à sa mère pour lui dire qu'elle sortait.
L’itinéraire était affiché sur son téléphone et se laisser guider dans les rues et les lignes de transport. Elle déboula dans un quartier de classe moyenne supérieure richement décorée pour les festivités qui approchaient à grand pas. Elle sentait son cœur tambouriner sous ses vêtements chauds. Elle ignorait totalement ce qu'elle allait découvrir aujourd'hui. L'anxiété lui tordait le ventre comme si un batteur électrique que jouer avec ses intestins. Ses jambes tremblaient autant de froid que de peur.
Elle trouva le numéro de la maison. Un logement de taille standard qui semblait tout droit sortie d'une série cliché américaine avec sa barrière blanche et sa pelouse impeccablement tondue, ainsi que sa boîte aux lettres en fer avec son petit drapeau rouge couché. Cet endroit était à des années lumières du modeste appartement dans lequel avait grandi la ballerine.
Elle s'avança et sonna à la porte. Une femme à la chevelure de feu retenue par un chignon serré et vêtue très élégamment d'une jupe crayon noir et d'un chemisier en soie vert sapin sous un élégant tablier rose à motif Vichy lui ouvrit. Elle lui sourit avec toute l'amabilité du monde et lui lança :
_ Bonjour Mademoiselle, que puis-je pour vous?
_ Bonjour Madame. Je suis une ancienne partenaire du club de danse de Liliane je suis de passage à New York et je voulais prendre des nouvelles. comment va-t-elle?
Ses lèvres se pincent air légèrement mais parvint à se contenir.
_ Liliane ne vit pas ici depuis un petit moment. Vous êtes qui exactement ? Quel est votre nom. Votre visage m'est familier...
Au même moment, un homme d'âge mûr à la chevelure légèrement poivre et sel apparu derrière son épouse et s’écria avec une légère agressivité :
_ C'est la même que sur les photos qu'on a trouvé dans l'ordinateur de Liliane!!
Sur cette phrase l'expression de la femme changea aussitôt. Passant de la courtoisie à l'agressivité de son mari.
_ Qu'est-ce que vous faites là ? Vous êtes venue pervertir ma fille ?!
Cette soudaine agressivité la scotcha sur place.
_ Elle mériterait de se faire enfermer comme Liliane! Aller fous moi le camp, espèce de sale gouine !
Il s’avança vers elle comme s’il allait la frapper. Nina se recula le plus vite possible et ne vit pas la fin du trottoir derrière elle et tomba lourdement sur ses fesses.
_ Si jamais je te surprends à rôder autour de la maison, je te préviens j'appelle les flics. Les malades comme toi n'ont pas leur place près de ma famille. Tu veux revoir notre fille, fait toi soigner comme elle !
Derrière lui apparut une jeune femme qui ressemblait fortement à Liliane mais en plus âgée.
_ Laisse papa, je m'en occupe.
Elle la saisit fermement par le bras, la fit se relever de force et l’entraîna loin de la maison tout en lui répétant quel lui déconseillait fortement de revenir dans le quartier. Une fois hors du champ de vision de son père, La jeune femme le entraîna derrière une maison et changea de ton du tout au tout.
_ C’est toi la fameuse Nina?
La ballerine était incapable de répondre. Elle était encore sous le choc et des larmes couler le long de ses joues. La jeune femme les essuya avec tendresse et reprit calmement :
_ Pourquoi es-tu venu rôder autour de la maison ?
_ Je... Je ne rodais pas. Je voulais juste savoir qu'est-ce que Liliane était devenue.
_ Ce qu'elle est devenue ? Mais tu n'es pas au courant? Mes parents sont tombés sur des photos de toi et des textes qu'elle écrivait en pensant à toi.
Nina cru tomber des nues.
_ Des... Des textes?
_ Oui! et quand je te parle de texte, je parle bien de texte en tout genre point des textes de repentance où elle écrivait une haine d'elle-même envers ce qu'elle était et envers tout le mal qu'elle t'avait fait quand vous étiez en cours de danse point mais également des textes ou elle te déclarer sa flamme. Tout comme des textes beaucoup plus explicites qui aurait fait pâlir Anaïs Nin. Sauf qu'un jour, elle avait oublié de verrouiller son ordinateur et maman est tombée sur ces textes. Ils la prennent ouvertement pour une malade qu'il faut soigner et ils l'ont emmené dans un centre!
_ Un centre, c’est-à-dire ?
_ je n'ai pas le temps de t'en parler en détail, mais on peut se voir. Je dois aller faire quelques courses pour Noël cet après-midi, est ce que tu veux qu'on se retrouve dans un café pour que je te parle de ça en détail ?
Elle ne put répondre que par un hochement positif de la tête.
_ Parfait ! Je vais aller au Target Pas loin de Brooklyn, il y a un café français juste en face. Est ce qu'on peut s'y retrouver vers 3h?
_ 3h? Euh... Oui ! oui, j'y serai.
_ Merci beaucoup Nina! Allez file vite! sinon mon père va se douter de quelque chose! Va-t'en, va-t'en !
Comme prévu, Nina alla dans ledit café français peu avant 3h. Elle ne s'était pas encore remise de cette entrevue si violente entre les parents puis des révélations, enfin des débuts de révélation, de la part de la possible grande sœur. Elle n'en avait pas mangé à midi. elle avait bien entendu jouer la comédie devant sa mère, mais elle était persuadée que cette dernière avait capté que quelque chose n'allait pas au vu du ton de sa voix assez tremblant et à sa gorge nouée.
La jeune femme arriva quelques minutes plus tard avec des sacs réutilisables qui contenaient des paquets emballés et de la nourriture. Elle s'installa et commanda un simple café crème.
_ Je suis contente que tu ait pu venir Nina. Ça fait du bien d'avoir quelqu'un à qui enfin parler.
_ Pourquoi ? Personne n'est au courant de ce qui arrive à Lilian? Et puis c'est quoi cette histoire de centre?
_ Bien sûr que si, tout le monde est au courant ! Mais vu que ce sont des personnes qui ont les mêmes points de vue que mes parents, inutile de préciser qu'ils saluent cette action de leur part. Et le centre dont ils t'ont parlé virgule et tenu par des personnes issues du l'église évangéliste qui se sont donnés pour mission de remettre les personnes jugées malade, déviantes, dans le droit chemin. je savais mes parents très pieux au point d'être abusif par moment. Mais clairement, ils sont allés beaucoup trop loin!
_ Et tu ne dis rien ?
_ Pas pour l'instant point je suis en train d'échafauder un plan pour tirer ma sœur de cet enfer. Mais pour ça il me faut un maximum d'information, c'est pour ça que je fais semblant d'accepter ce qu'ils ont fait ainsi je pourrais récolter suffisamment d'éléments pour voir tirer ma sœur de là. Mais d'une question Nina, comment as-tu notre adresse ? et pourquoi es-tu venu voir Lilian après qu'elle t'ai fait vivre l'enfer au club de danse ?
C'est alors que Nina sorti un imprimé du mail que Liliane lui a envoyé il y a quelques semaines, et le lui mis sous le nez. Elle prit une gorgée de chaï latte pendant qu'elle lisait.
_ Je n'en reviens pas ! Elle a eu le temps de t'envoyer un mail juste avant que les parents l'emmènent à ce centre. Là c'est clair qu'elle dit tout car elle sent qu'elle n'a plus rien à perdre. Et le pire, c'est qu'elle n'a pas tort dans sa description de notre famille point on a élevé on a été élevé dans l'amour de la religion mais c'était vraiment beaucoup trop extrême quoi. Quand tu vois ta mère lire la Bible tous les soirs et toujours dire “Dieu t'observe”, Sans compter la messe tous les dimanches... au début, j'étais d'accord avec elle quand elle parlait de l'amour de son prochain, mais c'est en les voyant agir avec certaines personnes que j'ai vite compris que leur religion n'était que du flan! Et ce qu'ils ont fait à Liliane, c'est la goutte d'eau! À partir du moment où tu te sers d'une religion pour faire du mal, c'est que tu as un véritable problème. En tout cas, merci de me avoir montré ce mail.
_ Est-ce que tu sais dans quel centre se trouve Liliane?...
_ Une espèce de centre dans le sud des États-Unis. Ils se sont bien chargés de la mettre bien loin de notre famille, comme une pestiférée !
Nina tentait de garder les idées claires, mais ce trop-plein d'informations arrivé d'un coup avait raison de sa perception et de son raisonnement. La jeune femme lui posa tendrement la main sur la sienne pour la rassurer.
_ Tu es à New York pour combien de temps ?
_ Je repars dimanche... Et au fait, vu que tu m'as posé la question virgule j'ai eu votre adresse via mon ancienne professeure de danse. Elle est persuadée que vos parents enseignent la tolérance à Liliane et que si l'on punit c'était parce qu'elle m'avait manqué de respect.
_ Hum... écoute, je vais voir ce que je peux faire. J'ai appris que tu étais dans une prestigieuse école au Japon. Ne te déconcentre pas de ton objectif et laisse-moi sauver ma petite sœur. Est-ce que tu peux me donner la copie du mail qu'elle t'a envoyé pour que je le montre au groupe de danse qu'elle a fréquenté ? si on parvient à faire monter cette histoire au créneau, on pourrait peut-être attirer l'attention de tous ces groupes et parlementaires américains qui essayent tant bien que mal de faire fermer ce genre de centre qui relève plus de la torture que du véritable soin.
Elle lui tendit la feuille légèrement froissée.
_ C'est déjà une preuve en soi. En tout cas je te remercie Nina d'avoir fait l'effort de venir malgré ce que ma sœur t'a fait subir point tu aurais très bien pu être rancunière et ne pas accorder d'importance en te disant qu'elle était punie de ses actes. Crois moi, on va la faire sortir de là et peu importe le temps que ça doit prendre point et peu importe si je dois être déshéritée !
_ Qu'est-ce que je peux faire d'autre ?
_ Rien Nina, rien. Ton mail est déjà une preuve, laisse-moi m'occuper du reste. J'ai trop longtemps fermé les yeux sur les mauvaises actions de mes parents sous couvert de foi. Je me dois de me rattraper.
Une fois rentrée à la maison, Nina se laissa tomber sur son lit dans l'appartement vide. Ses nerfs lâchèrent et se mit à pleurer à ne plus s'arrêter, jusqu'à s'en faire vomir. Par chance, elle eut le temps de courir jusqu'à la salle de bain pour rendre le contenu de son estomac dans les toilettes. Elle pleurait, criait de tristesse, de dégoût et de colère. Personne ne choisit son orientation sexuelle* virgule alors pourquoi vouloir à tout prix l'étouffer sous couvert de religion et de vouloir remettre les personnes dans le soi-disant droit chemin alors que ce genre de soin ne les arrangent pas virgule bien au contraire virgule il ne fait qu accroître leur mal et en créer d'autres bien plus graves. Nina avait de la chance virgule sa mère n'avait jamais vraiment eu la moindre insulte envers sa probable homosexualité. d'ailleurs, Nina ne savait même pas si elle est aimée que les femmes ou les femmes et les hommes, une chose était sûre c'est qu'une Jeune fille ne la laisser pas indifférente en ce moment.
Cette même jeune fille qui l'appela dans l'espoir de trouver du réconfort et lui avouer ce qu'elle a sur le coeur depuis qu'elle a reçu ce mail.