Étoiles d'automne, une Soirée au Planétarium [PV AIKO]

Aiko tira sur le haut de son col roulé noir, afin de se donner un peu d’air. Quelle idée d’arriver d’avance ! Elle aurait pu attendre dehors, mais les températures étaient fraîches et elle ne voulait pas tomber malade. Elle s’assura que son pull était bien entré dans son jeans et vérifia également que la boucle de sa ceinture en cuire noire était bien centré. Elle passa une main dans ses cheveux laissés libres, afin de se dégager le visage, mais une mèche persistait à retomber à chaque fois.

Elle regarda sa montre, les aiguilles lui indiquaient que cela faisait deux minutes qu’elle était là et il lui en restait au moins quatre à tenir. Elle n’avait que six petites minutes d’avance, mais n’avait pas osé toquer. Elle ne voulait pas faire stresser Sara à cause de son impatience. L’Athlète était tellement nerveuse et heureuse de passer du temps avec la cavalière, que cela faisait plus d’une heure qu’elle était prête.

Elle retira sa veste canadienne à carreaux verts, cadeau de Riley qui avait fait le ménage dans ses placards et lui avait garantie qu’elle n’aurait jamais froid avec. Elle n’avait pas mentie, elle allait  mourir de chaud si elle la gardait sur le dos une seconde de plus. Quelqu’un avait monté le chauffage du bâtiment à fond, ou c’était elle le problème ? Tenant son manteau sous le bras et le sac en papier dans sa main, Aiko s’adossa au mur de la chambre et tapota ses docs Martens entre elles. Collée au mur, elle entendait des bribes de conversation provenir de la chambre de Sara. Cette dernière étant encore au 3ème cycle de l’académie, elle restait au dortoir du Lys et devait donc partager sa chambre avec deux autres étudiantes.

Percevant que la conversation l’incluait, Aiko se décolla du mur, les joues légèrement roses et se remit en piquet devant la porte. Ce n’était pas son genre d’écouter aux portes même si elle était curieuse de savoir qu’est ce que sa camarade disait d’elle.

Son supplice prit fin deux minutes avant qu’elle ne s’apprête à toquer à la porte. Cette dernière s’ouvrit lentement pour dévoiler l’Allemande vêtue élégamment. Aiko ne put s’empêcher de faire parcourir son regard sombre de bas en haut et sentit son être se réchauffer en croisant le regard de Sara. Son cœur accéléra légèrement sa cadence tandis que son visage se mit à rayonner.  Elle laissa la cavalière replacer sa mèche rebelle, se sentant à nouveau rougir légèrement. Le compliment que lui offrit la jeune femme ne fit qu’accentuer ses symptômes.

« Merci, tu es sublime aussi. »

Elle offrit un sourire sincère à la cavalière avant de continuer.

« Non, cela fait seulement quatre minutes. »

Bon le fait qu’elle sache le nombre de minutes exactes la grillait sûrement sur le fait qu’elle avait régulièrement regardé sa montre. Cela allait peut-être également dévoiler son impatiente à revoir l’Allemande. Cependant, elle s’en moquait, Sara avait l’air tout aussi ravie de la voir. Aiko lui tendit le sac cadeau qu’elle tenait dans sa main.

« Tiens, c’est pour toi. Je pensais que ça te plairait et c’est thématique. »

Dans le paquet se trouvait un petit projecteur d’étoiles qui permettait d’observer les constellations et les galaxies depuis son lit. Aiko avait hésité à le prendre. Comme Sara avait des colocataires, elle ne savait pas si elle pourrait l’utiliser. Elle espérait qu’elle aime ce genre de chose, Aiko en avait un elle-même et adorait s’endormir sous les étoiles.

Sara remercia chaleureusement la japonaise pour le compliment, son sourire s'élargissant. Elle était elle aussi subjuguée par la tenue de la Japonaise. Son cœur battait rapidement, et elle se sentait presque étourdie par la présence d'Aiko à ses côtés.

La cavalière inclina légèrement la tête quand Aiko mentionna le temps.

"Je suis contente que tu sois si ponctuelle," dit-elle avec un petit sourire. Elle était ravie de la voir aussi heureuse de se retrouver. Elle avait attendu cette soirée avec impatience depuis qu'Aiko l'avait invitée et ce devant toute sa classe, elle était venue exprès la trouver à l'étage des lycéennes pour lui proposer cette sortie au planétarium, alors qu'elle aurait pu lui envoyer un message sur son smartphone, Sara avait trouver cela extrêmement adorable. Parfois Aiko lui faisait penser à un vieux papy, elle était un peu vieux-jeu sur certaine chose, mais c'était assez charmant pour lui plaire.

Aiko était rassuré de constater que Sara était tout aussi contente qu’elle. Elle le fut également en voyant la réaction de l’Allemande face à son cadeau. Un sourire heureux étira ses lèvres et elle sentit son stress s’envoler. La présence de la cavalière la réchauffait et l’apaisait.

L’athlète renfila sa veste et offrit son bras à Sara pour la garder une proximité avec elle pendant leur marche qui les conduirait à destination. Il faisait frais, mais cela ne dérangea nullement la Japonaise qui profitait pleinement de la douce chaleur qui émanait de sa partenaire. Cet instant la réconfortait grandement.

Leur marche se déroula dans un silence agréable. Les deux jeunes femmes semblaient simplement profiter de l’instant et de la fraîcheur automnale. Elles pouvaient encore profiter avant l’arrivée de l’hiver. La ville semblait sombrer tranquillement dans un état de torpeur. Le calme régnerait sûrement jusqu’à l’arrivée des fêtes.

Leur marche contemplative les amena finalement à destination. C’est avec des yeux d’enfants qu’Aiko découvrit et parcourut l’exposition. Captivé par ses découverte et lecture elle n’avait même pas remarqué que l’Allemande avait fini pas s’éloigner. Elle eut ainsi un léger sursaut en sentant ses bras venir glisser sur ses épaules. Un frisson agréable parcourra son corps. Son visage prit des teintes rosées et son cœur accéléra légèrement, mais elle ne paniqua pas. Elle profita de l’étreinte et alla même poser ses mains sur les avant-bras de la cavalière.

« C’est juste fou quand on y pense, tout ce que nous connaissons, la vie sur Terre et son développement, tout ça est venue d’un simple hasard, d’un enchaînement de réactions physique et chimique qui ont permis à un amas de roche à devenir viable. Parce que cet amas est entré en orbite à la bonne place autour de son étoile. »

Cela captivait complètement la Japonaise. Chaque fois qu’elle pensait à l’espace, elle se retrouvait émerveillée et captivée par tous les phénomènes qui s’y produisaient. Elle était une femme de science et ne pensais pas que sa vie dépendait d’un quelconque vouloir divin. Elle respectait les religions de chacun, mais les voyait davantage comme des philosophies de vie.

« Les probabilités pour que la vie se développe et que l’on naisse 4 milliards d’année plus tard étaient infime. Et pourtant, nous sommes là. Et tout cela est dû au parfait hasard… Je trouve ça dingue.»

Le destin ? Aiko était trop cartésienne pour vraiment y croire. Mais en même temps, elle trouvait que c’était une idée réconfortante. Imaginer qu’elle était destinée à être présente en cet instant, en compagnie de la cavalière, que l'univers avait joué en leur faveur pour les mettre sur le même chemin. Sachant qu’il y avait beaucoup de probabilité pour que ça n’arrive pas.

« Peut-être, nous ne le saurons jamais vraiment. »

La Japonaise descendit ses mains le long des bras de Sara, pour aller entremêler leur doigt. Elle joua un instant avec avant de se tourner pour faire face aux yeux dorés.

« Oui, destin ou non, je suis aussi heureuse que la vie nous ait permis de nous rencontrer. »

Ses yeux brillaient et son sourire était radieux, montrant ainsi la sincérité de ses paroles. Elle suivit la jeune femme pour profiter du spectacle de la naissance de leur monde.

Elle passait une nouvelle fois un agréable moment en compagnie de l’Allemande. Et les sentiments qu’elle ressentait à son égard ne faisaient que grandir. Quant à elle, elle les apprivoisait peu à peu, profitant ainsi de l’euphorie et du réconfort qu’ils lui apportaient. Ses doigts accueillirent avec joie ceux de sa camarade et leurs regards complices se croisèrent à nouveau.

Le spectacle était époustouflant et la narration enchanteresse. Aiko avait l’impression d’être vraiment dans une belle, quelque part dans l’univers et elle n’avait aucune envie de retourner sur terre. Elle se sentait bien, apaisée par la présence des étoiles et celle de Sara. Elle aimait pouvoir partager cet instant avec elle et développer une passion commune. L’Allemande la stimulait de corps et d’esprit. Chaque échange était ressourçant et inspirant.

Aiko se laissa emporter par l’instant et s’installa plus confortablement, venant poser sa tête sur l’épaule de la demoiselle qui l’accompagnait. Un simple rapprochement qui avait le don de l’émouvoir autant que de l’apaiser.

L’athlète frissonna en entendant la voix basse de la cavalière. Son cœur bâta plus fort et elle sentie ses mains devenir moite, tandis que son regard sombre se perdit à nouveau dans celui de l’Allemande. Un sourire plus timide se dessina sur ses lèvres, alors que son regard descendit sur celles de sa voisine. Elle prit une inspiration avant de se reconcentrer sur les étoiles.

Soudainement le temps lui parut à la fois interminable et incroyablement court. Elle ne dit rien jusqu’à la fin de la présentation, se contentant de reposer sa tête sur l’épaule de Sara, afin de dissimuler son trouble.

La projection se termina, les lumières se rallumèrent en douceur et il fallut plusieurs secondes à Aiko pour reprendre ses esprits. Elle avait l’impression d’avoir été arrachée à un rêve et elle trouva le retour à la réalité assez brutal.

« Est-ce que ça te dit d’aller manger une glace ? Ma sœur m’a dit qu’ils faisaient des parfums spéciaux, comme la glace galaxie, et que c’était comme manger du cosmos. Je ne sais pas quand ma sœur a eu l’occasion de goûter au cosmos pour comparer, mais bon, ça peut être intéressant. »

La sprinteuse fit un sourire à Sara avant de se lever et de lui tendre la main pour qu'elle puisse en faire de même. Elle était un peu triste de devoir quitter ce cocon particulier, mais se dit qu’elles auraient sûrement l’occasion d’y retourner dans le futur. Main dans la main, elles se dirigèrent vers la sortie de la salle.

Sara échangea un regard complice avec Aiko avant de commander deux portions de glace galaxie. Elles s'installèrent à une petite table, partageant des rires et des regards complices pendant qu'elles dégustaient leur glace aux couleurs cosmiques. Les étoiles semblaient briller dans leurs yeux, créant une toile étincelante qui les enveloppait dans une bulle enchantée.

Après avoir savouré chaque bouchée, Sara eut une idée audacieuse. Elle se leva et tendit la main à Aiko, l'invitant à la rejoindre.

Ravie de voir que sa proposition tentait l’Allemande, Aiko les dirigeait jusqu’au glacier. Cela ne prit pas beaucoup de temps avant qu’elles puissent passer leur commande et s’asseoir à une table pour déguster leur glace à la saveur particulière. En prenant la première bouchée, la Japonaise fut surprise de découvrir que ça pétillait sur sa langue. Quant au goût, il était indéchiffrable, elle n’arrivait pas à mettre le doigt, ou plutôt la langue, sur les saveurs qui englobaient ses papilles. C’était vraiment particulier.

« Je comprends ce que voulait dire Natsuki maintenant. C’est vraiment bon et surprenant. »

Leur instant pause et dégustation terminée, l’athlète suivi la cavalière sans hésiter. Elle se demandait bien où elle allait pouvoir l’emmener. Elles finirent par se retrouver dans un coin d’un petit parc qui semblait plus à l’abri des lumières de la ville. Quand Aiko leva le nez en direction du ciel, elle put découvrir que celui-ci était dégagé et parsemé de milliers d’étoiles.

« Le ciel joue encore en notre faveur aujourd’hui Adana-chan ! »

Un sourire rayonnant aux lèvres, la Japonaise regarda Sara avec complicité. Encore une fois, elles profitaient de la beauté de la nuit et du spectacle scintillant des étoiles. Lorsqu’elle vit passer l’étoile filante, Aiko fit le vœu de pouvoir toujours partager ces moments pleins de sérénité avec Sara. La nuit était belle, mais le temps n’en resta pas moins plus frais. L’automne était bien installé et Aiko remonta la fermeture de sa veste en frissonnant. Il ne faudrait pas qu’elles tombent malades.

« Nous devrions retourner au chaud avant d’attraper froid. »

C’est avec bienveillance qu’elle partageât ces mots et offrit son bras à la cavalière.

« humm, j’essaie d’appliquer ce conseil  depuis quelque temps, mais ce n’est pas toujours facile. J’aime être en contrôle, ça me sécurise. L'incertitude et l'inconnu m'intimident. »

Mais cela la dérangeait de moins en moins de lâcher prise. Surtout s’il y avait quelqu'un pour la guider. Souvent c’était Kiralee, et même Natsuki. Elle était toutefois de plus en plus à l'aise avec Sara et lui faisait entièrement confiance aussi.

Aiko eut un sourire amusé en entendant la cavalière appuyer ses propos. Elle la suivit pour retourner dans les lumières de la ville. Bouger leur permettait de se réchauffer. La Japonaise avait l’impression d’être plus frileuse qu’à son habitude. Cela devait être dû à sa fatigue.

Ses yeux se posèrent sur la surface de l’eau de la fontaine que lui pointait sa camarade.  En effet, le reflet des lampadaires et des lanternes donnait l’impression que le liquide était parsemé de constellations. Aiko sortit son téléphone de sa poche. Elle n’était pas du genre à prendre beaucoup de photo, mais l’ambiance actuelle l’inspirait.

«On pourrait avoir une belle collection de clichés scintillant si on prenait des photos à chacun se nos rendez-vous. »

Elle prit la fontaine en photo, s’assurant qu’on y voit les reflets des lumières.  Elle n’était pas une pro du cadrage, mais fut satisfaite du résultat qu’elle montra à l’Allemande.

Son regard rencontra celui de Sara et elle se fit la réflexion que le doré de ses yeux était aussi scintillant, que les lumières de la ruelle.

« Merci à toi, Adana-chan. J’aime vraiment passer du temps avec toi. »

La Japonaise offrit une nouvelle fois un sourire doux à son accompagnatrice.

« Est-ce que tu as envie d’aller quelque part en particulier ? On pourrait manger ensemble, je pourrais nous cuisiner quelque chose. »

« Je ne suis pas certaine d’être très photogénique, mais si cela peut te faire plaisir, alors, je ferais un effort. »

Aiko n’était pas vraiment fan du concept de se voir sur des clichés. Elle participait si on lui demandait, mais ne le faisait pas de manière naturelle. Elle ne voyait pas d’intérêt à immortaliser sa personne sur une image.

« Va pour une fondue alors ! Et oui, j’aurais besoin d’acheter ce qu’il faut pour nous concocter quelque chose de bon. »

Elles prirent la direction de l’épicerie afin d’y faire les achats nécessaires pour leur repas. Elle décida de réaliser un shabu shabu et acheta donc de fines tranches de bœuf, du tofu, des shiitakes et plusieurs sortes de légumes. Elle prit également des algues pour pouvoir réaliser son Konbu. Elle termina par prendre ce qu’il lui fallait pour préparer ses deux sauces qui accompagnerait leur plat.

« J’ai tout ce qu’il faut. As-tu besoin d’autres choses ? »

Après s’être assurée que leur liste était complète, Aiko entraîna Sara jusqu’à sa chambre. Arrivée à destination, elle ouvrit la porte numéro 10. Sa chambre était en ordre et très épurée. Il n’y avait pas vraiment de décoration, à part quelques minis plantes vertes qui donnait de la couleur. Son lit était fait sans aucun pli, ses livres ordonnés dans sa bibliothèque, son bureau était dégagé et prêt à l’emploi. La Japonaise posa ses sacs un instant à terre et retira ses chaussures.

« Bienvenue chez moi. »

Contrairement aux lycéennes, les étudiantes de l’université avaient une chambre individuelle et de leur propre salle de bain annexée. Aiko s’était aménagé un mini espace cuisine. Généralement, elle utilisait la cuisine commune pour se préparer ses repas. Mais il arrivait parfois qu’elle cuisine dans sa chambre en veillant d’ouvrir la fenêtre.  Elle se dit qu’elle pouvait facilement préparer le repas de ce soir dans sa chambre, comme il fallait simplement faire un bouillon et qu’elles cuiraient leurs ingrédients dedans.

« On devrait commencer par s’aménager une table digne de ce nom. »

Elle n’avait pas grand-chose pour cela à part son bureau et sa table de chevet. Elle choisit cette deuxième qui leur permettait de s’asseoir à terre. Elle la déplaça pour leur permettre de s’y asseoir chacune d’un côté. Elle y plaça son appareil à fondue au centre. Prit soin d’entrouvrir sa fenêtre. Elle prit le chaudron de son appareil et le plaça d’abord sur son rond de cuisson électrique. Cela serait plus rapide de préparer le bouillon dessus plus que sur l’appareil. Elle mit chaque ingrédient pour préparer son bouillon et laissa cuire une dizaine de minutes pour que l’eau prenne bien le goût de ses ingrédients.

« J’espère que tu as faim, parce que je pense en avoir trop pris. »

Le compliment de la cavalière fit rosir les joues de l’athlète qui lui répondit par un sourire timide. Aiko ne se rappelait pas vraiment la dernière fois qu’une personne autre que Sara lui avait fait un compliment qui la toucha aussi sincèrement.

La Japonaise balaya sa chambre du regard et eut un sourire amusé, ainsi qu’un petit rire en entendant le commentaire de Sara. On lui faisait souvent remarquer l’ordre qui régnait dans son espace de vie, rien à voir avec celui de sa sœur.

« Non, cela n’a rien à voir avec elle. C’est juste qu’avoir grandi avec deux tornades et vécu avec une aveugle, ça laisse des séquelles et ça m’a rendu maniaque. Puis je n’ai pas vraiment l’âme d’une décoratrice, alors je fais au plus simple. »

Aiko avait en quelque sorte toujours été ordonnée. Plus jeune, elle rangeait souvent derrière ses sœurs avant que ses parents ne rentrent. Son réflexe était devenu plus intense, à la limite de devenir un toc, lorsqu’elle avait emménagé avec Sleïlo. Il fallait qu’elle vieille à tout remettre à sa place et à ne rien laisser traîner, pour que l’Australienne ne se perde pas ou ne se blesse dans l’appartement. Elle avait gardé le réflexe de remettre chaque chose à sa place après leur utilisation.

« As-tu envie de boire quelque chose ? J’ai quelques jus de fruits ou de la limonade si tu veux. Je peux aussi te faire un thé si tu veux quelque chose de chaud. »

Aiko mettait du cœur à l’ouvrage alors qu’elle préparait leur repas avec rapidité et efficacité. Elle aimait cuisiner pour les autres, se contentant de repas rapide quand elle mangeait seule. Elle profitait de la présence de Sara pour se donner à fond et préparer un repas qui ravirait leurs papilles.

« Je me demande s’il y a quelqu’un sur Terre capable de manger plus que ma sœur. Mais non, en effet, je ne t’en demande pas autant. »

En entendant la demande de la cavalière, Aiko eut un sourire amusé. Avait-elle l’air de quelqu’un de rigide et sévère ?

« Oui, tu peux couper les légumes si tu veux. »

Elle donna les ustensiles nécessaires à sa camarade avant de se reconcentrer sur son bouillon. Une fois le repas prêt, elles purent le déguster ensemble.

« Tu peux t’asseoir sur le lit si c’est plus confortable pour toi. Je pourrais utiliser des livres pour monter la table à ta hauteur. »

Le repas fini, Aiko rangea les restes dans des plats qu’elle mit dans son mini frigo. Elle proposa ensuite à Sara de l’accompagner dans la cuisine collective du dortoir pour y laver leur vaisselle. Aiko salua ses camarades présentes et discuta un peu, une fois leur tâche accomplie. Elles purent regagner la chambre de la coureuse qui s’affaira à ranger ses affaires.

« Est-ce que tu as envie de faire quelque chose ? On pourrait regarder un film, ou jouer à un jeu de société ? À moins que tu aies d’autres idées ou l’envie de regagner ta chambre. »

« Je n’ai pas toujours eu autant d’amies…enfin de vraies amies je veux dire. C’est récent et en grande partie grâce à Natsu et Kira. »

À vrai dire, avant de rencontrer Sara et de retrouver Ayano, Aiko avait seulement une amie proche, et c’était Kira. Elle appréciait grandement Keiko, Nina et Yuki, mais n’était pas spécialement proche d’elles. Même si elle crachait souvent sur le canapé de la guitariste. Elle pouvait aussi compter Riley, même si elles se voyaient rarement sans Natsu et Kira.

« Je te trouve très avenante et altruiste. Enfin, tu l’as toujours été avec moi. »

Elle plongea son regard sombre dans les prunelles dorées et le coin de ses lèvres s’étira dans un léger sourire. Elle reporta son attention sur sa tâche et servi la tasse de thé à la cavalière. Elle ignora la chaleur qu’elle avait soudainement ressentie en la regardant.

« Installe-toi comme tu le souhaites Adana-chan, tant que c’est confortable pour toi. »

Nouveau sourire. Elle ne les comptait plus, mais elle savait qu’ils étaient plus nombreux en présence de l’Allemande. Elle était contente de pouvoir partager des moments avec elle, aussi simples soient-ils.
Après un bon repas et un lavage de vaisselle efficace, Aiko sortit son ordinateur et l’alluma avant de le donner à Sara. Le fond d’écran sur son bureau était un selfie d’elle (à gauche), en compagnie de Natsuki (à droite) et Ayano (au centre) au parc Aquatique, grand sourire dévoilant leur dent. Elles avaient pris la photo après une attraction et avaient donc les cheveux trempés.

« J’aime assez les films à suspens ou documentaire. Sinon action ou horreur ça le fait aussi. Mais tu peux choisir ce que tu veux, je vais aller me doucher rapidement et me changer pour être plus confortable. D’ailleurs, si tu veux je peux aussi te passer des vêtements plus confortables pour la soirée. »

Aiko sortit un jogging noir ainsi qu’un de ses t-shirts amples de la même couleur. Elle avait quelques vêtements colorés dans sa garde-robe, mais c’étaient davantage ses sweats que ses maillots qui l’étaient. Elle sortit d’ailleurs son sweat à capuche jaune.

« Je t’ai sorti aussi un pull si jamais tu as froid. Est-ce qu’un jogging, ça te va ou tu préfères un short ? Je n’ai pas vraiment de pyjama… oh si, j’ai un kigurumi que Kiralee m’a offert.»

Elle s’assura que Sara avait tout ce qu’il lui fallait, avant de prendre de quoi se changer et s’éclipser dans la salle de bain. Laissant la cavalière choisir le film, Aiko prit une douche rapide et en profita pour laver ses cheveux. Elle sortit 10 minutes après, vêtue d’un short en coton gris et d’un t-shirt blanc.

« Oui bien sûr, tu peux prendre une douche si tu le souhaites. »

Elle retourna dans la salle de bain préparer des serviettes pour la cavalière. Elle remit comme il faut le tapis de bain et s’assura que tout soit en ordre avant de quitter à nouveau la pièce.

« Je t’ai sorti une serviette je l’ai laissé sur le séchoir. »

Sa propre serviette dans les mains, elle se frotta vigoureusement les cheveux avant de la laisser sur ses épaules et de se pencher vers l’ordinateur pour terminer la sélection du film.  

« On peut partir sur du fantastique ça fait longtemps que je n’en ai pas regardé. »

L’athlète adressa un sourire à son amie et la laissa aller prendre sa douche, pendant qu’elle faisait défiler les propositions de film fantastique. Le défi était d’en trouver un pas trop long… ou peut être que oui ? Elle sentit ses joues rougir à l’idée que Sara finisse par s’endormir devant le film. Elle chassa l’idée de sa tête et prit une inspiration.

Elle se décida finalement pour un film qu’elle ne connaissait pas et qui durait 1h45. Il semblait y avoir des combats épiques, des créatures fantastiques et des personnages dotés de magie. Un mix classique, mais efficace. Une fois sa sélection faite, elle déplaça à nouveau sa table de chevet pour y déposer son ordinateur, faisant en sort qu’elles puissent regarder le film tout en s’installant confortablement de son lit simple. Elle prit ses coussins et les plaça contre le mur pour leur faire un dossier moelleux.

Quand Sara sortit de la douche, Aiko lui accorda le même sourire qu’elle lui avait fait plus tôt. Elle l’invita ensuite à s’installer sur le lit à ses côtés et couvrit leurs jambes de sa couette.

« J’ai fait un choix, mais je ne connais absolument pas le film, alors je ne suis pas responsable s’il est mauvais. »

« Kiralee me l’a acheté, car elle voulait organiser une soirée pyjama un jour. Va falloir être patiente avant de me voir là-dedans, car je ne suis pas une grande fan de ce genre de truc. »

La danseuse pouvait vraiment lui faire faire n’importe quoi cela dit. Elle aurait pu tout simplement refuser l’offre, mais elle s’était dit que ça pourrait être cool de passer une soirée avec ses amies. Elle jouerait le jeu si tout le monde embarquait.

L’athlète, qui était confortablement installé dans son lit, se mit à rougir de plus belle en observant la cavalière se glisser entre ses bras. Elle la laissa faire, sans savoir quoi dire ou faire, levant à moitié ses bras en l’air alors que l’Allemande s’installait confortablement. Elle sentit la fragrance de goyave et hibiscus de son gel douche et rougit de plus belle. Toutefois la chaleur que dégageait Sara était agréable et Aiko baissa les bras et les posa de part et d’autre de son corps, ne sachant pas quoi faire avec. Son cœur tambourinait avec force dans sa poitrine, mais elle décida de prendre le dessus.

« Non… ça... ça va… est-ce que toi tu es… bien installée ? »

Aiko était certainement moins confortable que des oreillers, enfin selon elle. Mais elle n’était pas contre ce rapprochement, même s’il la mettait dans tous ses états, cette simple étreinte lui fit chaud au cœur.
Elle laissa l’Allemande lancer le film et mit plusieurs minutes à se plonger dedans. Son corps et son esprit étaient dans tous leurs états d’avoir une telle proximité avec la cavalière. Elle finit néanmoins par se détendre, relâcher ses jambes, ses bras, qu’elle glissa maladroitement autour de la taille de son invitée, elle put ralentir sa respiration et calmer son cœur. Vers la fin du film, elle se permit même de poser sa tête sur l’épaule de Sara.

Quand le générique de fin défila, Aiko se dit que finalement elle aurait pu choisir un film plus long. Elle répondit toutefois au sourire radieux de la cavalière et relâcha sa prise de sa taille.

« Oui, je suis contente qu’il t'ait plus. C’était un bon film. »

Sara quitta son étreinte pour se relever et déjà Aiko regretta sa chaleur. Elle hésita, se mordit la lèvre, sentie ses mains devenir moite et son cœur s’emballer à nouveau. Elle n’avait pas envie que l’Allemande s’en aille. Rassemblant son courage, elle prit une inspiration et tendit la main pour attraper en douceur le poignet de la cavalière et de plonger son regard dans le sien.

« Tu pourrais rester dormir ? Enfin je veux dire… le couvre-feu est passé… je ne voudrais pas que tu aies d’ennui… »

S’en était trop, elle sentait son visage bouillant et ne put soutenir plus longtemps le regard doré. Elle fixa le sol et se racla la gorge.

« Mais si tu veux regagner ta chambre, tu peux aussi, je comprendrais… »

« Mais… »

Aiko n’eut pas le temps d’exprimer sa pensée que déjà la cavalière avait filé rejoindre sa chambre. La Japonaise ne comprit pas pourquoi l’Allemande était partie chercher son oreiller alors qu’Aiko lui avait proposé de rester pour lui éviter de se faire prendre en dehors de sa chambre pendant le couvre-feu.
Et lui laisser un peu de temps pourquoi au juste ? Pour qu’elle se mette à stresser, à se demander si finalement c’était une bonne idée, attendre le retour de la cavalière dans l’appréhension qu’elle ne revienne pas, soit parce qu’elle se serait fait prendre par la surveillante, soit parce qu’elle aurait changé d’idée. Aiko se laissa tomber en arrière et lâcha un grand soupir pour évacuer ses pensées parasite. Pourquoi les femmes étaient si difficiles?

Elle décida de ranger sa chambre, elle remit en place sa table de chevet, son ordinateur, replaça ses couvertures et oreillers. Elle regarda ces derniers au nombre de trois, elle ne comprenait toujours pas pourquoi Sara était partie chercher le sien. Peut être qu’elle ne pouvait pas dormir sans son propre oreiller ? Aiko avait parfois du mal avec la literie qui n’était pas la sienne.

Les légers coups donnés à la porte la firent sursauter. Elle prit une nouvelle inspiration, balaya sa chambre du regard pour s’assurer que tout était en ordre et ouvrit la porte. Son regard se posa à nouveau sur l’Allemande qui était de retour avec son oreiller. Elle se décala pour la laisser entrer et referma la porte derrière elle.

« Contente que tu ne te sois pas fait prendre… tu préfère dormir côté mur ou côté vide ? »