La pluie amène l'arc-en-ciel [pv Aiko]

« Je suppose qu’on a les amies qu’on mérite. »

Elle lui fit un clin d’œil complice avant de se servir une nouvelle tasse de thé. Elle en but une gorgée et reposa son regard sur son amie.

« Ça a l’air tellement facile quand tu en parles. J’espère avoir ta sagesse un jour. »

Elle eut un rire amusé. Elle n’en pensait pourtant pas moins. Parfois elle se demandait si elle était la seule personne sur Terre à avoir autant de mal à gérer ses sentiments. Surtout lorsqu’il s’agissait d’amour. Elle avait toujours été maladroite et désemparée en évoquant ce sujet.

« Et on appelle cela le charme Tsukino, on est irrésistible ensemble ! »

Enfin, selon Aiko c’était surtout sa sœur qui était irrésistible. Elle avait le don de charmer quiconque croisait son chemin. Elle avait pour dans sa poche quasiment tous les commerçants et restaurateurs du village. Preuve qu’Aiko avait raison.

« Enfin, surtout Natsu, personne ne lui résiste. Elle doit avoir des privilèges chez tous les commerçants du patelin. »

L’athlète prit une nouvelle gorgée de thé et se perdit un instant dans ses pensées. Ainsi Ayano semblait avoir également un faible pour les femmes. Aiko ne s’était jamais réellement interrogé sur le sujet. Elle n’avait jamais eu cette réflexion même en sachant que son amie avait eu un faible pour sa sœur. Elle n’y avait jamais donné d’importance. Mais maintenant elle se demandait si son amie avait eu l’occasion d’explorer cette part d’elle-même.

« Étiez-vous plus qu’amie avec Rika ? »

Sa pensée venait de s’échapper sans filtre. Elle espérait ne pas mettre Ayano mal à l’aise. Elle n’avait pas l’habitude d’être aussi directe sur de tel sujet. Sa propre curiosité la surprenait parfois.

« N’empêche, cela serait tellement plus simple si nous pouvions choisir qui nous aimons. On pourrait s’assurer que ce soit réciproque avant de confier ses sentiments, et aussi, on pourrait choisir de bonnes personnes, avec qui il est certain qu’on ne se retrouverait pas le cœur brisé. Ou encore mieux, ce serait parfait si on pouvait choisir qui aimer, mais aussi arrêter de l’aimer instantanément en cas de séparation. »

Elle divaguait légèrement, mais le pensait en partie. Aiko n’aimait pas ne pas pouvoir garder le contrôle. Et ses propres sentiments la trahissaient souvent. Même le sport et la méditation ne lui permettaient pas de rester cent pour cent en contrôle. Il lui suffisait de croiser un certain regard et elle perdait les pédales. C’était frustrant. Surtout qu’elle s’était promis de plus agir de la sorte.

Aiko connaissait assez Ayano pour deviner qu’elle évitait de s’attarder sur le sujet de ses relations. L’athlète respecta cela et décida d’arrêter de fouiner dans ce sens. Elle ne voulait pas mettre son amie dans l’embarras. Elle souhaitait également lui laisser le choix de lui en parler si elle en ressentait le besoin.

« Tant que tu es heureuse, c’est tout ce qui compte. »

Elle n’ajouta rien de plus et prit une nouvelle gorgée avant d’étouffer un bâillement avec sa main. Elle regarda l’heure. Le temps avait filé à une vitesse folle, habituellement elle ne tarderait pas à se coucher. Toutefois, elle passait un bon moment et n’avait pas envie d’y mettre fin. Même si elle allait certainement le regretter le lendemain.

« Oui oui je sais. Il faut savoir prendre des risques sinon ça ne vaut pas la peine d’aimer. »

Elle faisait sa grumpy, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas résister aux sentiments qui l’habitaient. Et c’était tout de même grisant de se jeter dans la gueule du loup, sans être certaine du résultat.

Aiko eut le temps de finir sa tasse et de la laver avant de se faire mettre à la porte par son amie. C’est vrai qu’il était tard. Mais elle aurait pu discuter encore de nombreuses heures avec Ayano. Elle voulait rattraper le temps perdu.

Toutefois son amie avait raison. Maintenant qu’elles s’étaient retrouvées, elles allaient pouvoir se revoir autant qu’elles le souhaitent. Cette idée ravissait l’athlète. La littéraire était une personne chère à son cœur.

« Oui, ce serait raisonnable. En plus, la pluie s’est calmée. Merci de m’avoir laissé trouver refuge chez toi. »

Aiko enlaça une nouvelle fois son amie, avant d’aller récupérer ses affaires qu’elle fourra dans son sac à dos.

« Mes vêtements étaient encore un peu humides. Est-ce que je peux garder les tient pour ce soir ? Je te les rapporterai la prochaine fois qu’on se verra. »