Noël chez les saines d'esprit [polyrp]

Bien qu’elle se sentît reconnaissante envers Yuki d’être intervenue, Aiko se sentit aussi un peu mal. Elle ne souhaitait pas qu’il y ait de tension entre les jeunes mariées et encore moins rendre Kiralee grognonne.

« Ne fais pas cette tête Kira, on ira prendre des cours d’humour ensemble si tu veux ! »

Elle lui tira la langue, concluant ainsi le léger malaise qui avait commencé à s’installer. Il fallait qu’elle se détende aussi, elle n’avait pas besoin d’être sur la défensive, Sara savait se défendre et ses amies ne se permettraient pas de la mettre dans une situation trop embarrassante. Puis qu’est ce que ça ferait de toute façon ? Elle n’avait rien à prouver à personne.

« Merci Yuki, de prendre tout cela très à cœur. Je suis certaine que nous allons passer une bonne soirée ne t’en fait pas ! »

Après tout, c’était Noël. Elles étaient toutes là pour s’amuser ensemble. Aiko se resservit des kaaraages et fit tourner le plat avant de se laisser servir un verre de vin par Nina. Habituellement elle ne buvait pas, mais elle pouvait bien faire une exception ce soir.

« Bonne idée Nina ! Ce serait sympa de faire un voyage toutes ensemble ! »

La guitariste fut soulagée de constater que sa moitié n’était pas réellement blessée par son intervention. Elle eut un sourire doux et se pencha vers elle pour lui déposer un léger baiser sur le coin des lèvres.

Elle tendit ensuite son verre à Nina, riant de l’échange entre les deux amies. Il arrivait de plus en plus souvent qu’Aiko vienne squatter leur canapé pour venir se confier à Kiralee. Au début, Yuki essayait de se tenir à l’écart, mais finissait maintenant par participer aux échanges des deux amies. Ces deux-là faisaient souvent mourir de rire la Japonaise et elle était contente de voir qu’elles étaient devenues aussi proches.

« Si jamais vous voulez aller à Tokyo, on pourrait squatter l’appartement de mon père, il compte partir en voyage tout l’été avec sa nouvelle copine. »

Yuki était contente que son paternel se remette à vivre. Depuis le mariage, le père et la fille avaient davantage échangé via des appels téléphoniques. Yuki avait enfin baissé sa garde, son père semblait être un autre homme. La femme qu’il fréquentait, et qui s’appelait Moriko, semblait être une personne douce et aventureuse. Elle trainait Naoyuki partout avec elle, des salles de concerts, en passant par les théâtres et musées. Cet été elle avait planifié un voyage en Amérique du Sud, plus exactement au chili. Le père de Yuki n’avait jamais quitté son pays, alors il était à la fois ravi et apeuré. Yuki avait passé un long moment à le rassurer et l’encourager à partir changer d’air.

La guitariste eut un sourire tendre à l’intention de sa moitié et entrelaça leurs doigts ensemble. Malgré leur jeune âge, elle se connaissait maintenant depuis sept ans et en avait vu de toutes les couleurs ensemble. Yuki était contente du chemin qu’elles avaient parcouru pour en arriver là, à fêter Noël chez elles, entourée de leurs amies.

« Crois-moi, vous n’auriez pas aimé voir ça, dès qu’elles se retrouvaient l’une avec l’autre, ça faisait des étincelles. Aiko peut être une vraie petite peste quand elle veut ! »

Le visage de l’intéressée se pourpra de gêne et elle détourna un instant son regard, sous le sourire amusé de Yuki. Oh, Kira était aussi une peste à l’époque, mais Yuki avait choisi son camp. D’ailleurs, avec elle, l’Américaine s’était toujours montrée incroyablement douce et adorable.

« Disons que Kiralee peut se montrer adorable quand elle veut et elle a rapidement réussi à se faire une place dans mon cœur. Et je ne remercierais jamais assez la vie de m’avoir donné cette chance de croiser son chemin. »

Son visage se mit à rayonner de bonheur et elle déposa un baiser sur la joue de sa conjointe tout en resserrant doucement sa prise sur sa main. Elle se moquait totalement d’exposer ainsi son amour et son bonheur. Elle voulait profiter de chaque instant et ne jamais se restreindre dans le partage de ses sentiments.

La danseuse se leva soudainement pour attraper le téléphone de sa sœur et la taquiner. Cindelle réagit au quart de tour et se mit à pester contre la professeure. Yuki échappa un léger soupir « et c’est reparti pour un tour… », avant de prendre une gorgée de vin. Les deux Américaines ne cessaient de se chercher les poux et Yuki se retrouvait toujours au milieu de leur dispute.

« Kira, arrête d’embêter ta sœur. Et toi Cind, Kira à raison, c’est impoli de rester sur son téléphone à table. Tu le récupéreras après le dîner. »

Oui, parfois elle avait l’impression de devoir gérer deux enfants. Mais bon, elle avait choisi d’être là « pour le meilleur et pour le pire », alors elle ferait de son mieux pour améliorer la situation entre les deux sœurs et trouver un équilibre.

« Natsuki, Aiko, est ce que cela vous arrive aussi de vous chamailler pour tout et n’importe quoi ? »

Aiko était contente de voir que Sara semblait passer une bonne soirée. Elle avait craint qu’elle ait du mal à s’intégrer ou qu’elle ne se sente pas à l’aise entourée de ses proches. Elles n’étaient pas parfaites, mais elles étaient ce qu’Aiko avait de plus précieux.

La Japonaise ne put retenir son rire en entendant la question de la cavalière. Elle repensa aux débuts électriques qu’elle avait vécus avec Kiralee. Les deux étaient comme chien et chat. Personne n’aurait pu prédire qu’elles passeraient outre leur apriori et qu’elles deviendraient si proches. Elles étaient différentes sur beaucoup de points, mais avec le temps, avaient su se rendre compte qu’elles étaient aussi très semblables.

« On a eu nos différents. Nous en sommes même venues aux mains un jour… je ne suis pas fière de cela. Mais, on a fini par se rendre compte que ce qui nous énervait le plus chez l’autre, c’est aussi ce qui nous a rapprochés. Kira était un vrai bouledogue avant, mais quand on apprend à la connaitre, on se rend compte qu’elle est en réalité de très bonne compagnie. Elle m’a sauvé la mise plus d’une fois et aujourd’hui, je ne suis pas gênée de dire qu’elle a grandement contribué à me remettre sur pieds. »

Dès l’instant où l’Américaine avait débarqué pour l’emmener loin de chez ses parents, jusqu’à aujourd’hui, Kiralee n’avait pas lâché Aiko et c’était montré d’une grande aide et écoute. Si elle n’avait pas été là, la Japonaise serait peut-être encore en train de broyer du noir. Le regard sombre d’Aiko se posa sur celle qui partageait ses traits de familles. Elle lui adressa un sourire.

« Bien sûr, Natsuki m’a toujours soutenue également. Je sais à présent qu’il peut m’arriver n’importe quoi, tant que ces deux-là sont là, rien ne peut plus m’atteindre. »

Voilà qu’elle était d’humeur sentimentale. Elle avait peut-être ingurgité son verre de vin trop vite ? Non, elle savait qu’il était important de partager ses sentiments avec ses proches. Elle ne voulait plus faire la fière et garder tout cela pour elle, maintenant qu’elle savait ce que cela faisait de tout perdre.
Un nouvel accrochage eut lieu entre Kiralee et Cindelle. Ces deux-là passaient leur temps à se faire la guerre. Aiko connaissait que très peu la jeune sœur de sa meilleure amie. Elle savait néanmoins que cette dernière se mettait énormément de pression vis-à-vis de Cindelle. Et une Kiralee sous pression avait tendance à en mettre beaucoup sur les épaules des personnes qu’elle voulait protéger. Elle était surement trop exigeante avec la blonde. Ajouter à cela qu’elle ne savait exprimer son amour que par la taquinerie intense. Souvent, ça faisait plus fuir les gens qu’autre chose, mais la danseuse était comme ça. Incapable d’exprimer son amour de manière douce. À part avec Yuki visiblement. Cindelle rentrait dans sa phase adolescente et Aiko était bien contente de ne plus vivre sous le même toit que ces deux-là.

Yuki fit diversion en détournant l’intention sur les deux Tsukino. Natsuki fut plus rapide que sa petite sœur et répondit de manière sincère et très touchante. L’athlète fut attendrie des mots de sa sœur et lui adressa un sourire rempli de tendresse.

« Je ne pourrais jamais être fâchée contre Natsuki. Ma sœur est une personne extraordinaire qui ignore à quel point elle est fantastique. Impossible de lui reprocher quoique ce soit, elle est d’une extrême gentillesse et a un immense cœur. Je me suis fait beaucoup de soucis pour elle, et je m’en fais encore, parce que j’ai peur que quelqu’un abuse de sa gentillesse et en vienne à lui faire du mal. C’est déjà arrivé dans le passé et je ne veux pas que cela se reproduise. Même si je sais qu’elle est très forte. Et Natsu, tu n’as rien à envier à qui que ce soit. Tu as accompli beaucoup de choses depuis que tu es ici et tout cela, tu ne le dois qu’à toi-même. Tu es pleine de courage, de passion et de compassion. Je n’y suis pour rien là-dedans. Mon seul rôle, c’est d’être là si tu en as besoin. »

Yuki adressa un tendre sourire à sa femme. Elle voyait bien l’inquiétude briller dans ses prunelles saphir et émeraude. Elle glissa sa main sur la sienne et la caressa tendrement en lui adressant un sourire serein.

« C’est vrai que ce n’est pas le plus moderne, mais il dispose de trois chambres. Mais on peut aussi louer quelque chose de plus original si vous le souhaitez. »

La guitariste serra un peu plus les doigts qu’elle tenait entre ses mains. Son regard se posa sur Cindelle qui défiait celui de Kiralee. Elle aimerait beaucoup trouver la solution pour apaiser leur relation, mais ce ne serait pas pour ce soir. Elle décida de laisser Kira la gérer, même si Cindelle allait lui en vouloir. Elle allait lui parler en privé demain. En attendant, Yuki préféra s’occuper de ses convives et débarrassa quelques plats vides.

Kiralee attira de nouveau l’attention sur Sara. Elle était persuadée qu’Aiko avait un crush sur l’Allemande. Pourtant, la Japonaise avait bien insisté qu’il ne s’agissait de rien de la sorte. Sara était seule pour les fêtes et Aiko avait simplement eu la gentillesse de l’inviter. Kiralee connaissait assez son amie pour savoir qu’elle était sincère. Elle ne pouvait toutefois pas s’empêcher de mener l’enquête et de taquiner sa meilleure amie.

« Ça peut aussi ne pas arriver. Vivre une histoire d’amour et être en couple, ce n’est pas une obligation. L’important, c’est d’être épanouie dans sa vie et de la vivre comme on l’entend. »

Yuki adressa un sourire doux à Sara. Elle admirait la détermination de la cavalière. Elle était contente d’apprendre à la connaitre.

La distraction fut de courte durée. Kira interpella une nouvelle fois Cindelle qui la regardait avec des yeux assassins. Cela ne finira donc jamais ? La guitariste prit sur elle pour ne pas s’interposer une nouvelle fois et tenta une nouvelle distraction.

« Comment t’est venue ta passion pour l’équitation Sara ? »