Noël chez les saines d'esprit [polyrp]

Yuki ne pouvait s’empêcher de rire en voyant la tête que faisait Cindelle. Rare était les fois où sa grande sœur agissait de la sorte. Mais Yuki y était plus habitué. À vrai dire, Kiralee laissait complètement tomber ses barrières chaque fois qu’elle rentrait chez elles. Et puis, elle était particulièrement mielleuse après avoir passé une belle nuit au côté de sa femme ou alors, si elle avait quelque chose à lui demander.

« Oui, il n’y a pas de problème pour que l’amie d’Aiko se joigne à nous. Noël s’est fait pour se rassembler et passer du temps en famille. »

Elle fit un sourire à la danseuse avant de finir de mettre la table. Elle était heureuse de pouvoir passer le temps des fêtes avec celles qu’elle considérait comme sa famille. Bien sûr il manquait Keiko pour que tout soit parfait, mais elle savait que la violoniste avait besoin de se ressourcer après ce qu’il s’était passé avec son père. Yuki pensa d’ailleurs au sien. Elle lui avait proposé de venir passer les fêtes avec elle, mais il avait décidé de partir en voyage. C’était son cadeau de Noël à lui-même et Yuki l’avait encouragé à changer d’air.

« Je ne pense pas que tu la connais Cind’. Elle s’appelle Sara et est à l’académie des sports avec Aiko. Nous l’avons aperçu rapidement ce matin. »

Alors que Yuki allait une nouvelle fois réprimander Kiralee de vouloir commander du fast food pour les fêtes, ce fut sa sœur qui fut plus rapide. La Japonaise était en accord avec la jeune fille. Elle ne comprenait pas pourquoi la majorité des gens commandait dans des fast foods pour les fêtes, alors que la nourriture maison était dix fois meilleure et généreuse. Cela permettait également de passer de bon moment avec ses proches.

« Je suis d’accord avec Cindelle. Un pudding maison, ce sera bien meilleur. »

Yuki passa un bras sur les épaules de la blonde avant de l’amener avec elle dans le coin cuisine pour entamer la préparation du dessert. Elle savait que c’était également celui que Kiralee préférait, mais elle ne put s’empêcher de la taquiner.

« Après, si tu tiens tant à manger un mac flurry pour Noël, tu peux aller en chercher pour toi. Je ne voudrais pas que tu t’empêches de te faire plaisir pour nous. Puis ça fera plus de pudding pour les autres, Natsuki sera heureuse d’avoir ta part. »

Appliquant un dernier trait d’eyeliner, Aiko se recula pour admirer le travail. Elle avait opté pour un pull noir laissant ses épaules nues, et un jeans boyfriend bleu délavé. Elle avait fait plusieurs soins à ses cheveux pour qu’ils soient plus soyeux. Elles les avaient laissés détacher, mais les avaient aussi fait raccourcir pour obtenir un carré court s’arrêtant à ses joues. Kiralee avait bien insisté sur le fait qu’elle devait « faire un effort ». Aiko ne comprenait pas l’obsession soudaine de sa meilleure amie pour son look, sachant qu’elle-même avait, et il n’y a pas si longtemps, un style particulier et pas vraiment tendance. Aiko considérait qu’elle avait toujours eu un look correct, un peu androgyne certes, mais toujours propre. Certes, elle s’était un peu laissé aller après son retour, mais elle avait repris le dessus depuis qu’elle avait commencé à travailler. Et c’était encore plus amélioré quand elle s’était remise à porter un uniforme scolaire.

Bref, elle espérait que Kiralee ne l’emmerderait pas trop, parce qu’elle avait mis du temps à se décider et à se maquiller. Elle regarda l’heure, mit un peu de parfum sur ses poignets et derrière ses oreilles, enfila sa veste en jeans doublée en laine de mouton et ses docs basses, attrapa son sac chargé de ses affaires et commissions de dernière minute et quitta sa chambre.

Avant de se rendre chez ses amies, elle devait passer au dortoir du Lys pour récupérer son invitée, Sara. L’Allemande était seule pour les fêtes et Aiko l’avait donc conviée à se joindre à elle et ses amies. Elle en avait fait de même, des semaines auparavant avec Sleïlo, mais cette dernière ne lui avaient pas vraiment donné de réponse. L’athlète n’avait pas osé la relancer sur le sujet. Elle avait peur d’être trop insistante avec l’Australienne et ne voulait pas donner raison aux rumeurs qui circulaient déjà à son sujet. Elle savait qu’elle ne devait pas trop s’en faire pour cela, mais en même temps, elle s’était rendu compte que Sleïlo n’était pas vraiment réceptive à ses tentatives de réconciliation. Chaque fois qu’elle lui proposait de faire quelque chose, la comédienne trouvait quelque chose à redire et semblait accepter sans réelle envie de participer.  Aiko savait qu’elle avait d’autres chats à fouetter et le comprenait. La santé de Silver se détériorait et Sleïlo préparait le départ de son fidèle compagnon et faisait également des recherches pour trouver un remplaçant. Et encore là, Aiko avait proposé son aide, mais la jeune femme semblait ne pas en vouloir. Alors la Japonaise avait décidé de lui laisser de l’espace. Si elle avait besoin, elle viendrait l’aider sans problème, mais ne ferait plus rien sans que Sleïlo ne lui demande.
C’était une des résolutions qu’elle avait prises pour son futur, il fallait qu’elle arrête de vouloir se dévouer corps et âmes pour des personnes qui n’ont pas besoin d’elle. Il fallait aussi qu’elle arrête de culpabiliser et d’avoir encore l’impression de devoir se faire pardonner. Natsuki lui avait pardonné, Kiralee aussi. Si Sleïlo n’était pas encore prête, ou si elle ne voulait jamais lui pardonner et bien il allait falloir qu’elle fasse avec. Elle ne pouvait pas remonter le temps pour retrouver sa vie d’avant, alors elle devait se concentrer sur son présent et son futur.

Elle allait passer ainsi son Noël entourée de ses amies et de sa seule famille restante. Si Sleïlo voulait les rejoindre, la porte était ouverte, si elle ne le souhaitait pas, Aiko comprendrait et n’en ferait rien de personnel. Enfin, elle l’espérait.

Son arrivée devant la porte de la chambre de Sara, la fit sortir de ses pensées. Elle toqua et attendit que sa camarade lui donne l’autorisation avant d’entrer. Elle lui accorda un sourire et la salua à nouveau. Elles s’étaient déjà vues le matin même au brunch que l’école avait organisé.

« Prête ? »

Elle attendit que la cavalière le soit, avant de quitter le bâtiment en sa compagnie. Les filles habitaient dans les logements des employés de l’école, elles n’étaient donc pas très loin et la température n’était pas trop froide. Elles allaient ainsi pouvoir se rendre à pied et profiter de l’air frais et tranquille du campus.

« J’espère que tu as faim parce que Yuki n’a pas lésiné sur la quantité ! On a de quoi manger pendant des jours ! »

Aiko ouvrit la porte d’entrée du bâtiment, laissant passer Sara en première. Elle la guida ensuite jusqu’à l’appartement de ses amies quelle avait quitté quelques heures auparavant. Devant la porte se trouvaient Natsuki et Nina qui semblaient en attente.

« Vous comptez dormir là ?  Sara, je te présente ma sœur Natsuki et sa petite amie Nina ! Nina, Natsuki, voici, Sara, la future médaillée d’or en équitation à qui je donne des cours particuliers. »

La coureuse leur fit un sourire avant de toquer avec force sur la porte. Rien à voir avec les coups légers qu’elle avait donnés à celle de Sara. Là c’était chez Kiralee, alors elle n’avait pas à se retenir.

Yuki écouta d’une oreille sa femme débiter des idioties. Une chose était certaine, les deux sœurs se ressemblaient beaucoup sur leur côté drama queen. Yuki avait appris à se détacher un peu de leur chicane. Elle savait que c’était une façon de se montrer leur affection. Il allait cependant falloir qu’elle ait une sérieuse discussion avec son épouse, parce qu’elle la trouvait parfois trop dure avec sa jeune sœur.

« Mais non, j’ai préféré épouser la grande sœur colérique qui passe son temps à jouer les Calimero.»

Elle envoya un sourire narquois à Kiralee avant de rejoindre la cuisine avec sa belle-sœur. Leur appartement était loin d’être un palace, elles étaient un peu serrées en cuisine, mais au moins Cindelle prenait moins de place que Kiralee ou Aiko. Elle laissa sa femme se divertir sur ses jeux, la préférant loin de ses préparations. Kiralee était un ange qui voulait l’aider, mais elle était vraiment nulle avec tout ce qui s’apparentait à de la cuisine. Autant éviter les accidents. Il semblerait qu’elle ait d’ailleurs elle-même assimilé la leçon après sa tentative rater de confectionner un plat pour le réveillon de Noël. Un sourire étira les lèvres de Yuki quand elle repensa à sa mine déconfite.

Aidez de Cindelle, la préparation des poudings ne prit pas longtemps. Yuki était ravie que ce soit le dessert favori des deux sœurs, car il était rapide et très facile à réaliser. Une fois les desserts prêts, elle lava la vaisselle et laissa Cindelle l’essuyer et la ranger. Pendant que Kira dressait la table, les deux autres filles allèrent se préparer. Yuki troqua sa robe en laine pour une plus légère de couleur noire. Elles allaient être nombreuses ce soir et il allait surement faire chaud. Une fois prête elle porta son attention sur Cindelle qui lui demanda de l’aide pour se maquiller.

« Oui bien sûr, approche. »

Elle maquilla légèrement la jeune fille, s’y prenant avec délicatesse. Elle lui mit du crayon et un peu de fard à paupières se mariant à la couleur de sa tenue. Son œuvre terminée, elle fit un grand sourire à Cindelle en la laissant se regarder dans le miroir. Elle avait fait quelque chose de très léger, mais qui ressortait la couleur de ses yeux et mettait en valeur sa tenue.

« Qu’en pensez-vous mademoiselle ? Ce n’est pas pour me vanter, mais je vous trouve ravissante ! »

Elle lui fit un clin d’œil avant de rejoindre sa femme pour accueillir les invitées. Elle leva les yeux au ciel en entendant la remarque de Kiralee qui visait à ennuyer sa meilleure amie. La soirée risquait d’être mouvementée, une chance que Nina venait en renfort pour envoyer une bonne image à Sara. Parce qu’avec les quatre autres folles, elle n’était pas à l’abri de voir la jeune femme fuir l’appartement à la course. Et oui, elle incluait Natsuki là-dedans, car elle voyait très bien l’ainée Tsukino mettre l’amie de sa sœur dans l’embarras.

« Bienvenue les filles ! Et bienvenue à toi Sara, ne fait pas attention à ma femme, elle aboie plus fort qu’elle ne mord. »

Yuki remarqua le trouble de Cindelle à la remarque de Kiralee et pendant que les invitées s’installaient, elle donna un coup de coude dans les côtes de sa femme et parla à voix basse.

« Sois plus gentille avec ta sœur. Tes mots on plus d’importance et d’impacte que tu ne le penses. Je sais que tu dis ça sur le ton de la blague, mais fais plus attention, d’accord ? »

Sur ces paroles elle déposa un baiser sur sa joue, avant de rejoindre les filles et d’aller porter leur veste et manteau sur son lit.

« Faite comme chez vous surtout. On a pas la plus grande place du monde, mais ce soir c’est sans prise de tête. Soyez à l’aise. »

Lorsque la porte de la chambre s’ouvrit, Aiko dut lever légèrement la tête pour voir le visage de sa Kohai. Cette dernière était déjà plus grande qu’elle et le fait qu’elle porte de hauts talons marquait davantage leur différence de taille. Une chance que la Japonaise eût gagné quelques centimètres depuis son lycée, sinon elle aurait eu des risques de torticolis en discutant avec sa camarade. Aiko avait toujours eu l’habitude d’être la plus grande parmi ses semblables. Depuis son arrivée à l’académie il arrivait souvent que des filles plus jeunes venant de l’étranger la dépassent de plusieurs centimètres. Cela titillait parfois son égo, mais tant qu’elle restait plus grande que Kiralee, c’était correct. Elle pouvait la taquiner pour éliminer sa frustration.

Un léger sourire gêné étira le coin de ses lèvres alors que ses joues se réchauffèrent en entendant le compliment de Sara. Cela faisait longtemps qu’Aiko n’en avait pas reçu de si spontané. Sa gêne se dissipa aussi rapidement qu’elle était venue et son sourire se fit plus serein.

« Arigâto, Sara-chan. Je te retourne le compliment, toi aussi tu es très jolie. »

Elle le pensait réellement et ne faisait que partager le compliment de la lycéenne et pourtant, elle ressentit encore une pointe de gêne. Elle n’était vraiment plus habituée à cela, sa sœur lui faisait souvent des compliments, mais c’était sa sœur, avant, elle en recevait des tas par ses fausses admiratrices et cela ne la touchait que rarement. Elle préférait la sincérité et la spontanéité, même si cela la mettait mal à l’aise. Une chance qu’elles sortirent rapidement de la chambre et changèrent de sujet. Elle évitait ainsi un long silence malaisant.

Bien qu’elle travaillait dans un bar, Aiko n’était pas une grande consommatrice d’alcool. Elle écarquilla les yeux en voyant le stock qu’avait ramené Nina. Il y avait de quoi abreuver au moins quinze personnes.

« Salut Nina, c’est beaucoup de boissons ça, tu n’y es pas allé de main morte. Pas sûr qu’on passe au travers, mais au moins il en restera pour d’autres occasions. »

Aiko connaissait suffisamment sa sœur pour remarquer que cette dernière avait mille questions en tête. Elle n’en posa cependant aucune et se contenta de garder le silence en faisant un léger signe de main à Sara. La cadette Tsukino releva un sourcil interrogateur, Natsuki avait-elle perdu sa langue ? Aiko aurait aimé qu’il en soit de même avec Kiralee qui les accueillait avec sa nonchalance habituelle. Elle espérait que Sara ne la prenne pas pour une folle de fréquenter ce genre de personne. Aiko connaissait Kira, elle savait que tout ça n’était que des blagues visant à détendre l’atmosphère, mais elle se rappelait aussi très bien qu’avant, ce même comportement lui tapait sur les nerfs. Une chance que les autres filles étaient pour annoncer la couleur. La coureuse offrit un regard rassurant à Sara pour la convaincre de ne pas prendre ses jambes à son cou.

« Pom-Pom girl ? Sérieux Kira c’est quoi ces préjugés… »

Aiko suivit Yuki et déposa ses affaires dans la chambre, avant d’aider Sara avec les siennes. Elle lui laissa son sac et alla ranger son manteau avec les autres. Elle rejoignit ensuite l’assemblée et resta proche de son invitée.

« Tu peux croire Yuki, Kira peut être sympa quand on apprend à la connaitre. Ce n’est pas juste une petite brute malpolie. »

Aiko tira la langue à sa meilleure amie, avant de suivre le conseil de la maitresse de maison. Elle tira une chaise et offrit à Sara de s’asseoir avant de prendre place à ses côtés. Elle laissa les autres s’installer et proposa à sa sœur de se mettre aussi à côté d’elle.

« Tout va bien Nee-chan ? »

Quelque chose semblait tracasser son ainée et Aiko ne pouvait s’empêcher de vouloir savoir de quoi il s’agissait.

Yuki prit son amie dans ses bras et la serra doucement. Elle savait que ça n’allait pas fort en ce moment à cause de sa mère et elle espérait que cette soirée lui permettrait de se changer les idées.

« Merci ma belle Nina. Je te retourne le compliment, tu es ravissante. »

La maitresse de maison salua Natsuki et Aiko avant de faire un sourire chaleureux à Sara qui lui tendait des fleurs. Elle les attrapa avec délicatesse et se courba légèrement, continua de sourire avec bienveillance.

« Merci beaucoup Sara ! »

Elle posa la rose au centre de la table, perfectionnant la décoration réalisée par son épouse. Cette dernière restait fidèle à elle-même et à chaque blague qu’elle sortait, Yuki sentait le malaise s’accentuer et l’impatience la gagner. Elle aimait cette femme de tout son cœur, mais parfois, elle se demandait comment Kira faisait pour ne pas se rendre compte qu’elle était lourde. Oui, ses blagues étaient drôles et dans un autre contexte, Yuki aurait surement ri. Mais le visage rouge d’Aiko et le silence des autres en disait long. Pauvre Sara, elle ne connaissait personne ici et déjà Kiralee faisait des blagues au sujet de sa profession. La main qu’elle reçut aux fesses et le commentaire de Kira devant leurs invitées furent les gouttes de trop.

« Mon amour, si tu fais encore une blague de la sorte, je te promets que tu vas dormir sur le canapé pour les trois prochaines années. »

Son sourire restait doux, sa voix polie, mais son regard reflétait tout le sérieux de sa menace. Elle ne voulait pas commencer cette soirée en s’obstinant avec Kiralee devant leur convive, alors elle espérait que l’Américaine avait bien saisi le message renvoyé par ses yeux.

Yuki apporta les différentes bouchées qu’elle avait préparées avec Aiko pour l’apéritif. Il y en avait de toute sorte, des petites omelettes, des karaage, des minis onigiris… Bref, Aiko et elle avaient été dans les classiques de leur culture.

« Servez-vous ne soyez pas gênée ! Kira, peux-tu t’occuper des boissons ? »

Aiko sentit la gêne l’étreindre et son visage s’enflammer. Elle serra la mâchoire, se retenant de répondre une phrase cinglante pour couper court aux idioties de sa meilleure amie. Elle lui avait pourtant demandé de ne pas l’embêter ce soir. Elle savait que la présence de Sara allait soulever des interrogations et des réflexions. Aiko avait alors bien pris le temps d’expliquer la situation à Kiralee. Cette dernière avait tout de même trouvé un moyen de la mettre dans l’embarras. La Japonaise se sentait encore plus mal pour l’Allemande. Non seulement elle se retrouvait à fêter Noël entourée d’inconnue, mais en plus elle ne recevait pas le meilleur des accueils.

Une chance que Natsuki et Yuki mirent fin au jeu solitaire de la danseuse. Aiko, qui avait les poings serrés et s’apprêtait à envoyer chier Kiralee, se détendit et prit une gorgée d’eau. Elle remercia Yuki et sa sœur d’un sourire avant de porter son regard sur Sara. Elle se pencha un peu vers elle pour parler plus bas, tandis que les hôtes apportaient les apéritifs.

« Désolée pour ça. Ça peut être difficile à voir au premier abord, et crois-moi, je sais de quoi je parle, mais je t’assure que Kiralee est quelqu’un de bien, sous son air malcommode. En revanche… elle a toujours eu un humour douteux… »

Peut-être que cela venait de sa culture ? Après tout, Nina ne semblait même pas avoir remarqué le malaise alors que les trois Japonaises s’étaient envoyé des regards déconcertés, ne sachant plus où se mettre.

« Merci les filles, contentes que ça vous plaise. »

Aiko accueillit les compliments avec un nouveau sourire, avant de servir Sara selon ses envies. Ce n’est pas qu’elle voulait la materner, mais elle s’était dit qu’elle ne serait peut-être pas à l’aise de se servir par soi-même. Une fois l’assiette de la cavalière pleine, elle entama de remplir la sienne.

« Et Natsu, on a de quoi nourrir l’académie au complet, alors ne te gêne pas et mange à ta faim.»

Elle fit un clin d’œil à sa sœur avant de croquer dans un onigiri.

Yuki était stressée. C’était le premier Noël qu’elle fêtait en tant que femme de Kiralee, entourée de ses amies et dans son premier « chez elle ». Elle voulait que tout soit parfait, que tout le monde passe une agréable soirée. Elle se sentait tendue, car elle avait peur d’un drama. Entre Kira et Cind qui était sans cesse en train de se chamailler, Nina qui avait des problèmes avec sa mère, Keiko avec son père, Aiko et ses déboires amoureux avec Sleïlo, Sara qui passait son premier Noël au Japon entourée d’inconnue et Natsuki qui ne semblait pas non plus dans son assiette, Yuki ne savait plus où donner de la tête. Elle s’investissait sincèrement pour que cette soirée soit mémorable et plaisante. Peut-être s’investissait-elle trop.

En voyant la mine de sa femme après sa remarque, elle regretta instantanément ses paroles. Mais elle ne connaissait pas Sara, elle ne savait pas comment elle pourrait réagir à ce genre de blague. Elle était nouvelle et ne se sentait déjà pas très acceptée au Japon. Finalement, elle ne semblait même pas avoir compris et pardonnait sans rancœur Kiralee. Yuki s’en était peut-être fait pour rien.

« Excuse-moi Kira, jsuis juste un peu nerveuse, je veux que tout le monde passe un bon Noël. »

Elle fit une face mignonne, cherchant le pardon de son amoureuse. Elle ne voulait pas la blesser. Elle voyait qu’elle faisait des efforts pour rendre l’ambiance amusante et festive. Le regard de la guitariste se posa ensuite sur Sara et elle lui adressa un sourire avant de lui répondre en anglais.

« Merci, et oui c’est normal, on ajoute du sucre dans la recette. Ce sont des Tamagoyaki. »