Des doutes mal venus [Keiko & cie]

La blonde profitait d'un moment de calme avant la tempête pour réviser ses cours de lycéenne et s'avancer sur les chapitres qu'elle allait voir durant sa première année. Elle avait toujours été obligée de faire énormément de travail et d'effort pour retenir quoi que ce soit, contrairement à sa jeune sœur qui retenait en ne lisant qu'une seule fois ses cours et pourtant, la musicienne obtenait chaque fois la meilleure note de sa classe. Elle avait reçu un drôle de SMS de son amie Nina et avait perçu que celle-ci n'allait pas bien du tout. Elle ne pouvait tout simplement pas se résigner à laisser son amie ressasser toute seule ce fameux mail et se sentir de plus en plus mal, elle s'était donc excusée auprès d'Azami en lui expliquant la situation et espérait que celle-ci ne lui en tienne pas trop rigueur et avait proposé à la danseuse de venir en parler autour d'un thé et de cookies.

Lorsque la brunette passa le seuil de sa porte après s'être excusée à voix haute, le thé encore fumant venait tout juste d'être servit et les biscuit étaient joliment présenté dans une petite assiette. La violoniste avait gardé la petite robe bleu ciel qu'elle comptait mettre de base pour aller voir Azami. La première chose qu'elle fit en l'accueillant ce fut de la prendre dans ses bras. Nina avait besoin d'un peu de réconfort et elle était son amie.

- Je sais bien que c'est toi ! Tu es la seule que j'ai invité, allez rentre et fais comme chez-toi !

Le mail était étrange surtout après que Nina lui ai dit que cette fille lui avait toujours joué des mauvais tours, si elle en étant extérieur à tout cela trouvait déjà bien compliqué à aborder de telle sujet, elle ne se demandait pas comment Nina prenait l'affaire, très mal. Elle la laissa s'installer et la regarda posément en attendant qu'elle soit la première à rompre le silence pour en parler et exposer ses doutes. Elle porta sa tasse à ses lèvres et poussa l'assiette de cookies encore tièdes vers son amie, elle savait qu'elle était pas fan des douceurs trop sucrées, mais ça n'allait pas lui faire de tort d'en déguster un petit peu.

La jeune blonde laissa son amie se mettre un peu plus à l'aise, même si la raison de sa venue ne s'y prêtait pas vraiment. Nina prit un biscuit qu'elle dégusta et la violoniste espérait que ce soit à son goût puisqu'elle ne fit aucun commentaire, elle devait être bien trop perturbée que pour penser à ce genre de détails. Après un moment qui parut une éternité passée en silence pour la musicienne, son amie danseuse fini par éclater son mutisme et révéler la nature de ses tracas.

Elle se posait des questions et c'était bien normale, elle voulait des réponses et c'était encore plus normale, mais est-ce que l'ancienne présidente était-elle la mieux placée pour les lui fournir ? Elle ne pouvait que lui prodiguer des pistes sur lesquelles s'orienter, à la limite lui donner des conseils, mais elle ignorait tellement des tenants et aboutissements de cela qu'elle se demandait si ça n'allait pas risquer de faire pire que mieux. Elle la laissa s'exprimer jusqu'au bout en hochant de la tête silencieusement, la laissant exposer les faits avant de prendre le temps de lire minutieusement le contenu du mail qu'avait imprimé Nina et se laisser une minute de réflexion avant de parler.

- Je comprends pourquoi tu es si inquiète à propos de ce mail, il y a plusieurs questions à se poser selon moi. Est-ce que cette fille a une raison de vouloir te nuire maintenant ? Est-ce que ta mère a déjà eu des comportements envers-toi qui ressemble à ce qu'il est dénoncé dans ce mail ?

Si c'était le cas et si la maman de Nina était à ce point malsaine dans sa façon d'être ça ne pouvait qu'être dévastateur pour sa fille. Keiko n'avait jamais eu ce cas avec sa mère, il fallait dire qu'elle ne a voyait pas très souvent, mais jamais sa mère ne lui tenait rigueur de quoi que ce soit, ça c'était plutôt son père qui lui remettait les bêtises de sa petite-sœur sur le dos continuellement.

- J'ignore pourquoi elle a vidé son sac maintenant, mais manifestement, elle avait besoin de le faire pour se sentir mieux ! Elle s'excuse plusieurs fois dans son mail ce qui montre qu'elle ne veut pas te blesser intentionnellement, mais juge de son devoir de te protéger ? J'imagine ?

Keiko eut un léger sourire au compliment de son amie sur les biscuits qu'elle avait fait et l'écouta ensuite se confier. Elle était prise d'un doute terrible, sans compter que tout ce qu'elle reprochait à sa mère était assez grave. La musicienne attendit quelques secondes avant de prendre la parole, elle avait un peu l'impression de marcher sur des œufs.

- Je suis triste pour cette fille, certes, elle n'avait pas à te faire subir ces mauvais traitements, mais elle doit être très malheureuse de vivre dans une famille comme celle-là.

Le côté particulièrement empathique de Keiko la rendait aussi très sensible pour les autres et elle arrivait sans mal à se projeter à la place de cette fille qu'elle ne connaissait que par l'intermédiaire de cette lettre. Elle ne pouvait s'empêcher de projeter sa propre façon de penser vers cette personne et d'imaginer que vivre à sa place devait être un véritable enfer et qu'à ce rythme là, si elle ne se sortait pas de ce cocon étouffant, elle allait finir par sombrer dans une immense détresse que rien ne pourrait sauver. Elle secoua la tête, elle était là pour apporter son soutien à Nina et elle fit la lecture des messages envoyés par sa mère.

- Je ne suis pas spécialiste ou psychologue, mais au vu des messages qu'elle t'envoie, je pense que ce que cette fille décrit dans ce mail est la vérité. Dans la plupart des messages, elle souligne "je", "moi", "je fais ci", "je fais ça" , "si j'étais toi" , "a ta place", elle se projette en toi comme-ci tu lui appartenait et que tu lui devait tout ! Tu lui dois a vie, certes, mais ça ne veut pas dire que tu dois lui dédier ta vie et la laisser te façonner comme elle l'entend. Après ce n'est qu'une vision purement personnelle, tu es la seule à pouvoir prendre assez de recul, après-tout je ne la connais que par ces messages et je n'ai jamais vécut avec elle.