Rendez-vous avec une connaissance [Ft. Yuki]

L'étonnement l'avait conquise et subjuguée même dès qu'elle avait découvert la personne que le blind date lui avait choisie. Une surprise de taille puisqu'il s'agissait d'une personne qu'elle avait déjà rencontrée et dont elle se souvenait très bien. La violoniste avait encore dans sa mémoire leur improvisation sur la plage et leur rencontre. Elle n'avait aucun soucis à se faire et n'allait pas tomber sur une personne inconnue qui se révélerait plus intéressée par son statut de présidente du conseil que par la personnalité qu'elle avait. Quelle chance ! Quelle joie de ne pas avoir à jouer un rôle prédéfini se soir ! La musicienne était vraiment heureuse et se réjouissait de cette sortie avec une personne normale.

En revanche, il y avait tout de même une ombre au tableau et elle était de taille. Le blind date était un événement conçu à la base pour les personnes considérées comme célibataires alors il était normal que la jeune métisse se questionne quant à la relation amoureuse que son date entretenait avec Kiralee. Elle se souvenait très bien avoir été frottée quelques mois plus tôt à l'américaine et avait bien en mémoire la force de son poing qui l'avait envoyé à l'hôpital. La peur de se retrouver au milieu d'une querelle de couple était bien réelle et elle espérait ne pas revivre une telle blessure.

Loin de faire dans la démesure, Keiko avait opté pour un jeans confortable accompagné d'un sweat bien douillet et chaud, d'une veste en jeans et d'une écharpe et de basket. La soirée était sans prise de tête et si elle n'aurait pas jeté d'elle-même son dévolu sur une arcade et une pizza, ce n'était pas pour lui déplaire de faire dans la nouveauté et peut-être qu'elles allaient bien s'amuser. Une soirée de saint-Valentin qu'elle ne plaçait même pas sous le signe de l'amour et elle était très satisfaite de ne pas avoir à jouer la comédie et de faire dans la minauderie et le kawaï à gogo.

De grands signes avec les deux mains au-dessus de sa tignasse blonde qu'elle avait rassemblé dans une haute queue de cheval.

- Hé ho ! Yuki-san !! Par ici !!!

C'était bien-entendu au cas où elle ne l'avait pas encore remarqué même si la blondeur de ses cheveux étaient un signe distinctif suffisant au pays du soleil levant. Elle était demi-japonaise, mais on lui avait toujours fait des réflexions de jalousies sur ses cheveux longs et blonds qui n'avaient rien à voir avec les couleurs capillaires habituellement observée dans les îles japonaises.

Keiko ria de se voir singer de la sorte par sa camarade musicienne et attendit qu'elle soit à sa hauteur pour la saluer en inclinant légèrement le haut du corps comme il en était d'usage au pays du soleil levant. Elle était assez rassurée d'être tombée sur une personne comme Yuki, elle était certaine qu'avec elle pour le blind-date, elle allait pouvoir se détendre.

- Je vais bien merci et toi ? Cela me fait plaisir de te revoir après si longtemps ! Comment vas-tu ?

Yuki était comme elle et n'avait pas pour habitude de venir à l'arcade. C'était bien leur veine car c'était une première pour la présidente du conseil.

- Zut ! Moi qui avait espéré me reposé sur ton expérience, tant pis ! On pataugera à deux dans l'ignorance ! ça va être drôle quand-même !

Si Yuna avait été là, elle aurait accaparé les lieux comme une reine dans son royaume. Keiko ne serait d'ailleurs pas étonnée de voir le prénom de sa sœur apparaître dans les plus gros score des différents jeux-vidéos. Elle regarda Yuki en souriant.

- On y va ? On tente ? Ou bien on capitule et on va ailleurs ?

La violoniste n'était pas du tout du genre à capituler, mais peut-être que Yuki était moins franche qu'elle et n'aimait pas les endroits inconnus. Elle voulait laisser le choix à sa sempaï de prendre la décision finale pour leur soirée. Après-tout la ville regorgeait d'activités à faire et d'endroits à visiter. La demi-japonaise avait bien envie de découvrir les lieux, si sa précieuse sœur y allait c'est que ça devait être amusant.

- Je sais ! Et si on essayait d'attraper une peluche que l'on s'offrirait ? J'en attrape une pour toi et inversément ? J'aime bien les choses mignonnes

Keiko se sentait un peu gamine de proposer cela surtout qu'elle n'avait jamais eu une énorme collection de peluches ou même de gadgets mignon, de porte-clefs adorable et girly qu'on pouvait mettre à son sac scolaire ou à ses trousses.

Sortir de l'académie, en toute honnêteté, la musicienne ne se souvenait même plus quand c'était la dernière fois. En dehors du voyage organisé à Okinawa et de son séjour à l'hôpital. Keiko n'avait pas eu le temps pour une sortie après cela et cette année-ci avait été particulière. Elle s'était pas mal retranchée dans ses obligations pour le conseil des élèves. Tout était terminé pour le moment, la blonde avait décidé d'arrêter de pleurer sur son sort, Azami lui manquait beaucoup, mais elle ne pouvait pas mettre entre parenthèse sa jeunesse. La professeur d'art n'aurait jamais voulu cela et elle en avait marre d'inquiéter les gens autour d'elle. La violoniste était donc là ce soir pour sortir de son train-train quotidien.

- Cela fait une éternité de mon côté !

Elles n'était plus des enfants alors se laisser abattre pour si peu ! Keiko était bien décidée à y rentrer et à battre un record ! Elle ne savait pas encore lequel. Hikonyan, Yuki venait de lui montrer une petite mascotte qui pendouillait à son téléphone. Les mascottes au Japon c'était tout un univers ! Certaine possédaient une telle renommée qu'elles avaient un parc d'attraction qui lui était dédié ou même des animes ou encore des collections d'objet et de vêtements à leur effigie. La blonde avait quelques lacune en mascotte, mais elle se souvenait d'avoir aimé la plus célèbre d'entre-elles lorsqu'elle était enfant : Hello Kitty. L'adorable petit chat.

- Elle est drôle celle-là ! Avec son petit casque de samuraï sur la tête ! Quand j'étais une enfant, j'avais une peluche Hello-Kitty que je promenais partout et ensuite je l'ai donné à Yuna. Elle l'a probablement laissé à la maison ou elle s'en ai débarrassée.

Yuna n'était plus une petite-fille mais une adolescente de 15 ans alors, la violoniste se doutait qu'elle s'était séparée de sa peluche il y a longtemps. Elle suivit Yuki à l'intérieur, c'était lumineux, décoré, il y avait du monde et du bruit et l'endroit où elles allaient particulièrement concentrer leurs efforts.

- J'aime bien le petit panda roux là et toi ? Je trouve que la petite loutre est mignonne, elle te ressemble avec ses grands yeux !

Keiko attendit la réponse de sa compagne de fortune pour s'installer derrière la machine et regarder. Une grosse pince en haut, des boutons pour la diriger, ça n'avait pas l'air si compliqué à manier alors où était le piège ? Est-ce qu'il fallait qu'elle mette d'innombrables pièces dans cette machine avant de pouvoir attraper quoi que ce soit ? Y avait-il une technique spéciale ? Elle décida de jouer la carte de l'intelligence et de regarder comment Yuki s'y prenait ainsi, elle voyait la machine à l'œuvre. Elle vit la pince attraper une peluche, la soulever et revenir avec des yeux brillant avant de voir la peluche tomber à 5 millimètres de là où elle devait aller pour être récupérée.

- Tu y étais presque ! La prochaine fois c'est la bonne !

La violoniste blonde l'encourageait avec un sourire et un regard bienveillant. Yuki n'avait pas plus d'expérience dans ce domaine et pour un premier essais ça n'était pas mal du tout.

Keiko regarda Yuki un peu déconcertée, admirable, oui la plupart des élèves l'admiraient pour son rôle de présidente du conseil et c'était bien ce qui la dérangeait. La blonde avait l'impression de ne pas en faire assez pour mériter une telle admiration et c'est surtout l'engouement qu'elle provoquait à son égard qu'elle redoutait. Elle qui était assez secrète sur sa vie privée détestait que tout le monde cherche àen savoir plus sur son compte comme pour tenter de la rabaisser alors qu'elle ne se donnait pas un air supérieur.

- Non, c'est vrai que je n'ai pas énormément de temps à consacrer à moi-même et à mes proches et c'est pourquoi j'aspire à être libérée de mon rôle.

Keiko en venait même à décompter les jours, bientôt, elle deviendrait une étudiante et elle pourrait remettre son mandat à qui le voulait et cela sans même le regretter. Elle était moins fan d'Hello Kitty mais elle était d'accord pour dire qu'elle était mignonne et c'était déjà ça de gagné.

La violoniste se demandait pourquoi la guitariste s'était soudainement mise à rougir, avait-elle dit une chose étrange ? Elle ne se rappelait pas lui avoir fait du gringue intentionnellement, peut-être qu'elle avait eu soudainement chaud. La loutre était la créature la plus mignonne qui soit, celle en peluche en tout cas avait l'air toute douce à caler contre soit la nuit pour du réconfort.

Yuki parlait au panda roux et Keiko rit un peu à son sens de l'humour, elle était plutôt bon public pour ce genre de chose. La musicienne avait l'impression de voir un combat de titan dont l'issue serait d'avoir sa peluche panda. Plus elle voyait Yuki insérer des pièces dans la machines, plus elle se rendait compte de la difficulté et de l'arnaque que c'était. Elle espérait ne pas avoir fait perdre trop de temps et d'argent à son amie et la regardait se concentrer. Elle était adorable avec le bout de sa langue qui passait sur le côté à cause de sa concentration. Enfin, la machine émit un petit jingle de victoire et elle vit sa peluche panda roux en face d'elle. La blonde la réceptionna pour venir la serrer tout contre elle et frotter la petite tête toute douce du panda roux en peluche contre sa joue en souriant joyeuse.

Un nom, Yuki ne connaissait pas son incapacité à trouver des noms. Si il y avait bien un domaine ou la musicienne était nullissime c'était bien nommer ce qui lui appartenait. Lorsqu'elles étaient petites, sa sœur et elle avaient eu un chaton qui s'était appelé chaton jusqu'à la fin de sa vie.

- Pandaki !

Scanda t'elle avant de se raviser.

- C'est un peu nul comme nom tu ne trouves pas ? Je n'ai jamais été très inventive pour ça. Une idée à me soumettre ?

Si Yuki pouvait trouver un surnom à sa peluche ça serait plus facile et ça lui ferait toujours un souvenir et puis elle était certaine que ce qu'elle choisirait serait plus joli et plus original. Elle avait trois coups à battre ? Avait-elle raté une consigne ? La lycéenne en terminale regarda sa camarade de section musicale qui lui proposait un petit jeu pour pimenter les choses.

- Ok ! Alors on se la joue comme-ça Kazane-sempaï ? Je relève le défis !

Elle avait l'air sûr d'elle, mais comme le dicton le dit, l'air ne fait pas la chanson et elle n'était pas certaine de réussir à gagner quoi que ce soit. Trop tard, c'était lancé et elle se dirigeait vers la machine à peluche où se trouvait les loutres. Elle sortit son porte feuille et élança son bras pour l'échauffer en imitant ou plutôt en caricaturant les sportifs.

Elle inséra la pièce dans la fente prévue à cet effet et commença à bouger la pince. Elle avait bien observé comment sa consœur s'était débrouillée et il ne lui avait fallu que deux essais pour faire tomber la loutre convoitée plus une qui était accrochée à la première presque par magie dans la case prévue à cet effet. Elle tourna la tête vers Yuki en souriant avant de lui tendre les deux loutres. Elle n'avait pas pensé à ce qu'elle allait pouvoir lui demander si elle gagnait puisque la présidente semblait totalement convaincue de perdre et de ruiner toute ses économies. Elle avait doublement gagné.

Réfléchissant à ce qu'elle pouvait lui demander, elle regarda sa main et une idée lui vint.

- Je peux te tenir la main ?

Elle se sentait idiote et honteuse de lui demander une chose pareille. Keiko n'était plus une enfant, mais c'était l'unique idée qui lui était venue et elle ne savait pas quoi demander d'autre que ça.

Keiko ne voulait pas abandonner et c'est pour cela qu'elle s'efforçait de tenir tête aux deux héritières de bonnes familles qui avaient la main mise sur le conseil des élèves, mais qu'en serait-il une fois qu'elle serait diplômée ? La blonde n'en avait aucune idée et c'était peut-être mieux comme ça. Elle devait se consacrer à sa propre vie, même si elle avait du mal à ne pas s'occuper des personnes autour d'elle. Yuki avait sans doute raison, se recentrer sur soi était parfois nécessaire.

- Je devrais sans doute faire pareil, mais je n'ai pas envie d'abandonner les personnes auxquelles je tiens, je les aimes de trop et je ne vois pas ma vie sans elles.

En disant cela, elle avait serré son poing sur son cœur et ses pensées se tournaient vers deux personnes en particuliers. Yuna, la jeune fille n'avait plus autant besoin d'elle et de son chaperonnage, elle faisait sa vie et elle évoluait, mais Keiko restait tout de même présente au cas ou. Ensuite, il y avait Azami, elle ne l'avait plus vue depuis de longs mois, mais elle y pensait toujours et elle l'attendait encore.

En l'entendant rire de son indécision quant au nom de sa peluche, elle fit une moue faussement indignée avant de rejoindre le rire de son amie.

- Lotus, Lotus, Lotus

Elle répétait le prénom que lui avait donné la japonaise avec différentes intonations avant de faire un signe de tête positif accompagné d'un sourire.

- oui ça me plaît bien ! Alors je l'appellerais de cette façon ! Merci Yuki

Sa dextérité et sa victoire était due à la chance du débutant parce qu'elle n'avait jamais manipulé ce genre de machine auparavant. La violoniste se tourna vers la guitariste, elle ne voulait pas qu'elle lui en veuille et au début, elle n'avait pas comprit qu'elle se moquait d'elle avant de voir son sourire qui soulagea sa conscience.

- Que veux tu je suis naturellement douée !

Dit-elle en venant envoyer une mèche de ses cheveux d'or d'un geste de son bras, essayant de calquer le genre de personne qu'elle n'aimait pas, c'est à dire les prétentieuse qui se croyait plus haute en tout. Elle fut surprise d'avoir une loutre offerte par son amie et la prit venant lui réserver le même sort que le petit panda roux en la câlinant de la même façon. Yuki était drôle à lui faire du subtext de cette façon en parlant au travers de la loutre, c'était plutôt de son genre à elle d'agir ainsi habituellement.

La lycéenne vint lever sa loutre pour venir lui faire donner un bisous à celle de Yuki sur le front en n'oubliant pas le "chu ! " qui allait avec.

-Et si ta petite loutre se sent seule, elle peut toujours venir voir son amie Lily la loutre qui se retrouve avec moi ! Ainsi, elles ne seront plus toute seule !

Visiblement, la demande de la violoniste mit l'étudiante mal à l'aise, pourtant il n'y avait rien de terrible ou de bizarre de tenir la main de son amie si ? Est-ce que c'était des gamineries ? Elle n'aimait peut-être pas qu'on la touche tout simplement ? La blonde la regarda prête à lui dire que si elle ne le voulait pas ça n'était pas grave lorsque Yuki sembla se réveiller de sa torpeur et lui tendit la main en demandant où elles allaient avant de lui révéler qu'elle avait prévu une sorte de surprise.

Avant sa surprise, Keiko emmena Yuki vers un photomaton. Peu de personne savait qu'elle avait une passion pour les photos, elle n'était pas japonaise pour rien et prenait en photos tout ce qui pouvait l'intéressé ou qu'elle trouvait joli. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'entrer dans un purikura avec quelqu'un d'autre que sa petite-sœur et c'était l'occasion d'essayer.

- Je te suivrais mais avant je veux immortaliser le souvenir de cette soirée ! On va faire des photos là-dedans !

Quelques photos délirantes plus tard ou elles souriaient ou grimaçaient plus tard et la blonde récupéra les imprimés capturés par l'appareil avant de les regarder avec attention.

- Cela nous fera un souvenir en plus ! Tiens !

Elle lui tendit quelques photos qu'elles avaient prisent et vint lui chercher sa main prête à repartir à l'aventure.

- c'est parti je te laisse me guider !

Yuki était donc une de ces personnes qui ne prenait pas la parole pour ne rien dire, habituellement c'était la place de la demi-japonaise de faire ce genre de remarques. Elle savait bien qu'elle n'allait perdre personne, elle l'espérait de tout son cœur dans tout les cas de figures. Il fallait qu'elle apprenne à compter sur les autres, c'était cela qui était difficile pour elle. La lycéenne avait toujours été le genre de personne à prendre soin des autres sans demander qu'on prenne soin d'elle. Elle prenait ses propres décisions depuis bien avant l'âge de la raison et laisser une personne prendre soin d'elle lui aurait donné l'impression de n'être qu'un boulet aux yeux de cette personne. Toutefois, le monologue de son amie n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde et elle y réfléchirait. S'ouvrir un peu au monde extérieur et aux personnes qu'elle côtoyait la soulagerait peut-être des poids qu'elle portait sur ses épaules depuis longtemps.

- Oui Yuki-nee-chan, je te fais la promesse d'y réfléchir

Pourquoi l'avait-elle appelée grande-sœur ? Yuki n'avait que quelques-mois à peine de plus qu'elle, mais c'était assez drôle d'être à la place de Yuna. Elle lui offrit un sourire radieux afin de la rassurer, elle avait toujours su rendre les gens heureux en leur souriant. Une fois de plus, la guitariste avait donné de bonnes idées de prénoms, Lily et Kawauso.

- Elles deviendront de bonnes amies j'en suis certaine, comme nous !

Keiko avait peut-être crié trop vite victoire, mais Yuki était une des rares personnes qu'elle appréciait vraiment. La jeune-fille avait toujours été discrète, douce en restant telle quelle malgré les horribles rumeurs qui courraient sur son dos et sur celui de son ex. En plus d'être une incroyable guitariste que la présidente admirait beaucoup.

- Enfin je veux dire si tu veux bien qu'on le devienne ?

Après-tout l'amitié ne devait pas devenir une obligation et peut-être que l'autre musicienne ne voulait pas être vue à ses côtés par peur d'alimenter encore les ragots du journal de l'académie qui en collectionnait déjà pas mal. Elle avait réussi comme toujours à lui faire passer une bonne soirée et à la faire rire aussi avec ses grimaces dans le photomaton.

- Ne me dis pas merci, c'est à moi de te remercier Yuki. J'étais un peu angoissée à l'approche de cette soirée, j'avais peur de tomber sur une personne qui aurait attendu qu'une seule chose de ma part de toute la soirée et quand je t'ai vu arriver et te diriger vers moi j'ai vraiment été soulagée et j'ai su que j'allais passer une très bonne soirée.

Keiko avait déjà reçu quelques demandent pour devenir la petites-amies de l'unes et répondre à leur déclaration d'amour en étant gentille, mais en leur disant qu'elle ne partageait pas leur sentiment ça amenait parfois de la rancœur et de la haine à son égard. Au moins, il n'y avait aucune ambiguïté avec Yuki, elles étaient-là pour passer une bonne soirée sans accros et c'était bien parti pour. Reliées par leur main qui se tenait, la blonde suivait Yuki à travers les rues en se demandant où est-ce qu'elle pouvait bien l'emmener. Un arrêt ? Elle était un peu dans la lune lorsque la musicienne stoppa son avancée et elle ne le comprit que trop tard continuant sa marche jusqu'à la bousculer légèrement avant de voir où elles s'étaient arrêtées.

Lorsque la brunette lui avoua qu'elle ne pouvait pas résister à une crêpe, le rire de Keiko retentit avant qu'elle ne lui réponde.

- Ooh! Tu n'as aucune idée de ma capacité de gourmandise toi ? J'en veux bien une avec pleiiiin de chantilly et des fraises à l'intérieur et du coulis de chocolat et toi tu vas prendre une comment ? On trouveras bien un peu de place pour la pizza ou bien on la prendra à emporter pour la déguster plus tard ?

Cette douceur sucrée était un pure délice que ce soit visuellement et d'ailleurs la blonde sortit son portable pour en faire une photo à côté de celle de Yuki que gustativement ou les goût se superposaient à merveille et formait la bouchée parfaite. Elle devait même régulièrement penser à s'essuyer la bouche et le bout du nez pour ne pas offrir un spectacle grotesque d'un peu de chantilly qui y serait restée.

- Je ne me suis pas amusée de cette façon depuis Azam.

Elle souriait au début de sa phrase et la stoppa net, l'image en tête de la professeure d'art qui l'embrassait avant de tourner les talons et de partir. La blonde s'inquiétait pour elle, est-ce que tout allait aussi bien qu'elle le disait dans ses messages ou bien est-ce qu'elle était entrain de traverser un véritable enfer ? Généralement les rares discutions qu'elles avaient abordaient des sujets léger qui n'avait rien à voir avec ce qui pouvait se passer dans la famille de la peintre.

- Depuis de longs mois. Je me suis beaucoup demandé si c'était une bonne idée de participer, mais j'avais envie d'essayer de nouvelles choses et de sortir de ma zone de confort habituelle et on peut dire que c'est réussi !

Keiko était redevenue elle-même, souriante et douce en saisissant la main que la japonaise lui tendait pour rejoindre leur surprise qui était plutôt loin.

- Le vertige ? Non pas à ma connaissance, tu m'emmènes où ?

Si c'était du saut en parachute ou à l'élastique, Yuki aurait sauté toute seule, mais en voyant la montgolfière prête à les accueillir le cœur de Keiko qui s'était déjà mit à battre à tout rompre avec le stress se calma.

- Je veux bien et je vais prendre des photos !

La blonde n'était pas à moitié japonaise pour rien, où qu'elle aille il lui arrivait toujours de prendre des photos pour documenter son quotidien, elle ne les publiait pas mais elle aimait regarder ses souvenirs.

Keiko avait déjà eu des amies comme la plupart des gens normaux qui ne sont pas socialement inadaptés, mais depuis son entrée à l'académie, si elle essayait de rester ouverte d'esprit et accueillante, chaleureuse et gentille avec les filles, elle avait vite remarquer qu'au fond c'était chacun pour sa pomme dans cette quête contre la renommée. Les alliances se créaient et se défaisaient à la moindre contrariété, mais avec Yuki ce n'était pas pareil. Si elles étaient venues pour être reconnues, une part d'elles étaient aussi là pour partager leur art avec des gens qui les comprenaient. Elle se contenta de lui offrir un sourire franc lorsqu'elle l'appela petite-sœur en détachant chaque syllabe et en prenant un air de chat un peu. Elle recula en sentant le plastique froid de la peluche sur son nez et loucha un peu avant de secouer sa tête et de faire vileté ses mèches blondes de droites à gauche en grimaçant.

- Mhooo! Arrête de me taquiner ! C'est pas fair-play !! Je me vengerais !

La violoniste pensa très fort à Yuna qui avait ce type de réaction et pouffa de rire, elle se sentait un peu grande pour agir de cette manière si enfantine.

La dégustation de la crêpe à savoir les deux identiques fut un moment de véritable régal pour la présidente du conseil, elle n'avait plus mangé ce genre de douceur depuis assez longtemps. L'atmosphère douce et légère commença à changer alors que Keiko avait commencé à prendre quelques photos. La voix tremblantes de son amies et ses yeux humides lui brisa le cœur encore plus que les souvenirs difficiles qu'elle évoquait. Yuki était si forte, jamais elle ne se serait ainsi imaginée devoir dire adieu à Azami.

C'était une situation délicate à laquelle, elle ne pouvait assisté qu'impuissante. Elle était mal placée pour lui conseiller de prendre une décision. Elle se sentait inutile et pourtant son corps réagit bien avant sa parole en venant l'envelopper dans un câlin en lui faisant reposer sa tête contre son épaule venant poser sa tête sur la sienne tout en lui caressant les cheveux, la nuque et les dos.

Au fond, que connaissait-elle de l'amour ? Elle aimait Azami, mais est-ce que c'était une bonne chose ?  La vie entière semblait vouloir leur mettre des bâtons dans les roues et pourtant, ce qu'elle avait partagé avec elle, ces sentiments qu'elle nourrissait, était-ils réels ? Est-ce que ce n'était pas son imagination ou le fruit de ses hormones, sa soif de danger et de l'interdit ? La blonde se posait énormément de question concernant sa propre situation, alors elle ne pouvait pas être une de ces mauvaises conseilleuses.

Toutefois dans ce que Yuki lui dit, il sembla qu'il y avait une dissonance entre ses gestes et sa parole. La japonaises disait vouloir tourner la page, mais elle serrait encore le collier qui représentait son amour pour Kiralee à pleine paume au point de s'en faire une trace dans la main.

- Tu n'as pas à t'excuser pour les erreurs de Kiralee. Je ne te blâmerais jamais pour cela, tout comme je ne lui en tient pas rigueur non plus. Je ne sais pas ce qu'on a pu te raconter au sujet de ce qu'il s'est produit, mais je suis convaincue qu'elle n'a pas réellement voulu me frapper. De ce que j'en ai compris, cela a commencé à chauffer après qu'on l'ai cherché et je me suis interposée au mauvais moment, au mauvais endroit et j'ai reçu son coup de plein fouet. Je n'ai pas eu le sentiment qu'il ait été intentionnel, mais je ne la connais pas plus que ça et c'est difficile d'avoir une conversation avec elle. Elle est tellement renfermée.

Elle essayait de la réconforter et de lui donner sa version des faits, la violence n'avait jamais été une bonne solution. Elle était sincère avec la japonaise et ne lui disait pas ce qu'elle aurait voulu entendre, elle ne voulait pas être une amie qui suivait sans rien dire et à l'entendre parler, elle était certaine d'une chose c'était que la japonaise était encore amoureuse quoi qu'elle en dise. Elle la serra un peu plus fort dans ses bras, elle comprenait sa douleur et a voir dans cet état de tristesse lui faisait vraiment mal.

- Tu n'es pas seule et j'ai vraiment envie de pleurer avec toi là ! Je ne peux pas te donner de conseils, mais je te souhaite vraiment d'être heureuse et je serais-là si tu as besoin de te confier à moi et si tu pleures, nous pleurerons à deux !

La demi-japonaise avait les larmes aux yeux, un amour qui s'arrêtait c'était tellement triste, elle s'en voulait d'être aussi émotive et empathique en cet instant et elle essuya ses yeux gris et quelques sanglots en reniflant avant de la câliner. Elle ne devait pas pleurer, mais Yuki lui avait confier quelque-chose de tellement fort qu'elle avait prit sa tristesse de plein fouet.

- Tu sais, je ne me suis confiée à personne encore, mais ma situation amoureuse est assez compliquée.

Elle regarda celui qui faisait monter la montgolfière dans les airs, il était trop loin pour entendre quoi que ce soit et trop concentré sur son boulot.

- De toutes les personnes sur Terre , je suis tombée amoureuse de quelqu'un de qui je n'aurais jamais dû. Cela fait 2 ans bientôt 3 que cette situation me rend malade. Je l'aime et elle m'aime aussi et pourtant la vie n'arrête pas de nous mettre des obstacles: nous avons été convoquées chez la directrice pour cela, elle a risqué le renvoi et maintenant cela fait plusieurs mois qu'elle a dû repartir dans sa famille pour régler des soucis. Elle m'a confié son amour et moi de même, nous nous sommes embrassées plusieurs fois et elle m'a demandé de l'attendre, mais les mois sont longs, je me languis de son absence, ses bras me manquent, son absence me pèse, si elle était-là elle me traiterait probablement de bécasse avec ma sensiblerie. J'ai beau essayé de me résonner, de retourner ce sentiment dans ma tête et de me torturer avec, à chaque fois j'en viens à la même conclusion. Ma petite-sœur ne comprendrait pas ce que je ressens et si les élèves à l'académie le savaient cela pourrait être dangereux pour nous deux, mais je suis amoureuse d'une professeure.

Elle était un peu tendue d'avoir dit cela et pourtant elle ressentait également une certaine légèreté, un poids prendre son envol de ses épaules. Elle l'avait caché et n'en avait parlé à personne de peur qu'on la juge. Keiko savait qu'elle venait de lâcher une bombe à double tranchant.

- Je suis censée faire respecter le règlements aux élèves et je l'enfreins moi-même, je me sens tellement pathétique et bonne à rien, fausse avec tout le monde.

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