Chercher son indépendance [Libre] [TERMINE]

Une après-midi vouée à l'étude, après être passée à la bibliothèque pour récupérer quelques livres afin de l'aider à préparer ses examens de terminales et valider son diplôme du lycée, Keiko avait décidé de continuer ses recherches sur internet. La demi-japonaise s'était donc installé sereinement dans la salle de détente ou d'étude selon les cas qui ne voyait que rarement des élèves. En effet, la plupart étudiait soit dans les salles de l'académie, soit dans leur chambre. Après avoir posé sa pile de quelques livres sur le coin du bureau, elle se mit à faire des aller-retour entre les ouvrages papiers et les notes de l'ordinateur, ses doigts glissant sur les touches du clavier pour rédiger quelques rapports. La blonde était sérieuse et elle était aussi silencieuse qu'elle le pouvait puisqu'une élève s'était installée en face d'elle pour travailler aussi.

La présidente du conseil se tourna en voyant quelques jeunes élèves dans l'encadrement de la porte occupée à la regarder. La violoniste n'aimait pas être le centre de l'attention et pourtant, elle devait bien admettre que depuis qu'elle était devenue la présidente du conseil c'était malheureusement le cas. Elle se leva lorsqu'elle remarqua que peut-être les bavardages risquaient de déranger la jeune fille installée qui avait une barre de contrariété sur son front. Keiko dû leur promettre de les aider à vérifier leur devoir pour avoir la paix, comme-ci elle n'avait pas d'autres-choses à faire.

Elle fit demi-tour et remarqua le visage décomposé prêt à fondre en larme de sa voisine de bureau. Elle savait bien que cela ne la regardait pas, mais elle n'arrivait décidément pas à faire semblant de rien et à ne pas s'en mêler. La musicienne approcha à pas de loup pour venir poser une paume rassurante sur son épaule et lui demander d'une voix douce.

- Est-ce que ça va ? Tu n'as pas l'air très heureuse, tu as le mal du pays ? Puis-je t'aider ?

L'ainée des sœurs Harushi avait toujours été trop gentille et allait toujours facilement vers les gens pour leur apporter son aide. Yuna dirait encore qu'elle était trop gentille et que ça finirait pas la mettre dans des ennuis si elle tombait sur des personnes peu scrupuleuse. Keiko n'arrivait pas à s'empêcher d'être trop gentille, elle était toujours franche et honnête dans ce qu'elle faisait.

Le regard de couleur gris de la russo-japonaise migra vers l'ordinateur attiré par un rétro-éclairage. Elle semblait être entrain de faire un CV, peut-être cherchait-elle un petit boulot en complément de ses études. La japonaise se disait que ça n'était pas une si mauvaise idée, elle avait préféré évité durant ses années de lycée à l'académie car cela l'aurait distrait et puis elle avait suffisamment de choses à faire durant la journée alors ses week-end étaient souvent réservé pour ses révisions ou pour aider Yuna dans les siennes ce qui n'était pas une mince affaire lorsqu'on connaissait la propension de sa jeune-sœur à se distraire avec la moindre chose posée sur un bureau et à procrastiner.

- Tu cherches un petit boulot ?

Elle s'était trompée, la jeune-fille ne semblait pas avoir le mal du pays et il s'agissait d'un tout autre soucis. Le travail étudiant, beaucoup de lycéenne et étudiantes avaient recours au job à mi-temps pour financer leurs études ou leurs projets. Hélas, elle ne parvenait pas à en trouver et demandait des conseils à la présidente, qui pour le coup n'avait jamais trouvé de travail même à mi-temps. Ce n'était pas par flemme ou parce que son père lui envoyait tout l'argent nécessaire à ses études, c'était surtout une question de place dans son agenda.

- Je n'ai jamais essayé d'en trouver un, mais je suppose que je rencontrerais les mêmes problèmes que toi.

La blonde préférait être tout à fait honnête et transparente, elle n'avait jamais cherché de travail et ignorait toutes les difficultés pour en trouver un. Toutefois, elle énuméra dans sa tête les différentes possibilités et solutions qu'elle voyait.

- Tu as déjà essayé d'aller voir au panneau d'affichage devant l'académie ? Il a été placé pour que les particuliers aux alentours de l'académie puissent y proposer leur petit boulot, mais il peut aussi servir aux étudiantes qui souhaitent proposer leurs services. Une autre solution également est de voir si il n'y aurait pas un petit boulot saisonnier dans l'académie, à la bibliothèque, à l'infirmerie, auprès de l'entretien ménager ou de l'entretien de l'espace vert. Je pensais également essayer de me trouver un travail l'année prochaine ça m'apprendra à être plus autonome.

Être plus autonome signifiait s'éloigner de l'emprise de son père et ce n'était pas une mauvaise chose. Elle lui en était reconnaissante de financer ses études et celles de sa sœur, mais elle avait peur que si il décidait de tout stopper pour se venger ou pour une autre raison plus obscur, Yuna et elle se retrouvent sans rien. Avoir un petit boulot lui permettrait de mettre de côté tout les mois et de s'assurer une certaine sécurité financière en cas de coups durs. Elle était l'ainée, elle devait s'assurer par tout les moyens que sa petite-sœur puisse continuer ses études.

- On pourrait faire un CV ensemble et aller se présenter spontanément dans des endroits en ville, le fait d'étudier dans une école aussi réputée que la nôtre pourrait nous ouvrir des portes.

Il ne fallait pas oublié que les élèves de l'académie avaient une bonne réputation qui planaient au dessus de leur tête et grâce à Léna Pétrova, qui avait hissé le niveau de l'académie à son sommet.

Keiko écouta sans interrompre Nina lorsque celle-ci lui exposa l'idée qu'elle avait eu de proposer sa candidature pour donner du soutien en anglais voir pour perfectionner cette langue. A l'académie, les cours d'anglais était suffisamment élevé pour qu'en sortant du lycée les élèves puissent se débrouiller parfaitement dans cette langue. Toutefois, il y avait toujours les écoles publiques du coin, certains parents pouvaient avoir besoin de faire soutenir leurs enfants et quoi de mieux pour cela qu'une élève étudiant dans cette prestigieuse académie ?

- Oui c'est une bonne idée, l'académie est réputée certains parents d'élèves à l'école publique pourraient être intéressés pour faire progresser leurs enfants.

Observatrice sur ce qui pouvait se passer dans son environnement, le fait que l’expression de Nina change après avoir sentit son téléphone vibré ne lui échappa pas. Néanmoins, aussi empathique pouvait-elle être avec ses paires, lui poser des questions revenait à se mêler de ce qui ne la regardait pas et malgré ça, cela la démangeait de ne pas lui proposer de se confier. Elles ne se connaissaient pas, mais la présidente blonde avait une certaine sympathie envers la jeune-fille qui connaissait les mêmes difficultés à trouver un emploi étudiant.

La violoniste écouta la danseuse, avant de prendre ses affaires pour s'installer au PC juste à côté d'elle et ouvrir le traitement de texte.

- On y pense jamais, mais les emploi dans l'académie je trouve que ça reste LE bon plan, pas de temps de trajet, on va pas se le cacher ça offre aussi des privilèges, ils sont plutôt bien payés, le seul point négatif c'est que ça ne te sort pas de ta zone de confort, ni de la cage dorée qu'est l'académie. Pour la couleur de ton CV que dis-tu du bleu ? C'est la couleur qui signifie le sérieux au Japon, le jaune étant celle de la famille impériale, je ne te conseille pas de l'utiliser.

Le visage de la musicienne était doux et souriant lorsqu'elle regardait la jeune fille.

– Je n'ai pas pensé à me présenter, je m'appelle Keiko et toi  c'est bien Nina ?

La présidente retenait facilement le prénom de ses camarades, elle se devait d'essayer d'en connaître le plus possible. Elle commença à taper son CV en japonais et se tourna vers Nina.

– as-tu besoin d'aide pour taper ton CV en japonais ou préfères-tu l'écrire en anglais ? Je pense que le fait de montrer que tu es bilingue anglais-japonais pourrait intéresser certains commerçants car avec l'académie, la ville voit beaucoup plus d'étranger qu'avant qui s'installent ou viennent visiter.

La présidente n'était pas réellement certaine que son aide soit si indispensable que cela, elle n'avait que peu d'expérience voir pas du tout dans le domaine du travail et elle n'avait en réalité fait pas grand-chose. Nina lui expliquait que la couleur bleu était commune à beaucoup de pays. Elle demandait confirmation pour son prénom et son rôle au sein de l'école, dire que la blonde pensait pouvoir laisser cela de côté.

- Tu dois mieux t'y connaître que moi, je n'ai encore jamais voyagé en dehors du Japon enfin pas que je m'en souvienne. Oui c'est bien mon prénom et j'assure bien ce rôle au sein du conseil des élèves, mais je vais bientôt laisser ma place à des plus jeunes donc, si jamais le rôle te dit n'hésite pas à postuler. Moi aussi, je t'ai déjà vue ! Élève brillante, mais discrète !

La violoniste regarde la danseuse qui a ouvert un modèle prédéfini, pour sa part, elle opte pour une personnalisation complète qu'elle fera elle-même. Certes, ça demande plus de travail, mais au moins le résultat lui ressemblera et sera unique. Elle se vit décliner son offre, apparemment, l'américaine parlait et écrivait le japonais ce qui l'étonnait. Les filles venant de pays étranger parlaient parfois le japonais, mais pour ce qui était de l'écrire et de le lire c'était tout autre-chose.

- Elle a été avisée, tu visais déjà l'académie depuis longtemps que tu as appris la langue du pays ? Oui pour les transports c'est demandé pour que l'employeur puisse vérifié si tu ne te paie pas sa tête, mais si on vise l'académie ça ne vaut pas la peine de le mettre puisqu'on vit dans l'enceinte du campus.

La brune souleva une idée intéressante, celle de faire deux C.V, un en japonais et un en anglais pour prouver le fait d'être bilingue.

- Ce n'est pas bête comme réflexion et je pense même que ça pourrait faire toute la différence, finalement c'est moi qui suit venue t'aider mais tu es surtout entrain de m'aider moi.

Il y avait bel et bien ce genre de visite pour les nouvelles élèves qui était faites par les anciennes et la violoniste réfléchit.

- ça existe, certaines nouvelles élèves peuvent leur demander et d'autres n'en voit pas l'utilité, mais ça arrive que ce rôle soit donné à des punies pour leur apprendre l'humilité et le respect, mais par contre je sais que si nous voulons avoir toutes les réponses que l'on désire au sujet des boulots disponibles dans l'académie, la façon la plus rapide et la plus fiable c'est de demander directement à notre nouvelle secrétaire ! En échange d'une petite douceur, elle te donnera toute les informations qu'il te faut !

La nouvelle secrétaire était la plus qualifiée pour donner ce genre d'information et en plus elle ne refusait jamais rien si on lui apportait un petit quelque-chose à se mettre sous la dent en échange. Le regard gris de Keiko suivit celui de Nina, une fois encore son téléphone vibrait et elle ne répondait pas. Elle savait que ce n'était pas bien de ne pas se mêler de ses affaires, mais ce fut plus fort qu'elle.

- Tu ne réponds pas ? Si tu es gênée par ma présence, je peux quitter la pièce pour que tu t'entretienne avec cette personne ça a l'air urgent puisqu'elle laisse sonner jusqu'au bout. Désolé je sais que ça ne me regarde pas !

Elle continua son propre CV pour ensuite l'imprimer et se tourna vers Nina.

- Alors ? On va où d'abord ? On tente avec la secrétaire de l'académie ou bien on va faire remettre nos CV en ville ?