Alice était passée et repassée de nombreuses fois depuis son réveil devant le miroir pour vérifier qu'aucun bouton disgracieux n'avait élu domicile sur une partie visible de son visage. A force de la voir tourner dans toute la chambre de si bon matin, ça avait bien-entendu éveillé les soupçons de ses colocataires qui lui avait demandé si elle avait un rendez-vous galant. Que répondre à ce genre de question ? Non, ce n'était pas un rendez-vous galant, pas pour la personne qu'elle allait voir.

Alice avait été bien plus manipulatrice que proposer un rendez-vous à son coup de cœur. Elle l'avait rencontré à la bibliothèque souvent et avait réussit à avoir une conversation stérile avec elle. Une conversation quand-même et elle lui avait demandé d'être sa tutrice d'anglais en prétextant être sous la moyenne dans ses notes. Lui demander avait fait accélérer son cœur bien au-dessus des limites de vitesse autorisée par la préfecture sur les routes.

Sofia Emmers, allait devenir sa tutrice d'anglais parce qu'elle avait prit son courage à deux mains et croisé ses orteils pour le lui demander. "Ouai si tu veux ! " C'était positif et c'était mieux que leur conversation jusqu'ici "bonjour / bonjour" ou bien les "ça va ?/ Oui et toi ? / Oui". Aligner plus que ces quelques mots bateaux pour faire sa demande s'était révélé bien plus dur. Elle ne connaissait d'elle que très peu de choses, mais elle ressemblait à son héroïne de novels favorite. A 16 ans, ça justifiait d'en être tombée amoureuse et oui c'était le grand amour, elle en était sûre et un jour elles se marieraient et auraient des enfants, enfin la dernière partie n'était pas obligatoire.

Alice avait prit son cahier d'exercice et avait même prit la peine de glisser quelques erreurs pour faire croire à son bobard. La résidence des étudiantes, Alice s'était toujours imaginée un lieu où les jeunes femmes se réunissaient en buvant du thé et en écoutant de la musique classique et au final c'était pareil que leur dortoir mis à part qu'elles avaient une chambre pour elles seules. La blonde allait rentrer dans la chambre de son coup de foudre, elle n'allait pas réussir à gérer cela ! Elle entrait dans un lieu ou elle allait se retrouver seule à seule, en tête à tête avec l'amour de sa vie et si elle disait les même phrase que l'héroïne de la série de novels qu'elle suivait ?

Il fallait qu'elle se calme soufflant de toute ses forces pour expulser l'air de ses poumons avant de frapper à la porte doucement ? Fort ? Elle opta pour des coups rapprochés et d'amplitude moyenne.

Tu n'avais pas l'habitude qu'on te donne des responsabilités comme celle-là ! Tu n'étais pas une élève très appliquée et trouvais que d'autres élèves auraient mieux remplit le rôle de tutrice surtout pour apprendre une langue qui était chez toi innée. Tu l'avais croisée vite fais les rares fois ou t'allais emprunter des livres de cours à la bibliothèque pour pouvoir voir la matière ou en tout cas la survoler vite fait histoire de pas être dans l'ignorance la plus totale. T'avais été surprise quand elle t'avais demandé d'être sa prof particulière en anglais, c'était sorti si soudainement de nulle part que t'en avais même sursauté avant de regardé autour de toi si il pouvait y avoir quelqu'un d'autre. Tu t'étais même indiqué du doigt pour être certaine que c'était bien à toi qu'elle adressait la parole cette lycéenne.

T'avais accepté flattée par sa demande mais en y réfléchissant au calme, tu te demandais si c'était une bonne idée. Enfin, tu t'étais portée volontaire alors t'allais pas revenir sur ta parole. T'avais même pas pris la peine de mettre une tenue présentable. T'avais enfilé un peu à l'aveugle un hoodies tout ce qu'il y avait de plus ordinaire dans ta garde-robe assortie avec un short cycliste et rassemblé tes cheveux dans un chignon dont plein de mèches s'échappaient.

T'avais à peine remonté ton short collant pour couvrir ta culotte qu'elle toquait à ta porte pour signaler sa présente. Rapide cette jap ! Ils sont jamais en retard de quelques minutes, alors que toi et t'en étais pas très fière on pouvait compter sur les doigts de ta main les fois ou tu étais arrivée à l'avance en classe. Ouvrant la porte pour la faire rentrer dans ta chambre sans te prendre la tête, t'avais notifié qu'elle s'était bien habillée et avait coiffé ses cheveux pour qu'ils soient lisse à ce point-là. A côté d'elle t'avais l'air un peu négligente sur ta tenue, après, c'était le week-end et le week-end t'allais quand-même pas remettre un uniforme qu'on t'obligeait à porté toute ta semaine. Tu t'écartais pour la faire entrer avec un signe de main accompagné d'un salut.

- Salut ! Bien et toi ? Alice c'est ça ? Installes-toi ! Tu veux un ? Ah!Non j'ai plus de thé ni de café ! Bon tu veux un chocolat chaud ?

T'avais pas pensé à aller racheter au seven eleven du coin de quoi boire et réchauffer ni de quoi grignoter, il devait bien te rester quelques gaufres pour accompagner le chocolat chaud et t'espérais bien qu'elles soient pas passée de date vu le temps qu'elles étaient restée dans tes placards.

- s'cuse moi Alice, j'ai pas pensé à aller faire un tour à l'épicerie, tu veux vite venir avec moi ? On fera connaissance sur le chemin !

Tu n'allais pas la laisser rester seule dans ta chambre, tu ne la connaissais pas assez pour ça même si tu ne pensais pas qu'elle allait chercher dans tes affaires, ta mentalité d'occidentale était tenace à ce sujet et la confiance chez toi n'était pas innée.

Alice était restée plantée devant la porte muette comme une carte à la regarder, cette fille, elle se souvenait de son prénom. Elle ne se souvenait pas le lui avoir donné. Sofia avait dû le voir épingler à sa veste d'uniforme lorsqu'elle travaillait à la bibliothèque. La petite jeune-fille entra à pas de velours comme pour ne pas importuner de potentielles colocataires. La chambre était rangée et décorée très sobrement, trop sobrement pour Alice qui était un peu déçue. Elle avait pensé à tort que Sofia était comme l'héroïne de la novels qu'elle avait lu et qui elle était une véritable bordélique, mais elle pouvait passer au-dessus de ce petit détail. Elle était tête en l'air ! Alors tout n'était pas perdu, la Sofia de son roman l'était aussi.

Alice s'était déjà assise sur un coussin et avait préparé son cahier d'exercices, mais Sofia lui proposait de sortir pour aller acheter ce qu'il lui manquait. Se promener pour faire connaissance, L'étudiante en art n'aurait pas souhaité mieux. Il fallait juste qu'elle sélectionne les questions qu'elle avait envie de lui poser, il y en avait tant. En retirant toutes celles qui auraient pu paraître limite, il n'y en avait pas tant finalement. Alice se mit donc debout pour précéder Sofia et marcher à côté d'elle dans la rue. Un long silence plutôt gênant s'installa, il fallait qu'elle trouve de quoi le rompre et vite.

Rester dans sa chambre sans son hôte aurait été très gênant pour la japonaise, elle serait restée sans bouger et aurait à peine respirer pour être certaine de ne rien déranger même les particules de poussières. Alice entendait le bruit de ses pas et ça en devenait vraiment étrange, elle tourna la tête pour regarder Sofia et lui sourire.


Alice n'avait pas non plus cherché plus loin, c'était Sofia qui l'intéressait et elle n'avait pas osé l'approcher autrement que pour lui demander d'être sa tutrice en anglais. Ce n'était pas un exercice dont elle avait l'habitude, elle avait déjà eu des coup de cœur, mais jamais de la vie elle ne les avaient approchés, ils étaient resté à l'état platonique et à sens unique. Cette fois-ci, elle avait eu le courage d'aller lui parler.

L'épicerie était un endroit où elle allait régulièrement pour elle-même et il n'était pas rare du tout de croiser d'autres élèves de l'académie qui avaient envie de gourmandise ou de boissons particulières qu'on ne trouvaient pas dans les distributeurs placés sur le campus.

Les remerciements de la petite-tête blonde qui te suivait te fit grimacer, non pas que ça te dérangeait, mais tu ne t'étais pas vraiment sentie avoir le choix. Elle ne te connaissait pas, tu ne la connaissais pas, que de vue et puis un jour elle s'était plantée devant-toi avec son visage d'ange à te supplier pour que tu l'aides avec l'anglais. Tu ne t'étais pas sentie de refuser sans au moins avoir essayé et voilà comment tu t'étais retrouvée professeur intérimaire à faire du bénévolat. Elle te proposait en remerciement de t'acheter des friandises.

Tu savais qu'elle était étudiante et qu'elle ne devait pas avoir les poches pleines d'argent, tu t'étais donc dirigée instinctivement sans trop réfléchir vers le rayon bonnes affaires et bon marché de la petite épicerie pour prendre un melon-pan. Tu aimais ça, sans que ce soit la folie dans ta bouche. Tu avais toujours voulu goûter depuis que tu avais vu des personnages d'anime ou de manga qui en raffolait et quand tu en avais acheté tu avais senti une pointe de déception venir te piquer la langue. Ce n'était pas si bon que cela et tu t'étais attendue à mieux.

- Il n'y a pas besoin de me remercier, on a pas encore vraiment commencé le cours mais je prends le melon-pan ça va ?

Il avait pas l'air très bon dans son emballage individuel en plastique, mais tu connaissais pas d'autres endroit où ils en vendaient des meilleurs.

Alice l'avait suivie, elle était vraiment une personne très à l'écoute car sans que la lycéenne ne lui dise qu'elle n'avait pas énormément de moyen, l'étudiante avait été dans le rayon où l'on trouvait les produits les moins onéreux. Un melon-pan, les étranger pensaient souvent à tort que ce pain mou à l'intérieur et croustillant à l'extérieur renfermait le goût du melon alors qu'il était appelé ainsi à cause de l'aspect craquelé du dessus qui faisait penser à la peau du melon avec ses aspérités. Elle s'en prit un également, ceux de l'épicerie n'avaient rien à voir avec ceux qu'on pouvait achetés dans une boulangerie ou fait maison, mais ils étaient bon quand-même.

Lorsqu'elle serait devenue une artiste qui vendrait ses toiles pour des centaines de milliers de Yen, elle lui achèterait autant de melon-pan que Sofia en désirerait et fait par des chefs étoilés si il le fallait pour contenter son palais.

- Oui, j'en prends un aussi ! Je suis désolé, quand j'aurais plus d'argent je t'en achèterai un meilleur Sofia-san !