De retour chez nous (Ft. Riley)

Le doux murmure de l'annonceur dans la cabine de l'avion signalait le début de la descente vers l'aéroport de Tokyo. La blonde, assise près du hublot, regardait avec nostalgie les nuages qui flottaient comme des îles cotonneuses dans le ciel nocturne. L'excitation de retrouver sa terre natale après neuf mois en Italie se mêlait à une pointe de mélancolie pour les expériences qui étaient désormais des souvenirs lointains. Elle se sentait fatiguée, mais surtout extrêmement soulagée d'être enfin arrivée après un voyage long et éprouvant. La musicienne rêvait de manger une spécialité de chez elle après avoir expérimenté les goûts de la gastronomie Italienne durant ces 9 mois.

Le Japon se dévoilait sous elle, une mosaïque de lumières éclatantes, une mer urbaine qui scintillait dans la nuit. Une bouffée d'émotions l'envahit. Elle se demanda comment ce retour à la maison allait se dérouler. Les souvenirs de sa vie d'avant, de ses amis, de sa famille, semblaient à la fois familiers et lointains.

L'avion toucha le sol avec douceur, et le sentiment du sol sous ses pieds était comme une réunion avec un vieil ami. Elle sentit le frisson de l'excitation et de l'appréhension parcourir son échine. La partie "après" commençait maintenant, elle avait prit en assurance et cette année l'avait changé en son fort intérieur.

La virtuose rassembla ses affaires, prit une profonde inspiration et débarqua de l'avion. Les formalités à l'aéroport se déroulèrent comme un ballet bien connu, mais chaque pas la rapprochait davantage de ce qui l'attendait. Elle marchait confiante dans sa jolie robe blanche fluide qui semblait danser avec ses mouvements et lui donner l'air d'une créature aérienne, ses longs cheveux étaient ondulés, sans doute le résultat de l'air chaud de la botte méditerranéennes tout comme sa peau qui avait prit un joli teint doré. Keiko était partie en Italie avec la peur au ventre de ne pas être à la hauteur et elle était revenue confiante et prête à prendre sa place de musicienne comme elle souhaitait le devenir depuis tant d'année.

À la sortie de l'aéroport, elle chercha le visage familier qui devait la conduire chez elle. Et là, émergeant de la foule avec un sourire radieux, se tenait Riley, une chevelure rousse n'était pas difficile à repérer surtout lorsque sa taille dominait la foule. Le cœur de Keiko fit un bond de joie et elle se précipita comme si elle ne l'avait quittée qu'hier. Les bras de Riley s'ouvrirent pour une étreinte chaleureuse, brisant la distance accumulée au fil des mois. Il était si bon de la retrouver, de la sentir l'enlacer après ces mois à rêver de cette sensation réconfortante de ses bras autour d'elle, de sentir cette chaleur se mélanger à la sienne, de retrouver son odeur familière et apaisante.

- C'est bon de te revoir sweetheart ! Tu m'as manquée !


La chaleur et l'enthousiasme de la luthière étaient comme un baume pour l'âme fatiguée de Keiko. Le trajet vers la maison était ponctué de rires, de récits et d'un doux sentiment de retour aux sources.

Arrivée devant l'immeuble, Keiko prit une pause pour retrouver ses repères, c'était comme si elle sortait d'un rêve et redécouvrait la réalité. Les lumières chaleureuses éclairaient la rue, et chaque détail familier de la rue semblait la saluer. La porte s'ouvrit avec un grincement familier, et Keiko entra dans la familiarité réconfortante de leurs chez-elles.

Les neuf derniers mois semblaient à la fois un rêve et une réalité. Tout était à sa place, mais la blonde avait changé. Elle se demandait comment sa musique, son expérience en Italie, allaient s'intégrer dans la mélodie familière de sa vie japonaise.

- Okaeri ! Je suis de retour !

Ces retrouvailles, la virtuose les avaient rêvées mille fois et attendu avec tant d’impatience lors de son voyage dans l’avion vers le Japon qu’être enfin confortablement posée entre les bras de son amour était comme une vision du paradis pour son sens du toucher. Elle avait beau s’être senti nostalgique de son pays natal et des êtres qui lui étaient cher lorsqu’elle était en Italie, elle ne regrettait pas son voyage, elle y avait rencontré beaucoup de personne avec qui elle avait eu l’honneur de se produire et d’en retirer une expérience salvatrice. Elle ferma les yeux un court instant profitant des retrouvailles avec sa moitié et le rouvrit lorsque celle-ci s’éloigna de son étreinte pour se retrouver avec un bouquet de rose rouge sous le nez.

Il était vrai qu’elle avait reçu énormément de bouquet de fleurs sur scène qui témoignait de l’intérêt des gens à son égard, mais si elle se sentait fière d’en avoir reçu autant, e sentiment de bonheur qui l’étreignait de recevoir ces fleurs de la part de Riley n’égalait rien d’autre. Son visage avait beau témoigner de sa fatigue, il devint rayonnant de joie alors qu’elle prenait le présent de la rousse avec délicatesse en la remerciant par un sourire radieux.

- Aucun bouquet de fleurs dans le monde n’égalera jamais ceux que tu m’offres ! Pour moi, ils seront toujours davantage chers dans mon cœur et dans ma mémoire !

La musicienne en réalité laissa offrit volontiers de laisser Riley se charger de ses bagages qui lui semblaient alourdit. Elle ne se souvenait pas qu’il lui paraissait à ce point lourd lors de son départ, à moins que ce soit à cause des souvenirs qu’elle avait acheté pur offrir à ses amies et à Riley. Il pouvait aussi s’agir de la fatigue qui trompait sa force.

Une chance que la canadienne la tenait éveillée durant le trajet en voiture jusqu’à son immeuble, il n’aurait pas fallut beaucoup pour que la violoniste ne ferme les yeux et s’endorme bercée par le bruit du moteur et la voiture en mouvement si jamais Riley était restée silencieuse. Keiko n’avait pourtant fait que s’asseoir dans l’avion, mais c’est comme si l’atterrissage sur le sol nippon lui avait fait prendre conscience de la longueur du trajet et lui avait siphonné toutes l’énergie qui lui restait en stock.

Riley, ne manquait pas de conversation et l’écouter raconter ses aventures à l’académie avec les filles la rendait à la fois heureuse et triste. Elle était heureuse pour Riley qu’elle ne se soit pas retrouvée seule et qu’elle ait eu des personnes avec qui partager ses moments de coup dur, mais pendant ce temps, elle n’avait pas pu partager ces moments avec la luthière et avait le sentiment d’avoir raté énormément. C’était étrange de se dire que malgré son départ le temps ne s’était pas figé et que la Terre avait continuer à tourner malgré son absence.

- Je suis heureuse que tu ais pu renforcer tes liens avec les filles, vous avez l’air de vous être bien amusées sans moi !

Elle n’avait pas voulu dire cette phrase de manière méchante, mais elle remarquait que c’était un peu passif agressif et elle vint frotter ses yeux et l’arrête de son nez avec sa main.

- Pardon, je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça de cette façon Sweetheart ! Je suis vraiment contente que tu ne sois pas restée triste et seule pendant que j’étais partie ! C'est sincère !

Elle retrouva soulagée et surprise l’appartement de Riley, presque tout avait été remis à neuf et c’était un peu déstabilisant même si elle aimait beaucoup ces nouvelles couleurs et le nouvel agencement.

- Waouh ! ça a changé ici ! J'ai cru que je m'étais trompé d'appartement en rentrant !

Keiko accepta le câlin de Riley et se sentit apaisée par son souffle qui lui chatouillait la nuque, son offre de ne rien faire était plus qu’alléchante. Toutefois, la première chose à laquelle elle pensa ce fut de se diriger vers la cafetière donc le thermo était encore rempli et de se servir une tasse de café qu’elle avala d’une traite.

- Je pense que je suis devenue un peu accro au café pendant mon séjour !

Un grand changement puisqu’auparavant c’était une grande amatrice de thé et d’infusion aux divers parfums. En Italie, le café était différent, il y en avait de différentes saveurs et corsé ou pas et elle y avait prit goût au début par manque de choix et par après parce que ça l’avait aidée à tenir le coup de ses marathons effréné pour les répétitions. La blonde avait préféré se mettre à la caféine plutôt qu’à la cigarette contrairement à de nombreux autres jeunes venus pour le stage comme elle.

Ensuite, elle vint déposer un baiser sur la joue de la grande rousse avant de se diriger tranquillement vers la salle de bain pour remplir la baignoire et y verser du sel de bain. Elle se lava tout d’abord avec la douchette à la japonaise avant de glisser dans la baignoire non sans laisser s’échapper un soupir de délice ressentit au contact de l’eau à température parfaite. Elle laissa sans contrainte son corps se détendre et flotter dans l’eau et elle ignora le temps qui continuait de s’écouler.

Elle tourna le visage vers la porte qui s’était entrouverte et cette mine inquiète que faisait Riley et lui sourit. Doucement, la musicienne leva la paume de sa main vers elle pour voir que sa peau avait fripé à cause du contact prolongé avec l’eau.

- Désolé, je ne t’avais pas entendu me prévenir que le repas était prêt et je ne m’était pas inquiétée de l’heure. Je sors tout de suite, tu peux me passer une serviette pour mes cheveux ? S'il te plaît ?

La virtuose prit délicatement le tissus éponge que lui tendait Riley et enroula ses mèches dorées à l’intérieur pour les sécher avant de passer un peignoir de bain autour de son corps, ne prenant pas la peine de nouer les liens. L’eau ruisselait sur sa peau au bronzage démarqué, sa poitrine, son ventre jusqu’au nombril et ses cuisses étaient d’un blanc d’albâtre qui témoignait qu’elle n’avait pas fait de séance de bronzage intégrale. Elle vida la baignoire de l’eau, rinça la mousse et termina de sécher ses cheveux avant de les rassembler une fois démêler dans un chignon qui dégageait son visage et ensuite de passer un long t-shirt appartement à Riley. Elle huma l’odeur du tissu le trouvant intensément réconfortant et rejoignit sa chère et tendre pour se repaître.

La violoniste ne savait pas ce qui lui avait pris, elle était heureuse de retrouver sa petite amie et en particulier que son retour au Japon signe également une évolution dans leur relation. En effet, elle emménageait officiellement chez Riley, ce ci marquait un changement agréable. Elle allait être diplômée de l’académie et pouvoir commencer sa vie active.

- Je suis certaine que tu as au contraire beaucoup à me raconter, comment vont les filles pour débuter ?

Le trajet de retour en voiture ne fut bien entendu pas assez long pour aborder tous les sujets dont Keiko souhaitait discuter, cependant, elle n’avait pas de crainte connaissant la canadienne que celle-ci rattraperait son retard rapidement et compléterait ses explications.

Tout le monde avait aidé Riley au déménagement de ses cartons et la musicienne se sentait hautement soulagée, elle était fatiguée par le voyage et avait besoin de quelques jours de repos et de détente. Le séjour qu’elle avait passé en Italie avait été très bénéfique, mais également très harassant sur le plan physique et mental. Elle avait dû se confronter à de nombreux défis et réussir à les dépasser pour s’améliorer encore et ce sans avoir de pause. Apprendre qu’elle n’aurait pas à gérer le stress d’un déménagement, cela la rendait sereine.

- Merci, vous avez eu une bonne idée, pour être honnête, je n’aurais pas eu la force de subir un déménagement et e suis contente d’avoir toutes mes affaires à portée de main. J’ai un cadeau pour toi Riley, attends deux secondes !

Keiko se dirigea vers son sac cabine ouvrit la fermeture éclair et sortit un paquet assez conséquent en papier brun et une boîte.

- C’est pour toi, mais je vais en profiter aussi ! C’est du café moulu pour faire un expresso et une cafetière italienne. Ma famille d’accueil en faisait après la plupart des repas et on m’a montré comment ça fonctionnait ! J’ai voulu ramener un peu d’Italie avec moi et qu’on puisse le partager un peu ensemble !

Keiko se rendit au bain où elle passa un peu trop de temps ce qui lui valu une remarque de la luthière qui avait dû être un peu inquiète en ne la voyant pas revenir. Elle s’émergea de la baignoire en riant doucement venant chercher l’essuie bain que lui tendait Riley pour se sécher.

Une fois réapparue pour prendre son repas, elle se délecta d’abord visuellement et ensuite gustativement. C’était comme si elle redécouvrait les saveurs, des saveurs typiquement de chez elle et cela lui arracha un petit cri de plaisir à la première bouchée qu’elle prit le temps de mâcher pour bien s’imprégner.

- Merci beaucoup, il y avait des restaurant japonais là où j’habitais, mais ils ne vendaient que des sushis et des makis ! Et ils étaient minuscules ! Je n’y suis allée qu’une seule fois et j’ai été très déçue ! Je suis tellement contente de manger ces plats, ils sont délicieux !

Le repas fut un moment de partage durant lequel Keiko pu en savoir plus sur ce qui s’était passé pour les gens qu’elle avait laissé derrière durant son voyage. Une fois leurs estomacs bien remplis, elle suivit Riley et s’installa sur le canapé, ses jambes passant sur celle de sa petite-amie qui les caressait avec douceur. Elle leva son regard vers elle lorsqu’elle lui posa la question de savoir le souvenir qu’elle préférerait. La virtuose était bien incapable de choisir, elle avait vécut tellement de moments fort en émotion, qu’il n’y avait pas un souvenir qu’elle privilégiait plus qu’un autre.

- J’ai apprécié l’entièreté de mon séjour, j’ai vécu tellement de moments fort, j’ai fait tant de rencontres intéressantes que je suis totalement incapable de choisir un seul souvenir en particulier. Cela n’a pas été facile tous les jours, j’ai eu beaucoup de moment de doute ou de solitude. C’est étrange de quitter un endroit où finalement on s’était habitué pour revenir à la vie d’avant, c’est à cela que je réfléchissais dans le bain. C’est comme si je venais de me réveiller d’un rêve et que tous ce que j’avais vécu là-bas n’était qu’une illusion !

Consciente que ce qu’elle venait de dire pouvait éveiller à nouveau de l’inquiétude chez la canadienne, elle se redressa pour venir passer ses bras autour de son cou et la faire basculer sur elle.

- Ton absence a été ce qui m’a manqué le plus et ce qui m’a le plus motivé à me surpassé pour ne pas rentrer au Japon avec des regrets !

Elle se sentait accomplie et cela même si elle savait qu’il lui restait encore beaucoup d’expériences à mener. Tendrement, elle embrassa Riley.

- Il va falloir qu’on organise une séance diaporama, j’ai 2 cartes SSD de 5 gigas bourrées de photos et un disque dur portable au trois quart remplis !

Afin de créer la surprise chez Riley et tout le monde, elle n’avait partagé que très peu de cliché de son voyage. Toutefois, elle restait attachée au fait de prendre des photos et avait dégainé son appareil dès qu’elle trouvait une bonne occasion d’immortaliser un souvenir, en sommes, très régulièrement. D’ailleurs, cela avait beaucoup fait rire les personnes qui l’avaient côtoyée durant son séjour, on l’appelait la serial paparazzi. Il ne s’était pas passé un jour sans qu’elle ne fasse de photos de ce qu’elle visitait.

- J’aimerais beaucoup y retourner avec toi ! Ce voyage m’a donné l’envie d’aller voir comment ça se passe ailleurs, je sais que je vais être amener à me déplacer pour le travail, mais je n’ai pas envie d’être loin de toi, je veux partager ça avec toi ! Et puis, je ne fais confiance qu’à toi pour s’occuper des violons ! Nous irons ensemble la prochaine fois, n'est ce pas ?

La jeune virtuose écoutait religieusement Riley qui donnait des nouvelles de ses amies et de ce qu’elle avait manqué, la voix de sa petite amie lui paraissait tellement merveilleuse qu’elle abaissa le volume de la radio pour pouvoir en profiter pleinement sans se laisser distraire par les bavardages idiots des présentateurs du soir.

Yuki avait l’air en effet assez occupée, Keiko espérait qu’elle n’avait pas été obligée de prendre un travail à cause de problème d’argent et lui poserait certainement cette question à un moment opportun. Nina était très investie dans ses répétitions et on savait à quel point Kira pouvait se montrer têtue quant il s’agissait de venir toucher à la danse, le duo devait parfois faire des étincelles avec leur caractère opposé et la blonde priait pour que Nina ne se laisse pas marcher sur les pieds en voulant éviter un conflit avec l’américaine. Les sœurs Tsukino étaient un duo assez atypique entre l’ainée tête en l’air, naïve et sensible au possible et sa cadette qui avait la tête sur les épaules sauf lorsqu’il s’agissait de sentiments amoureux, elle n’avait pas beaucoup croisé Sara, mais elle était contente que ça avance entre les deux filles.

- Que de nouvelles, je ne m’attendais pas à tout cela ! Tu dis ça Riley, mais je sais bien que tu aimes bien être avec ta bande !

Est-ce que Riley avait été entreprenante en emmenant ses affaires dans son appartement et en aménageant les lieux ? La musicienne lui était reconnaissante d’avoir gérer le déménagement sans avoir eu à lever le petit doigt. Elle s’approcha pour se grandir et venir se suspendre à son cou en lui souriant pour la rassurer.

- Tu as eu une très bonne idée, je pensais que c’était clair entre nous et que nous en avions suffisamment parlé pour que tu arêtes de t’inquiéter à ce sujet. Je veux toujours vivre avec toi Sweetheart et je suis très heureuse que tu m’ais épargnée un déménagement !

La blonde avait sourit à la taquinerie de la canadienne concernant le partage du café qu’elle lui avait offert.

- J’ai ramené aussi des biscuits exprès, mais si tu ne veux pas partager, alors je mangerais mes biscuits toute seule ! C’est dommage parce qu’ils sont vraiment bon et j’aurais aimé te les faire goûter !

Riley avait vu juste, tout ce qu’elle disait, Keiko le ressentait et même si elle savait que dans quelques jours cette sensation allait disparaître pour laisser place à la joie de retrouver ses habitudes et ses amies, pour le moment ça lui laissait l’impression d’être coupée entre deux mondes différents.

- C’est juste ! Je sais que ça va aller mieux dans quelques jours, j’aurais moins l‘impression de débarquer dans un monde parallèle !

Elle se sentait tellement bien de pouvoir sentir les lèvres de Riley sur les siennes, d’entendre sa voix, de sentir son odeur, la douceur de sa peau, de ses cheveux, de pouvoir la serrer dans ses bras, d’entendre son cœur battre contre sa poitrine et d’avoir son souffle chaud qui lui chatouillait le visage et le cou.

- J’ai hâte, mais pour le moment les salles de concerts sont encore loin. Déjà, je dois récupérer mon diplôme d’université, ensuite j’ai eu tellement de proposition d’agent qui veulent me représenter qu’il va falloir que j’en rencontre quelques-uns et ensuite je pourrais entrer sans trop de mal par la grande porte que j’ai passé 4 ans et 9 mois à contraindre de s’ouvrir ! J’ai déjà eu aussi des propositions pour travailler comme soliste à l’opéra de la ville ! Je me dis que à terme dans quelques dizaines d’années, j’aimerais bien devenir maestro ! Je sais que la plupart sont des hommes, mais je ne crains pas de bousculer un peu les habitudes !

La blonde parlait de ses projets qu’elle avait mûrement réfléchit durant ces années à la yuri-academia et après quelques discussions avec le maestro Antonio en Italie, sa réflexion était aboutie. La virtuose savait ce qu’elle voulait, où elle allait et comment y arriver.

- J’aimerais bien aussi aller voir mon o’bacchan avant de faire cette soirée ! Elle m’a beaucoup manqué et je sais que ça la rendrait heureuse de me voir. On pourrait prendre un week-end pour s’y rendre ? Et en profiter aussi pour aller passer quelques jours chez tes parents ! Tu sais, je l’ignorais mais le stage était rémunéré alors j’ai reçu des indemnités et les salaires de tous les événements auxquels j’ai participé durant ces neuf mois. J’ai largement de quoi nous payer les billets d’avion aller et retour si tu as envie de voir la famille.

Elle connaissait bien sa petite amie et elle savait que celle-ci n’aimait pas vivre sur le dos des gens, alors elle coupa court immédiatement à ses pensées qui se propageait sur le visage de la canadienne.

- Et je tiens à te rassurer tout de suite ! Ce n’est pas pour t’entretenir gratuitement, je compte bien que tu me rembourse le prix des billets en bon petit plat, en câlins, en baiser et aussi en orgasme évidemment ! Désolée, je suis un petit peu en manque, j'ai passé mon voyage retour à imaginer nos deux corps nu entrelacer l'un avec l'autre ! Et le bain n'a rien calmé du tout !

Après avoir passé 9 mois en Italie à répété, s’entrainer et participer à des événements musicaux, la musicienne n’avait qu’une envie c’était de se détendre, de prendre du bon temps et des vacances pour son équilibre émotionnel. Le tout aux côtés de Riley et de ses précieuses amies ainsi que des personnes qu’elle considérait comme sa famille à part entière.

- Je ne te mets pas la pression si tu n’as pas envie d’y aller, mais je pense que quelques jours de vacances, ça nous ferait du bien et je sais que tu as beaucoup travaillé pour Léna Pétrova!

Que ses amies soient assez divertissantes, ce n’était pas réellement ainsi que Keiko les auraient décrites, mais venant de la bouche de Riley c’était un compliment qui voulait dire qu’elle appréciait beaucoup ces filles. La violoniste était heureuse qu’elle n’ait pas trop souffert de solitude.

- Si j’avais eu à changer d’avis entre-temps, je t’aurais parlé de mes doutes dès le début et je n’aurais pas attendu que tu fasses tant d’effort pour m’accueillir ! Je n’ai aucun regret et aucune crainte à l’idée qu’on vive ensemble, au contraire j’aime la tournure que prend notre relation ! Cela sera différent de quand j’étais en dortoir, on aura peut-être des moments de tension ou de franche engueulade, mais j’ai confiance dans l’amour que nous éprouvons l’une pour l’autre !

La musicienne se montrait rassurante, elle savait que sa petite amie avait eu des relations qui s’étaient étiolées et qu’elle craignait sans doute que ce qu’elles vivaient ne suivent le même chemin, mais pour Keiko s’était différent, elle n’avait jamais vécu avec quelqu’un pour qui elle avait des sentiments amoureux, elle voyait cette expérience avec un œil nouveau et probablement avec aussi un peu de naïveté. Le rare et seul exemple auquel elle pouvait se comparer et s’identifier c’était sa meilleure amie Yuki et Kiralee.

Les deux jeunes femmes étaient diamétralement différentes, mais en même temps semblable et leur couple tenait la route. Keiko savait très bien que par moment il devait y avoir des étincelles entre les deux, mais elle n’avait jamais entendu Yuki se plaindre une seule fois de cela même quand elle paraissait contrariée.

Nina et Natsuki, elles étaient dans un monde à part, une bulle entre elles et personne ne semblait pouvoir comprendre réellement ce qui se passait entre elles deux.
Aiko et Sara, au fond même si elle appréciait la première, elle ne connaissait pas vraiment ces deux-là, elle ignorait ce qui les avaient rapprochés et encore moins ce qui cimentait leur couple encore tout jeune, tout frais, tout beau et tout rose.

Elle reporta ses orbes grises vers celles de couleur automnale de la canadienne qui s’avouait vaincue et acceptait de partager ce qui fit naître un sourire joyeux sur le visage de la virtuose. Elle posa donc le paquet de biscuits juste à côté de celui pour le café, elle avait fait attention qu’il n’arrive rien durant le trajet en avion et puis en voiture, ele n’aurait pas souhaité que les biscuits soient réduits en poussière sucrée.

- Merci Riley, je ne manquerais pas de te prévenir si j’ai le cafard ! Mais je pense que ça devrait aller ! Il faut juste que je me remette sur le chemin de la vraie vie ! Je ne savais pas qu’il y avait des articles sur moi, je trouve ça un peu effrayant ! Pour les contrats, c’est bien ça le problème, la plupart font partie des partenaires fiables de l’académie, ça va être difficile de choisir ! Surtout qu’ils font tout pour renchérir à chaque fois sur leurs offres en fonction de ce que les autres me propose ! Il faudra que je reste réaliste quant à mes demandes, si je lace la barre trop basse, ils me prendront pour une novice qui ne sait pas de quoi elle parle et ils chercheront à m’avoir, mais si je place la barre trop haute, ils croiront que je suis une capricieuse qui se prend de haut et je risque d’attirer leur foudre !

Keiko était consciente des enjeux de sa carrière et de celui qui la représenterait dans le futur et c’était pourquoi elle ne voulait pas prendre de décision hâtive malgré l’empressement des agents à vouloir à tout prix lui faire signer un contrat.

- J’en ai parlé avec Amélia en lui demandant comment elle avait choisi, mais sa réponse ne m’a pas beaucoup aidé ! Je vais essayer de voir avec madame Pétrova quand je me rendrais à l’établissement pour lui remettre mon rapport de stage. Elle a toujours des conseils éclairés et utiles !

A voir Riley prendre un accent et des airs typiquement italien, mais grossièrement exagéré et caricaturé fit éclaté de rire la blonde et se sentit immédiatement soulagée du poids de ses tourments.

- Oui, cela sonne bien ! Surtout quand c’est toi qui le dit !

La virtuose était contente que la luthière accepte de prendre le temps d’aller visiter son o’bacchan à la campagne, toutefois son refus d’aller voir sa famille était étrange. Keiko savait que Riley était très liée à sa famille et combien ils lui manquaient. Elle pensait qu’elle aurait agit avec plus d’entrain que cela et aurait sauté sur sa valise pour faire ses bagages et partir.

- Est-ce que le temps est vraiment la raison qui te pousse à refuser d’aller voir ta famille ou bien il y a quelque chose que tu ne me dis pas ? Riley, je suis ta petite amie et je te connais très bien ! Habituellement tu serais la première à sauter dans l’avion ! qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui te tourmente ? Est-ce que c’est à cause de la fermeture de ton atelier et ton emploi dans l’académie ? Tu as honte ?

Keiko n’était pas clairvoyante, elle ne pouvait pas lire dans une boule de cristal et savoir ce qui inquiétait la femme qu’elle aimait, mais elle pouvait écouter ses craintes, la soutenir et l’aider à avancer.

- Je ne peux pas t'aider si tu ne m'aides pas à y voir plus clair ! C'est un peu injuste de toujours vouloir me cacher ce que tu ressens juste pour me préserver ! Nous sommes égale, je peux encaisser ce que tu as à me dire !