Au pays de Riley [Ft. Riley Obviously]

« Merci Pancake. »

Riley eut un doux sourire à l’intention de Keiko en la sentant glisser son bonnet sur sa tête. Elle enfila le manteau et passa un bras dans le dos de la violoniste pour l’attirer à elle. Elle déposa un baiser sur sa tempe avant d’appuyer sa tête rousse sur celle blonde. Elle se sentit immédiatement plus sereine, son stress s’envola et son cœur calma sa course.

« Je ne suis pas une novice Obachan, mais je passe mon tour pour cette fois. »

Elle préférait garder les idées claires. Son regard flamboyant se perdit un instant dans les flammes du foyer. Elle laissa vagabonder ses pensées librement et éloigna les parasites. Amelia arriva et alla s’installer avec la petite tribu qui ne cessait de rire dans leur coin. La voix de sa petite amie la ramena à elle. Elle releva la tête et lui accorda un nouveau sourire, avant de prendre une inspiration. Son bras droit resta logé dans le dos de Keiko, tandis que sa main gauche serra nerveusement la boite qu’elle tenait. Elle finit par la tendre à Keiko.

« C’est ton cadeau de Noël, j’ai fait la boite moi-même et Unuaq l’a personnalisé, mais ce qui est dedans est encore intact. »

Elle posa l’écrin en bois dans la main de la violoniste, tout en restant collée à elle. Elle pensa une dernière fois à ses mots avant de les exprimer.

« Avant toute chose, sache que j’ai eu cette idée, sans savoir que tu comptais partir pour l’Italie. Cela ne change rien à mes intentions, mais je ne veux pas que ça te mette une pression quelconque. Enfin, je ne veux pas que ça remette en doute ton souhait. C’est une opportunité en or qui t’attend et rien ne devrait t’empêcher d’y aller. »

Elle laissa Keiko ouvrir la petite boite qui contenait un porte-clefs violon en bois avec trois clefs.

« Je sais que tu venais déjà quand tu le voulais à l’appartement, mais je voulais officialiser le fait que c’était autant chez toi que chez moi. Et te montrer que je veux m’investir dans ce « nous » que nous sommes en train de développer. J’aimerais qu’on emménage officiellement ensemble, après tes études, après l’Italie. En attendant, sache que mi casa es tu casa. Et que ma porte te sera toujours ouverte. »

Et elle voulait également lui faire comprendre que cette porte serait toujours ouverte à son retour. Que Riley l’attendrait, et l’accueillerait à bras ouvert.

« Il y a autre chose que je voulais te dire. »

Et à ce sujet elle ne savait pas comment la violoniste allait réagir. Après tout le but de ce voyage, de la présence de la famille de Keiko avait un lien avec ça. Mais il fallait qu’elle lui fasse part de son idée.

« Ne participons pas au concours cette année. »

Riley sentit toute la pression s’échapper de ses épaules. Ses lèvres se scellèrent à celles de la violoniste et elle se dit qu’elle ne pouvait pas être plus heureuse qu’à cet instant. Elle se sentait comblée par la présence de la musicienne dans sa vie et pour la première fois depuis longtemps, elle voyait un avenir radieux s’offrir à elle. Même l’intervention de Hinata ne gâcha nullement cet instant et c’est en riant que Riley s’approcha de son amie pour poser une main sur son épaule. Elle l’encouragea à essayer elle aussi, pour la détendre un peu, ce qui lui valut à son tour des remontrances. Hinata en profita pour lui rappeler qu’elle n’avait pas intérêt à entraîner sa fille là-dedans aussi.

Le tout resta bon enfant puisque la cavalerie Brandt soutenait la vieille femme en riant. Après un autre moment de partage et de rire, tout le monde alla regagner son lit. Sauf Riley, qui indiqua à Keiko qu’elle la rejoindrait plus tard. Alors que tout le monde était parti rejoindre Morphée, la Canadienne s’activa. Elle fit de la place dans la grange. Récupéra quelques palettes et plaça des bottes de foin. Après deux heures d’ouvrage, elle alla se laver dans les logements employés (qui étaient actuellement en vacances de Noël) et regagna ensuite la maison familiale et la chaleur de la violoniste. Elle ne mit pas longtemps à s’endormir, un grand sourire aux lèvres.

Le lendemain matin, Riley fut la dernière à se lever. Chose rare qui était due à sa soirée fatigante, mais aussi à l’idée qui lui avait trotté dans la tête. Elle s’habillait d’une tenue de  cérémonie et alla fouiller dans la grosse malle à costume pour en sortit un chapeau haut de forme et une cape légère rouge et noire. Elle récupéra ensuite une feuille blanche et des feutres et s’empressa de faire son affiche avant de se rendre au rez de chaussé. Dans les escaliers, elle s’éclaircit la gorge avant de parler d’une voix forte visant à attirer l’attention des convives qui étaient en train de prendre leur petit déjeuner.

« Mesdames et messieurs, petits et grands, humains et poilus, votre heure de gloire est arrivée ! Venez saisir votre chance de vous démarquer et de susciter l’admiration de votre famille en vous présentant au grand concours de talents ! »

La rousse, qui était à présent perchée sur une chaise, tendit son affiche pour la présenter aux membres de sa famille.

« Rendez-vous dans trois jours, à 14h dans la grange ! Veuillez également noter que dans la soirée, un spectacle musical vous sera offert ! Nous invitons toute personne sachant jouer d’un instrument ou chanter à nous rejoindre pour un concert enchanteur! »

Elle sauta de sa chaise et alla afficher son œuvre sur une des poutres apparentes de la maison.

« Bonne chance à tous et surtout, amusez-vous bien ! »

La Canadienne ne s’était pas attendue à se faire bousculer ainsi dès le matin. Elle se demandait bien quelle mouche avait piqué la violoniste pour qu’elle se débatte à la manière d’un crocodile venant de choper un gnou. Son cerveau endormi mit un instant à faire le point avant de se rendre compte qu’elle s’était trompée de blonde.

« Nié ? Mais dumplings voyons, je t’ai tenu chaud toute la nuit et c’est comme ça que tu me remercies ? J’ai au moins le droit à un câlin ! »

Riley fit mine de la retenir avant de laisser s’échapper l’énergumène qui pestiférait après elle. Elle ne put s’empêcher de rire avant de s’étirer et d’émerger complètement. Son amoureuse l’avait abandonné cette nuit et elle nota mentalement qu’il allait falloir lui faire payer cet abandon.

Son petit numéro et son annonce eurent l’effet escompté et déjà, chaque membre de la famille s’interrogeait sur ce qu’ils allaient bien pouvoir présenter. Le sourire aux lèvres, Riley s’installa à côté de Keiko après s’être servi une tasse de café.

« Tu devrais savoir que je n’ai que des idées de génie ! Et oui, ça m’a traversé l’esprit hier soir, je me suis dit que comme nous n’allons pas au concours, nous avions juste à amener le concours à nous. Ce sera plus amusant et ludique que de devoir faire des manières entourées de vieux croûtons et de voir jouer des violonistes coincés du cul. »

Riley attrapa une tranche de pain et la tartina de beurre de peanuts avant de l’enfourner dans sa bouche. Elle croisa le regard coléreux de sa belle-sœur et lui fit un clin d’œil. Terminant sa bouchée elle reporta son attention sur la violoniste à ses côtés.

« Merci de m’avoir laissé dormir avec le piège à ours cette nuit. J’espère que la nuit avec Amé en a valu la peine, parce que j’ai eu le pire réveil du monde. Ta sœur n’a aucune considération pour l’amour que je lui porte. »

L'espièglerie de la violoniste amusa la rousse autant qu'elle réchauffa son être. Qui aurait cru que Keiko se permettrait un jour d'attiser cette flamme qui brûlait entre elles. Riley se souvenait encore de leurs premiers baisers et de l'embarras de la musicienne quand son téléphone l'avait trahi.  La luthière était heureuse de voir comment leur relation avait évolué et à quel point elles se faisaient confiance à présent. Elle aimait ces petites provocations qu’elles s'envoyaient de temps en temps.

« Oh, mais j’attends juste le moment opportun pancake, il va me falloir plus qu’une dizaine de minutes pour toutes les mettre en action. »

Elle partagea un clin d’œil complice avant de porter son attention sur la doyenne de la tablée. Comme à son habitude Yumiko embarquait joyeusement dans le projet et semblait avoir des idées loufoques. La Canadienne regarda l’échange entre la mère et la fille tout en buvant son café.  Elle se demandait bien ce à quoi avait bien pu penser Hinata pour réagir ainsi. La réponse de la vieille femme ne faisait qu’attiser sa curiosité.

« Oh obachan, je suis curieuse de savoir quel est ce premier truc maintenant. »

Deux jours après l’annonce du concours de talent, Amelia s’en alla pour celui de violon. Elle était beaucoup moins enjouée à l’idée d'y aller cette année. Sans la présence de Riley et Keiko, ce serait beaucoup moins amusant.

« J’aurais adoré rester, mais j’ai une réputation à tenir et des obligations. Merci encore pour ce beau séjour Emma et Liam. Merci de m’accueillir aussi chaleureusement à chaque fois. Keiko, on se revoit au concert, interdiction de se défiler. Yumiko ce fut un honneur, j’espère vous recroiser quand j’irais au Japon. Hinata, au plaisir de te revoir, appelle-moi quand tu veux. Enfin le frangin et les frangins, on se revoit bientôt. S’il vous plaît,  filmer vos prestations je ne veux pas manquer ça ! »

Après les accolades, les aurevoirs et les promesses de se revoir, Les grands-parents de Riley partirent aussi pour retourner chez eux. D'après leur dies, ils n'avaient plus vingt ans. Pendant la semaine,  Riley s’affairait à créer les décors de chaque participant. Améliorant et modifiant sa scène pour l’adapter aux besoins de chacun.

Elle n’avait pas vraiment besoin de répéter son numéro et pouvait donc travailler sur sa scène l’esprit tranquille. Bien sûr Lucie et Liam mettaient la main à la patte dès qu’ils avaient un moment de libre.
La jeune Brandt était d’ailleurs en train de couper des planches lorsque sa belle-sœur l’interpella. Elle arrêta sa machine, releva ses lunettes sur sa tête et posa son regard sur Keiko. Un sourire malicieux étira ses lèvres. [HRP : j’y est tellement pensée aussi aux lancées de couteau,  jme suis tellement marée en voyant ta réponse !]

«  Humm, je préfère garder cela secret. La seule chose que je peux dire, c’est que vous allez découvrir à quel point je suis habile de mes mains. »

Emma s’en allait rejoindre son mari pour répéter quand Keiko l’interpella. Elle s’approcha des deux jeunes femmes et retira un bran de scie des cheveux de sa progéniture avant de répondre à la musicienne.

« Une danse avec Liam. Je ne dirais pas le genre, mais on espère que ça vous plaira. »

La mère de famille semblait sereine et épanouie. Elle était contente de l’idée de sa fille qui permettait à tout le monde de s’amuser et passer du temps ensemble.

Le grand jour arriva. Riley régla l’éclairage de la scène et alluma la caméra sur le trépied pour enregistrer le spectacle. L’éclairage était homemade, avec des lampes de bureau et allogène récupéré dans la maison. Des ampoules de couleurs avaient été achetées pour certains numéros et la rousse utilisait une lampe de poche pour servir de projecteur qui suivait les artistes. Une fois son tour fait, elle fit signe aux maîtres de cérémonie et mit la musique de son cellulaire sur « play ». Le son sorti de deux haut-parleurs Bluetooth disposé de chaque côté de la scène.

https://www.youtube.com/watch?v=W7oLt1XACa0&ab_channel=HasibulStudio

Les enfants entrèrent en scène vêtue de leur beau costume confectionné avec amour par leur Pancake adorée. Ils saluèrent la foule et quand le jingle s’arrêta, Sarah commença à signer. Son frère faisait la traduction. Les deux semblaient enjoués et fiers d’êtres les présentateurs de la soirée.

« Mesdames et Messieurs, petits et grands, voici maintenant, le concours de Talent ! »

L’assemblée applaudit tandis que les enfants firent de grands sourires. Ils attendirent patiemment que les applaudissements cessent avant de continuer. Sarah recommença à signer et son frère la regardait attentivement avant de la traduire à nouveau.

« Et notre premier participant est Papa…eux Gabriel Brandt ! »

Lucas fit un mouvement avec sa baguette magique et toutes les lumières s’éteignirent d’un coup. On entendit des petits pas de course sur le plancher et quand les lumières s’allumèrent de nouveau, plus personne n’était sur la scène. Le public applaudit de nouveau après avoir lâché un « oooh » de surprise mêlée à de l’amusement.

Gabriel entra en scène vêtue d’un costume queue de pie jaune canari. Ses cheveux roux étaient coiffés en une crête au centre de sa tête. Il se plaça derrière le micro, salua la foule en se cambrant, ajusta son nœud papillon avant de faire un signe de tête. Ce fut le signal pour Riley qui lança la musique suivante sur son téléphone.

https://www.youtube.com/watch?v=vkYSGWCzaDY&ab_channel=Lebackstage3

Riley et Lucie ne pouvaient s’empêcher de se marrer en voyant ainsi leur frère siffler fièrement sur la Habanera. Il eut tout de même un tonnerre d’applaudissements à la fin de sa prestation, et il salua à nouveau avant de quitter la scène, fière comme un coq.

Les enfants refirent leur apparition en riant et en essayant de siffler aussi, mais ils ne faisaient que lancer des postillons ce qui accentuait leur hilarité. Il leur fallut quelques secondes avant de reprendre leur esprit et de continuer leurs présentations.

« Merci Pa..Gabriel, c’était un beau pesctacle ! Et maintenant, c’est au tour de Mama..rie ! »
Lucas rit encore de sa traduction avant de faire apparaître un bouquet de fleurs qui sortit difficilement de sa manche et de l’offrir à sa sœur, avant de quitter à nouveau la scène pour rejoindre les coulisses. Marie fit son apparition. Vêtu en arlequin jaune, rouge, vert et bleu.

« Les enfants, je vais avoir besoin de votre aide s’il vous plaît. »

Les présentateurs refirent leur apparition et Marie leur donna un Rubik’s cube chacun. Elle leur demanda de les mélanger. Une fois prête, elle récupéra celui de sa fille.

« Je compte sur vous tous pour compter les secondes ! »

Alors que tout le monde commença à compter, Marie s’affaira à résoudre le casse-tête. Il ne lui fallut que vingt secondes pour le terminer. La foule applaudit, accompagnée des enfants. La participante rendit le rubik’s cube à Sara avant de prendre celui de Lucas. Elle l’observa un instant, avant de le reposer dans les mains de son fils. Cette fois, elle se cacha les yeux à l’aide d’un masque de sommeil et récupéra l’objet des mains du petit garçon.

« Comptez encore ! »

Le public et les présentateurs s’exécutèrent. Cette fois, il fallut plus de temps à Marie pour résoudre le casse-tête, mais elle le termina en une minute. Elle retira son masque et salua le public qui l’applaudissait, avant d’aller les rejoindre. Les enfants levèrent fièrement leur rubik’s cube dans les airs.

« Bravo maman ! C’était carré ! »

Lucie se mit à rire et donna un coup de coude à sa sœur. Les deux avaient aidé leur nièce et leur neveu avec leur texte et c’était permis de glisser quelques blagues. Les deux enfants avaient été studieux et répétaient les mots comme s’il s’agissait d’une poésie.

« Et maintenant, faites place à notre doyenne, Mamie Yumiko ! »

Cette fois, ce fut Sarah qui lança un sort avec ses mains, tandis que son frère était dos à la foule. Il semblait mettre quelque chose sur sa tête. Il se retourna et les spectateurs purent voir qu’il avait à présent des oreilles d’âne. Il fit semblant d’être choqué en plaquant ses mains sur sa bouche et quitta la scène en courant, essayant de cacher ses oreilles. Sarah fit un clin d’œil au public avant de suivre son frère en sautillant gaiement.