Déploie tes ailes et envoles toi ! [Riley]

L’automne était déjà bien entamé et avec lui était arrivé les journées plus courtes, les arbres dénudés de leurs feuilles et les températures qui se rafraichissaient. Malgré l’obscurité de la nuit, la ville illuminait déjà entre les vitrines des magasins, l’éclairage de rue et celui des divers monuments tant et si bien qu’on avait peine à croire que le soleil s’était déjà couché pour laisser sa place à un croissant de lune.

Le regard acier de Keiko voyageait sur les visages des personnes qui comme elle participait au concours. Elle se frottait à des jeunes talents qui avaient pour la plupart collectionnés les premiers prix et les trophées et ce depuis leur plus tendre enfance alors que la violoniste n’avait participé qu’à un seul concours jusqu’ici. Elle ne se démontait pas, elle avait travaillé très dur pour ce soir. Riley l’encourageait lorsqu’elle avait des doutes et toutes ses pensées allaient vers sa petite amie présente dans le public. L’opéra qui avait été construit et inauguré il y avait deux ans seulement n’avait rien à envier à d’autres tant il représentait la magnificence dans ses moindres détails architecturaux. La ville avait mis le paquet.

Keiko avait deux passages et malheureusement, le destin avait voulu qu’elle soit au milieu de tous les concurrents. Elle avait confiance en ces capacités, mais cette fois-ci c’était non seulement son jeu qui allait être noté, mais aussi sa capacité à composer et il allait falloir qu’elle réussisse à rester dans les mémoires du jury et du public. Le fait que pour une fois son père ait accepté de venir la voir lui inspirait à la fois de la joie, mais surtout un peu de pression supplémentaire car son père et sa mère dans la même pièce ça ne faisait pas bon ménage. Entre sa mère qui ne manquait pas de larguer des piques acides sur son père et celui-ci qui bien évidemment montait tout de suite sur ses grand chevaux, la violoniste craignait un peu que leur grief n’éclate en public et devant Riley.
Une fois de plus, elle s’était confectionné une robe dans les ton noir et pailleté, le tissu étant plus court sur le devant et lui arrivant jusqu’à la mi- mollet sur le derrière. Elle s’était appliquée pour que cette tenue lui aille à merveille. Quant à la luthière, elle savait qu’elle avait mit un grand soin à s’occuper de son violon, celui avec lequel Keiko avait toujours fait équipe. Le Yukina était cette fois-ci resté dans sa chambre. Elle avait choisi son plus vieil ami car elle lui avait toujours promis qu’elle monterait sur scène avec et elle ne faillirait pas à sa promesse.

La musicienne était tranquillement assise dans les loges en attendant son tour et regardait ses concurrents qui se connaissaient déjà depuis longtemps et échangeaient vivement sur leurs parcours respectifs en étalant leur réussite de l’année. Elle ne s’attendait pas à ce que tous se tournent vers elle avec des regards dédaigneux et que l’un deux avec les cheveux plaqués vers l’arrière s’approche d’elle pour lui demander qui elle était et ce qu’elle faisait ici. La mi-japonaise aurait pu répondre qu’elle était la file d’Hinata qui était assez connue dans le milieu, mais elle ne voulait pas se vanter et utiliser ses ascendances pour qu’on la respecte, elle ne pourrait plus se regarder en face si on la traitait comme une fille de. Elle répondit simplement qu’elle n’avait pas autant de trophée à son actif et qu’elle avait gagné un concours outre océan et que c’était seulement son second concours ce qui provoqua l’hilarité des jeunes gens présent. Certain se moquèrent du vieux violon sur lequel elle jouait.

Keiko savait ce qu’elle valait et le plus important c’est qu’elle ne voulait pas renier son amour pour la musique juste pour gagner un concours. Avoir le premier prix, ce n’était pas ce qui la motivait. Son rêve avait toujours été de partager sa musique, de réconforter et de rendre heureux et non de briller et d’écraser tout le monde. Elle était heureuse d’avoir la chance de jouer sur cette magnifique scène et pour elle c’était déjà une forme de victoire.

La télévision dans la loge retranscrivait les passages de ses concurrents et si les autres s’en détournaient et ne s’occupaient pas de ce qu’il se passait, les yeux de la blonde et ses oreilles étaient rivés vers ce qu’il se passait sur scène. Ils étaient doués, c’était indéniable et on sentait qu’ils maîtrisaient tous à la perfection leur instrument et qu’ils avaient travaillés aussi dur qu’elle sur leur composition. Keiko n’avait pas à faire à des débutants, eux aussi était motivé par la musique. Pourtant, à chaque écoute, chaque passage ou à peu prêt il y avait un sentiment qui la dérangeait. La virtuose ne savait pas l’expliquer, mais cette sensation lui donnait l’impression que chaque concurrent essayait de faire mieux que le précédent, en jouant plus rapidement, en exécutant des notes plus difficiles, comme s’ils changeaient leur plan à la dernière minute pour se placer un peu mieux. Cette façon de jouer la dérangeait profondément, est-ce qu’elle aussi devait changer sa partition pour la rendre plus époustouflantes ? Non, elle ne voulait pas, elle ne souhaitait pas anéantir tout son travail juste pour paraître meilleure et elle voulait faire passer ses sentiments.

Lorsque ce fut son tour, la salle et la scène étaient plongées dans l’obscurité la plus totale et Keiko s’avança avec son fidèle ami jusqu’au milieu de la scène juste sous l’immense coupole qui allait l’aider à diffuser le son de son instrument. Elle inspira et expira pour chasser le trac et épaula son violon se sentant immédiatement mieux comme si l’instrument fait de bois lui communiquait que tout allait bien. Les premières notes de piano commencèrent à jouer et l’archet glissa sur les cordes pour produire un son alors que doucement des spots venaient s’allumer et faire étinceler sa robe noire aux reflets bleuté comme si la blonde était un ciel étoilé. Le motif de sa robe formait une constellation du zodiaque pour ceux qui s’y connaitrait et elle l’avait cousu intentionnellement pour la luthière chère à son cœur qui était de ce signe astrologique.
La musique était pure, rien d’extravagant, son violon et elle formait une équipe et sur scène sa complicité avec son instrument ne pouvait que se voir. Les notes montaient en intensité venant se répandre dans la salle complètement silencieuse, inondant les cœurs présents d’un sentiment d’amour et d’espoir. Keiko n’était pas là pour faire un show, elle était là pour jouer et elle y prenait plaisir d’être en parfaite symbiose avec son violon et d’entendre sa composition lui parvenir aux oreilles.

Quelque part se trouvait Riley, sa mère et son père, Keiko n’ignorait pas non plus que ses meilleures amies étaient entrain de suivre la retranscription et que sa grand-mère dans son lit d’hôpital avait certainement dû batailler avec les infirmières et son médecin pour pouvoir veiller aussi tard. La blonde avait eu cette mauvaise nouvelle il y avait quelques jours et malgré le choc, elle ne s’était effondrée qu’en priver afin de ne pas inquiéter ses proches.


Keiko avait composé cette musique en l’appelant "never enough " qui ne signifiait " jamais assez" et il y avait plusieurs sens à cela. La violoniste voulait faire passer des sentiments qui grandiraient pour toujours, voulait montrer qu’elle n’abandonnerait pas la musique, tout à chacun pouvait y trouver une signification en rapport avec son état d’esprit. Elle transcendait le temps et les étoiles et elle comptait bien ne pas s’arrêter en si bon chemin. Lorsque les dernières notes s’éteignirent doucement, ils laissèrent pace à un silence solennel, comme si tout à chacun dans cette salle était plongé dans ses souvenirs, dans ses réflexions. Il fallut plusieurs secondes avant que la salle ne se remplisse par de timides applaudissement qui furent bientôt rejoins par d’autre afin de former un bruit de tonnerre assez assourdissant.

Entre les deux passages de la blonde se tenait un entracte et elle confia son violon pour aller s’hydrater et se faire prendre d’assaut par des concurrentes qui avaient changé leur comportement hautain envers elle en la complimentant à la place. La blonde avait conscience que ces personnes cherchaient non pas à se faire pardonner, mais à l’approcher pour lui soutirer des informations personnelles, c’était flagrant et Keiko resta évasive sur tout ce qui portait à sa vie privée. Elle n’avait pas honte d’aimer Riley et de sortir avec elle, loin de là, mais elle préférait se méfier des personnes avides d’informations qui risquaient tout bonnement de les déformer et de mettre son couple ou encore sa carrière en péril.

La blonde savait que dans le milieu de la musique, les jeunes prodiges se menaient une guerre intestine et que certains étaient prêts à toutes les bassesses pour arriver à la première place. La violoniste préférait briller par sa simplicité, son honnêteté, son humanité et ses dons musicaux que de s’abaisser à imaginer de vulgaires combines pour parvenir au top du top.

Keiko avait passé plus de six mois pour préparer cette soirée, elle avait énormément travaillé sa technique, mais ce qui lui avait semblé le plus difficile ça avait été de composer des partitions qui lui ressemblaient et qui racontait une histoire, qui mettait en avant un sentiment, un trait de personnalité qui était en accord avec elle. L’été était passé si vite, Lucie était venue leur rendre visite et la japonaise avait adoré avoir sa belle-sœur avec elle. Cela lui avait permit de prendre une petite pause dans ses répétitions acharnée et surtout elle en avait dégagé beaucoup de bénéfice qui lui avait permit de retourner à ses compositions pour les terminer.

Dans la salle du public se trouvait sa mère et son père assis côte à côte et Riley avait été placée à côté de sa mère à sa demande. Il était rare que ses deux parents arrivent à se côtoyer plus de dix minutes sans terminer leur rencontre par une dispute tonitruante et théâtrale. Ce soir semblait être une exception, Hinata était calmement assise à coté de son ex époux et avait le sourire aux lèvres à chaque candidat se permettant de donner des informations à Riley. Quant à Pavel, cet homme élégant, grand, blond à la stature musclée et au regard d'acier de la même couleur que Keiko mais qui était beaucoup plus dur, il regardait les candidats passer les uns après les autres sans plus d'intérêt que cela et il se permit même de soupirer quelquefois et de se masser l'arrête du nez, lorsque les candidats n'étaient selon lui pas assez bons. Pavel regarda l'écran de son téléphone semblant distrait par une conversation écrite et ce jusqu'à ce que sa fille soit annoncée, il rangea son portable et daigna lui donner toute l'attention. On ne savait dire si il avait apprécié ou non l'étendue du talent de sa fille ainée puisque son visage resta impassible du début à la fin, ne donnant aucun applaudissement alors que son ex-femme vint lui mettre un coup de coude et lui envoya un regard mauvais jusqu'à ce qu'il se décide à frapper trois fois des mains.

Keiko rejoignit près son passage aux commodités et avoir étanché sa soif reprit le chemin de la scène. Elle ignorait ce que Riley et ses parents avaient pensé de son premier morceau, mais celui-ci serait bien plus rythmé, plus passionné.



La musicienne reprit son violon et s’avança à nouveau sur la scène, elle avait pensé que le fait d’avoir sa prestation coupée par un entracte avait été fait exprès pour la gêner. Pourtant, la blonde était sereine, cela allait lui permettre de mettre un coup de pied dans la fourmilière. L’éclairage cette fois était bleuté, mais Keiko se tourna non pas vers un pianiste, mais vers une batteuse. Un signe de tête entre les deux et la blonde commença à jouer. Presque immédiatement après ses premières notes, elle remarqua que son archet n’agissait pas comme d’habitude. La musique était assez vive et les doigts de la violoniste glissaient sur les cordes de son instrument de bois avec rapidité, autant que le crin de son archet pour produire un son fort et clair.

Les unes après les autres, le crin se sectionnait ce qui n’était pas normal, Riley avait fait un changement, un réglage et une vérification de son instrument la veille et le jour même. Automatiquement, ses soupçons se posèrent sur ses concurrents, mais pour le moment seul comptait son morceau. Elle adapta immédiatement sa façon de jouer pour que ses cordes restantes ne lâchent pas et resta très calme intérieurement, cela demandait plus de technique, mais elle parvenait à garder le cap de son morceau et son explosivité.

Elle était téméraire et choisissait de ne pas se laisser impressionner décidant plutôt de terminer son morceau de la façon la plus spectaculaire possible. C’était très mal connaître Keiko que de penser qu’un sabotage allait l’empêcher de jouer, même avec ce contretemps, elle parvenait à sortir des notes d’une beauté à couper le souffle. C’était presque magique qu’elle parvienne à jouer aussi fort et aussi clairement. Un morceau d’une grande intensité dans lequel elle avait mis toute ses tripes. Elle termina en beauté et des applaudissements fusèrent accompagnant sa révérence et son retour vers les loges. Elle croisa ses concurrents pour la plupart bouche bée et elle ne leur adressa ni un regard, ni une parole avant de se rendre auprès des siens pour écouter les concurrents suivants et attendre les délibérations et le jugement du jury.

Un regard complice vers la luthière et sa mère, mais elle n'osa pas regarder son père lorsqu'elle le salua avec respect. Elle vint entrelacer ses doigts discrètement avec ceux de la belle rousse en lui souriant. Elle avait tout donné sur scène et ça lui avait donné chaud.

Pavel n’était pas le genre d’homme à se laisser impressionner par qui que ce soit et certainement pas par une femme. Il avait eu la place qu’il avait aujourd’hui grâce à une détermination sans faille et un travail acharné et en soit, ce sens du travail bien accomplit et cette détermination il l’avait légué à sa fille ainée. Cette rousse au regard malicieux ne lui disait rien qui vaille était ce cette femme qui avait embrigadé Keiko ? Jusqu’ici la blonde ne l’avait jamais déçu, jamais un seul faux pas, jamais un manque de respect ou quoi que ce soit et il espérait bientôt que sa chère fille arrête ses enfantillages et son caprice d’aller perdre son précieux temps à l’académie pour faire de la musique et reprendrait ses esprits pour faire son devoir, se marier et avoir un fils pour reprendre le flambeau familial. Refusant cette main tendue avec un regard dédaigneux, il allât s’asseoir pendant qu’Hinata essayait de détendre sa belle-fille.

L’erreur de jeunesse d’Hinata, à l’époque où elle était tombée amoureuse de Pavel, elle venait de terminer ses études reprises parce qu’elle n’avait pu continuer à jouer du violon après son accident et elle était psychologiquement détruite. Pavel l’avait séduite, Hinata avait besoin de se raccrocher à quelque chose, à quelqu’un et à peine deux mois après leur rencontre, Pavel lui avait fait sa demande en mariage et l’avait épousée déjà enceinte de Keiko, elle n’avait plus le choix car au Japon les femmes ayant des enfants sans être mariée au préalable c’était très mal vu.

- J’ose à peine imaginer comment je suis tombée amoureuse de lui ! Avant de prendre du galon et de se la péter, c’était quelqu’un de bien j’imagine ! En tout cas j’ai hâte de voir ce que ma Keiko nous réserve se soir !

On peut dire qu’Hinata n’avait pas été déçue de la performance haute en couleur de sa fille, elle rayonnait sur scène avec une telle prestance qu’elle voyait bien la magnifique jeune femme qu’elle était devenue grâce à l’amour que lui portait la rousse. Les deux femmes s’étaient toutes les deux épanouie et se tiraient vers le haut. Dommage que le père de cette virtuose restât de marbre avec le visage figé d’une statue durant toute la prestation. Au moins, il avait fait bonne figure et pour une fois il ne s’était pas enfui en prétextant une urgence au boulot, enfin une urgence avec sa secrétaire au boulot. Hinata était presque étonnée qu’il n’ai pas plus de bâtard disséminés dans le monde ! Pavel avait peut-être apprit de ses erreurs ?

- On voit que la luthière à bien effectué son travail, grâce à ça c’est certain MA fille va gagner la dernière place !

Hinata n’attendit même pas une seconde pour rétorquer avec une parole assez cinglante malgré son calme apparent. Nul doute que Keiko tenait d’elle son calme olympien en toute circonstance et le fait de ne pas se laisser déstabiliser par quoi que ce soit.

- Parce que MONSIEUR Pavel s’y connait en instrument de musique ? Aux dernières nouvelles, tu n’es pas fichu de reconnaître deux notes de musique et tu oses critiquer le travail d’un artisan dans son domaine de prédilection ? Cet Archet à été trafiqué, sinon il aurait lâché dès son premier morceau !

Le monde de la musique était parfois rempli de pourris qui écrasait les autres pour se hisser au sommet. Hinata savait que le don de sa fille n’était pas passé inaperçu et que si son archet avait été saboté de la sorte c’était car certain l’avait vue comme une rivale bien capable de les évincer de la victoire avec son premier morceau. Manque de bol, au lieu de perdre ses moyens et de s’avouer vaincue, Keiko semblait mener la guerre comme ci de rien n’était et ses notes étaient inouïe. Hinata ricana de satisfaction.
Les anciens amants se défièrent du regard avant de retourner à la prestation de Keiko qui donnait tout sur scène. A son âge, Hinata était loin d’avoir cette confiance à toute épreuve et elle aurait certainement abandonné dès les premières cordes détachées. Elle reconnu bien la force de caractère de sa fille qui s’était adapté rapidement pour pouvoir continuer son morceau sans plier et c’était impressionnant. L’audience en entier était pendue aux notes de musique avec les yeux rivés sur Keiko se demandant comment la musicienne faisait pour réussir à faire sonner si bien son instrument avec un archet incomplet. C’était une sacrée prouesse et surtout un morceau aboutit qui ne sonnait pas comme incomplet. Hinata se leva pour applaudir en venant saisir le bras de son ex-mari pour qu’il en fasse de même.

Elle vit Riley s’éclipser et revenir plus tard avec un air bougon, elle n’avait pas eu le temps de la prévenir que l’accès aux loges étaient refusées pour le public. La virtuose fit son apparition avec un sourire chaleureux et le visage rouge à cause de son exercice très physique sur scène.

- Tu m’as impressionnée chérie, pour moi tu es la meilleure !

Hinata se montra impressionnée et la gratifia d’un clin d’œil et d’un pouce en l’air. Pavel quant à lui répondit à la salutation de sa fille en inclinant sa tête de manière solenelle. Keiko s’installa à côté de Riley et vint lui prendre la main échangeant quelques tendres caresses dans l’obscurité et quelques mots bas avec celle qu’elle aimait.

- Prie pour l’apprendre avant moi sinon je vais étrangler cette ordure avec les cordes de mon archet!


Keiko avait répondit en souriant malgré une lueur de haine dans le regard à faire frémir n’importe qui de suffisamment avisé et qui ne voudrait pas s’y frotter. Le programme continue jusqu’à ce que l’entièreté des candidats soient passé sur la scène et à nouveau ce fut le temps des délibérations des juges. Labs de temps durant lequel le couple et les parents de la musicienne profita de ce moment de latence pour parler et précisément Pavel qui décida d’aborder le sujet sensible et hautement redouté par la blonde qui ne savait pas où se mettre devant Riley.

- Ma fille, tu as bien joué, mais maintenant il serait peut-être temps d’arrêter les enfantillages et de te marier. Tu as vingt ans il faut que tu deviennes une vraie femme et que tu accomplisses ton devoir ! En plus, j’ai cherché longtemps pour trouver un gendre à la hauteur, tu pourras me remercier.

Keiko resta silencieuse, le regard fixe le temps que son cerveau n’enregistre ce que ses oreilles venaient d’écouter et elle fini par dire d’une voix monocorde.

- Merci père
- A la bonheur ! Je savais.
- Je n’ai pas terminé, merci père, mais non merci !
- Non ?! Comment non ! Tu oses refuser de retourner dans le droit chemin ? Tu préfères ta vie de bohème à jouer de ce fichu violon ? Et tu crois que sans MON argent et MON soutien tu y serais arrivée ? Si je n’avais pas mis les mains au portefeuille tu n’y serais jamais entrée à l’académie d’art ! J’ai voulu te récompenser et voilà comment tu remercies ! Tu n’es qu’une ingrate et une fille indigne !
- Père, je n’ai pas envie d’épouser un inconnu, pourquoi m’obliger à le faire alors que tu ne le fais pas en premier ? Qu’est-ce qui t’empêche d’épouser une femme de ta trempe et d’avoir un fils avec elle ? Yuna et moi nous serions libres de choisir la vie qu’on veut !
- Ne pense pas échapper à cette conversation, nous en reparlerons après !

Visiblement, vu le regard qu’il eu envers sa fille, l’homme n’y avait même pas pensé. Hélas, il était trop fier pour l’avouer et son visage se ferma à nouveau. Alors que le jury annonçait que la remise des prix allait avoir lieu. La blonde était restée calme en apparence et afin de n’alarmer personne, Hinata posa une main sur l’épaule de sa fille en signe de soutien avant de rejoindre la salle en suivant son ex-mari de prêt et apparemment elle tentait de lui parler. Les yeux acier de Keiko reflétaient une lueur de désespoir à peine perceptible et elle se retourna vers Riley en soupirant et en venant enfouir sa tête dans sa poitrine pour y chercher du réconfort et du courage.

- Il est tellement borné qu’il ne va pas me lâcher avec son fichu mariage ! Il n’a qu’à l’épouser lui-même ce fiancé s’il le trouve si phénoménale !

C’était bien la première fois que la musicienne se permettait de râler avec la voix étouffée dans le buste de son amante et elle fini par devoir la quitter à nouveau pour rejoindre sur scène les autres concurrents. Elle était ailleurs lorsque le discours de fin commença. Les jury commencèrent par dire qu’il n’avait pas été simple de choisir les trois gagnants, qu’ils avaient été surpris par leur technique.

- La troisième place revient à Shinishi Leiko pour son magnifique morceau intitulé « ôde aux cygnes », félicitation. Les deux candidats suivants ont été difficiles à départager, leurs morceaux ont vraiment été époustouflants et leur manière de jouer passionnément nous à littéralement scotché sur place. Hélas, il doit bien y avoir un gagnant. La seconde place revient à Keiko Harushi pour sa performance plus qu’audacieuse intitulée « explosion de sentiment » quelle énergie ! Quelle passion et nous vous saluons également pour avoir gardé votre sang-froid malgré l’incident !

Keiko se sentait un peu déçue, mais c’était la première fois qu’elle participait à ce concours et elle avait été classée sur le podium. Malgré tout, ses pensées étaient focalisées sur son père et la colère qui montait. Elle avait toujours réussi à garder son calme, mais entre ça et sa frustration d’avoir tout donné pour finir en seconde place, il était difficile de tout garder à l’intérieur. Elle avait envie de hurler, mais elle ne le pouvait pas. Elle se contenta d’afficher un regard fixe, un visage sans expression, serrer les mains qu’elle devait serrer, récupérer son trophée et sortir de scène en évitant le plus possible les gens.

- Le vainqueur de cette édition, vous le connaissez, cela fait 5 ans qu’il remporte ce trophée Mamoru Jiro pour son morceau « tentation »

La virtuose souhaitait juste s’enfuir loin et crier et pleurer toute sa rage loin des yeux indiscrets, des jugements, loin de ce spectacle grotesque qu’était son propre père qui souhaitait à tout prix se mêler de ses affaires. Afin de se calmer et de refroidir sa colère qui menaçait de s’échapper, elle sorti de l’opéra venant respirer l’air frais, une colonne de vapeur blanche s’échappant à chaque expiration pour monter dans le ciel, il faisait un peu froid, mais au moins elle retrouvait peu à peu son calme enfouissant au plus profond ses sentiments négatifs.

La colère de Keiko, il n’était pas facile de la provoquer car la blonde avait au terme de nombreuses années de pratiques développée une grande sérénité, une patience à toute épreuve doublée d’une capacité à ne pas perdre son sang-froid facilement. La violoniste ignorait d’où cela lui venait, sa grand-mère état une véritable boule de nerf, sa mère n’était guère mieux puisqu’elle répondait aux attaques par des piques et surenchérissait dans la colère et son père s’emportait pour un rien alors la douce Keiko aimait à penser que c’était son grand-père maternel qui lui avait légué ce trait de caractère. Cet homme aussi loin qu’elle s’en souvienne avait toujours été d’un calme olympien à subir toutes les idées farfelues de son épouse sans jamais montrer de signe d’épuisement physique ou mental et peu importe dans quoi sa femme s’embarquait, il la suivait et l’épaulait toujours.

Riley était celle qui l’épaulait et lui montrait que dans la vie il fallait tracer son propre chemin au lieu de suivre celui qu’on essaie de vous imposer. Auparavant, la virtuose n’avait jamais osé remettre en question l’éducation que son père leur avait donné à Yuna et elle. Elle avait toujours su ce qu’il prévoyait de faire et jamais elle n’aurait pu imaginer aller contre la volonté de son paternel. Voir ce regard gris acier qui jusqu’ici lui avait toujours inspiré la crainte devenir presque abasourdit alors que Pavel se rendait compte de la rébellion de Keiko et de son refus d’obtempérer eut tôt fait de le mettre dans un état catatonique. Quoi qu’il doive faire pour la faire changer d’avis, il le ferait.

Entendre Riley qualifier de con son père fit étrange à Keiko. Elle avait rêvé de voir sa famille unie, de voir les personnes qu’elle aimait bien s’entendre et elle avait toujours tout fait pour que ce soit le cas. Pourtant son père en agissant avec méprit auprès de sa petite amie et de sa mère ça lui avait laissé un sentiment amer, une impression de vide. Elle ne fit pas attention au fait qu’il ait quitté la salle, de toute façon c’était bien la première fois de sa vie qu’il venait à une représentation. Lui qui avait toujours qualifié cela de simple passe-temps chronophage qui ne servait à rien, Keiko était surprise que sa mère ait réussi à le faire venir.

Ce qu’elle ne pu prévoir par contre c’était que son amoureuse quitte la salle pour le suivre et sans le vouloir assister de loin à la scène.

Pavel était en colère, sa fille qui ne s’était jamais rebellée de son adolescence et qui faisait sa fierté car elle était obéissante refusait maintenant de faire ce pourquoi il l’avait élevé durant toutes ces années. Ce devait encore être la faute de cette fichue vieille hippie ! Toujours là pour foutre la merde celle-là ! A moins que ce soit encore un coup bas de son ex-femme Hinata ! Cette femme prenait un peu trop ses rêves pour une réalité, elle se croyait puissante parce qu’elle avait réussi. Elle ferait moins la fière s’il usait de ses relations pour faire couler Hinata sous les dettes et la mettre à la rue, c’était un plan qui justifiait bien de faire appel à ses avocats et le plus vite possible.

Une voix résonna avec colère l’interpellant, encore cette grande rousse ? Pavel se retourna l’air visiblement pressé et en colère alors qu’il filait un paquet de billet au chauffeur pour qu’il laisse ronronner le moteur et l’attende. La planète et l’écologie ce n’était que des foutaises de pauvres avec une grande gueule un peu comme cette femme.

- Évidemment que ma fille est exceptionnelle ! Elle est promue à un grand avenir si seulement cette petite idiote arrêtait de rêver avec les yeux ouverts ! J’ai tout plaqué pour être là ou j’en suis j’ai travaillé dur pour offrir à ma fille une chance de s’en sortir ! Quelle espère de folle refuserait une vie confortable avec un homme qui saura l’entretenir ? La seule chose que je lui demande c’est d’arrêter de faire la clown sur scène et de vouloir vivre d’amour et d’eau fraîche comme sa mère et sa grand-mère ! Je suis son père le seul à qui elle doit obéir c’est moi ! Mais je comprends mieux sa décadence maintenant ! A force de s’entourer de pommes pourries on contamine les meilleurs fruits dans le panier n’est-ce pas ? Ce n'est pas ce qu'on dit dans votre milieu de paysan ?

Pavel laissa cette femme devenir colère colère et s’énerver ce qui ne l’impressionnait pas. Il savait ue tout le monde avait son point de rupture et dès qu’elle finirait par le cogner il l’enverrait croupir en prison pour les prochaines années ce qui la calmerait. Pavel s’arrangerait pour qu’elle soit envoyée dans le pire centre pénitencier pour femme du Japon et qu’elle ne revoit plus jamais les siens ni la lumière du jour d’ailleurs.

- Ne me parlez pas d’honneur mademoiselle ! Je sais très bien qui vous êtes et d’où vous venez ! C’est bien vous avez vos petites magouilles pour essayer de survivre, un magasin enfin si on peut appeler ce bâtiment insalubre et délabrer dans lequel vous oser faire travailler ma fille un magasin, vous avez du mal à joindre les deux bouts avec vos rafistolages pathétiques et votre bricolage sur bout de bois qui ne valent même pas une première place lors d’un concours et vous osez me parler d’honneur ? Vous et les vôtres êtes ridicule à tenter de vous débattre dans un monde qui n’êtes pas le vôtre !

Il replaça son col et balaya de la poussière imaginaire sur son épaule avant de reprendre d’une voix menaçante.

- Vous n’êtes rien ni personne, juste un être insignifiant pour moi et entendez bien mes mots ! Je peux me montrer magnanime et vous pardonnez si vous vous éloignez de ma fille et acceptez de ne plus jamais la revoir, j’ai les moyens de financer votre bac à sable à vie si vous vous retirez de la course. PAR CONTRE RILEY BRANDT je sais où vous habitez et où votre famille habite et je n’hésiterais pas à tous vous..

Le bruit puissant d’un coup s’abattit tellement fort sur la joue de Pavel que la tête pourtant haute et bien vissée sur les épaules de celui-ci fut embarquée dans le mouvement et qu’immédiatement la peau pâle prit une couleur violacée aux traces de traumatisme bien visibles et commençait à gonfler. Là devant ses yeux surpris se tenait son chérubin aux cheveux d’ange qui avait prit tout d’un être démoniaque. Il n’avait pas eu le temps de proliférer sa menace ou même d’appuyer son index menaçant sur la grande rousse, Keiko s’était interposée et elle émanait d’une telle aura de colère, il vit dans ses yeux une aura de mort qui lui rappela de mauvais souvenir du temps où il vivait en Russie et impressionné ses épaules semblèrent s’affaisser et il recula de deux pas en portant sa grosse main au niveau de sa joue touchée par ce boulet de canon qui enflait et qui irradiait de chaleur à cause du sang qui coulait de son arcade sourcilière. La blonde avait lâché le trophée ensanglanté au sol qui se brisa en mille morceau au contact dur des pavés de trottoir.

Keiko était méconnaissable, elle qui avait toujours été bienveillante et souriante, elle était tellement en furie qu’elle en tremblait et qu’elle ne se contrôlait plus. Elle avait mis toute sa force et elle avait même prit de l’élan pour être certaine de lui faire du mal et de lui éclater quelques dents de son sourire suffisant ignoble. Elle ne sentait pas réellement la douleur pour le moment pour s’en inquiéter.

- Je te déteste ! Je te hais ! Tu me donne envie de vomir!! Je n’en ai rien à faire de toi, de ton argent et je ne veux plus jamais avoir à faire avec toi ! TU ES MORT POUR MOI ! SI jamais tu as le malheur de t’en prendre à Riley ou à sa famille ou même simplement d’oser y penser, je te promets de faire du restant de ta vie un enfer tellement atroce que même la mort ne te donnera aucune paix ! Je te traquerais s’il le faut jusque dans les moindres recoins de la planète et je n’aurais de cesse de te poursuivre sans relâche et de pourrir chacune de tes actions où que tu ailles ! C’est fini ! TU N’EXISTE PLUS POUR MOI !TU N'ES PLUS MON PERE!! Maintenant dégage de mon chemin ! Espèce de sous-merde!!

La jeune femme pourtant assez mince balaya de son trajet l’homme de stature imposante d’un simple geste de son bras en le poussant sans même faire d’effort et ce fut elle qui monta à l’arrière du taxi en emmenant la pauvre Riley avec elle. Elle était tellement excédée et hors d'elle que sa respiration était chaotique comme toutes ses pensées qui s'entrechoquaient. Elle n'avait ni prit ses affaires, ni son violon, ni son trophée qui avait laissé une belle marque sur le visage de son père et lui avait éclaté l'arcade sourcilière avant de finir en poussière de cristal sur le sol. Elle ne parlait pas, elle semblait morte de l'intérieur, ses yeux avaient perdu tout éclat et son visage toujours si expressif et chaleureux était devenu impassible et sans aucune couleur.

Qu'est-ce qu'il venait de se produire ? La blonde avait l'impression d'avoir émergé d'un véritable cauchemars et pourtant, elle sentait la gravité de la situation. La violoniste était incapable de s'exprimer ou même de penser, elle sentait son cœur battre rapidement dans ses tympans et lui donner la sensation d'un tournis. Elle ne comprenait plus ce qui se passait et lorsque sa mère ouvrit la porte du taxi dans lequel elle s'était engouffrée avec rage pour voir comment elle allait, elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle sentit une nausée la submerger et qu'elle poussa la silhouette de sa mère de son passage pour aller vomir plus loin. Elle rejetait tellement ce qui était arrivé avec toute la force de son corps que ça se traduisait par de violent haut le cœur à la limite de pouvoir se tenir debout. Elle n'avait rien ingéré de contraire et ne se sentait pas droguée.

Malgré la foule de curieux agglutiné, la sirène des policiers tonitruante et sa mère et Riley qui était à ses côté pour voir ce qu'il se passait, Keiko semblait toujours hébétée par la situation, quant à l'état de sa main et les quelques entaille que le verre lui avait faites, elle ne ressentait aucune douleur. Elle n'avait pas non plus froid alors que l'ensemble de son corps était prit de violent tremblement. Elle se laissa sagement emmener jusqu'au commissariat de police et attendit dans une cellule, adossée contre le mur, elle ne savait pas combien de temps elle avait attendu, mais lorsqu'on revint la chercher en lui disant qu'elle avait de la chance d'avoir un père aussi compréhensif qui ne portait pas plainte, le sang qui avait coulé et maculé sa main de rouge était devenu sec et collant.

Hinata essayait de parler à sa fille, mais celle-ci semblait dans un autre monde, perdue à mille lieue d'ici et elle s'inquiéta de savoir si elle n'avait rien prit d'illégal. La virtuose fut emmenée à l'hôpital et elle ne réagit même pas à l'aiguille qui perçait sa peau pour récolter du sang en vue d'une analyse. Keiko était devenue une carapace vide d'émotion, incapable de parler et même d'expliquer son geste. Le pire était qu'elle ne ressentait aucune culpabilité en cet instant précis. Elle ignora ce que les médecins lui avait fait passé en intra-veineuse ou ce qu'il était advenu entre-temps de sa mère et de sa petite amie, mais elle fini par s'endormir profondément et se réveiller au matin suivant dans un lit qui n'était pas le sien mais dont elle reconnaissait parfaitement l'odeur des draps.

Instinctivement, elle tendit le bras vers la source de chaleur qui lui faisait dos et s'approcha pour venir poser une main sur sa hanche et regarder son visage pour voir si elle était réveillée ou pas.

- était ce réel ?

La musicienne sentait à présent sa main bandée lui lancer une pique de douleur qui lui répondit à la place de la rousse, cependant, si il y avait une toute petite lueur d'espoir que ça ne soit que le fruit de son imagination, elle attendait la réponse de Riley en la regardant avec des yeux suppliants.

Pourquoi ? Cette soirée devait être merveilleuse, Keiko s’était dit que ce serait le bon moment pour montrer à son père qu’elle méritait d’être aimée pour ce qu’elle était. Elle s’était surpassée pour offrir une prestation à la hauteur de ses attentes et le rendre fière et il n’en avait rien été. Non seulement, il campait sur sa position d’homme sorti de l’ère médiévale avec la seule idée en tête de la marier au plus vite avec un bon parti, mais en plus il avait piétiné ses rêves en les reléguant au rang d’enfantillage et pire que ça, il avait osé mettre plus bas que Terre la seule personne dans ce monde avec qui elle imaginait vieillir. La blonde ne le pardonnerait pas, cette nuit, tout le respect qu’elle pouvait avoir pour son père, tous l’amour qu’elle lui avait toujours témoigné, tout était parti en fumée sans espoir de pouvoir à nouveau lui faire confiance un jour.

Depuis toujours, La virtuose avait toujours su que ce n’était pas un homme bien, sa mère lui avait toujours tenu ce discourt et même Yuna avait été contre lui, mais elle voulait croire qu’au fond il pouvait changer. Elle avait cru que son père les aimaient sincèrement, qu’il voulait leur bonheur et que sous son air distant, il pensait à leur bien être et Keiko l’avait toujours défendu, lui avait toujours trouvé des excuses. Comment avait elle été aussi aveuglée et aussi idiote ? A présent que le voile était levé et que la réalité l’avait frappée, elle se sentait complètement brisée à l’intérieur.

Quelque chose en elle avait changé à tout jamais et elle ne pourrait plus être tout à fait la même à présent.

Riley était douce dans ses gestes et dans ses paroles, mais l’étudiante en musique comprit que ce n’était pas un cauchemars et que maintenant, elle allait devoir assumer son geste. Elle ne voulait pas avoir à se terrer jusqu’à la fin de ses jours, mais si sa carrière partait en fumée, elle n’avait pas de plan de rechange car elle avait toujours tout donner pour la musique et pour devenir musicienne. Elle rechercha l’étreinte de sa petite amie pour se blottir contre et répondre à sa question.
- Je me sens vide
Keiko se sentait mal de ne rien ressentir, mais elle ne se sentait ni joyeuse, ni triste, ni apeurée, ni coupable c’était comme si toutes les émotions glissaient sur elle. C’était bien la première fois que son visage était totalement inexpressif et elle ressemblait à ce moment à un mannequin de vitrine dans les grandes surfaces. Elle resta contre Riley un bon moment avant que des manifestations dans la cuisine lui indique qu’elles n’étaient pas seule dans l’appartement.

- Ma mère je présume ?

Elles furent bien obligées de se lever et au moment ou Keiko sorti de la pièce, Hinata qui était visiblement stressée fit irruption devant elle avec un visage mécontent et inquiet à la fois. C'était une évidence qu'elle n'avait pas dormi de toute la nuit avec les grosse cernes qui pendait sous ses yeux rougit par des larmes fantômes qui avaient été effacées.

- Keiko ! Mais qu’est-ce qui t’as pris ?
- Bonjour maman, tu as bien dormi ?

La violoniste évita la question et sa mère en la contournant pour aller dans la salle de bain prendre une douche. Hinata resta bouche béante avec un air choqué, pourquoi sa fille refusait de lui répondre ? Son inquiétude grandissait et elle reporta son attention sur la grande rousse.

- Et toi elle ne t’a rien dit ? Qu’est-ce qu’il s’est passé à la fin ? Pourquoi elle a éclaté son trophée sur la tête de son père ? Y a-t-il quelqu’un pour répondre à mes questions ?

Keiko ouvrit la porte de la salle de bain complètement nue sans même se gêner de la présence de sa mère ou de Riley à proximité, c’était comme si sa nudité ne l’atteignait même pas alors qu’habituellement elle était une femme très pudique.

- Il a menacé Riley et sa famille, c’est tout !

Keiko entra à nouveau dans la salle de bain en fermant la porte pendant que sa mère avait l’air furieuse, jamais elle n’avait eu de problème avec Keiko jusqu’ici, pas de crise d’adolescence, pas de dispute, pas de pétage de plombs jusqu’à maintenant.

- C’est tout ! Comment ça c’est tout ? Enfin Keiko ça ne peut pas être tout ! Tu te rends compte de la gravité de la situation ? Des retombées sur ta carrière ? Si quelqu'un accepte de lancer ta carrière après ça !

Aucune réponse ne parvint en retour, seul le bruit de la douche qui coulait se faisait entendre, mais Hinata était certaine que sa fille avait très bien entendu ce qu’elle disait et qu’elle choisissait de ne pas répondre face à perte de patience. Hinata se tourna vers Riley en écartant les bras.

- Et toi tu ne dis rien ? Bon, je vais voir ce que je peux faire pour que ça n’apparaisse pas dans tout les journaux et en parler directement à madame Pétrova avant qu’elle ne l’apprenne autrement ! Restez ici ! Je te confie ma fille !

Hinata avala le café qu’elle avait fait couler, attrapa ses affaire et parti comme un coup de vent fermant la porte d’entrée au moment ou sa fille sortait de la salle de bain avec les cheveux et le corps tout deux enroulés dans une serviette. Keiko avança en silence jusque dans la chambre pour s’asseoir sur le bord du lit avec les yeux vide.

Y avait-il réellement un fautif ou une fautive à toute cette histoire ? Si on recherchait vraiment la petite bête, on aurait pu dire que ça ne serait pas arrivé, si Keiko n’avait pas perdu son calme, si Riley n’avait pas joué les chevaliers blancs essayant de rattraper l’honneur de sa princesse et si son père n’avait pas proliférer des menaces à l’encontre d’innocents. La blonde ne cherchait même pas à remettre la faute sur quelqu’un, elle avait agit et il fallait qu’elle assume son acte aussi difficile ça allait être.

La violoniste ne pouvait pas fuir ses responsabilités et encore moins aller à l’encontre de ce qu’on allait lui demander de faire pour pouvoir effacer ses ennuis avec son père qui était à présent public. Elle se laissa tomber sur le dos regardant le plafond en entendant sa mère qui quittait l’appartement, elle soupira en se frottant l’arête du nez. La musicienne avait l’impression de s’être mise dans une situation assez délicate et elle se doutait qu’en sortir allait être très compliqué.

Toutefois, ce qui était fait ne pouvait pas disparaître d’un simple coup de baguette magique et cela même si sa mère disait avoir le bras long et des connaissances, son père n’était pas n’importe quel homme lambda, lui aussi était influent. Ce fut un doute qui l’assaillis, l’appartement entier était plongé dans le calme, est-ce que Riley aussi était partie ? L’avait ont laissée seule ? Face à ses doutes et à son erreur ?

La blonde se leva et ouvrit la porte de la chambre de Riley pour regarder tout autour, le roux des cheveux de sa petite amie si caractéristique la tranquillisa et elle s’approcha d’un pas feutré tel un chat sur le bout des coussinets pour venir poser une main sur le dessus de son crâne et enfouir ses doigts dans ses cheveux. Elle la voyait dépitée, prostrée sur elle-même, elle se demandait si la luthière avait ressenti cette tristesse lui déchirer le cœur en la voyant aussi inexpressive depuis hier.
Keiko passa ses bras autour de ses épaules et lui embrassa le cou. Cette nouvelle bataille, elles allaient la gagner ensemble.

- Je ferais ce qu’il faut pour que ça soit oublié, rassures toi !

Qu’entendait elle par cette phrase ? Simplement qu’elle était prête à se plier aux demandes faisables qu’on allait lui demander pour se faire pardonner. Peu importe si elle devait se sentir avilisse une fois de plus. Elle ne risquerait pas l’harmonie de son couple pour son amour propre et elle savait qu’elle devrait courber l’échine face à l’opinion publique.

Keiko sentit son corps se faire enlacer par des mains chaleureux et attirés vers un câlin qui l’était tout autant. La blonde reposa sa tête contre la poitrine de l’être chère, entendant le cœur de celle-ci battre à ses oreilles et elle ferma les yeux pour prendre une bouffée d’oxygène et se sentir libérée C’était comme si la canadienne avait prit la moitié de son fardeau, divisant le poids de sa culpabilité en deux avec cette simple phrase. La violoniste se sentait aimée, soutenue, apaisée. Le visage presser contre le cou et l’épaule de sa petite amie, elle y déposa ses lèvres tremblantes l’embrassant par besoin de sentir le contact encore un peu plus. Il n’y avait aucun autre endroit sur Terre où elle souhaitait être à part celui-ci.

- Moi non plus

La virtuose sentait qu’elle avait besoin de dire à Riley, qu’elle non plus ne la laisserait pas tomber et qu’elle serait là pour elle. Cette femme à ses côtés était tout ce dont elle avait besoin et elle voulait rester ici avec elle. Keiko n’imaginait pas retourner à l’académie et surtout devoir faire face aux mauvaises langues, car elle le savait bien. Certaines n’allaient pas se gêner pour ternir sa réputation et se servir de cet accident pour la traîner dans la boue. La musicienne n’avait pas le courage d’y faire face pour le moment et cela même avec le soutien de ses deux meilleures amies qui allaient probablement la défendre comme deux lionnes.

- Riley, est-ce que je peux rester avec toi, ici, quelques jours ?

Cet appartement, c’était le seul endroit où elle trouvait refuge et elle était prête à abandonner sa chambre quelques jours. Le temps de trouver la force de faire front face aux mauvaises langues et à toutes celles qui vont essayer de la piétiner moralement.

- Je n’ai envie de voir personne et pas envie de sortir d’ici non plus !

Keiko s’excusait intérieurement pour tous les messages qui restaient sans réponses de ses deux amies qui s’inquiétaient pour elle et devaient se faire un sang d’encre. Elle ne pouvait juste pas affronter leur regard pour le moment, c’était au-dessus de ses forces.

Keiko pouvait être soulagée grâce aux paroles de Riley qui acceptait qu’elle reste auprès d’elle. Elle savait dès lors que les jours qui allaient suivre allaient être les plus difficiles et qu’il faudrait qu’elle se remette en selle rapidement si elle ne voulait pas continuer de se morfondre et de broyer du noir en descendant dans le fond du trou pour ne plus jamais revoir la lumière. Elle enfoui son visage dans le cou de Riley et écouta sa proposition de commander et de regarder des séries, elle n’avait pas envie d’en faire plus. Elle avait l’impression que son cerveau se tenait prêt à exploser.

- OK on fait ça ! Je te laisse décider pour le repas et la série !

N’importe quoi ferait le boulot, elle n’avait pas spécialement faim et n’avait envie de rien, aucune série ne l’intéressait en voyant le catalogue, alors Riley serait plus douée pour faire un choix qui leur viderait l’esprit. La virtuose n’avait pas la tête à prendre aucune décision, c’était au-dessus de ses forces actuellement. Elle concéda à la demande de Riley et cela même si elle n’avait pas envie de devoir se replonger dans le récit des événements, elle était incapable pour le moment de mettre des mots cohérents sur ce qu’il s’était passé. Elle envoya un message vocal sur leur groupe partagé et ce fut bref, elle ne reconnu pas sa propre voix en l’écoutant.

Elle laissa Riley s’occuper d’aller chercher les plats pendant qu’elle était blottie sous le plaid et elle passa la journée entière contre Riley à ne se lever que pour aller à la toilette. Elle détestait être cette personne si misérable qu’elle avait l’impression d’être. Le silence était pesant et elle se sentait mal pour Riley, il fallait qu’elle se force un peu et qu’elle se remotive.

- J’ai envie d’aller faire le tour du quartier pour prendre l’air !

Le premier pas hors de l’appartement fut le plus difficile car elle avait l’impression de se sentir jugée par chacun des regards des passants, mais Riley était présente pour la soutenir et l’encourager et sortir lui fit un bien fou. Chaque jour après celui-ci lui donna de nouveaux défis, mais elle y arrivait et elle s’était promis de tout faire pour s’en sortir. Elle avait la possibilité de pouvoir compter sur plusieurs personnes pour la soutenir et l’aider à avancer. Un jour après l’autre pour sortir au bout du tunnel et récupérer sa vie.

Keiko serra doucement la main de Riley en signe de gratitude pour son soutien inébranlable. Elle sentait combien la canadienne essayait de lui apporter un peu de réconfort et de lumière dans cette période sombre de sa vie. Leurs doigts entrelacés transmettaient une chaleur apaisante à travers son corps, lui donnant le sentiment d'être moins seule dans son combat intérieur. Un sourire timide apparut sur le visage de la virtuose alors qu'elle répondait, d'une voix calme mais empreinte d'émotion.

- Je me sens si reconnaissante de t'avoir dans ma vie, de savoir que tu es là pour moi quand tout semble si chaotique.

Elle détourna brièvement les yeux pour observer la rue devant elles, avant de continuer.

- Je sais que je suis perdue en ce moment, que j'ai du mal à faire face à tout ce qui m'arrive. Mais avec toi à mes côtés, j'ai l'impression que je peux affronter tout cela peu à peu. Je veux être forte, pour toi aussi, pour nous. Mais je sais que je vais avoir besoin de temps pour faire le point et aller mieux, pour avancer.

Elle marqua une pause, inspirant profondément pour essayer de contenir ses émotions avant de reprendre.

- Je ne veux pas te faire de peine ni te pousser loin de moi. C'est juste que... je me sens si vulnérable en ce moment. Mais je suis prête à fournir des efforts, à me battre pour que tout redevienne comme avant, voire mieux.

Alors qu'elles avançaient ensemble dans la rue, la blonde sentait son cœur se serrer en réalisant à quel point sa petite amie était importante pour elle. Elle se promit de lui montrer à quel point elle l'aimait, même à travers les moments difficiles. Elle resserra sa prise sur la main de Riley et lui adressa un regard reconnaissant, cherchant à exprimer autant par ses gestes que par ses mots tout l'amour qu'elle éprouvait envers la rousse.

- Je t'aime tellement, merci d'être là, je ne pourrais pas demander mieux comme soutien et comme amour.

Heureusement, le soleil était bien plus fort que ces vilains nuages de pluie épais et bientôt les rayons perceraient de nouveau et réchaufferait tout ceux qui croiserait son sourire rayonnant qui la caractérisait.