Première patrouille [PV : Mila A. Chase]

Éveillée depuis un moment car elle n’arrivait pas à dormir plus longtemps, l’étudiante en section chant venait de terminer de revêtir son uniforme scolaire. Elle avait toujours préféré l’uniforme jupe, surtout en été pour son petit côté rafraichissant. A présent que l’uniforme était le même pour tout les élèves de l’académie des arts, il n’y avait que la couleur de leur cravate qui permettait de différencier les degrés et savoir au premier coup d’œil si on avait à faire à une primaire, collégienne, lycéenne ou étudiante à l’université, de plus, la première lettre de la section état brodée sur chaque uniforme. Elle termina de coiffer ses longs cheveux bouclés, indisciplinés à cause de la nuit dans un chignon d’où s’échappait quelques-unes de ses mèches qui descendaient dans sa nuque et son dos, refusant de se soumettre à l’autorité de l’élastique qu’elle avait utilisé.

Elle était pressée, elle avait laissé un précieux carnet de note par distraction dans la dernière classe où elle avait été la veille et il fallait qu’elle le récupère avant qu’il ne finisse dans les mains de quelqu’un d’autre. La plupart des filles ici se livraient un combat sournois et hypocrite pour être les meilleures et surpasser les autres. C’était la seule raison qui la poussait à accélérer le pas dans les couloirs pour une sorte de demi-course, Mila savait que courir était interdit, mais si son carnet avait déjà disparu de la circulation à ses yeux ce serait bien pire. Elle avait à peine avalé un petit déjeuner correct et prévoyait de se rattraper à la pause de dix heures pour croquer dans une pomme bien rouge et bien sucrée.
Habituellement, il n’y avait pas âme qui vive dans les bâtiments scolaires de l’académie à cette heure, mais Mila pouvait clairement entendre des pas derrière elle et instinctivement elle voulut augmenter sa vitesse par peur d’avoir été suivie, une sorte d’instinct de survie, de sentiment d’être une proie chassée par un carnivore. Elle ne regarda pas où elle posait son pied et n’eut pas immédiatement le réflexe de se rattraper en basculant finissant donc sa course dans un bruit de fatras sur le sol en poussant un cri de détresse.

La fille de ferme n’était pourtant pas aussi maladroite que cela, ce n’était vraiment pas de chance et elle s’assit sur le sol en grimaçant venant passer sa main sur sa cheville douloureuse qui s’était tordue dans sa chute. Mila avait l’air pitoyable assise sur le sol, il ne manquait plus qu’elle se soit cassé la cheville pour que sa journée soit ironiquement parfaite.

La jeune chanteuse se tenait la cheville, la sensation douloureuse qui s'en échappait à chaque fois qu'elle sentait son cœur battre dedans ne lui disait rien qui vaille. Mila n'osait pas enlever sa chaussure et sa chaussette, mais elle pouvait sentir que sa cheville enflait et qu'elle avait trop mal pour se mettre debout et s'appuyer dessus. Elle priait pour que ça ne soit pas fracturé, le campus était assez conséquent en terme de grandeur et s'y déplacer avec des béquilles devrait être fatiguant. Elle n'eut pas le temps de se poser plus de question puisqu'elle vit quelqu'un apparaître pour lui porter secours et qu'elle n'eut d'autre choix que de s'y agripper pour se faire soulever telle une princesse de conte de fée, mais avec le sein broyé dans la main de sa sauveuse.

La douleur ressentie à sa cheville n'était déjà pas agréable, mais se faire agrippé le sein l'était tout autant et lui arracha un piaillement accompagné d'un froncement de sourcils. Elle ne connaissait pas cette personne, mais au moins elle l'aidait. Toutefois, en son fort intérieur, elle se demandait bien pourquoi cette femme ne l'avait simplement pas mise sur son dos. Mila n'était pas ce qu'on pouvait appelé grosse, mais elle ne se qualifiait pas non plus de poids plume alors avec ses fesses qui pendaient dans le vide, la porter telle un chevalier servant ne devait pas se révéler facile en plus de risquer de faire basculer sa porteuse en avant et se faire écraser.

- Oui, merci d'être intervenue aussi vite. Y a t'il moyen de desserrer votre main sur mon sein parce que ça me fait mal ! Si je passe mes bras autour de votre cou vous pourrez mettre votre main dans mon dos

L'infirmerie était située à l'étage, mais Mila remarqua qu'elles ne semblaient pas s'engager sur le chemin le plus rapide, mais faire un détour. Elle pointa une direction du doigt sans trop gesticuler, l'étudiante ne voulait pas déséquilibrer son héroïne. Elle devait être nouvelle dans l'académie parce que Mila ne se souvenait pas de l'avoir vue avant et elle avait une très bonne mémoire des visages.

- Si vous prenez à gauche vous allez faire un plus grand détour, il faut continuer tout droit et tourner à droite