Un peu d'amusement [Libre]

Assisse a un bar, un petit sourire au bord des lèvres, Nadeen faisait tourner le liquide présent dans son verre de whisky. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas refréquenté un bar, depuis que toute cette histoire avec l’ASI avait commencé en fait, elle buvait bien un verre de temps à autre chez elle ou le soir dans son bureau, mais rien a voir avec la consommation qui avait suivit sa blessure et son incapacité à poursuivre la compétition et ses rêves. Elle avait enchainé les bars à cette époque, se laissant totalement aller, ayant perdu tout objectif qu’elle pouvait avoir. Cela l’avait conduit à des coups d’un soir à plusieurs reprises, elle qui n’avait même pas eu un copain ou une copine avant ça.

Aujourd’hui encore, elle pouvait ressentir au fond d’elle un reste de tristesse, les derniers fragments de ses rêves et espoir brisée. Elle qui voulait établir un nouveau recors de médaille olympique, et qui y était bien partie, en ayant quatre en or à son actif avant sa blessure. Tout ça était parti en fumée comme si de rien était, ne la laissant qu’avec une gloire passée. Heureusement, aujourd’hui, elle avait un nouveau but dans la vie, en tant que directrice de l’Académie des Sports International, elle comptait bien réussir sa nouvelle mission de former les prodiges de demain, et qui sait, peut-être même qu’elle parviendrait à trouver une jeune fille en natation a qui elle pourrait confier son ancien rêve.

Malgré tout, cela n’allait pas l’empêcher de s’amuser de temps en temps, tout en restant plus raisonnable qu’à l’époque bien sûr. Prenant une gorgée de l’alcool, elle jeta un coup d’œil dans l’établissement, certaines étaient en train de danser sur de la musique, d’autre se draguer ouvertement, et d’autre encore buvait tranquillement comme elle, on retrouvait un peu de tout ici. Finissant son verre, elle se demanda si elle devait en reprendre un ou aller s’amuser un peu sur la piste de danse.

Cela l’avait prise par surprise. La pluie s’était intensifiée si rapidement que la jeune professeure de sciences avait tout juste eu le temps de rentrer dans un établissement avant de se retrouver complètement trempée. Dans la précipitation, la jeune rosée était rentrée dans un bar, un endroit qu’elle n’avait pour ainsi dire, pas l’habitude de fréquenter, surtout lorsqu’on savait qu’elle ne consommait pas d’alcool. La dernière fois, c’était ses camarades qui avaient insisté après le retour de leur dernière mission et avant son départ pour l’étranger. Malgré leur insistance, Jenna était restée sobre cette soirée-là. Ayant un peu l’air ridicule à être plantée en plein milieu de la salle, elle s’empressa d’aller commander et de s’installer.

« Juste un coca s’il vous plait, sans glaçons. »

Pendant qu’on la servait, Jenna entreprit de faire connaissance avec ses voisins de table. La pluie n’allait pas s’arrêter de sitôt et la jeune femme serait sûrement bloquée ici pendant plusieurs heures. Certains s’amusaient sur la piste de danse tandis que d’autres étaient juste tranquillement attablés à siroter leur verre. Jenna n’avait jamais été une bonne danseuse, ce n’était pas quelque chose qu’on lui avait appris, sans doute parce que ça ne permettait pas de sauver les vies. Elle tourna son regard vers sa gauche et tomba sur une femme plutôt grande, finement taillée et aux longs cheveux argentés. Elle continua de l’observer avant de réaliser que ce visage lui était clairement familier.

« Nadeen Hasakura ? »

La stupeur de Jenna était en partie justifiée puisque les deux femmes ne s’étaient jamais vraiment rencontrées en personne. D’ailleurs, la première impression qu’elle eut de la nageuse fut une Léna très enragée de ne pas pouvoir rencontrer son homologue puisqu’elle n’était quasiment jamais dans son bureau.

« Je m’appelle Jenna Alena. C’est moi qui assure les cours de sciences à l’A.S.I. Il me semble que l’on n’ait jamais pris le temps de se parler en personne. »

Ne sachant pas réellement l’attitude à adopter face à cette rencontre surprise, Jenna alla au plus simple en lui tendant son unique main.

« Enchantée. »


@Nadeen Hasakura

Nadeen tourna la tête en direction de la voix quand elle entendit son nom complet être prononcé. Ce n’était pas étonnant en soit qu’on la reconnaisse, elle avait tout de même porté sur ses épaules l’espoir de la natation japonaise il y a quelques années. Cependant, avec ses cheveux teintés, elle n’aurait pas pensé qu’on la reconnaitrait de manière aussi fragrance dans un bar, bon elle n’essayait pas non plus de se cacher en même temps.

La tête qui avait prononcé son nom ne lui était pas inconnu, mais pas moyen de remettre un nom en particulier dessus… Cependant, elle était sûr d’avoir déjà vu ce visage et cette couleur de cheveux quelque part… sur une photo ? dans un de ces dossiers peut-être ? Ah c’était une des professeurs de l’A.S.I, mais elle n’avait pas encore retenu l’appellation de tout le monde, surtout qu’elle avait vu et accepté pas mal de professeur en même temps à l’ouverture de son école, certain avait même été accepté sans entretient s’ils avaient un bon dossier et des recommandation.

Heureusement, cette dernière se présenta par elle-même, et maintenant qu’elle avait le nom, le reste du profil de la jeune femme lui revenait en tête en même temps que son dossier, elle faisait parti des professeurs qu’elle n’avait pas vu en effet. Eh bien, il y avait sans doute bien comme première rencontre que d’être dans un bar alors qu’elle avait un verre d’alcool vide à la main mais bon, c’était toujours mieux que rien.

- En effet, on n’avait pas encore pu se voir, il faut dire que l’ouverture de l’A.S.I. a été assez rapide, et l’embauche du personnel avec même si on a fait attention de prendre les meilleurs, je n’ai donc pas pu rencontrer tout le monde.

Nadeen lui serra la main que Jenna avait tendu, elle devait bien avouer que la situation était un peu gênante, et la directrice ne savait pas vraiment comment enchainer. Dans son bureau, elle aurait simplement demandé si ça allait bien dans l’établissement, si elle n’avait pas de problème avec ses classes ou autre, mais ici, elle n’était pas sûr que c’était le meilleurs moment pour ça, au final, elle se laissa simplement aller et se lança sur des sujets plus simple.

- Je ne pensais pas rencontrer une de mes employés pour la première fois dans un bar, vous venez souvent ici ou c’est pour une raison particulière ? demanda-t-elle avant d’ajouter. « Ah et ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous juger ou autre en fonction de votre réponse, vous faites ce que vous voulez de votre vie privée du moment que vous faites le travail que j’attends de vous a l’A.S.I. »

Il est vrai que l’embauche de Jenna avait été assuré par la directrice de l’Académie des Arts. D’ailleurs, avant d’arriver au Japon, la jeune rosée ne savait même pas qu’il y avait en réalité deux établissements. Elle avait du visiter le complexe un peu sur le tas et avait eu l’impression d’être dans l’une de ses missions de reconnaissance. Cela dit, Jenna s’était bien vite habituée à son milieu et elle avait pris ses marques assez rapidement. On en attendait pas moins d’une ancienne soldate dont la grande adaptabilité était un de ses principaux atouts…si on excluait son imposante poitrine bien entendu…

« Oui Mme Pétrova m’avait dit cela également. D’ailleurs, la dernière fois, elle vous cherchait partout dans l’école. Je l’ai conduite à votre bureau mais vous n’y étiez pas. Je ne sais pas quel passif vous entretenez avec la directrice de l’Académie des Arts mais elle avait l’air plutôt furieuse. »

Quant à sa présence, elle était totalement fortuite. Jenna avait simplement été prise de court par la météo changeante et s’était littéralement abritée dans le premier établissement qu’elle avait rencontré. Cela aurait pu être un magasin, un lavoir, une banque mais le hasard avait fait qu’elle se trouvait ici.

« Je n’ai pas voulu me retrouver trempée. J’ai poussé la première porte qui était à ma portée et me voilà ici. Pour tout vous dire, je n’ai jamais consommé d’alcool alors les seules fois où j’ai fréquenté les bars s’étaient parce que mes camarades russes insistaient pour fêter un quelconque évènement. Et même à ces occasions, je m’abstenais. Donc pas de risque à ce que je mêle alcool et travail. » Termina-t-elle en plaisantant.

Jenna semblait parler d’une époque lointaine. En l’occurrence, une chaine pendait à son cou au bord de laquelle était accroché deux plaques qu’elle arborait lorsqu’elle officiait encore dans l’armée. Un vestige de sa vie passée tumultueuse qui lui rappelait malgré tout de bons moments. Elle fixa un instant le verre de l’ancienne nageuse olympique avant de lui retourner la question.

« Et vous ? Ca vous arrive souvent de fréquenter les bars sur votre temps libre ? » Posa-t-elle innocemment.

@Nadeen Hasakura

Nadeen fit un petit sourire en entendant que la directrice de l’académie des arts l’avait visiblement cherché partout dans l’établissement sans la trouver.

- Je n’ai aucun passif avec elle en soit, je ne la connais même pas tant que ça, mais je constate que visiblement, cette dernière doit avoir pas mal de temps libre pour me chercher partout, ce qui n’est pas mon cas malheureusement. Si elle avait fixé un rendez-vous ou qu’elle avait au moins pensé à me prévenir à l’avance, elle n’aurait pas eu ce problème.

L’ancienne championne olympique ne put s’empêcher de faire un peu de sarcasme quand elle entendit parler de Lena, surtout qu’au final, elle n’avait rien dit de fondamentalement faux. Buvant une gorgée de son verre, Nadeen écouta son employé expliquer les raisons de sa présence en ce lieu. Ainsi donc, il avait commencé à pleuvoir devoir, où peut-être que cela faisait déjà un moment, il n’était pas impossible qu’elle ait perdu la notion du temps… Ainsi donc Jenna ne buvait pas, et bien, au moins elle n’avait pas à craindre quoi que ce soit pour les cours qu’elle donnerait, pas que craignais quelque chose à la base de toute façon. En revanche, cela voulait dire que cette dernière n’était pas vraiment la partenaire de buverie idéale, mais bon, ça n’avait pas vraiment d’importance.

- Depuis ma blessure ça m’arrive de temps en temps. Je n’ai plus vraiment besoin de maintenir une hygiène de vie parfaire puisque je ne pourrais de toute façon plus jamais faire de compétition. Alors bon, autant profiter de ce que je n’ai pas pu dans ma jeunesse.

Bien que le temps eût passé depuis, elle était toujours un peu amère quand elle parlait de sa blessure. Si seulement cela ne c’était pas produit, si seulement elle pouvait continuer sa chasse aux médailles… Enfin bon, elle préféra noyer toutes ses pensées en reprenant une gorgée.

- Si je me souviens bien de votre cv, vous êtes une ancienne militaire, votre jeunesse n’a pas forcement du être facile non plus n’est-ce pas ?

Nadeen ne connaissait pas vraiment les conditions et qualification nécessaire pour devenir militaire, mais si elle n’avait sans doute pas subi les mêmes restrictions que la nageuse sur l’alcool, la nourriture ou autre, elle avait sanas doute subit un entrainement physique encore plus important et avait du être témoin de pas mal d’horreur.

Jenna était à peu près au courant des déboires qu’avait subi son interlocutrice ou du moins, autant que le serait n’importe qui s’intéressant un peu au sport. La jeune rosée savait que les sportifs de haut niveau prenaient leur retraite bien avant n’importe quel autre métier mais dans le cas de Nadeen, cela s’était fait malgré elle. Ce n’était sans doute pas le moment de compatir, Jenna aurait simplement l’impression de remuer le couteau dans la plaie. Cependant, la professeure de sciences était contente de voir que la directrice s’était trouvée un nouveau sens à sa vie.

« Je suis d’accord avec vous. J’ai préféré voir le bon côté des choses et tourner la page. Tout comme vous, il y a un tas de choses que je n’ai jamais vraiment pu faire alors c’est peut-être le moment d’en profiter. Je découvre et redécouvre chaque jour des choses. En fait, ça fait du bien de voir des visages joyeux autour de soi. »

Jenna ponctua sa phrase d’un sourire avant de porter machinalement la main sur les plaques qu’elle portait autour du cou. Combien de gens avait-elle vu mourir ? Sans doute beaucoup trop. Se réveiller chaque jour dans son lit, ne pas avoir à monter la garde ou à être sans cesse sur le qui-vive. Cette vie-là…était plaisante aussi. Pour autant, la jeune russe ne regrettait pas son ancienne vie et sans doute que si elle avait l’opportunité de recommencer, elle le ferait sans hésiter. Son accident lui avait finalement appris à pouvoir vivre normalement et quelque part, cela lui faisait du bien.

« Oh je n’ai jamais vraiment manqué de rien quand j’étais jeune. Mes parents étaient aimants et je m’étais mis en tête de suivre les pas de mon père dans l’armée. Mais bon, vous savez, entre ce qu’on imagine et la réalité, il y a parfois un grand fossé. Néanmoins, je me suis accrochée et j’ai commencé à apprécier mon travail…enfin, toutes proportions gardées bien sûr. Ce n’est jamais facile d’appuyer sur la gâchette mais parfois on a pas vraiment le choix. Malgré tout, l’armée m’a permis de faire de belles rencontres et malgré ce qui m’est arrivé, je n’ai pas vraiment de regrets. »

C’est vrai, Jenna s’en était pas trop mal sortie finalement. Le pire aurait été si elle en avait gardé des séquelles cérébrales. Heureusement, ses capacités cognitives étaient restées intactes et elle avait eu plutôt de la chance que ses organes vitaux n’aient pas été touchés. Et puis…elle avait reçu la plus haute distinction qu’un soldat pouvait avoir et certains la traitaient même d’héroïne nationale, y compris Léna.

« En y réfléchissant, je me demande ce que j’aurais fait si je n’avais pas embrassé une carrière
militaire. Il y avait bien ces gens-là qui venaient de temps en temps pour me courtiser mais bon, je n’avais pas tellement de temps pour les relations amoureuses vu qu’on était souvent en déplacement. D’ailleurs, c’est ça l’avantage. On visite pas mal de pays finalement et parfois de manière assez atypique. Un petit largage en parachute au milieu du Pacifique, ça vous aurait tenté, vous? »

Elle rigolait à nouveau. En y repensant, Jenna avait tout de même pas mal de bons moments et d’anecdotes à partager. Malgré son jeune âge, elle avait officié pendant près de dix ans mais elle avait parfois l’impression d’en avoir vécu le double. Sa carrière avait eu au moins le mérite de lui forger un mental d’acier à toute épreuve. Jenna s’était installée au Japon un peu par hasard finalement mais elle se plaisait bien désormais, d’autant plus que maintenant, elle avait une bonne raison d’y rester.

La différance entre fantasme et réalité, Nadeen ne pouvait pas être plus d’accord qu’elle ne l’était avec ce que disait Jenna. Comme il était facile d’idolâtrer un métier ou même une personne, mais la réalité derrière était bien surtout très différente de ce qu’on avait imaginé. Cela était vrai dans le monde su sport, et visiblement, ce l’était aussi dans l’armée. Cela semblait être une capacité de l’être humain que de d’enjoliver ce qu’on désirait. Après tout, ne dit-on pas que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin ? Beaucoup de personne maudisse leur boulot en rêvant d’autre chose sans même savoir concrètement ce que vouloir dire cette autre chose.

- Entre ce qu’on imagine et la réalité hein… On voit beaucoup de personne dans le sport qui se lance dans une discipline en rêvant de médaille, de victoire, parce qu’ils aime une discipline ou simplement par admiration envers une personne. Sur toute ceux qu’on voit, seul une infirme partie arrive véritablement à tenir leur objectif. Beaucoup finisse désillusionner par ce que veut vraiment dire faire de la compétition de haut niveau, de vouloir en faire leur métier. Quand ils voient des champions à la tété et qu’ils rêvent de faire pareil, il n’imagine pas les sacrifices qu’il faut faire pour en arriver là, la dureté et l’impitoyabilité de la compétition. Je ne compte plus le nombre de personne que j’ai vu arrêter parce que c’était plus dur que ce qu’ils pensaient. Je suppose que c’est pareil partout au final, dans le sport, dans le spectacle, dans l’armée et j’en passe… Au final, vous avez persévérée, vous avez eu assez de volonté pour ça et vous avez réussi ce que vous voulez réussir.

Le principal c’était que la rose n’avait pas re regret. Si on oubliait sa blessure, Nadeen non plus n’avait pas de regret. Elle fit un sourire quand elle entendit la question de la jeune femme.

- Si l’idée de faire du parachutisme ne me déplait pas, le faire une arme à la main, ça ne me tente pas particulièrement. Je ne nie pas l’importance de l’armée pour défendre un pays, surtout que les hommes sont incapables d’être en paix sans être prêt pour faire la guerre, mais je n’ai jamais été attiré par ça.

Nadeen repris une gorgée de son verre avant de le poser sur le comptoir, le faisant tourner pour observer le liquide faire de même.

- Et outre les relations amoureuses, il n’y avait rien qui vous tenter comme métier outre l’armée ? Une autre chose que vous aurez aimé faire ?

Nadeen avait bien raison en disant que c’était compliqué. C'est vrai que les spots publicitaires ne montraient souvent que le beau côté de la médaille et ce n'est que quand on fréquentait le milieu que l'on se rendait compte de la réalité des choses. Pour sa part, Jenna avait eu beaucoup de mal au début, le mode de vie de l’armée étant bien éloigné de ce qu'elle avait vécu dans son enfance.

« Ah oui…c'est sûr que la réalité n'est pas toujours telle qu'on la conçoit. A cause de mes exploits passés, il y a beaucoup de gens en Russie qui me reconnaissent et m’adulent en quelque sorte. La dernière fois, un père de famille est venu avec sa fille et cette dernière m'a fait un câlin en me remerciant d’avoir sauvé son papa. Je…C’était émouvant. »

C'était aussi pour ça qu'elle avait fait ce métier. Certes, beaucoup de gens y perdaient la vie mais on n'oubliait souvent le nombre de gens que l'on sauvait aussi. Finalement, les deux femmes possédaient des points en commun de par leur carrière passée bien qu'ayant évolué dans des milieux bien différents. Elles en étaient toutes deux sorties meurtries mais sans avoir abandonné leur vie pour autant. Dans le cas de Jenna, c’était même plutôt courageux de rayonner de bonheur après un tel accident.

« C’est le cas de le dire. En fait, ce n’est pas si horrible une fois qu’on s’est habitué au poids. En revanche, ce qui est contraignant c’est surtout d’éviter les tirs de dca pendant qu’on plonge dans le vide. Puis si le parachute est troué, à cette hauteur, même l’océan ne sauvera pas. Bref, tout cela pour dire que l’on a beau faire une multitude d’entrainements, on se rend compte que la réalité peut-être bien différente et je suis sûre que, d’une certaine manière, vous avez déjà connu ce sentiment. »

Une autre vocation ? En y réfléchissant, Jenna avait toujours aimé les sciences et aurait bien aimé faire carrière dans ce domaine si elle n’avait pas eu de vocation dans l’armée. Sans doute qu’elle aurait eu un travail beaucoup moins dangereux mais n’aurait peut-être pas pu faire d’aussi belles rencontres. Au fond, la jeune rosée avait le sentiment que si elle avait la chance de recommencer sa vie, elle aurait pris le même chemin.

« J’ai toujours été attiré par les étoiles. Peut-être que j’aurais fait des études pour devenir astronaute. Je suis une grande passionnée d’astrophysique. Après mon accident, j’ai senti que c’était pour moi l’occasion de changer de vie et d’aller de l’avant alors j’ai voyagé jusqu’à atterrir ici. Le cadre de vie me plait bien. Je suis encore un peu en phase d’adaptation et j’essaie de trouver mes marques. J’ai un peu de mal à aller vers les gens alors je ne connais pas encore grand monde. Et vous sinon. Y a-t-il une carrière qui vous aurait intéressée si vous n’aviez pas suivi le chemin du sport de haut niveau ? »

Nadeen ne pu faire qu’un sourire ironique en entendant la jeune femme dire que la réalité était bien différente de l’entrainement. En effet, même dans le sport, c’était aussi le cas. L’entrainement se faisait dans un contexte particulier. Pas de pression liée à la compétition, pas d’adversaire, pas de public, aux caméras rien de tout ça. Or, tout ces paramètres jouaient énormément sur les performances que pouvait avoir une athlète. On pouvait faire tous les entrainements du monde, absolument rien ne préparait les athlètes à la compétition de haut niveau, et rien de préparer non plus à ce qui se passait après avec la pression médiatique. S’il y avait bien un point que la soldate n’avait sans doute pas connu, c’était ça. Quoi que, Nadeen ne connaissait pas le rang qu’elle avait dans l’armée, li était sans doute probable que les généraux subissent une certaine pression médiatique, mais cela n’était sans doute rien comparé à ce que subissait des personnalités publiques comme les sportifs ou les personnes du spectacle. Acclamé si vous réussissez, honnis si vous échouez dans les deux cas, le poids de cette pression ne faisait qu’augmenter.

Alors que la rose lui retournait sa question, après avoir répondu qu’elle aimait les étoiles et aurait pu devenir astronaute, Nadeen se mit à réfléchir. La réalité était qu’elle ne s’en savait rien, et qu’elle n’en serait sans doute pas là aujourd’hui si elle savait. Depuis son enfance elle avait tout consacré à la natation, elle n’avait pas eu le temps d’avoir autre chose. C’était bien triste pour elle de voir qu’elle se connaissait si mal, elle n’était même pas capable de dire ce qu’elle aimait. Elle avait beau remonter aussi loin que possible dans ces souvenirs, elle ne rencontrer que le néant. Elle était comme une coquille vide, une coquille qu’on avait vidé de se qui faisait elle… Elle.

- J’ai beau réfléchir, je n’ai rien qui me vient à l’esprit, mais bon, j’ai tout le temps de me découvrir des passions maintenant que je ne fais plus que compétition. Je suppose que mon travail de directrice va se tasser avec le temps pour me laisser du temps libre.

Autant voir la vie du bon côté… Même elle avait du mal à y croire en disant ça, mais bon, elle n’avait pas le choix. Puisqu’elle était redevenue une page blanche, c’était qu’elle pouvait écrire dessus. Finissant son verre, elle posa un regard dessus, il était sans doute plus prudent qu’elle arrête là, elle pouvait déjà sentir l’alcool lui tourner légèrement la tête.

- Je crois que ça va être mon dernier, je ne sais même plus à combien j’en suis, et je ne tiens pas particulièrement bien l’alcool. J’ai pas trop envie qu’on me retrouve affaler sur mon bureau demain.

Finalement, Nadeen était plus ou moins dans la même situation que Jenna. Les deux femmes se cherchaient et essayaient de se plaire dans leur nouvelle vocation. Même si cette dernière avait été forcée, la rosée se disait que d'une certaine façon, ce n'était pas plus mal de lever le pied de temps en temps. C'était parfois compliqué de composer avec le contraste que lui offrait sa nouvelle vie avec l'ancienne. Jenna avait l'aptitude de considérer la plupart des problèmes comme relativement insignifiants. Tout lui paraissait si simple depuis qu'elle avait quitté l'armée malgré les séquelles que sa carrière lui avait laissée.

De son oeil unique, elle jaugea la directrice sur les quelques verres qu'elle s'envoyait. Jenna n'était pas tellement dans le jugement et à vrai dire, elle n'avait vraiment aucune expérience en matière d’alcool. Finalement, Jenna aimait bien Nadeen. Cela changeait avec le caractère plus autoritaire et froid de Léna (même si elle l’appréciait aussi). Peut-être qu’elle pourrait se lier d’amitié avec la directrice ? Cette fois, les deux femmes s’étaient rencontrées un peu par hasard mais peut-être que quelque chose de plus préparé serait sans doute plus chaleureux.

« On pourrait s’organiser une rencontre plus chaleureuse ? » Lança-t-elle innocemment. « Je veux dire, moins à l’improviste ! Je pense qu’il faut qu’on remplisse nos nouvelles vies de souvenirs positifs. Cela n’effacera pas le passé mais au moins, ça permettra de mieux le supporter.» Elle souriait.

Jenna regarda le verre de son œil unique. C’est vrai qu’on pouvait parfois être pris au dépourvu quand on quittait une vie aussi intense brusquement. Face à ce temps qu’elle ne possédait pas avant, la jeune rosée avait aussi parfois du mal à occuper ses journées alors que ces dernières étaient toujours rythmées par l’action.

« Ca va aller ? Vous voulez que je vous raccompagne ? Vous avez pris un parapluie ? Parce que moi non et la pluie ne semble pas vouloir s’arrêter.»

Est-ce que cela la dérangeait ? Pas vraiment. Elle avait passé des heures à patauger dans les rivières et la gadoue, ce n’était pas une petite pluie qui allait lui faire quoi que ce soit, c’était surtout pour son interlocutrice qu’elle s’inquiétait…même si l’idée de parcourir la ville sous la pluie en courant lui paraissait particulièrement amusant…Une idée enfantine, mais tout de même drôle.

@Nadeen Hasakura

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