KUZURIO OOTANI - VALIDÉE

Histoire : Chez les Ootani, on aime se moquer. L’on aime rire d’une chute, du malheur d’autrui ou de ce nouveau-né, qui vient de pointer le bout de son nez et qui, sûrement, n’avait pas été désiré. Elle se nomme Ootani Kuzurio, qui signifierait presque littéralement un glouton viril de la grande vallée. À peine venait-elle de naître que l’on se payait déjà sa tête, elle qui n’avait rien demandé. On la rallie déjà à cette espèce de mustélidé et on la veut masculine pour mieux se moquer. On montre son certificat à qui le veut bien, ou glousse et elle pleure. Mais là encore, il est difficile de savoir si ses larmes coulent, compte tenu de la petite fessée qu’elle a reçue puisqu’elle refusait de pleurer ou tout simplement parce qu’elle venait de comprendre combien elle était si mal tombée. Armée d’un courage inconnu et d’une fierté sans faille, Kuzurio prit place dans ce monde, décidée à se faire une place.

Benjamine de la fratrie, elle grandit comme unique fille d'Ootani Masahiro, dentiste qui se brosse les dents occasionnellement, d'Ootani Mayuri, femme qui n’a jamais travaillé et qui se paye la tête des non diplômés, sœur cadette d’Ootani Genkishi, sportif en devenir autoproclamé qui agonise après avoir monté deux marches d’un escalier et sœur ainée d'Ootani Yoru, présumé raffiné à qui le concept de ne pas marcher sur ses vêtements du lendemain avec ses chaussures, ne lui vient pas à l’idée. Chez les Ootani, tout n’est qu’apparence et on le vit bien. Sauf peut-être le glouton de la famille que trop peu « Ootanisé » pour s’imaginer toujours membre du foyer dans une dizaine d’années. Un cauchemar qui justifie peut-être le sérieux dont mademoiselle savait faire preuve dans sa scolarité. Mais elle restait moquée plutôt que de s’attirer les civilités. « Déjà qu’elle est vilaine, elle n’allait pas non plus être sotte » avait-elle déjà entendu lors d’un repas, ce qui semblait devoir être une plaisanterie. Une plaisanterie de mauvais goût qui, en fin de compte, n’en était pas une. Kuzurio ne s’en offusquait pas, que trop désabusée, mais brûlant d’une envie de se tirer. Comme toujours, elle avait encaissé, s’était tu et tâchait de convertir son amertume en une volonté qui, un jour, lui servirait à triompher.

Les années passent et la docilité de Kuzurio s’estompe. Pourtant muette, Kuzurio devient bavarde. Courtoise auparavant, effrontée à présent. Ne rendant plus ses devoirs et ne se rendant plus à l’école lors des examens importants malgré les appels incessants, elle double une année de primaire. La gamine civilisée devient la petite brute de la récré, non sans esquiver les sanctions d’un revers de la main en usant de l’éloquence et de pantins à peine dotés de leurs dents définitives, comme on en trouve dans chaque coin. La préadolescence lui fait défaut et pour les parents déjà en proie aux crises de ménage, ce n’est pas ce qui leur faut. Les gifles et les châtiments ne suffisent pas, alors on l’inscrit au judo pour lui apprendre discipline et rigueur et contre toute attente, Kuzurio y prends finalement goût. Quand bien même son sensei était plus impitoyable qu’un ouragan déchaînant ses vents, elle trouvait dans le judo, un moment de sérénité et de plénitude tout en se débarrassant de son énergie débordante. Un moyen de se détacher de sa colère constante. Tant et si bien qu’elle priât son père de la laisser continuer et mit sa fierté de côté. Il accepta, mais en échange, cette dernière se devrait d’apprendre d’un instrument. En guise d’accord, elle accepta à son tour et se vit alors entrer dans une école de piano et se vit alors devoir reprendre de son sérieux. Redoublant d’efforts à l’école de piano, on lui trouva comme un talent dans la musique classique et le jazz qui relevait, en réalité, plus d’une volonté à son paroxysme tandis que le judo lui, était une réelle aptitude. Gagnant quelques médailles d'or aux tournois nationaux des écoles élémentaires et du collège par-ci et remportant quelques prix lors de petites compétitions par-là, dans la famille, on se sentit soudainement pris d’estime pour elle, non sans faire fi des médisances du passé. Ce que Kuzurio n’avait pourtant pas oublié. Quand bien même la fatigue lui prit régulièrement et qu’elle dû commencer à se préoccuper de ses peines de cœur naissants, la vie lui parut soudainement plus belle. Peut-être même un peu trop. Alors, kuzurio s’était préparée au pire. Et en fin de compte, elle avait bien fait.

« Tu deviendras compositrice ». Trois simples mots qui eurent pourtant l’honneur de lui hérisser le peu de poil qu’elle avait sur ses gambettes. La voix de son père avait été douce et pourtant pas moins tranchante. Assez pour laisser entendre Kuzurio qu’elle n’avait d’autres choix que d’accepter. Quoiqu’elle l’aurait voulu, elle n’avait ni l’indépendance ni les moyens de se soustraire à ses choix et s’était donc pliée à sa volonté. Cependant, Kuzurio reste Kuzurio. Et Kuzurio n’est pas elle si elle n’a pas mille et une idée dans sa petite caboche. Elle avait donc répondu à l’affirmative avec l’un de ces sourires narquois et ce regard empli de sens, qui lui connaissait bien et avait donc continué d’exercer le piano.

Se pliant à leur exigence, Kuzurio se résolut à auditionner pour la splendide académie que ses parents lui avaient dégoté ses parents, bavant presque comme un saint-bernard. Munie d’une confiance et d’un sérieux hors pair, Kuzurio passa l’audition en usant de la Ballade n°1 de Chopin, qu’elle avait joué sans s’arrêter durant un temps considérable. Tout devait être parfait. Suprême. Si suprême qu’elle n’aurait pas à se morfondre, que Chopin s’offusquerait d’une telle habileté rivalisant sans contestes avec la sienne et que les notes feraient vibrer les oreilles de la pièce. Comme elle le voulu, elle joua la ballade à la perfection non sans s’autoriser quelquefois à lancer quelques regards tantôt acérés tantôt brûlant d’une lueur malicieuse presqu’imperceptible, aux membres du jury. Après tout, le spectacle n’est pas que le jeu d’une partition, mais toute une attitude et la demoiselle le fit comprendre sans aucun souci, se lançant dans une séduction intelligente qui lui offrit la satisfaction du jury. Sans aucune surprise, Kuzurio fut sélectionnée mais ne ressenti que la satisfaction d’une demoiselle qui avait dominé toute une audition. Elle s’était déjà sue avoir sa place dans l’académie pour son choix complexe de ballade et ses manières théâtrales dont elle avait usé.


en lui donnant le nom musclé de« Glouton viril » Masahiro avait voulu rire. Peut-être aurait-il dû s’abstenir et lui donner un nom plus joliet. Plus coquet. Car, peut-être que Kuzurio aurait voulu l’assumer en adoptant le comportement qu’il souhaitait transmettre au bébé, comme elle se préparait à le faire avec le sien. Le Glouton est réputé pour être l’animal le plus sauvage plus dangereux. Alors, elle en avait pris note. Son nom, Kuzurio comptait bien l’honorer.

Sans qu'il ne s'en aperçoive encore, Masahiro Ootani assistait, petit à petit, à la naissance d'une petite hantise, qui ne demandait qu'à faire de très grosses bêtises.

Caractère : Il dépend de chacun de se faire son propre avis sur la demoiselle, mais la tâche s’annonce fréquemment laborieuse. Les opinions changent, les membres de sa famille débattent et s’arrachent les cheveux à tenter de comprendre ce qu'ils nomment comme « l’incompréhensible ». Seulement, il y a un point sur lequel chacun n’a jamais cessé d’être d’accord avec l’autre : Dieu qu’elle est enquiquinante.

Et pour cause, mademoiselle ne cesse d’être en désaccord avec tout, quand bien même ses sourires courtois et sa serviabilité en extérieur et envers les aînés, sont indiscutables. « Marginale » est le terme que son père aurait aimé dire, mais qui lui reste dans la gorge, lui qui n’a jamais apprécié la différence de chacun et qui favorise la sobriété. Sa mère quant à elle a dit un jour qu’elle était « perturbée » que « l’adolescence lui jouait des tours. Qu’elle se remettrait bientôt sur pied » Son frère, ne cesse d’assurer que son genre à la naissance « s’est gouré de choix » et qu’il aurait mieux valu qu’elle naisse avec une excroissance entre les jambes, avec quoi elle aurait été le descendant parfait. Ce petit garçon dynamique, combatif et cérébrale. Car il avait dû le reconnaître, la bêtise chez elle –quoiqu’elle en fût fréquemment usage- n’avait d’approfondi que les crétineries que faisaient les enfants de son âge. Quand bien même il l’eut souhaité, sa fille n’était pas une arriérée, ce qui aurait pourtant pu, selon lui, expliquer une telle étrangeté. Alors, il ne cesse de la gronder, de la punir et de l’injurier, mais il y a un hic : elle n’en a rien à carrer. Du moins, c’est ce que l’on en déduit à force de la voir se curer l’oreille comme une fille ne devrait pas se le permettre. Alors on la traite de dégoutante, de négligée par le passé à toujours déchirer ses vêtements, quoiqu’elle demeure, aux événements d’importance, irréprochablement soignée, mais une fois encore, elle ne cesse de s’en ficher. Elle demeure indifférente, presque insensible et en rit même, c’est une grande comique sur qui les reproches ont pour habitude de rebondir et de retourner à l’envoyeur. Elle en a de la répartie et du flegme, autant que les traces de mains rouges se répartissant souvent sur ses deux joues-La franchise, ça ne plaît pas toujours-. Elle sait ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas et c’est cela qui l’importe.

Mais le problème, c’est qu’elle reste humaine et connaît quelquefois ses périodes de colère. Quoiqu’elle ne donne pas le premier coup, celle-ci, dans un conflit, fait tout pour en recevoir, après tout, il lui arrive d’être belliqueuse et de faire de ses mots des armes tranchantes. « Le mieux, c’est les mots, rien de corporel, mais une blessure interne qui ne se soigne pas » qu’elle a dit une fois. Qu’elle est cruelle, la rebelle. « Oui, mais quelquefois» assurera-elle. Râleuse invétérée, Autoritaire assurée, elle cumule les défauts comme elle collectionne les qualités. La perfection, ça la connaît, dès lors qu’on la considère défectueuse. Bien que casse-cou et maladroite, l’on retient plus d’elle sa désinvolture quasi à toute épreuve plutôt que ses blessures hebdomadaire. Avec l’autre, elle est agréable. Solaire à sa manière, étrange et sociable qui aime tout de même sa solitude. Désagréable mais présente, sarcastique mais comique. Dragueuse à ses heures perdues qui essuie les rejets avec un mouchoir qui aura été trempé dans ce qui s’appelle la « fierté », c’est un énergumène né.

En fin de compte, elle n'a rien de bien compliqué. Mais sa famille ne semble pas l’avoir remarqué.

Elle est simplement une collégienne aimant vivre sa vie comme elle l’entend, railler les gens de sa voix grave, marcher comme un gangster en jupe et pourtant scolarisée, qui met tout en œuvre pour avoir ce qu’elle souhaite quand bien même il lui faut parfois jouer de toutes les manières. Qui offre un amour coupable aux estampes subtilement salaces de son ascendant. Quoique désintéressée, il lui arrive d’être de bonne écoute et de ne parler que lorsque ses conseils sont sollicités. Elle apprécie le fair-play et respecte et l’honore quand bien même elle ne sait pas toujours en user. Parfois une bonne amie, parfois une ennemie à la Tom et Jerry.

Tout ceci, c’est Kuzuri –avec un triste o-.




Physique : C’est une grande fille partie pour être élancé. Que l’on repère parfois facilement, faute d’une démarche normale, d’un regard ordinaire et d’une attitude conforme. Et pour en rajouter, l’asperge future à une autre particularité. Ses dents, tant et si bien qu’on la croie descendante d’un cheval plutôt que d’un singe, à cause de leur massivité. Et pourtant, elles n’en restent pas moins belles, nacrées, mais supplice pour les aliments qui par elles, se font annihiler. Sa chevelure est longue, noire comme le jais ou le plumage d’un corbeau, pâlissant un peu plus sa peau dont la pâleur concurrence parfois Dracula, malgré ses petites et drôles de taches de rousseur. Ses yeux sont étrangement gris sans qu'elle ne puisse à ce jour en connaître la raison, son nez est droit et tout cela sur un visage long qu’elle aurait hérité de son aïeule.  

Malgré son manque de ce que l’on appelle féminité, il n’est pas rare de se surprendre à sniffer l’effluve de flore qu’elle dégage. Quoique son père puisse dire la dire négligée, son appréciation pour la bonne odeur lui fait prendre chaque matin et soir un bain de fleurs, pour la rendre plus parfumée qu’elle ne l’est encore, quand bien même sa garde-robe n’est pas très coquette et qu’elle apprécie la sobriété avec une touche discrète ou non d’excentricité.

Sa voix est grave mais claire. Tantôt suave, tantôt gutturale, au téléphone, il arrive qu’on la confonde avec son frère, ce qui l’amuse parfois, mais la faire également grommeler. Elle « vaut mieux que ça ». Leur voix « diffèrent » ne cesse-t-elle de se répéter. Mais oui. Elle vaut mieux que ça. Mais non, sa voix ne diffère pas. Leur voix sont similaire et la seule chose qui diffère est leur physionomie respective. Au grand dam de celui-ci, elle est et demeurera toujours la plus impressionnante et la plus effrayante, compte tenu de son regard d’acier, de sa denture indétrônable et de sa démarche lourde. Il est plus beau et longiligne, elle est moins gracieuse et plus athlétique, mais elle reste plus confiante et de ce fait, plus éclatante.

Kazurio s’aime à sa juste valeur dit-elle. Elle ne troquerait pour rien au monde son apparence parfois rustre pour celle d’un modèle en première page d’un magazine. Elle sait que dans ce monde, quand bien même la majorité la trouvera peu agréable à regarder, une ou plusieurs penseront à l’opposé. Elle se trouve charmante et c’est son opinion qui comptera toujours en premier.





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