Quand ça fait mal de vivre sans toi [libre]

Le si beau soleil et la canicule qui l'accompagnait avait prit fin aussi abruptement que son idylle naissante. Il n'y avait plus que les nuages d'orage de couleur noir comme du charbon et cette pluie qui battait le sol, qui, sec et dur comme du béton laissait ruisseler l'eau comme un torrent. Il ne faisait pas froid malgré ce temps affreux et la blonde en robe légère était assise sous l'aubette du bus qui avait effectué son dernier passage de la journée un peu plus tôt.

A la vue de sa robe trempée et collant à sa peau qui laissait par la transparence du tissus deviner allègrement ses formes féminines habituellement masquées sous son uniforme à la coupe carrée, l'ancienne présidente s'était complètement laissée surprendre par l'averse torrentielle. Elle était seule sous cet abris de fortune et pouvait profiter de ce laps temps pour évacuer tout ce qu'elle avait retenu en elle jusqu'alors et ce loin des yeux et des oreilles indiscrètes.

Le visage de Keiko et ses yeux étaient les seules preuves qu'elle avait déjà beaucoup pleuré et kami-sama seul savait que le bruit de la pluie avait couverts et ses sanglots de tristesse et de désespoir, mais également les cris de frustrations et de colère. L'étudiante ne comprenait tout simplement pas, qu'avait-elle fait pour ne mériter aucune explication ?

La professeure d'art s'était simplement effacée de son existence, du jour au lendemain son tout nouvel appartement avait été vidé de tous les meubles et remis en location. Les SMS et les appels tombaient sur un numéro d'erreur qui lui répétait en boucle que le numéro n'était pas attribué. L'inquiétude et les doutes, l'attente même d'un message avait laissé peu à peu place à un sentiment d'abandon.

Azami Tamura l'avait tout simplement abandonné et sans même se retourner, sans un mot, sans un regard. Si même elle avait pu savoir que les derniers moments en sa présence auraient été les seuls instants de paix avec ses sentiments, peut-être l'aurait elle couverts de baiser, elle lui aurait répété à quel point elle l'aimait, elle se serait forcée à rester éveillée durant toute la nuit pour entendre sa voix lui dire des mots si doux. Les avaient-elles même pensés un jour ? Elle lui avait demandé de l'attendre et Keiko l'avait attendue sans se poser de question. Elle était ensuite revenue passer quelques jours avec elle et agir comme-ci tout allait parfaitement bien avant de s'envoler dans la nature sans laisser aucune trace de son passage.

Ce moment de pluie ou l'orage grondait, c'était son moment pour pouvoir tout évacuer et reprendre à zéro. La peintre lui avait brisé le cœur en partant de cette façon, mais, elle n'abandonnerait pas son rêve et ses espoirs pour cela. Elle n'était plus une enfant à présent et si son cœur saignait, il finirait bien par cicatriser en laissant cette horrible et amère déception s'estomper petit à petit et peut-être ne plus faire souffrir son esprit.

Elle n'était pas la seule personne dans l'univers à avoir goûté à la blessure d'amour et elle savait qu'à l'avenir cela pourrait encore lui arriver. La question c'était de savoir comment elle pouvait s'en protéger ? A force de pleurer, sa tête lui faisait atrocement mal et ses tempes battaient. Elle profita d'être seule, bercée par le bruit de la pluie et de l'orage qui ne l'avait jamais effrayé et se laissa emporter dans un moment de méditation.

La blonde avait fermé ses paupières qui semblaient peser une tonne et voyageait loin dans ses pensées, son souffle était redevenu régulier et lent. L'eau n'allait pas finir de si tôt de tomber du ciel.

J'avais du travailler ce jour ci, j'aurais de loin préféré passer ma journée dans les bras de Mee ou me défouler avec Saejin, ou bien même chanter en m'entrainant au piano que je m'obstine à apprendre et maitriser depuis environ 1 ans.
Malgré tout, mon patron avait eut un malheureux accident et avait eu besoin de moi à la dernière minute. Parait que sa femme c'est cassée la figure dans les escaliers. Enfin.. mes heures allaient être comptées comme supplémentaires alors si ça peut me permettre de faire un peu de shopping, j'allais pas dire non ! Ma petite-amie allait bien pouvoir s'occuper sans moi, et puis je me rattraperais si ça la contrarie vraiment..

Avec tout ça, la pluie et l'orage c'était pointés, j'avais prévue le coup avec un parapluie. Je marchais en évitant les grosses flaques d'eau pouvant inonder mes chaussures et passais devant l'abris bus. J'y vis une jeune femme trempée jusqu'aux os. Le dernier bus était pas déjà passé..? Je me pinçais la lèvre, éprise d'une hésitation et décidais finalement de m'avancer jusqu'à elle.

A sa posture et à ses paupières fermées, je me dis qu'elle devait peut-être dormir. Quelle idée ! Dans cette tenue et par un temps pareil sous un abris bus. Tant pis si je l'avais réveillée ! Il valait mieux que ce soit moi plutôt qu'un pervers non ? Savait-on jamais ! Attendant l'espace de quelque secondes une quelconque réaction, les traits délicats de son visage et sa chevelure blonde me disait quelque chose.. Mais je pouvais très bien me tromper.

-Hey ! Tout va bien..? Tu vas attraper froid comme ça.

Je lui aurais bien proposer ma veste en jean mais même si on doit avoir environ la même épaisseur, elle n'en ai pas moins plus grande que moi.

Si elle en avait bien l'air, elle ne dormait pas le moins du monde et dès que la voix d'une jeune-fille s'adressant probablement à elle puisqu'il n'y avait quiconque dans les parages s'éleva, elle ouvrit lentement ses yeux rougit et encore embrumé par des larmes qui ne coulaient plus. La tristesse se voyait ouvertement sur son visage et pourtant, elle s'efforçait de garder toute sa douceur en posant son regard gris d'acier sur la frêle jeune-femme munie d'un parapluie. Elle ne lui était pas inconnue de visuel et était certaine malgré l'absence d'uniforme qu'elle étudiait à la même académie. Entendre l'inquiétude dans la voix de cette demoiselle la fit sourire, un sourire tendre et sincère.

- C'est possible, oui, je me suis laissée surprendre par la pluie alors je suis venue me réfugier ici en attendant que ça se calme.

Et qu'elle-même se calme, elle ne pouvait pas rentrer à l'académie en pleurs cela allait forcément soulever des questions auxquelles elle ne voulait pas répondre. Elle baissa son regard sur sa robe détrempée, ses cheveux étaient dans le même état et elle n'avait rien fait pour essayer de se sécher un peu. Elle ne savait pas trop que faire en l'état des choses.

- J'aurais dû être plus prévoyante et prendre un parapluie, est-ce que par hasard tu rentres au dortoir de l'académie ? Puis-je abuser de ta gentillesse et profiter de la sécurité de ton parapluie ?

Elle n'avait aucune envie d'être souffrante, l'idée même d'être clouée au lit à ressasser ses démons suffisait à avoir envie de se tremper dans un bon bain chaud et remplis de mousse. La violoniste se redressa doucement, le tissus de sa robe collant un peu plus et l'eau dégoulinant sur ses jambes tombant gouttes à gouttes. Elle essora sur mieux qu'elle pu avec ses mains le tissus de sa robe et ses cheveux blond.

Au final elle ouvrit les yeux, peut-être qu'elle ne dormait pas en fin de compte ? Dans tous les cas on est jamais trop prudente et ça me soulagea un peu, bien que je ne laissais rien paraitre, contrairement à mon inquiétude un peu plus tôt.

Elle était si trempée qu'elle en dégoulinait.. Si elle se choppait pas un de ses rhumes, je veux bien échanger mon système immunitaire contre le sien !
Regardant son visage triste et son air abattu, je l'écoutais.

-Si tu dois attendre que ça se calme, tu n'es pas rentrée si tu veux mon avis.

Les goutes tombaient fort sur le tissu imperméable qui me protégeait et je le toisais en levant la tete quand la jeune femme me demanda si je rentrais à l'académie et si on pouvait partager le parapluie. J'avais pris la plus grande taille de parapluie pour qu'on puisse facilement se tenir dessous Mee et moi.

-Bien sûr. Viens.

Je lui faisais un petit signe de la main pour l'inviter sous le grand parapluie noir en levant un peu plus le manche pour qu'elle puisse s'y loger.

-Tu es quand même sûre que ça va..? T'as pas bonne mine.

La musicienne n'était pas sûre et certaine que la jeune-fille veuille bien l'accueillir sous son parapluie, après-tout elle avait complètement le droit de refuser et dans ce cas alors la blonde resterait à attendre sous l'aubette du bus qui lui offrait un abris sommaire contre le vent et la pluie. Elle avait l'air presque soulagée en découvrant qu'elle était réveillée, après-tout elle aurait très bien pu être victime d'un malaise ou quelque-chose dans le genre et fort heureusement ce n'était pas le cas. Keiko à la réponse de l'élève plus jeune se pencha pour lever les yeux au ciel, le bleu du ciel avait complètement disparu sous les gros nuages menaçant de l'orage qui se rapprochait de plus en plus et la pluie semblait en effet s'intensifier.

- Je n'avais pas pensé qu'il allait pleuvoir toute la journée, c'est triste !

En toute honnêteté, cette pluie avait été bienvenue et lui avait permis de se déchargé un peu le cœur et du trop de larmes qu'elle avait accumulé depuis quelques jours. Craquer, cela lui avait fait du bien et à présent elle se sentait beaucoup plus sereine même si il faudrait encore quelques crises de larmes et de cauchemars en pleine nuit pour réellement se remettre.

Elle acceptait et Keiko venait se loger en dessous, elle était plus grande que sa bonne samaritaine de passage et ce fut d'un ton tout à fait naturel qu'elle proposa.

- Tu veux que je tienne le parapluie au-dessus de nous ? C'est déjà bien gentil de me raccompagner, c'est la moindre des choses que je puisse faire.

Elle souffrait, elle avait mal au cœur, mais elle gardait son tempérament doux et elle n'en voulait pas à la terre entière. Ce qui était arrivé était tragique, triste, ça lui crevait le cœur, mais c'était des histoires qui arrivaient et elle aurait juste voulu en connaître la raison plutôt que de rester avec ses doutes et ses inquiétudes. Elle n'avait pas bonne mine, Keiko se doutait que la fille essayait d'adoucir ses pensées pour ne pas la blesser, la vérité était qu'elle devait paraître affreuse en ce moment avec ses cheveux trempés plaqué contre son visage et son dos, ses vêtements détrempés comme-ci elle s'était jetée du haut d'un pont sans parlé de son visage bouffi et de ses yeux rougit par les larmes.

Elle n'avait pas forcément envie d'aborder le sujet, mais elle savait que tourner autour du pot attiserait la curiosité et les questions.

- Quelqu'un que j'aimais beaucoup a disparu et ça me pèse sur la conscience et sur le cœur.

Je ne trouvais pas la pluie triste, ni l'orage, au contraire, hormis que l'eau avait tendance à me décoiffer, ce que je détestais VRAIMENT, c'était des éléments que j'adorais. Je pourrais littéralement vivre avec uniquement des orages mais pas de là à y prendre une douche comme.. ARRRR ! J'arrive pas à remettre le nom sur le visage ! Pourtant..

-Tu as quand même dû passer un bon bout de temps sous l'eau.

Acceptant en toute logique la demande de ma camarade et l'invitant à me rejoindre, elle se proposa à tenir l'abris mobile. Je sais que je suis petite, pas besoin de me le faire remarquer quand même... Avec une moue, j'acceptais.

-Si tu veux oui.. Ce sera plus pratique pour tout le monde j'imagine.

Même si elle m'avait gentiment fait remarquer ma petite taille, sans aucun doute en ne pensant pas à mal, je ne me voyais pas lui dire que son état faisait pitié. Sans compter que je m'étais plus d'une fois retrouver dans le même quand j'habitais encore aux USA. Mais pour des raisons différentes quand j'écoutais sa réponse.

-Ah..

Je ne savais pas trop quoi ajouter, le mot "disparu" avait beaucoup de sens et ce que je pourrais dire par la suite pourrait être une très grosse boulette. Mon air en disait long sur mon mal aise. En plus je pense pas être très douée pour remonter le moral..

-Hm.. On devrait aller tout de suite à l'académie pour éviter que tu attrapes mal.

Si elle avait passé un bon bout de temps sous l'eau ? Il était véridique que son état de détrempage le laissait paraître, mais en réalité ce n'était pas totalement le cas. La blonde était triste, mais pas suicidaire et comme l'adage le disait après la pluie, le beau temps allait revenir et elle espérait qu'après avoir pleuré, elle pourrait à nouveau sourire. Ce n'était pas un état de faiblesse qu'elle aimait montrer et si Azami était là, elle lui dirait qu'elle préférait la voir sourire. Pourquoi pensait-elle à ça ? Si la professeure d'art était avec elle, elle n'aurait jamais eu à pleurer ou à se sentir triste et désespérée. La présidente avait été sous une pluie forte et battante, mais elle avait cherché à se mettre un peu à l'abris.

- Je me suis retrouvée sous une pluie battante et j'étais relativement loin de l'aubette pour m'y mettre à l'abris, c'est pourquoi je ressemble plus à une serpillière vivante qu'à un être humain en ce moment.

La comparaison n'était pas très jolie et encore moins très sympathique pour elle-même, mais son amour propre était déjà au plus bas, alors ça ne ferait pas grande différence. Elle semblait pour une raison inconnue de la violoniste avoir été agacée. La musicienne remarquait très bien son visage, elle avait suffisamment fait partie du conseil des élèves pour voir et reconnaître les expressions des personnes qui l'entouraient. Elle ne pensait pas avoir dit ou eu un comportement déplacé, elle lui avait simplement proposé de prendre son parapluie par facilité. Est-ce qu'en dehors du Japon c'était une offense ?

- T'ai-je offensé ? Si c'est le cas j'en suis navrée, mais au Japon la coutume veut que ce soit les ainées qui prennent soin des plus jeunes et c'est cette raison qui m'a poussé à prendre le parapluie.

L'étudiante avait toujours été une personne franche surtout lorsqu'il s'agissait de ne pas blesser les sentiments de quelqu'un, elle n'aimait pas les non-dit et préférait dire la vérité plutôt que de rester sur une mauvaise interprétation qui pourrait laisser un froid. C'était une des nombreuses qualités dont on l'avait régulièrement félicité.

Le "Ah" gêné de la plus jeune lui indiqua simplement qu'elle ne savait pas comment réagir, mais que d'une certaine manière, elle compatissait. Les lèvres de Keiko s'étirèrent dans un sourire suivit d'un petit rire, c'était idiot mais la voir avec sa tête de chiot l'avait fait rire.

- Excuse-moi, je ne veux pas me moquer de toi, mais j'ai adoré l'expression de ton visage et je n'ai pas su m'empêcher de rire, vraiment, merci de ce moment ! J'étais assez désemparée, mais tu viens de refaire ma journée. Oui, oui rentrons donc ! Au fait, quel est le prénom de ma sauveuse ?

Effectivement.. Si elle avait été surprise par cette pluie diluvienne ce n'était pas si étonnant de la retrouver dans cet état. Cela dit, si elle restait ici aussi trempée, elle allait se chopper un sale rhume sinon pire.

Je secouais la tête pendant ses excuses. Ce n'était pas de sa faute, je m'étais vexée toute seule alors qu'elle faisait juste preuve d'aimabilité. J'avais oublié que les japonais étaient beaucoup plus pointilleux sur ce genre de sujets que nous, les américains ou tout du moins de mon petit coin d'USA où j'avais grandie.

-Non, c'est moi qui m'excuse. Chez moi, ça cachait toujours une espèce de sous-entendu et je me suis braquée. Tu n'as pas a t'en vouloir.

Le résumé de son histoire me désola et ne sut pas vraiment quoi dire. C'était difficile pour moi, m'étant volontairement écarter des gens, réconforter ceux-ci étaient quelque chose d'assez complexe. Je ne savais pas vraiment quels mots seraient les plus justes ou bien si il fallait se taire ou même enlacer ? Non c'était un art bien trop compliqué pour moi. Ou peut-etre pas ? Elle se mit à rire subitement et je relevait la tête, me demandant bien pourquoi se revirement de situation. Le rouge me monta alors aux joues quand j'écoutais la réponse de Keiko.
J'étais pathétique.. J'allais mourir de honte à chaque fois que je la croiserais. C'était sûr et certain !

-Ha-Haven..

Je détournais le regard pour regarder devant moi et surtout éviter ses yeux bleus.

-On.. On y va..?

La jeune fille qui était venue à son secours ne semblait pas être une mauvaise personne, présente pour profiter de son état plus que déplorable. L'ancienne présidente des élèves ne se sentait nullement mal à l'aise ou forcée de quoi que ce soit, elle aurait pu tomber sur d'autres élèves avec de bien pires intentions que celles de simplement la ramener au dortoir pour qu'elle puisse se sécher et passer des vêtements qui la couvriraient et la réchaufferaient. Elle s'était emportée en pensant que la violoniste avait pu se moquer de sa taille ou de sa force, il y avait bien des gens de la pire espèce capable de descendre quelqu'un pour si peu de chose qu'une taille un peu plus petite par rapport à la normale, mais la blonde n'en faisait pas partie et cette idée ne lui avait même pas effleuré un neurone.

- Les gens qui ont pu t'en faire la réflexion sont vraiment des personnes avec un esprit encore plus étroit et minuscule qu'un acarien !

Elle s'appelait Haven, et elle était timide , c'est le jugement qui vint à l'esprit de la musicienne alors qu'elle voyait son visage devenir de plus en plus rouge et que ces yeux ne semblaient pas vouloir se poser fixement sur elle.

- C'est un très beau prénom, tes parents ont très bien choisi, il te va à ravir ! Je m'appelle Keiko pour ma part

Elle ne savait pas si il y avait encore des élèves qui ne connaissaient pas son prénom et les nombreuses rumeurs sur sa personne, mais si c'était le cas cela l'arrangerait beaucoup.

- Oui, oui, mille excuses ! J'étais ailleurs, j'arrive !

Keiko se saisit du parapluie et se colla à Haven pour que le parapluie la couvre, il était assez grand, mais on ne sait jamais.

- Pardon, je ne voudrais pas que tu sois mouillée à cause de la pluie par ma faute

Il y avait bien assez avec une seule personne trempée jusqu'aux os et ce serait idiot que la seule personne à avoir été intelligente en prenant de quoi se protéger de l'averse ne soit plus au sec.

Décidément cette fille avait de drôle d'images en tête. Le mot acarien n'était pas exactement celui que j'avais en tête pour désigner ces personnes. Je trouvais le mot bouffon plus approprié. En tout cas, ça me fit sourire avant que ma timidité ne vienne m'enlacer fortement.

C'était ma mère qui l'avait choisit. Simplement elle et personne d'autre. Je n'avais qu'elle depuis toujours et je ne voulais de toute façon pas entendre parler de l'homme qui avait tant fait souffrir ma mère.

-Merci.. Keiko est plus original. Il est doux. Il te va bien.

Mais qu'est-ce que je raconte enfin ? L'envie de me taper le front de la paume de la main fit rapidement son chemin dans ma tête mais je n'exécuta pas le geste. Ce serait stupide. Aussi, je lui demandais si on allait du coup. Ce à quoi elle se pressa et se colla un peu contre moi, ce qui me surpris un peu et elle s'expliqua comme pour prévenir mon cerveau de pas se faire de film. Je ne comptais pas m'en faire, c'était juste inattendu.

-Pas de soucis. Et donc.. Tu comptes repostuler pour présidente du conseil..?

Le compliment de l'ancienne présidente des élèves était sincère. Au Japon, la plupart des parents choisissaient un prénom qui avait une signification particulière, on disait qu'un bébé pouvait ensuite être guidé par cela durant toute sa vie, dans son cas son prénom signifiait "enfant de joie". En ce moment précis, on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle était transportée par la célébration ou la joie, mais habituellement, elle avait tendance à être une personne qui allait vers les autres et leur souriait facilement.

- Merci, c'est ma mère qui l'a choisie, mais je n'ai pas trop à m'en plaindre. Ici, la signification des prénoms à une grande importance et certain parents vont même payer des personnes très spirituelles pour choisir le prénom de leur enfant. Je pense que ma mère a juste choisit Keiko parce que c'était le prénom d'un de ses personnages préférés dans un livre. Enfin, désolé, je parle mais ça ne t'intéresse peut-être pas ?

C'était fort probable, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de faire un peu la conversation pour penser à autre chose et aussi pour couvrir le bruit de la pluie qui continuait à tomber sur la toile du parapluie et à ruisseler. Elles marchaient d'un pas tranquille sous la pluie en direction de l'académie, la violoniste ne s'était même pas aperçue à quel point elle s'en était éloignée. La question d'Haven la tira de ses pensées et elle regarda son interlocutrice.

- Non, merci ! J'ai fait mon temps et à présent, j'ai d'autres défis à soulever. Tu veux t'y présenter toi ?

Keiko m'expliquait dans les grandes lignes qu'ici, au Japon, les prénoms étaient plutôt très important et qu'on irait pas appeler une petite fille Clitorine par exemple. Les gens d'ici en payaient vraiment d'autre pour qu'ils choisissent à leur place ? Ca n'était pas un peu trop abusif tout de même ? Enfin, les coutumes sont bien différentes et mon avis sur la question importe peu.

-Une héroïne ? De quel livre ? Personnellement, je ne sais pas où elle est aller chercher le mien... Il parait qu'il signifie "Endroit sûr" mais, je doute "d'être" un endroit sûr.

Des soucis à soulever, je connais ça. Enfin, les soucis d'une gamine de 15 ans doivent être carrément différent de celle d'une jeune femme de 18/19 ans. Me présenter au conseil ? OH QUE NON ! Moi ? Nan nan nan, certainement pas !

-Je ne me vois pas vraiment là bas. C'est pas trop mon truc. Faudrait déjà que je sache prendre les bons choix pour moi même.

Un sourire en coin naquit sur mon visage.

La blonde réfléchit un instant, cela faisait assez longtemps qu'elle n'avait pas parlé à sa mère, si elle la voyait plus d'une fois par an c'était beaucoup.

- Je crois que mon prénom vient du livre : Ame no uta kiss wo sagashite iru deko namaite janai , oui ici on a le don d'utiliser beaucoup de mots pour au final pas énormément. Pour ce qui est de ton prénom, je ne sais pas si tu dois y voir sa signification dans ce sens. Peut-être que tu n'es pas un endroit sûr, mais plutôt que tu es une personne qui peu importe l'endroit où elle se trouve peut apporter du soutien aux autres. Après, ce n'est que mon avis personnel.

Elle ne se voyait pas membre du conseil par peur de faire des mauvais choix pour les autres, cela fit sourire Keiko. Lorsqu'elle avait été élue, c'était une de ses plus grandes peur, de prendre de mauvaises décisions qui impacteraient les élèves, mais être présidentes des élèves représentait en réalité bien plus que simplement le fait de prendre des décisions.

- Je comprends, c'est ce qui me faisait le plus peur aussi. Heureusement, il n'y a pas que l'aspect décisionnel qui est important. Ce que je préférais le plus, c'était d'apporter mon aide et mon soutien aux élèves qui m'en faisait la demande et pour ma part c'est cet aspect relationnel qui va me manquer. Ce que j'aimais le moins étant d'être traquée pour un oui ou un non et de finir dans le journal de l'académie au centre de rumeurs grotesques ! Lorsque tu pourvois à un poste important, les gens qui t'entourent ont tendance à te voir non plus comme une personne, mais comme un acquis !

Elles continuèrent de marcher et finirent par atteindre l'entrée de l'académie et bientôt les dortoirs.

- Merci pour ton aide Haven, j'ai une dette envers toi, si tu as le moindre soucis n'hésite pas à venir me voir en qualité de sempai, je saurais aussi te porter secours !