Apprendre de ses erreurs [PV NATSUKI]

Lorsqu’elle se réveilla, Aiko se rendit compte qu’elle avait passé sa journée à dormir. Elle se leva lentement, et se remit les idées en place. Elle s’en voulait encore de la manière dont elle s’était comportée en arrivant et surtout d’avoir gâché la fête d’anniversaire de Kiralee. Allant prendre une douche, elle s’assura de bien verrouiller la porte afin qu’aucunes des membres de la famille Stonhedge ne débarque à l’improvise. Une fois lavée, elle enfila ses sous-vêtements noirs, son jeans et un sweat noir par-dessus un tee-shirt blanc. Elle retourna ensuite dans la chambre qui lui avait été prêté, afin d’enfiler ses doc martens noires.

Il fallait qu’elle sorte prendre l’air afin de se remettre de ces dernières heures. Elle avait besoin de remettre de l’ordre dans sa tête et surtout d’établir un plan pour son avenir. Mais avant toute chose, elle avait besoin de revoir la personne la plus importante à ses yeux.

Croisant Leela, elle lui annonça qu’elle allait en ville et après lui avoir promis qu’elle ramènerait ses fesses à la villa, Aiko prit sa veste en Jeans à doublure et quitta la demeure. Elle décida de se rendre en ville à pied, estimant qu’elle avait besoin de se dégourdir les jambes. Marchant tranquillement dans les rues qui se rafraichissait à cause du coucher de soleil, Aiko se prépara mentalement pour la conversation qu’elle allait à voir. Cela risquait de ne pas être plaisant, mais il était hors de question qu’elle attende plus longtemps avant d’aller voir sa grande sœur. Cette dernière devait se faire un sang d’encre de n’avoir aucune nouvelle de sa cadette. Aiko s’en voulait d’avoir ainsi fait la morte. Surtout depuis sa conversation avec Kiralee. L’américaine lui avait bien fait comprendre que toute cette souffrance avait été inutile. Et elle avait raison. Aiko se sentait à présent stupide. Elle avait foutu sa vie en l’air, pour rien.

Esquivant les passant qu’elle croisait sur le trottoir, la japonaise espérait que sa sœur soit belle et bien au travail. Sinon, elle devrait se rendre à l’académie et elle n’était pas sûr d’être prête pour ça. Elle n’avait pas envie de croiser des membres de son ancien fanclub et encore moins d’y croiser une certaine aveugle. Elle avait encore besoin de temps avant d’affronter Sleïlo. Elle voyait mal comment elle arriverait à recoller les morceaux. Surtout maintenant qu’elle avait conscience de sa stupidité.

Arrivant à destination, elle se stoppa un instant assez loin du fast food où travaillait sa sœur. Elle regarda les alentours afin de savoir si elle était dehors. Ne voyant aucune trace de sa sœur, Aiko se décida à entrer dans le restaurant afin de demander au gérant où se trouvait Natsuki Tsukino.

Aiko fit un bond en arrière en écarquillant les yeux et en criant alors qu’un poulet géant venait de se crasher devant elle. Fronçant les sourcils elle observa intriguer la masse plumeuse qui s’agitait au sol. La surprise passée, Aiko éclata de rire et aida sa sœur à se relever.

« Eh bien Natsu, je vois que tu as gagné en adresse depuis la dernière fois ! »

Continuant de rire, elle vint serrer sa sœur dans ses bras. Enfin, du mieux qu’elle put, car ses bras n’arrivaient pas à faire le tour du costume. Puis, ses rires laissèrent place à de gros sanglots, tandis que des larmes coulaient le long des joues de la cadette Tsukino. Les clients et le propriétaire du restaurant la regardèrent incrédule devant ce changement soudain d’humeur.

« Je suis désolée d’être partie et de n’avoir donné aucune nouvelle !! »

Aiko ne put retenir ses larmes, à la fois joyeuse et triste de revoir sa sœur. Toute la culpabilité et la détresse qu’elle avait ressenties ces derniers mois refaisaient soudainement surface et l’ancienne comédienne se sentait affreusement mal.

Serrant sa prise de plus en plus fort, elle se sentait frustrée par ce costume qui l’empêchait de tenir sa sœur comme il se devait. Ses sanglots redoublèrent. Ce n’est que lorsque le propriétaire racla sa gorge pour faire comprendre qu’il n’appréciait pas qu’elles se donnent en spectacle devant tout le monde qu’Aiko se ressaisit. Elle se courba et s’excusa au patron avant de lui demander l’autorisation de parler à Natsuki dehors, en précisant que c’était urgent.

Se courbant afin de s’excuser à nouveau auprès du propriétaire de l’établissement, Aiko suivit sa sœur dans la pièce des employés. Séchant ses larmes elle observa le visage de sa sœur. Revoir cette face si bienveillante la réconforta plus que tout.

« Tu m’as tellement manqué Nee-chan. Excuse-moi de ne pas t’avoir donné de nouvelles, c’était le bazar dans ma tête. Mais… j’ai suivi ton exemple, j’ai rompu mon lien avec nos parents… Je voulais leur laisser une chance, en me disant qu’ils allaient redevenir comme avant, quand ils nous soutenaient et étaient présents malgré la distance. Leur succès et leur réputation leur sont trop montés à la tête… Ce ne sont plus nos parents… »

Les larmes coulèrent à nouveau sur ses joues. Elle se dit qu’à ce rythme elle n’allait plus pouvoir pleurer de sa vie. Elle serait à sec. Séchant à nouveau ses yeux elle afficha un sourire chaleureux à sa sœur afin de lui montrer qu’elle allait bien.

« C’est ici qu’est ma place, à tes côtés. Cette expérience m’aura au moins servi à me rendre compte de ça. »

S’approchant de sa grande sœur, Aiko la serra à nouveau dans ses bras.

« C’est toi ma famille Natsu. »

Le cœur d’Aiko était soulagé de voir que sa sœur ne semblait pas en colère contre elle. Il était à nouveau léger d’avoir retrouvée son ainée en bonne santé. Cela la soulageait également de voir que sa sœur la soutenait et ne semblait pas vouloir connaitre tous les détails de ces derniers mois.
Séchant ses larmes, la jeune Tsukino adressa un sourire à sa grande sœur avant de lui répondre :

« Oui, j’ai eu une nuit assez mouvementée et je dois avouer que je meurs de faim. »

S’installant pour prendre un repas avec sa sœur, elle l’écouta et eu l’impression de n’être jamais partie. Elle aimait cette complicité qu’elle partageait avec son ainée.

« Raconte-moi tout ! J’ai beaucoup de chose à rattraper et j’ai hâte d’entendre tes histoires ! »

Remerciant chaleureusement le propriétaire des lieux qui venait de lui servir une assiette énorme, Aiko se dit qu’elle allait devoir accentuée son entrainement pour éliminer toute la bouffe qu’elle avait ingérer ces 24 dernières heures.

La jeune femme pris le temps d’avaler sa bouchée, qui faillit l’étouffer, avant de regarder sa sœur légèrement outrée. Pour qui la prenait-elle ? Elle était impulsive, pas inconsciente. Jamais elle n’aurait fait de chose douteuse pour survivre. Toutefois, elle préféra sourire à sa sœur et lui répondre calmement :

« Je vis chez Kiralee. Enfin, chez Leela. Kira m’a amené là-bas et Leela veut me garder à l’œil. C’est temporaire, le temps que je me trouve un travail et que je sois capable de me payer un logement. »

Reprenant une bouchée de son plat, Aiko se demandait comment allait réagir Natsuki face à cette nouvelle. Elle allait certainement être contente, elle appréciait Kiralee. Aiko espérait juste qu’elle ne parle pas de Sleïlo, même si ça semblait inévitable. Elle-même se retenait de demander à sa sœur si elle avait de ses nouvelles.

« Comment se passe les cours ? Est-ce que tu es devenue l’idole de l’école depuis mon absence ? »

La vie à l’académie manquait grandement à Aiko. Elle irait s’informer pour savoir si elle pourrait intervenir au sein d’un club ou d’une autre activité. Elle aimerait pouvoir parcourir à nouveau les magnifiques bâtiments et jardins de l’académie. Le seul endroit où elle s’était sentie à sa place.

« Pour être honnête je me suis interdis moi-même d’utiliser mon téléphone… je… suis une idiote je ne voulais pas être tentée de vous écrire même si c’est-ce que j’aurais dû faire… Quant à nos parents, je pense qu’ils seraient mieux sans avoir d’enfant à gérer. »

Aiko pensa soudainement à sa petite sœur qu’elle avait abandonné. Elle n’avait pas voulu l’embarquer sur un coup de tête et être poursuivie pour kidnapping. Il fallait qu’elle ait une situation stable et après elle pourrait entamer les démarches avec Natsuki pour obtenir la garde d’Hikari. Elle espérait juste que la plus jeune ne vive pas un enfer en attendant. Il n’y aurait pas de raison à cela, Hikari était encore jeune et manipulable ce qui représentait une bonne chose pour leurs parents.

Aiko eu du mal à avaler la bouchée qu’elle venait de prendre en entendant les paroles de sa sœur. Comme elle s’y attendait, Natsuki embarqua sur le sujet qu’elle tentait de fuir. Sleïlo l’attendait ? Vraiment ? Aiko avait du mal à y croire. Elle l’imaginait plutôt en train d’élaborer mille plans pour torturer la japonaise.

« Je… ne pense pas que ce soit une bonne idée de débarquer voir Sleïlo après des mois sans nouvelles et surtout sans réelle explication de mon départ. Je pense qu’elle voudra m’égorger. Concernant l’académie, sachant que je ne dépends plus des parents, je n’ai pas vraiment les moyens de me payer les frais de scolarité. Puis je t’avoue que je ne suis pas sûr de vouloir y retourner… »

Elle imaginait très bien l’ambiance, ses « groupies » inaugurant son retour et lui posant mille questions sur sa détention dans la cave de Kiralee, le journal de l’école écrivant un article sur sa lâcheté et surtout, se sentir mourir chaque fois qu’elle croiserait Sleïlo qui ferait comme si elle n’existait plus. Quoi de pire que d’être ignorer par la seule personne qui nous ai donné le goût de vivre. Il fallait vraiment qu’elle reprenne sa vie en main. Elle avait des erreurs à rattraper et une nouvelle vie à vivre. Il fallait aussi qu’elle prouve à Leela qu’elle était capable de vivre par elle-même. Elle ne voulait plus dépendre de qui que ce soit.

« T’en fais pas Natsu, un jour les gens te verront tel que je te vois. Ils se rendront alors compte que tu es la meilleure personne du monde. Continue de te battre pour tes rêves et compte sur moi pour te soutenir ! »

Adressant un nouveau sourire chaleureux à sa sœur, elle vint la prendre dans ses bras pour profiter encore une fois de son réconfort. Qu’importe ce qu’il se passait, tant qu’elle avait sa sœur à ses côtés, elle irait bien.

Reprendre ses études ? C’était surement une bonne idée, le problème c’est qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait faire. Elle avait fait du théâtre pour suivre sa sœur, elle avait étudié en droit pour faire plaisir à ses parents. À aucun moment elle ne s’était posé la question de qu’est-ce qu’elle aimerait faire, elle, Aiko Tsukino. Pour quoi était-elle vraiment bonne ? Qu’est-ce qui la passionnait ?

Elle n’en avait aucune idée et cela lui fit peur. À trop vouloir vivre pour les autres, elle en avait oublié à vivre pour elle. Elle ne se connaissait pas.

« Je vais d’abord commencer par me trouver un travail et mettre un peu d’ordre dans ma vie. Je verrais le reste après. Mais merci de croire en moi Natsuki, ça me fait du bien. »

La nouvelle étreinte de sa sœur lui fit un grand bien. Natsuki avait muri et semblait s’affirmer et s’épanouir. Aiko était fière d’elle et fière d’être sa sœur. Elle se donnerait elle aussi à fond pour ne pas la décevoir et être digne de sa confiance.

« Il en faut bien plus pour nous mettre à terre. Je sais que tant que tu es à mes côtés, rien de grave ne peut m’arriver. Je te promets de tout donner pour remonter la pente. »

La cadette Tsukino se sentait vraiment mieux auprès de sa sœur. Elle était heureuse de la retrouver et de voir que rien ne semblait avoir changé entre elles.

« Je ne sais pas trop… Je me suis dit que j’allais faire le tour des offres qu’il y a en ville. Je m’adapterais en fonction… »

Elle venait à peine d’arriver, elle n’avait pas encore pris pleinement le temps d’y réfléchir.

« J’adorerais que tu m’aides ! »

Elle lui souriait avec sincérité. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas souri de la sorte. Elle se sentait chanceuse d’être si bien entourée. Kiralee était venu la chercher sans broncher, Natsuki l’accueillait comme ci elle n’était jamais partie. Elle devait se concentrer là-dessus pour reprendre confiance.

« Ça fait combien de temps que tu travailles ici ? »