La colère va elle s'apaiser [Libre]

Les coups pleuvaient sur ce pauvre punchingball qui recevait toute la violence dont Ana faisait preuve en déchainant toute sa colère. Elle fulminait de rage et c'était peu de le dire ! Pourquoi ? Simplement une dispute avec la brésilienne qui l'hébergeait. Avec leur caractère aussi trempé l'une que l'autre et le fait qu'aucune des deux ne voulait plier face à l'autre, les engueulades étaient inévitables. Une chance qu'elles n'avaient pas de voisin proche parce qu'autant Leela qu'Ana criait fort leurs amabilités. La brésilienne finissait par s'énerver en portugais et Ana en espagnol. La raison de leur engueulade ? Évidemment Léna ! Ana ne la supportait pas et elle faisait tout pour la rendre chèvre, habituellement, Leela ne disait rien, mais cette fois sa plaisanterie avait été trop loin pour la chanteuse.

Ana quitta la villa en criant et en claquant la porte, elle reviendrait plus tard et ça Leela le savait. Elle n'avait de toute façon aucun autre endroit où aller à part l'académie de son ennemie proclamée Léna, ce qui était vachement ironique ! Elle n'avait pas vraiment d'amies, on l'appréciait surtout pour sa franchise et la plupart des filles qui traitaient avec elle, connaissaient sa réputation. Ce n'était pas pour rien qu'on l'appelait "miss 3 jours", parce qu'elle restait jamais plus de 3 jours avec la même fille. Personne n'avait jamais cherché à s'accrocher, il faut dire qu'Ana montrait clairement lorsqu'elle en avait marre de la présence de sa conquête et qu'à ses yeux, il n'y avait qu'une personne qui l'intéressait et malheureusement, cette personne avait osé la traiter de "sale gosse" et elle l'avait traité en retour de "milf avant l'heure". Ana avait sentit le vent passer au-dessus de sa tête avant que la botte de la chanteuse ne vienne atterrir dans le mur avec un bruit sourd et de s'enfuir.

L'hispanique enchaîna quelques beaux coup sur le punchingball qui revenait toujours pour lui en demander plus. Ana ne cherchait pas spécialement à faire de l'entraînement, elle avait juste besoin de se déchainer, ce qu'elle fit pendant un moment, jusqu'à ce qu'elle ressente la soif et qu'elle ait suffisamment besoin de reprendre son souffle pour s'arrêter. Elle retira ses gants de box et les laissa tomber sur le sol avant de prendre une bouteille bien fraîche qu'elle avait été chercher au distributeur.

Elle était partie assez précipitamment et ne portait qu'un short, une brassière et un bomber court. Ana avait attendu d'être suffisamment loin pour mettre ses chaussures ou plutôt celle qu'elle avait piqué à Leela ! Elle n'avait qu'à pas l'énerver aussi ! Pourquoi elle n'avait pas rit à sa blague aussi ?

Elle savait qu'elle était une "sale gamine" tout le monde aimait bien le lui rappeler ! Elle avait un caractère explosif et ne se laissait marcher sur les pieds par personne, y comprit ses professeures. Ana soupira en s'asseyant, il allait falloir qu'elle s'excuse et elle n'en avait pas envie! Tout ça parce qu'elle avait ajouté du piment dans l'assiette de la russe et qu'elle avait faillit cracher ses poumons ! Et si elle avait été allergique ? Ana avait répondu avec impulsivité, que ça l'aurait pas dérangé de l'enterrer dans le jardin avec les autres cadavres ! Elle avait trouvé son humour assez fin, mais allez savoir pourquoi, sa prima n'avait pas apprécié du tout !

Comme souvent, Jenna arpentait les couloirs de l’académie pendant son temps libre. Beaucoup la regardait encore d’un œil curieux tandis que d’autres lui vouaient une certaine admiration depuis l’épisode de la patinoire. En effet, la jeune rosée s’était livré à un véritable spectacle alors qu’elle transportait une élève sur le dos. Une situation qui aurait pu être dangereuse si l’on ignorait le passé tumultueux de la russe. Toujours est-il que la jeune femme était plutôt appréciée, ce qui lui faisait très plaisir. Un environnement calme et paisible, à des années lumières de l’ambiance de son ancien métier. C’est tout ce qu’elle désirait…enfin jusqu’à ce qu’elle entende des bruits sourds de sacs qui se faisaient martyriser. C’était une tête que Jenna avait déjà vu lors d’un incident au réfectoire où on avait décidé de punir l’intégralité des élèves qui avaient participé à une véritable guerre des tranchées. La jeune fille semblait d’ailleurs particulièrement remontée vu comment elle tapait sur le sac et il ne lui fallut pas longtemps pour se retrouver le souffle court  à devoir récupérer de sa frénésie.

D’un pas assuré, Jenna s’approcha du sac, le stabilisant de sa main valide pour éviter le mouvement de tangage initié par la furie ravageuse de la jeune étudiante. La professeure aimait bien interagir avec les élèves, parfois même malgré elle. Certains élèves s’étaient même amusés à s’incruster dans son cours et l’expérience était plutôt marrante. Le club de self-défense lui rappelait avec nostalgie ses jeunes années dans l’armée. Aujourd’hui encore, il lui arrivait encore de s’entrainer souvent malgré son handicap.

« Et bien, on dirait que tu es plutôt bien remontée. Je me demande ce que ce sac t’a fait pour mériter pareil traitement. » Dit-elle ironiquement pour apaiser un peu l’atmosphère.

La jeune femme se saisit alors d’un gant et l’enfila en s’aidant de ses dents puis se positionna devant le sac de frappe. Elle positionna en biais puis transféra le poids de tout son corps dans sa frappe, ce qui fit balancer le sac de manière intense. Jenna était ce qu’on pouvait définir de force tranquille. C’était une jeune femme joyeuse mais qui semblait bien cacher son jeu.

« C’est vrai que ça défoule. Je comprends pourquoi les gens aiment bien venir ici. »

Elle n’avait pas eu la chance de pouvoir rejoindre des clubs durant ses études. Par conséquent, tout ce système scolaire était assez innovant pour la jeune professeure. Cette dernière finit par enlever son gant et s’installa auprès de la jeune fille contrariée, essayant de comprendre ce qui l’avait mise dans cet état. Jenna n’essayerait pas de l’obliger à se confier mais elle se disait que peut-être sa simple présence pourrait un peu éviter que la jeune élève ne continue à broyer du noir. La jeune professeure avait un mental d’acier et avait passé sa jeune vie à œuvrer pour aider son prochain au point d’y laisser un œil et un bras. Ce n’était pas les petits soucis de la vie scolaire qui allaient lui faire peur.

Ana sursauta, elle était seule dans le club et ne s'attendait pas du tout à ce qu'une tigresse apparaisse ainsi de nulle part sans annoncer son arrivée ou bien est-ce qu'elle était bien trop concentrée sur sa frappe pour remarquer les signes annonciateurs d'une arrivée imminente. Elle tourna la tête rapidement, le regard clairement saisit de la voir.

- ça va pas d'arriver ainsi dans le dos des gens ? Tu sais un de ces quatre, tu vas tuer quelqu'un à force de faire ça !

Ana savait bien qu'elle avait à faire à une professeure, mais elle ne voyait pas pourquoi elle devrait s'adresser à elle avec des titres honorifiques ! Elle ne le faisait déjà pas avec la directrice de sa propre académie, alors, elle ne voyait pas pourquoi elle le ferait avec la profs de science. Une femme grande, musclée, soit on a détestait, soit on l'aimait, mais c'était clair qu'on ne pouvait pas rester neutre. Il y avait beaucoup de rumeurs sur son ancienne vie, une ancienne combattante qui ressemblait à un gros chaton depuis qu'elle était à l'académie.

- Je suis sur les nerfs !! Cette grande bécasse de brésilienne chez qui je vis n'a plus rien à voir avec la femme que j'admirais quand j'étais petite ! Tout ça à cause de cette connasse de directrice russe qui fourre son nez et sa langue partout sauf là ou ça devrait aller !

Ana prit une gorgée de plus, elle était encore énervée en parlant, mais elle laissa la scientifique jouer avec le sac de frappe qui décolla presque pour aller toucher le plafond.

- Tu devrais y aller mollo ! Il y a une gonzesse qui s'est fendu le crâne en voulant faire sa maligne! Le sac est retombé et l'attache en fer est allée taper directement sa tête ! Paraît qu'on se serait cru dans une remake de film gore !!

Ana aimait bien venir ici ? C'est vrai que ça lui faisait du bien, mais c'était surtout parce qu'elle n'avait nulle part où aller !

- c'est mieux de frapper un objet fait pour recevoir des coups qu'une personne ! Puis je tiens pas à ce qu'on me catégorise comme un brute épaisse ! Alors que j'ai déjà une réputation de salope à tenir !! Je m'en voudrais de jouer les deux rôles !

« Oh désolée, ce n’était pas mon intention de te faire sursauter. Je me suis dit que ce serait mieux d’avoir quelqu’un avec qui parler plutôt que de continuer à broyer du noir. »

Ana ne semblait pas s’accommoder des politesses pour s’adresser à Jenna. Est-ce que cela contrariait la professeure pour autant ? Pas le moins du monde. En fait, c’était même plutôt le contraire. La jeune rosée avait l’habitude du langage familier, hérité de l’armée où son escouade était fortement basée sur la franche camaraderie. Bien qu’étant issue d’une famille aisée, Jenna avait appris dans sa carrière à considérer les autres et à comprendre que, quelque part, on est tous égaux. En tout cas, sur le plan humain.

« Brésilienne ? J’imagine que tu parles de Leela. J’ai entendu dire que la professeure de chant sortait avec la directrice. Ce qui est assez surprenant vu que j’avais l’impression que leurs personnalités étaient assez différentes. Enfin, on dit que les opposées s’attirent…Et donc si je comprends bien, tu t’es disputée avec Leela à cause de Léna ? »

Il est vrai que la directrice avait une attitude plutôt glaciale envers et elle n’avait pu l’aborder que deux fois depuis son arrivée à l’académie. Cependant, Jenna n’était pas vraiment la bonne personne pour juger les gens. Sa tolérance à la méchanceté ou à la froideur des gens était sacrément élevé en raison des horreurs qu’elle avait pu voir sur le front. On l’avait trouvé folle lorsqu’elle avait affirmé qu’elle trouvé Léna plutôt sympathique. Un sentiment qu’elle ne partagerait pas avec son interlocutrice au risque de remettre de l’huile sur le feu. La jeune professeure fixait le sac qui était encore en train de tanguer. C’est vrai qu’elle y était allé un peu fort. Une fois, la jeune femme avait même troué un sac. Déjà abimé certes, mais tout de même. Sa propre force la terrifiait parfois. Elle n’imaginait pas ce qu’elle aurait pu faire si elle avait eu un tempérament explosif.

« Tu es franchement dure avec toi-même je trouve. Je ne pense pas que tu sois aussi mauvaise que tu le prétend. Autrement, tu ne serais pas ici. Dis-moi si je me trompe mais vu la familiarité avec laquelle tu traites Leela, j’aurais dit que vous étiez assez proches ? J’ai l’impression que vous vous connaissez en dehors de l’académie ? »

Cela avait l’air surtout d’une histoire de jalousie, ce qui semblait amuser beaucoup Jenna. Evidemment, elle ne prononça pas de jugement hâtif au risque d’attiser d’avantage la frustration de l’élève mais elle pouvait comprendre le ressentiment que l’on pouvait avoir vis-à-vis de quelqu’un que l’on admirait mais qui était en couple avec une autre personne.