Combattre ses peurs [PV Sara]

Aiko fit une mini moue en voyant Sara lui prendre la brochette des mains. Son plan machiavélique venait d’échouer. Tant pis, elle était patiente et la vengeance est un plat qui se mange froid. Elle tendit la main à son tour pour s’emparer de la brochette que lui offrait la cavalière. Elle la porta à ses lèvres et croqua joyeusement un morceau.

« Hm ! Délicieuse aussi ! »

Son visage rayonna et elle termina ses brochettes dans la bonne humeur. Cette journée était vraiment agréable et l’athlète était heureuse de passer de si bons moments avec l’Allemande. Elle passait du bon temps et n’avait pas encore envie de rentrer. Malgré l’intensité de leur journée, elle ne se sentait encore en forme.

Sara sembla être sur la même longueur d’onde puisqu’elle lui proposa d’aller se promener dans le parc pour aller y admirer le coucher de soleil. Aiko eut un sourire en coin. Elle pensa à un endroit encore meilleur pour cette activité.

« Oui, c’est une bonne idée ! Mais j’aimerais t’emmener dans un autre endroit que le parc. Tu me fais confiance ? »

Après tout elle était la guide de la cavalière pour une journée. Elle connaissait la place parfaite pour admirer le coucher de soleil. Se relevant, elle débarrassa leur table, avant de tendre sa main à son amie. Elle serra doucement les doigts de la cavalière dans les siens et l’entraina dans les rues de la ville.

Elles s’éloignèrent bientôt de celle-ci et prirent une rue qui mena jusqu’au bord de mer. La marche était un peu longue, mais elles avaient largement le temps d’arriver à destination avant le grand spectacle de fin de journée. Elles passèrent devant le Parad’ice cream avant de descendre marcher sur le sable. Aiko s’arrêta un instant pour retirer ses chaussures et ses chaussettes afin de profiter de la sensation du sable sous ses pieds et invita Sara à en faire de même. Elle rangea ses affaires dans son sac et tendit à nouveau la main à la cavalière.

Marchant sur la plage, Aiko ne s’arrêta pas, elles passèrent devant un banc qui permettait de se poser et profiter du paysage. L’athlète continua jusqu’à arriver à un endroit où les plantes de rivages avaient gardé leur droit et dansait lentement au rythme des brises de vent. À première vue, il semblerait qu’il n’y avait rien au-delà, puisqu’une falaise prenait naissance de l’autre côté des herbes. Mais Aiko savait. Elle emprunta un chemin peu fréquenté et caché à la vue de quiconque ignorait son existence. Elles longèrent ainsi la paroi rocheuse, les pieds toujours dans le sable. Elles se rapprochèrent ensuite de l’eau et longeaient à présent la mer. Le sentier était plus étroit alors qu’elles passaient entre la falaise et l’eau.

Une fois qu’elles eurent passé le sentier escarpé, la falaise se reculait pour laisser place à une nouvelle plage, plus petite que la publique qu’elles avaient empruntée pour venir jusqu’ici. Toutefois, Aiko la trouvait mille fois plus belle. Elle était isolée par les falaises qui l’entourait, mais orientée vers l’ouest et permettait de voir de magnifique couché de soleil sur l’eau. C’était Natsuki qui avait découvert cet endroit la première, Aiko y était venue pour la première fois avec Sleïlo, puis, souvent seule. C’était ici qu’elle finissait ses joggings généralement. Quand elle était revenue dans la région, elle venait se réfugier ici quand elle avait besoin d’être seule. Cela faisait toutefois longtemps qu’elle n’était pas venue. Cet endroit l’apaisait, c’était son paradis et elle avait envie de le partager avec sa nouvelle amie.

« Tadaa ! Qu’est-ce que tu en dis ? »

Aiko avait lâché la main de l’Allemande pour écarter les bras en lui présentant fièrement la place.

Aiko adressa un sourire à son amie qui venait de s’approcher. Elle ne broncha pas en sentant le contact sur son bras, au contraire elle se décala vers la cavalière pour que le corps se touche. Elle regardait l’horizon, se remémorant les souvenirs qu’elle avait ici et les laissant s’envoler avec le vent. Elle se créerait de nouveaux souvenirs dans cet endroit cher à son cœur et cela commençait aujourd’hui.

« Je n’ai pas trouvé mieux comme endroit pour profiter de la mer et des couchers de soleil en toute tranquillité. »

Ce paysage la calmait et la rassurait. C’était son jardin secret, son refuge. Elle était contente de le partager avec l’Allemande.

« Quand j’ai besoin d’être seule et tranquille, je viens me réfugier ici. Je me suis dit que ça pouvait devenir ton refuge aussi si tu en ressens le besoin. »

Elle souriait toujours à son amie, avant de reposer son regard sombre sur l’horizon. Un bateau disparaissait tranquillement au large et quelques goélands survolèrent l’eau en criant. Une idée traversa l’esprit de la Japonaise et un sourire espiègle étira ses lèvres.

« Est-ce que tu sais nager Sara-chan ? »

Puis sans prévenir, elle attrapa son amie et l’embarqua sur son épaule comme un sac de patates et marcha à grands pas vers l’eau. Elle y rentra jusqu’au mollet en tenant toujours la cavalière en place.

« Je ne t’ai pas dit, mais je suis rancunière. Et si tu te souviens bien, tout à l’heure, tu t’es amusé à m’étaler de la chantilly sur la joue. Alors, peut-être que tu vas trouver que cette revanche est un peu exagérée, mais, je ne peux pas te laisser me faire de tels affronts sans conséquence. »

L’athlète riait en maintenant l’Allemande qui se débattait. Elle était un peu plus grande que la Japonaise, alors cette dernière devait faire attention à ne pas perdre l’équilibre ou laisser tomber sa proie. Elle s’amusait à lui faire croire qu’elle allait la jeter à l’eau d’un mouvement d’épaule, la retenant à la dernière seconde.

« Des dernières paroles avant le grand bain ? Ou peut être des excuses sincères pour vous en sortir ? »

La Japonaise fit mine de réfléchir un instant avant de donner sa sentence à Sara. Elle partageait ses rires et resta encore un moment les pieds dans l’eau, avant de faire demi-tour et de regagner le sable sec.

« On va dire que ces excuses passent pour cette fois, mais j’aimerai plus de convictions la prochaine fois. »

Elle relâcha sa proie avec délicatesse, la laissant remettre les pieds à terre et au sec. Elle-même était mouillée jusqu’au mollet, son pantalon étant trempé sur le bas. Mais elle s’en moquait, il faisait encore chaud alors ce n’était pas tant désagréable.
Ses prunelles sombres se plongèrent dans les orbes dorés de la cavalière et elle lui partagea un sourire complice. Elle tendit ensuite la main vers le visage de l’Allemande, allant replacer une des mèches pratiquement blanches derrière son oreille. Elle garda un instant la mèche aux couleurs si particulière entre ses doigts.

« Est-ce que c’est ta couleur naturelle ? »

L’athlète s’était souvent posé la question. Elle avait déjà vu des couleurs similaires au sein des étudiantes de l’académie et elle n’avait jamais su si c’étaient des teintures ou non. Cela la chiffonnait. Mais en même temps, elle prit conscience de sa proximité avec la cavalière et de ses doigts qui tenaient toujours sa mèche de cheveux avec douceur. Elle la lâcha et recula d’un pas en détournant son regard, sentant ses joues s’empourprer de gêne.

« Excuse-moi, je ne voulais pas être intrusive. »

Comme chaque fois qu’elle se sentait gênée, Aiko passa une main nerveuse sur sa nuque. Elle ria toutefois, amusé de son comportement. Elle se posa ensuite sur le sable et observa l’horizon. Cela lui faisait toujours du bien de se perdre dans la contemplation du coucher de soleil.

Bientôt, le spectacle orangé laissa sa place à la robe nocturne du ciel. Ce dernier se recouvrit graduellement de milliers de points scintillants, dessinant des constellations. Aiko ne connaissait pas grand-chose en astronomie, mais elle trouvait cela incroyable et merveilleux qu’un univers infini se tenait juste au-dessus de leur tête.

« Dis-moi, Adana-chan, aurait-tu des connaissances cachées en astronomie ? »

Aiko appréciait grandement cet instant rempli de complicité et de simplicité. Le ciel brillait de mille feux et alors que son regard sombre parcourait les différents éléments galactiques, ses oreilles elles, écoutaient attentivement sa camarade. Elle trouvait qu’elle avait là une bonne idée. Cela pouvait être amusant et enrichissant de développer un nouveau passe-temps. Cela lui permettrait également de passer plus de temps avec la cavalière. Cette idée l’enchantait bien plus qu’elle ne l’admettrait jamais.
Ses lèvres restaient étirées dans un doux sourire tandis que ses yeux quittèrent la Voie lactée pour se poser sur l’Allemande.

« C’est une bonne idée. Je suis toujours partante pour acquérir de nouvelles connaissances. Mais je te préviens, c’est un engagement sur le long terme. Je ne fais pas les choses à moitié alors hors de questions que nous arrêtions avant de connaître tous les secrets du ciel ! »

Aiko se doutait bien qu’il était impossible de connaître tous les détails de la galaxie. Après tout, des scientifiques en apprenaient encore tous les jours et l’univers était infini alors il y avait matière à passer toutes les heures d’une vie sur le sujet. Toutefois, la Japonaise faisait rarement les choses à moitié. Si elle se mettait à s’intéresser à l’astronomie, c’était certes pour partager une passion commune avec son amie, mais aussi pour devenir une experte sur le sujet. Elle ne plaisantait pas avec l’apprentissage.

« Il va falloir qu’on s’équipe aussi. Je ne sais pas si nous pourrions ouvrir un club d’astronomie pour avoir l’aide financière des académies. »

Un bon télescope pouvait coûter les yeux de la tête. Elles pourraient peut-être en faire l’emprunt au planétarium de la ville.