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|  1/6/2023, 18:41 | | | | 
Ca fait maintenant quelques semaines que j'ai intégré la Yuri-Académie pour ce nouveau poste mais aussi cette nouvelle vie. Arrivée en cours d’année scolaire est toujours compliquée mais on finit par s’attarder.
Bien entendu, on m’a mise directement à l’aise, surtout la Directrice lors de mon entretien d’embauche. Il n’a pas été joué d’avance mais au fil de la discussion, j’ai senti que je gagnais quelques points par-ci, par-là. Il ne faut jamais s’avouer vaincu lors de confrontation !
J’avais pris donc mes quartiers naturellement vers l’académie des sports pour surtout faire aussi des interventions avec d’autres professeurs sur le coaching personnel ou autre travail sur soi. Il était donc aisé de venir à mon cabinet pour les élèves de l’académie des Arts.
Pour les élèves de la Lyllian Gakuen, j’avais également une permanence dans l’établissement mais mon bureau principal était celui-ci dont je pouvais décorer à ma guise.
Étant là depuis peu, je n’ai pas pu révolutionner toute la pièce mais j’avais le bénéfice d’avoir une belle vue sur l’entrée du Campus avec ses arbres qui donnaient ce sentiment de sérénité quand on les regardait. L’agencement était assez simple quand on rentrait dans le petit cabinet. Une petite table basse était présente au milieu de la pièce avec son bouquet de fleurs fraîches ou sinon d’autres compositions de fleurs séchées, ça dépendra de la saison. Cette petite table en chêne clair avait une forme ovalisée pour éviter toute dictature géométrique dans cette pièce. Autour, il y avait un petit canapé d’un vert forêt pour deux personnes avec une bonne assise mais également trois fauteuils de la même couleur tout aussi confortables. La personne pouvait donc choisir sa place et je pouvais tout aussi bien m'asseoir en face que sur le côté. Au choix de la patiente !
Une petite vaisselier étant devant la fenêtre. Si on ouvre les portes, on trouverait mille et une gourmandises, nécessaire à thé mais aussi de quoi faire un café filtre même si je ne recommande pas cette boisson immonde en sachet alors que le thé avec une bouilloire, c’est tout ce qu’il me faut.
Mon bureau était dans un coin, on pouvait trouver l’ordinateur portable sur son socle avec écran, clavier et souris non loin. Il me servait essentiellement à regarder le dossier scolaire des élèves et d'autres informations. Toutes les données de mes rendez-vous étaient dans des dossiers papiers, rangés dans l’armoire derrière. Je ne dirais pas parano mais je crois que ça rassure les gens de ne pas savoir ça sur le web. Ça ne me coûte rien de laisser dans ses dossiers.
Je regarde ma montre, mon prochain arrive bientôt. Keiko Harushi. Je crois que la directrice, Madame Pétrova lui a fortement recommandé de venir me voir pour gérer cet accès de violence soudain. D’après les différentes de ces professeurs, elle était plutôt calme, bonne élève, très bonne même, présidente des élèves. Peut-être qu’être trop parfaite peut engendrer une perte de contrôle de ce genre. Je dois voir la relation qu’elle a avec son père, victime de son excès de colère. Surtout, pourquoi ce trophée ?
Je sais qu’elle aura beaucoup de questions, de la peur, perte de confiance en soi. Je pense que la Directrice veut qu’elle reprenne du poil de la bête. C’est un peu comme la contre-performance en sport ou le jour où on s’énerve contre l’arbitre… ça arrive à tout le monde et c’est le message que je devrais lui faire passer.
Bon, ma blouse était encore sur le porte-manteau, ce n’était pas utile que je la mette. Je le mettais surtout quand j’avais froid. Ca évite toujours une polaire ou autre veste trop moche mais je raconte à mes collègues que c’était surtout pour le professionnalisme. J’avais de toute façon ma tenue habituelle. Pantalon taille haut en pince de couleur crème, le tout accompagné d’un haut noir avec un décolleté en dentelle. Une tenue classique mais je l’avoue, me fait des fesses d’enfer ! Je raccroche mes cheveux, des mèches tombent, je remets mes lunettes et entends taper à la porte.
- J’arrive !
Mes chaussures claquent sur le parquet et ouvre à l'étudiante.
- Bonjour Mademoiselle Harushi. Venez, entrez.
Je tends la main pour l’inviter à entrer avant de renfermer la porte.
- Asseyez vous où vous voulez. N’ayez crainte, les fauteuils ne mordent pas même si une fois assise dedans, Morphée nous kidnapperait bien dans ses songes !
J’avais pris mon ton avenant pour rassurer la patiente. J’avais mon sourire professionnel et j’affichais une mine réjouie. Il ne fallait pas qu’elle se croit avec une psy qui va lui dire “ oh mais ce n’est pas bien dis donc ce que tu as fais là “.
Une fois assise, je choisis le siège qui était en biais. Pas le face à face pur et dur. Elle pourrait toujours fuir mon regard si elle le souhaite sans qu’elle se sente honteuse. De toute façon, ça pouvait se comprendre. Parler de sa vie à une inconnue qui ne va rien raconter de la sienne. Un rencard bien pourri si c’était pour un date.
- Je suis Hamon Kristen et je suis là pour passer une petite heure avec vous aujourd’hui. On peut parler de tout, de rien ou commencer par se présenter, j’ai des petites questions toutes simples si vous voulez. Je peux même jouer si vous le souhaitez. D’ailleurs je commence avec la toute première, Vouvoiement ou tutoiement ?
Je croise les jambes, mon calepin sur les cuisses, je l’invite tout doucement à se dévoiler à moi avant de commencer les hostilités.
 | |   | 1/7/2023, 16:23 | | | Keiko Harushi
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| Passer les congés de Noël avec sa famille et belle-famille, loin du Japon lui avait déjà permis de se sentir un peu mieux. Hélas, si ses épaules s’étaient considérablement déchargées d’un poids en quittant le sol nippon pour le Canada, ils avaient repris leur fardeau en atterrissant pour le retour au Japon. Au début, l’idée d’aller voir un spécialiste pour une sorte de thérapie ne lui plaisait pas, la blonde se disait qu’elle n’avait pas forcément envie qu’on lui fouille dans la tête à la recherche de ses moindres failles.
Ce fut la directrice qui avait parlé de cette nouvelle psychologue et l’avait plus ou moins poussée à voir de quoi il en retournait. La violoniste s’était donc laissé convaincre pour au moins essayer un rendez-vous et si jamais elle n’en était pas contente trouver une autre façon de guérir son traumatisme.
Elle avait dû sécher sa dernière heure de cours pour pouvoir y aller, le cabinet se trouvant à l’école des sportives et n’avait pas eu à attendre très longtemps avant d’être accueillie par une femme souriante qui lui montrait une place pour s’installer. La jeune femme dû reconnaître que l’agencement de la pièce était assez mignon et était loin des cabinets de psychologue qu’elle s’était imaginée avec de long fauteuil ou les patients passent leur temps à se plaindre et à pleurer. Cette configuration la faisait se sentir un peu moins sur la défensive qu’elle avait pu l’être.
- Bonjour, merci alors je vais m’asseoir sur e fauteuil, sa couleur me fait de l’œil !
L’étudiante de 20 ans avait parlé avec une voix douce qui la caractérisait tant, on s’imaginait mal en cet instant qu’elle ait pu avoir un accès de violence aussi gravissime. Avec son uniforme scolaire parfaitement en place, ses longs cheveux blonds d’or retombant en cascades légèrement ondulées dans son dos et sur ses épaules, quelques mèches encadrant son visage aux traits fins et d’apparence paisible, des traits typés asiatique même si elle possédait de grands yeux gris d’acier entourés par de longs cils tout cela avait tendance à lui donner une apparence angélique. N’était-elle pas celle qu’on surnommait l’ange de l’académie après-tout ?
Elle s’installa sur le fauteuil laissant son derrière se faire aspirer par le moelleux du coussin de l’assise alors que son dos venait se positionner contre le dossier et chacun de ses bras se reposait sur les accoudoirs enrobant sa position. Keiko l’écoutait se présenter sans l’interrompre et à sa question, elle lui répondit avec simplicité.
- A votre convenance, que ce soit l’un ou l’autre pour ma part ça n’apporte aucune importance
Keiko restait toujours polie et calme, elle se présenta également et même si elle était certaine que le docteur Hamon avait déjà eu vent de qui elle était et de pourquoi elle se trouvait en ces lieux.
- Je m’appelle Harushi Keiko, mais ce n’est qu’un détail qui est déjà connu de votre part comme certainement beaucoup d’autres apparaissant dans mon dossier
Elle-même ne savait pas par où commencer ? Allait on lui demander de raconter son enfance ? Lui dire que son comportement état dû à une mère absente, à un père qui en avait trop attendu après elle ? Lui demanderait on des détails sur sa vie privée ou amoureuse ? La musicienne n’éprouvait pas l’envie de se confier à une parfaite inconnue même hautement qualifiée.
- Navrée, je me sens un peu perdue et je ne sais pas par quoi commencer ou bien ce que vous désirez entendre exactement.
| | | | 1/13/2023, 15:10 | | | |
- Alors passons au tutoiement ! Faisons en sorte de passer un agréablement moment toutes les deux.
Dis-je d’un ton enjoué. De cette façon, ça brise une de ses barrières invisibles qui mettent aussi mal à l’aise. L’étudiante commence à se présenter et je la laisse faire. Elle était calme, ne montrait pas trop de nervosité et même là, je me demandais pourquoi elle avait fait ce geste malheureux.
- Tu penses que je désire entendre quelque chose en particulier. Oui, c’est vrai mais je ne vais pas te tirer les vers du nez aussi facilement. Puis comme tu l’as dit, dans ton dossier, je connais moulte information sur ton parcours scolaire et ton comportement au sein de l’académie. Mais tout le monde le sait que si ce qui se passe à l’académie n’est pas forcément la réalité en dehors de ces murs. Ici, beaucoup veulent faire de leur mieux, gagner une bourse, de la renommée et là-bas dehors, certains redeviennent soi-même, se détendent, soufflent après toute cette pression. Car oui, l’académie demande beaucoup à ses élèves, je le sais bien. Performance, paraître et autres. Tout le monde ici veut la même chose, pouvoir réaliser son rêve ou du moins pouvoir y vivre plus tard, ça demande donc quelques sacrifices.
Que ce soit sportif haut-niveau, dans les arts et autres, c’était partout pareil malheureusement.
- Après on peut commencer simplement, pas forcément parler de toi, de ta vie, etc. Mais me parler de ce que tu ressens là. Ca ne t’engage à rien et puis, est-ce que tu t’es sentie obligée de me voir ? As-tu accepté la recommandation de la Directrice avec le sourire ou tu t’es dis que si tu n’y vas, est-ce mal ? C’est plutôt ça que je voudrais savoir. Le fait-tu pour toi, pour les autres ?
Je m’arrête un instant avec de continuer sur une petite boutade.
- Si tu me dis que tu es venue juste pour prendre le thé avec moi, ça fonctionne aussi mais je pense que tu peux le faire avec d’autres personnes.
J’affiche de nouveau un sourire.
- Je sais que ce canapé est confortable, je ne dirais donc rien à tes professeurs !
| | | | 2/23/2023, 15:07 | | | Keiko Harushi
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| Keiko n’était pas très certaine quant à l’emploi du mot agréable, mais elle préférait que ce soit le cas et ne pas terminer la séance à vider la boîte de mouchoir exposée à sa vue et à portée de main. La virtuose écouta les explications que pouvaient lui donner la thérapeute, il y avait bien des choses vraies, mais elle se sentit inexplicablement visée par les propos disant qu’en dehors de l’académie on redevenait soi-même. Jamais jusqu’ici elle n’avait fait preuve de violence envers autrui, jamais elle n’avait voulu nuire à quelqu’un ou le blesser physiquement, ça ce n’était pas elle.
- Je ne suis pas une personne violente habituellement, j’ai explosé, j’ai perdu mon sang froid lorsque j’ai entendu les propos menaçants que mon père proliférait à l’égard de la famille de ma petite amie et je n’ai pas réussi à me contrôler et ma rage à prit le dessus comme si j’étais hors de moi. Quand j’ai compris ce que j’avais fait, je me suis sentie perdue, coupable, malade, mais là aujourd’hui je me sens surtout brisée je sais que je devrais me sentir coupable, on me demande de m'excuser publiquement, mais même si je sais que céder à la violence ce n'est pas bien, je pense aussi que mon père l'a mérité.
C’était ce qui la terrifiait le plus, perdre le contrôle surtout devant les gens qu’elle aimait et si la prochaine fois, elle en venait à nouveau aux mains ? Et si elle blessait ses amies ? Sa sœur ? Sa petite-amie ? Elle qui avait toujours réussit à gérer ses émotions et à les changer en positif, cette sensation ne lui plaisait pas du tout.
- Les deux, j’ai suivis la recommandation de la directrice, mais je me suis dit que je n’avais rien à perdre à essayer
Keiko n’était pas une personne très compliquée et certainement pas vindicative qui pensait n’avoir besoin de personne pour l’aider. Au contraire, elle savait bien s’entourer et elle avait de la chance de pouvoir compter sur le soutien de ses meilleures amies, de sa petite amie, de sa sœur, sa mère et son o’bachan et des membres de sa belle-famille. Toutes ces personnes avaient été là pour lui remonter le moral.
- Si vous me le proposez si gentiment, j’accepter volontiers une tasse de thé
| | | | 3/5/2023, 11:36 | | | |
J’écoutais le discours de ma jeune patiente. Son raisonnement était juste et tout à fait compréhensible. Cette colère qui remonte et qui explose sans aucune formalité.
- Effectivement, tu n’as rien à perdre peut-être du temps avec ta petite amie ou pour réviser alors que tu es avec moi. C’est pour ça, nous allons comprendre toutes ses émotions qui se chamboulent.
J’ai toujours fonctionné ainsi avec les plus jeunes. C’étaient surtout les émotions, les peurs qui contrariaient. Ça ne servait à rien de dire que c’est normal, ça arrive à tout le monde. Ils ne se sentent pas comme tout le monde, ils pensent leur cas à part. Il fallait comprendre leur individualité et qu’ils s’en rendent compte eux-mêmes.
- Puis pour ses excuses publiques, c’est compréhensible que tu ne veuille pas les faire. Mais surtout dans ce pays, la violence, le haussement de ton, ce n’est pas quelque chose de courant. Je suis canadienne, montrer que nous sommes bon vivants, c’est un peu notre habitude dirons-nous mais les mœurs ici sont bien différentes. En entreprise, un retard et ce sont des excuses écrites qu’ils demandent, impensable dans d’autres régions du monde. Alors je comprends que prononcer des paroles que tu ne penses pas, est impossible. La preuve que tu souhaites être honnête. Mais la question n’est pas si il le méritait ou non, rien ne se résout par la violence car ça devient une escalade qui ne s’arrête pas. On ne dit pas que ce sont les plus faibles qui règlent leur problème au poing ? Je ne dis pas que tu as été faible, loin de là !
Essayer de ne pas la faire culpabiliser, voici la partie la plus compliquée.
- Moi aussi, j’ai eu envie de frapper mon coach plus jeune pour ce qu’il avait dit mais je me suis dit “ A quoi ça va m’avancer ? “ La réponse, je l’ai eu beaucoup plus tard, à rien. Me faire mal à la main, ne pas pouvoir jouer pendant quelques semaines. Oui, ça m’aurait défoulé sur l’instant, cet élan d'adrénaline et autres mais au fond, tu te sens plus coupable car tu as cédé à cette pulsion.
Machinalement, je sers le poing car au final, mon poing avait fini dans le mur dans les vestiaires. Ce n’était pas mieux…
- Alors je voudrais savoir, pourquoi tu me dis qu’il le méritait ? Pourquoi tu le penses et pourquoi tes paroles ne suffisaient-elles pas à ce moment? Je sais que la diplomatie ne résout pas tout sinon il n’y aura pas de guerre mais dis moi ce que tu as pensé à ce moment-là, ce que tu as ressenti pour avoir fait ton geste.
| | | | 3/29/2023, 16:45 | | | Keiko Harushi
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| -Parfois, il faut savoir s’arrêter pour mieux reprendre, je pense que mes note iront toujours bien si je manque une journée de révision et ma petite amie serait heureuse de me voir soulagée.
Keiko se sentait posée, son père n’était de toute façon pas présent pour venir la piquer là où ça faisait mal. Depuis leur altercation violente, il n’avait plus donné de signe de vie sauf pour rétorquer avec l’air confiant et hautain qu’il attendait ses excuses publics pour bientôt et qu’il espérait qu’elle serait redevenue raisonnable d’ici là. La musicienne connaissait son père et elle était certaine que ce qu’il estimait être un comportement raisonnable c’était de venir le voir pour supplier son pardon et accepter les fiançailles qu’il avait décidé pour elle sans son consentement.
- Je sais, oui, je n’aurais pas dû faire un chose pareil, ce n’était pas le bon exemple et j’aurais dû garder mon sang froid. Habituellement, j’y arrive, mais il a commencé par m’attaquer pour me dire qu’il voulait me fiancer. J’ai vraiment tenté de tenir mon calme et de lui faire comprendre par la parole que je ne voulais pas. Mon père s’est fermé à la discussion, son point de vue était le bon et j’avais tort !
Au fond, c’était à ce moment que a blonde avait commencé à ressentir une pointe d’agacement qui était montée petite à petit à mesure que les paroles cinglantes de son père l’assaillait et puis, il avait osé s’en prendre à sa petite amie et là toute sa colère avait littéralement explosé. Les frustrations de sa jeunesse était remontée et toutes les fois où son père avait qualifié son art de médiocrité. La nervosité de repenser à tout ça avait fait que les doigts de la virtuose s’étaient mis à enrouler ses mèches de cheveux et à jouer avec inlassablement.
- J’ai ressentit de la haine, je crois qu’à ce moment j’étais tellement aveuglée par la colère que j’ai réellement voulu le briser pas seulement en parole, mais aussi par le geste ! Tout de suite après, j’ai ressenti un grand regret, de la peine, je me sentais vide comme si tout le bonheur avait disparu de la surface de la Terre et j’étais effrayée par mon geste. Jamais de la vie je n’aurais souhaité faire du mal à quelqu’un avant ça et je ne pensais même pas être capable d’une telle force et d’une telle violence au point de blesser qui que ce soit d’autre. Je l’ai blessé physiquement c’est vrai, mais depuis, c’est moi qui saigne. Au final, laisser éclater ma colère n’aura réussi qu’à me meurtrir profondément. Ce n’est pas lui qui doit me pardonner, je dois me pardonner moi !
Keiko était jeune, c’est vrai, mais elle était capable d’analyser une situation même si elle ne parvenait pas encore à y entrevoir le bout du tunnel. La psychologue qui avait un œil extérieur, pourrait peut-être éclairer son chemin pour qu’elle ne retombe plus dans les pièges.
- Je pense que j’ai souhaité me venger pour toutes les fois où il m’a brusqué un peu plus fort que la simple bousculade.
En soit, devant les gens son père ne frappait pas et il n’avait jamais levé au sens littéral la main sur ses filles. Il avait d’autres moyens qui ne se voyaient pas forcément pour faire pression sur elles et les forcer à obtempérer. Keiko se souvenait encore de la fois où son père avait faillit de peu de cogner son front à la surface d’un bureau et qu’Azami, l’ancienne professeure d’art l’avait défendue après quoi il s’était sauvé en donnant une liasse d’argent à sa fille pour qu’elle garde le silence.
- Est-ce que dans la vie tout n’est-il qu’une question d’argent ou de pouvoir ?
| | | | 4/20/2023, 09:55 | | | |
Je ne connaissais pas toute l’histoire, juste les faits qu’on était reporté par des tiers. Généralement, c’était rarement en faveur de Keiko. Tout le monde l’a vu s’énerver mais personne n’a cherché le fond du problème.
Entendre que des parents choisissent encore les conjoints pour leurs enfants me répugne au plus haut point mais nous ne vivons pas dans le même pays avec les mêmes mœurs. Mais je n’étais pas là pour juger une culture différente dans la mienne même si je prône la liberté de chacun surtout quand celui-ci est majeur. Le fond étant de savoir si l’homophobie de son père est aussi un facteur de ce choix précipité.
Je la laissais développer en ponctuant par certaines de mes paroles.
- Les actions des parents sont toujours théoriquement fondées dans la continuité du bonheur de sa progéniture. Dans les actions qui semblent déraisonnables, c’est surtout le fait que le parent ne voit pas le mal dans ce qu’il fait pensant que sa pensée est juste. Se remettre en cause et remettre en cause son rôle de parent, de guide.
On pourrait dire que l’argent était aussi variable importante dans l’équation. Assurer la stabilité de son enfant et peut-être que pour lui, trouver un homme à sa fille, un jeune cadre dynamique qui s’occupera de ramener de l’argent et ne pas être la risée de la société avec une fille qui aime les femmes. Il y avait aussi un gros travail à faire sur le père mais c’était hors de ma juridiction actuellement. Puis il faut avouer que la place de la femme au Japon n’est pas la meilleure malheureusement…
- Ce que je te dis là, ce que tu penses est faux, loin de là. Un conflit entre deux personnes adultes fonctionne toujours de la même façon. Argument, contre argument et quelqu’un est nommé vainqueur avec ou sans violence. Quand ça se déroule dans la famille, la montée dans les tours est plus rapide. Comme beaucoup le disent les chiffres, les violences dans les couples ou à huis-clos sont toujours les plus importantes, juste inquantifiable. si cette scène se serait déroulée chez vous, chez ton père, tu ne penses pas que la situation sera grandement différente ?
Bien entendu, ça aurait pu être bien pire. Ici, le père n’a pas pu riposter devant le public mais il ne l’aurait peut-être pas fait. Frapper son enfant de manière injustifiée avec beaucoup plus de force aurait mis fin à leur “ relation “.
- Je ne dis pas que tu avais raison de lui montrer ton mécontentement mais votre sujet est bien épineux surtout quand ça concerne les sentiments amoureux. Je ne sais pas si c’est ton premier amour mais à ton âge, l’amour est peut-être la chose la plus importante à ce moment-là. On pourrait faire des choses incroyables sans comprendre toutes les conséquences. C’est tout à fait normal, on se sent vivante, plein d’espoir et on se dit que la vie est devant nous et on veut profiter.
Puis elle développe son sentiment de culpabilité, mettant les mots sur ce qu'elle ressentait.
- Il est toujours mieux de sortir ses pensées négatives de toi. Les garder n’a jamais fait bon ménage.
Pour avoir ensuite des crises d’angoisse, insomnie et j’en passe.
- Je l’avoue un peu violemment dans ton cas.
J’essayais un petit trait d’humour avec elle.
- Ne culpabilise pour tout ça. Tu as encore l’âge d’apprendre à doser tes réactions. Tu es encore en cours de construction en tant qu’humain, même moi au fond mais tu dois acquérir de l’expérience, tu as encore quelques années avant de rentrer dans le monde des adultes. L’école, l’université est là aussi pour t’aider à te construire, et te développer, faire des erreurs et te relever. Le monde des adultes est impitoyable mais ici, on est là pour t’aider. C’est pourquoi tu es ici, pour apprendre, comprendre.
De belles paroles, je me surprendrais moi-même. Mais j’avoue, beaucoup des leçons de la vie, je les ai apprises maintenant. Chacun les reçoit à sa manière.
- Puis tu as raison, le pouvoir, l’argent, c’est un peu la croix des pays industrialisés et développés. Peut-être que si tu allais au Bhoutan, le pays soit disant où il fait bon de vivre, je ne vois pas trop de solution à moins de l'enfermer sur une île déserte. Il y a toujours un fort et faible même dans une petite communauté. Vous êtes bien en compétition dans cette école même dans la plus franche camaraderie. C’est pourquoi l’équilibre personnel est important. Savoir se faire entourer d'amis, partenaire pour la vie ou plusieurs, chacun voit son amour et sa sexualité comme il le souhaite. Puis tu as les règles de la société qui sont là pour régir tout ça.
Pour notre plus grand malheur.
- Il faut apprendre à nager dans tout ça. Maintenant, concentre toi sur toi. Si tu es bien dans ta peau, en accord avec toi même, tu pourras mieux supporter les règles de notre société. La triste réalité, c’est que nous ne pouvons rien faire et ça serait malhonnête de te dire que la vie est simple mais tu peux la rendre plus belle avec l’amour, l’amitié. Certains ont de l’argent mais ne sont pas forcément heureux. Es-tu heureuse avec ta petite amie, avez-vous des projets, est-ce que tu regrettes ton geste car tu l’as protégé ? Je ne pense pas, car c’est pour toi la plus belle chose qui te soit arrivé, alors chérit cette chose, entretient là, c’est tout ce que je te souhaite et fait carrière, ça serait un vieux souvenir même si peut-être ça te collera la peau dans quelques années quand un tabloid ressortira ça mais si tu veux travailler cette exercice, comment tu pourrais expliquer ton geste à la presse ?
-
| | | | 4/21/2023, 16:00 | | | Keiko Harushi
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| Est-ce que son père voulait son bonheur ? Keiko avait elle été heureuse avec lui ? Si elle devait honnêtement répondre à cette question et cela sans prendre en considération les jugements de sa famille et de ses amies, elle n’en savait rien. Néanmoins, elle se rappelait très bien avoir été très tôt confrontée au fait de devoir prendre le rôle de la femme de la maison, lorsque sa mère avait divorcé et était partie. La blonde et cela même si elle n’avait que 6 ans à l’époque avait voulu offrir à sa petite demi-sœur de 4 ans un cadre stable et comme Yuna avait perdu sa mère et son père sa femme, c’est naturellement qu’elle avait commencé à s’oublier pour pouvoir s’occuper de ces deux-là.
Keiko avait grandit trop vite et prit des responsabilités qu’aucun enfant ne devrait avoir aussi jeune. Elle avait voulu ne pas être source de tracas auprès de son père qui de son point de vue avait du mal à ce moment-là. La virtuose avait tout fait et travaillé dur pour se débrouiller et prendre en charge les tâches ménagères et les devoirs scolaires. Cela lui avait laissé de nombreuses blessures car au lieu de faire comme les enfants de son âge et aller jouer au parc, elle rentrait directement après ses cours pour s’occuper du linge de la famille et concocter des repas, ainsi ses jouets d’enfants furent remplacés par des fers à repassés, des livres de cuisines. Est-ce qu’on pouvait dire qu’elle avait eu une enfance malheureuse ? Non, elle n’avait manqué de rien, un toit, de quoi faire les courses, nettoyer et s’habiller sa sœur et elle, mais elle n’avait pas eu réellement d’enfance insouciante.
- J’ai été amenée très tôt à devoir endosser des obligations d’adultes, mon père était très peu à la maison à la suite de son divorce avec ma mère et comme ma demi-sœur n’avait que 4 ans à l’époque, je suis passée d’enfant à adulte sur quelques jours de temps. A vrai dire, je n’ai pas de souvenir d’enfance avec mon père, nous ne sommes jamais allées en vacances, il ne nous a jamais consacré beaucoup de temps. Il venait pour prendre le linge que je lui lavais et que je lui repassais, manger, prendre sa douche sans jamais chercher à avoir des moments de complicités. En fait, je crois qu’il m’a toujours vu comme sa monnaie d’échange, comme j’avais un caractère docile et que j’étais capable de m’occuper d’une maison et d’un enfant, il a dû se dire qu’il avait tout à y gagner en me vendant à un de ses associés.
La musicienne spéculait peut-être sur le schéma de pensées de son père, mais ça lui semblait très probable qu’il agisse de la sorte.
- Mon père a l’habitude de s’énerver énormément lorsque quelqu’un ou une situation ne va pas dans son sens, à la maison il avait l’habitude de balancer des chaises à travers la pièce sous le coup de la colère sans y regarder à deux fois si ma sœur ou moi nous étions dans le chemin. Quant elle avait 6 ans, Yuna a eu un tabouret qui l’a fait trébucher et elle s’est ouvert le menton, nous nous sommes rendues à l’hôpital pour lui mettre des points de sutures, mais notre père nous avait à l’époque dit d’inventer une histoire de chute accidentelles en nous faisant peur et en nous expliquant que si nous ne répétions pas la même version des faits nous allions être séparée ! Si nous avions été loin de tout témoins, ça aurait été moi la victime et non l’agresseur !
Il était étrange lorsqu’on y pensait que maintenant qu’elle en parlait librement, Keiko se souvienne de ces vieilles histoires qu’elle n’avait jamais raconté à personne auparavant et qu’elle avait même oublié.
- Non, je ne regrette pas d’avoir protégé Riley, c’est une personne formidable et elle m’a appris beaucoup, elle m’a permis de ne pas rester dans mon coin, elle me tire vers le haut avec elle. Lors de ma précédente relation, même si j’étais très amoureuse, c’est toujours resté de l’ordre du rêve, nous ne pouvions pas être ensemble, il fallait constamment se cacher, faire attention et surtout même si elle m’aimait, elle faisait passer sa famille et ses obligations avant moi en me demandant de l’attendre, elle revenait, elle repartait et moi pendant ce temps je restais telle que j’étais et j’attendais sagement qu’elle revienne. Avec Riley, c’est différent, je peux être moi-même sans devoir paraître quelqu’un d’autre, avec elle je n’ai pas besoin d’être la présidente des élèves, je peux juste être moi ! Elle m’a libéré de mes chaînes !
Comment est-ce qu’elle pourrait expliquer son geste à la presse ? Keiko réfléchi à la meilleure manière de faire.
- Je le prendrais avec humour en détournant cela et en disant que j’aurais peut-être dû faire carrière en tant que boxeuse poids plume vu que j’ai mit au tapis un homme catégorie poids lourds en un seul crochet du droit. Je dirais ensuite que ce sont des erreurs de jeunesses et que depuis j’ai appris à doser et surtout que je cache un sac de frappe dans mon placard ! Comment vous le diriez vous ?
| | | | 6/22/2023, 16:02 | | | |
J’écoutais attentivement son récit. Je note mentalement tous les détails de son enfance qui était loin d’être rose. La docilité d’une personne ne veut toujours pas dire la soumission de celle-ci. Un élément peut toujours déclencher cette fureur et dans son cas, c’était guère étonnant. Elle a fait le mieux qu’elle pouvait et dans certaines situations, bien des jeunes auraient mal tournés ou finir dans des situations beaucoup plus alarmantes.
Keiko était une femme forte qui part son geste, c’est emancipé de son père. en quelque sorte. Bon, il y avait des manières de faire mais son geste était empli d’amour pour sa petite-amie. On peut comprendre que là aussi, ce n’était pas la joie avec ses relations. Une relation cachée auparavant, une sexualité non assumée par l’autre, c’est beaucoup pour une ado - jeune adulte. Cette période de la vie où on se cherche, trouve des repères et semé de de doutes alors que les vrais problèmes d’adultes n’apparaissent pas trop, les impôts, quelle hérésie !
Je constate que cette discussion est bonne enfant quand elle finit par plaisanter. Du moins, c’est certainement sa vraie réponse mais cette pointe d’humour est rafraîchissante. Beaucoup se cachent derrière l’humour pour se défendre ou cacher un mal être. Elle pourrait dérouter plus d’un avec une réponse de ce type de répondant mais dans la vie, faut assumer en quelque sorte.
- SI tu as un sac de frappe chez toi, alors que je n’ai pas de raison de m’inquiéter ! Ce n’est pas dangereux la boxe avec le violon ?
Question certainement bête mais je préfère m’en assurer avant.
- Je pense qu’il n’y pas de raison toute faite. J’aurai certainement récité des excuses que j’ai écrites des centaines de fois et prônant aussi la bête erreur de jeunesse. Mais chacun à sa façon de faire puis avec le monde du sport, les sponsors sont très prenants. On dit d’être féroce sur le terrain mais seulement alors il faut plaire aux annonceurs. C’est pourquoi qu’on retrouve des grands footballeurs à faire des excuses publiques car il a trompé sa femme et que celle-ci est enceinte. Alors qu’en vrai, sa vie privée ne nous concerne pas si ce n’est pas répréhensible par la loi. Mais avec l'ère d’internet, tout se sait alors autant prendre les tabloïds en avance.
Puis le football européen ou soccer, ça dépend d’où on vient, c’est un autre monde. Rien ne vaut le baseball et le hockey !
- Mais garde cette idée en tête. L’humour est une bonne façon d’exprimer ce que tu as ressenti. Tu montres dans ton discours que tu savais déjà le rapport de force qui émanait entre vous mais cela ne t’a pas dérangé pour protéger l’honneur de ta petite amie. On pourrait croire à un acte chevaleresque mais ne retient pas ce que je n’ai pas dit. La violence ne résout rien !
Il manquerait plus qu’elle cite mon nom des années plus tard, je préfère également éviter.
- Donc j’en conclus que tu le ferais quoi qu’il arrive non ? Tu ne prendrais jamais le problème d’une autre manière.
Mais je sais déjà la réponse mais je voudrais l’entendre de sa bouche.
| | | | 7/21/2023, 10:49 | | | Keiko Harushi
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| Keiko regarda la psychologue avec un léger sourire avant de lui répondre. Cette brève discussion lui faisait du bien, elle voulait avancer et c'est ce qu'elle allait faire.
- Vous savez, je crois que la violence ne résout jamais vraiment les problèmes. C'était un moment d'émotion intense, et je voulais défendre celle que j'aimais, mais ce n'était pas la bonne solution et je sais que je me suis laissée aller à la facilité.
La blonde avait compris que la communication et le dialogue sont bien plus efficaces pour résoudre les conflits. Si elle pouvais revenir en arrière, c'est indiscutable que la virtuose chercherait une autre approche, même si cela signifiait mettre de côté sa fierté. Il y avait toujours des solutions pacifiques, même dans les situations difficiles.
Maintenant, la musicienne préférait utiliser l'humour pour détendre les tensions et exprimer ce qu'elle ressentait. Cela ne voulait pas dire qu'elle était faible ou soumise, mais simplement qu'elle avait appris à canaliser sa colère d'une manière plus positive.
- Quant à défendre l'honneur de ma petite amie, je le ferais toujours, mais d'une manière plus réfléchie et pacifique. Si un jour une situation similaire se présente, je chercherai à résoudre le problème en trouvant des solutions constructives, sans recourir à la violence physique. Nous avons tous la capacité de changer et de grandir, et je souhaite être une personne meilleure, pour moi-même et pour ceux que j'aime.
Elle sourit de nouveau à la psychologue, espérant que ses réponses reflétaient sa volonté de changement et de développement personnel.
- cela dépend, je ne comptais pas frapper pour mettre en miette mes phalanges, ça devrait aller ! [/b][/color] | | | | | | | | | | | |
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