Une promesse pour un avenir meilleur [PV Rose Evans]

Il y avait parfois certaines questions qui restaient sans réponse et que même Léna ne pouvait élucider. En ce jour, c'était une élève qui lui avait fait se poser des questions pour lesquelles, elle n'avait pas de discourt tout préparé à l'avance à donner. Une nouvelle élève en section musique dont le dossier n'avait pas laissé la russe de marbre, comment aurait elle pu se résigner à fermer les yeux et ne rien faire pour cette enfant qui avait la charge d'une autre enfant ? La danseuse de ballet russe avait la réputation d'être froide et insensible, mais ne rien faire aurait été inhumain et elle se refusait à abandonner plus longtemps deux enfants livrées à leur triste sort et n'ayant aucune confiance envers les adultes.

Léna le savait depuis longtemps que son académie était un refuge pour les âmes troublées, cela avait toujours été le cas. Elle accueillait toutes personnes chez qui elle décelait un don que son parcours aient été semé d'embûches, qu'elle se soit égaré sur un chemin difficile, qu'elle ait un caractère compliqué ou des soucis avec ses parents ou pas de parents du tout, qu'elle soit pauvre, malade ou au contraire, portant la réputation de fille de, sœur de, extrêmement riche, l'académie ne faisait pas de différence.

Rose Evans, en tant que directrice, elle avait été obligée de prendre connaissance de son dossier et de son passé et il avait été difficile à lire à plusieurs égards. Elle allait accueillir une jeune femme meurtrie par un passé très douloureux et elle allait devoir l'accompagner elle, mais aussi sa fille. Une très jeune maman qui n'avait personne pour la guider à part son instinct de protection et de survie. Léna ne pouvait pas séparer un enfant de sa mère, ni infliger à l'ensemble du dortoir des pleurs nocturnes. Elle avait donc fait une exception de logement pour cette jeune mère et son enfant, elle s'était démenée pour trouver un appartement convenable pour les loger qu'elle finançait grâce à la bourse avec une école pas loin et surtout une nounou et une assistante sociale en renfort.

Léna n'avait aucune expérience avec les jeunes enfants, les plus jeunes qu'elle ait réellement côtoyés étant Esmeralda et Cindelle qui avaient dix ans à l'époque. Rose n'allait pas tarder à arriver avec sa petite fille pour prendre connaissance des dispositions que Léna avait dû prendre à leur égard afin de faciliter leur arrivée, leur adaptation et les cours. La russe afficha un sourire en les voyant arriver, son but n'était pas de les traumatiser et elle ne voulait surtout pas que la fillette se mette à hurler en sa présence, elle détestait le bruit des pleurs d'un enfant. Elle désigna un siège à prendre.

- Bonjour à vous deux, vous avez fait bon voyage ? Tu as aimé voler dans le ciel petite demoiselle ?

De l’appréhension… Cela faisait bien longtemps que Rose n’en avait pas ressenti de cette façon, cependant, elle savait pertinemment qu’elle se trouvait à un tournant de sa vie. Jusqu’à peu, elle n’avait plus vraiment de rêve d’avenir, ni même de véritablement espoir pour ce dernier. Le simple fait de devoir vivre au jour le jour, en faisant au mieux des prévisions pour quelques mois lui prenait toutes son énergie. Cependant, si elle arrivait à ce faire connaitre dans cette école et en y sortant, alors elle pourrait peut-être enfin faire des provisions sur le long terme, surtout pour l’avenir de sa fille.

Aujourd’hui, elle allait rencontrer la directrice de cette académie des arts reconnues. Elle avait un peu peur de cette entretient, et surtout, elle ne savait pas trop comment cette dernière allait réagir face à Laure. Rose avait bien précisé à sa fille qu’elle devait être sage, heureusement, c’était une enfant assez calme dans l’ensemble. Elle espérait pouvoir obtenir le droit de vivre avec Laure dans les dortoirs, sinon, elle allait devoir chercher un appartement ou un foyer pas trop cher dans le coin, et cumuler plus de petit boulot que prévu.

Main dans la main, la mère et l’enfant de quatre ans avancèrent dans les sentiers de l’académie, sous le regard curieux et étonné des élèves qui passaient dans le coin. Rose avait l’habitude de ce genre de regard, de même que celui du jugement quand les gens apprenaient leur lien de parenté. Cependant, elle n’avait aucune intention de le cacher, elle ne l’avait jamais fait. Elle avait toujours été fière d’être la mère de cette petite fille, et ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer, quoi que les gens puissent en penser. Et puis, cela perturberait sans doute Laure de ne plus pouvoir appeler sa mère maman en public.

Arrivé devant le bureau de la directrice, Rose sera un peu plus fort la main de sa fille qui la regarda. La blonde se mit alors accroupi près d’elle.

- N’oublie pas d’être sage et polie, d’accord Laure ?
- Oui maman, répondit-elle avec un sourire.

Rose lui fit un petit sourire avant d’entrer dans le bureau après y avoir été invité. Elle fut rapidement accueillie par la directrice de l’établissement.

- Bonjour Madame, merci beaucoup de nous recevoir aujourd’hui, répondit Rose en s’inclinant à la salutation de la directrice. « Je suis Rose, et je vous présente Laure. Nous avons fait un bon voyage, le vol c’est bien passé.»

Laure fit une petite révérence maladroite, avant de redresser la tête à la question de la dame.

- Bonjour madame, ça faisait un peu peur, mais j’ai vu des oiseaux voler tout près !

Suite à cela, Rose assit sa fille dans l’un des sièges en face du bureau avant de s’assoir elle-même dans le second. Ne connaissant pas la personne devant elle autrement que part son nom et son statut, elle ne sut pas trop si elle devait engager ou non la conversation, elle préféra donc attendre voir ce que la directrice voulait faire.

Léna leur sourit à toute les deux et attendit qu'elles se soient installées, on pouvait voir qu'il y avait le dossier de Rose devant ses yeux ainsi que divers brochures.

- Tu aimes les oiseaux ? Nous en avons plein dans la cours qui reviennent au printemps, si cela te fait plaisir tu pourras venir les voir et les nourrir

La danseuse avança une boîte de biscuit vers la petite pour l'ouvrir et lui proposer d'en prendre un, la petite devait être affamée après autant d'heures de vol. Elle pouvait au moins la faire patienter durant l'entrevue.

- Mademoiselle Evans, je voulais commencer par vous souhaiter la bienvenue à l'académie. Comme vous le savez certainement, les élèves mineures dorment au dortoir, cependant, je ne pouvais décidément pas infliger cela à votre fille. C'est la raison pour laquelle j'ai dû prendre la décision de vous faire loger avec votre enfant dans un appartement. Il y a tout le confort nécessaire pour vous deux, il est situé à deux pas de l'académie et du jardin d'enfant. En outre, le loyer sera en partie payé par votre bourse d'étude et les aides financières, je vais d'ailleurs avoir besoin que vous signiez ces papiers. Il s'agit de la demande pour les allocation familiale et d'habitation. Pour les repas, il y a une supérette et des magasins généraux au centre-ville, mais sachez qu'un repas chaud est servit le midi dans l'école de votre fille et ici même de sortes que vous n'ayez pas besoin de vous tracasser.

La russe essayait d'être la plus claire possible dans ses explications, il y avait beaucoup d'informations à retenir et ça ne devait pas être simple pour Laure qui venait à peine de débarquer.

- Ce sont les brochures d'informations, si vous souhaitez les relire au calme plus tard, ça ce sont vos clefs d'appartements, votre carte d'étudiantes qui vous permettra d'avoir des avantages dans les transports et d'autres avantages, tous sont expliqués dans les brochures. Ensuite, sachez que les lois japonaises sur les droits des enfants sont strictes, une assistante sociale viendra faire une visite tous les mois, elle n'est pas là pour vous punir ou pour vous enlevez votre fille, mais bien pour vous aidez si vous en avez besoin que ce soit avec les papiers administratifs ou autres, je vous suggère de prendre une baby-sitter pour les jours ou vos cours finiront plus tard.

Encore une fois, elle laissa la jeune maman prendre le temps de comprendre ce qu'elle avait dit et assimiler les informations.

- Avez-vous des questions ? Si vous le souhaitez vous pouvez vous rendre à la cafeteria avec votre fille après l'entretien, vous devez avoir faim et soif toutes les deux.

Laure fit un petit sourire à la directrice quand cette dernière lui parla des oiseaux de la cours et accepta le biscuit qu’on lui tendit, non sans avoir regarder sa mère avant pour en avoir l’autorisation. Autorisation que Rose lui donna d’un sourire.

C’est alors que la blonde comprit le sens de l’expression ‘’se faire bombarder d’information’’. Lena débita rapidement une quantité de chose dont la jeune fille fit de son mieux pour retenir, cependant, comprenant qu’elle n’y arriverait pas, elle sortie rapidement un petit carnet et nota en vrac tout ce qui était nécessaire pour elle de savoir. Elle allait loger dans un appartement avec sa fille, situé proche de l’académie et du jardin d’enfant, le loyer sera en partie prélevé sur ses aides et il y aura un repas pour sa fille le midi. C’était un peu brouillon, mais les informations étaient notées.

Elle récupéra également ce que la directrice lui donna, notamment ses clés. Elle ne pu empêcher un léger sourire se dessiner sur ses lèvres quand elle les observa. Depuis combien de temps n’avait-elle plus eu un véritable chez elle ? Depuis qu’elle avait quitté la résidence familiale suite aux violence commise sur sa fille, elle ne faisait que d’aller de foyer en foyer. Aujourd’hui, même si c’était dans un autre pays, elle allait pouvoir se poser un moment, au moins le temps de finir ses études. C’était un bien inestimable pour elle, et elle était sûr que cela allait aussi aider à la stabilité et au développement de Laure.

Rose était un peu inquiète vis-à-vis de cette assistance sociale qui devait venir, mais elle se rassurait en se disant qu’elle avait toujours tout fait pour sa fille alors même que les conditions n’était pas aussi favorable. Elle allait continuer à faire en sorte qu’elle vive dans un environnement sain et agréable, il ne devrait alors y avoir aucun problème avec l’assistance sociale.

Alors que la directrice lui demanda si elle avait des questions, Rose relu ses note pour vérifier qu’elle n’avait rien oubliée.

- Je voudrais d’abords pour remercier pour l’aide que vous nous apportez, je n’étais pas sur de pouvoir véritablement reprendre mes études, ma priorité étant Laure, mais avec ce que vous avez préparé pour nous, cela va grandement m’aider.

Même si elle ne faisait pas confiance à cent pourcent à cette femme qu’elle venait de rencontrer, cela ne l’empêcher pas de ressentir de la gratitude et de l’exprimer.

- J’aurais bien une ou deux questions si cela ne vous dérange pas. J’aimerai savoir s’il y a une cuisine dans l’appartement que vous nous avez trouvé ? J’aimerai autant que possible cuisiner pour ma fille le soir, afin qu’elle puisse avoir des repas sains et pas du réchauffer de la superette. J’aurais aussi voulu avoir des informations sur la Lylllan Gakuen, je me doute que Laure est trop jeune pour pouvoir y être inscrite, mais je veux pouvoir me préparer si jamais il y avait des besoins particuliers ou autre.

La directrice avait donné là, les informations les plus essentielles et si Rose souhaitait les approfondirent alors il ne lui restait plus qu’à lire l’ensemble de la paperasse qu’elle venait de lui distribuer en même temps. Léna sourit assez tendrement compte tenu du surnom de reine des glaces qu’elle avait en étant témoin des remerciements de la jeune mère.

- Je me suis donnée comme mission de guider les adolescentes et les enfants qui en ont le potentiel jusqu’au sommet et cela veut aussi dire que je dois montrer le chemin aux oisillons tombé du nid pour que ces dernières puissent ouvrir leurs ailes et tracer leur chemin vers un lendemain plus ensoleillé.

La russe était poétique quelques fois dans ses réponses, elle trouvait certaines tournures plus jolies pour exprimer son point de vue. Ici, elle avait fait une figure de style pour expliquer que même si les élèves avaient un passé trouble et difficile, elle était prête à les aider pour que celle-ci soient capable d’évoluer. Elle s’était fait la promesse d’ouvrir une académie qui était destinée aux filles avec des dons et d’y accueillir des jeunes filles venant de toutes les sphères sociales allant des filles aux parents aisés et connus aux petites orphelines sans argent ou aux élèves avec des parcours de vie chaotique, accidenté ou encore ayant des besoins ou des aménagements particulier. L’académie était un endroit ou chacune côtoyait chacune ou elles pouvaient sortir de leur confort pour être confrontée à d’autres points de vue et d’autres histoires que la leur et ça pouvait que leur apporter de l’enrichissement d’un point de vue social.

Léna admettait qu’il était parfois très dur d’arriver à ce que tout le monde s’entendent et qu’il y avait eu des ratés, mais dans l’ensemble la plupart des filles allaient facilement les unes vers les autres pour s’entraider et en ressortir grandie.

- L’appartement dispose du confort nécessaire, il y a évidemment un coin cuisine avec un frigo et réfrigérateur intégré, un évier, un four et une plaque de cuisson. C’est une qualité que de réussir à se projeter dans l’avenir, mais ne serait ce pas plus simple d’attendre qu’elle soit plus âgée, qu’elle ait réussi à s’adapter à sa nouvelle vie et nouvelle école et qu’elle ait terminé sa primaire avant de l’orienter vers une école ou une autre ? Vous avez encore une dizaine d’années devant vous, partons du principe que vous mettrez toutes les chances de votre côté et que d’ici là vous serez sortie de l’académie avec un diplôme et une situation, qui vous dit que vous ne serez pas établie dans un autre pays dans dix ans ? En tout cas c’est ce que je vous souhaite de meilleur.