Entretien avec quelqu'un qui n'a pas la tête de l'emploi [PV ALYSSA]

La fin des vacances sonnait à grands pas et quoi de mieux pour se remettre dans le bain que de reprendre les entretiens d'embauches ? La directrice de l'académie avait épluché bon nombre de candidatures cette année comme toute les précédentes d'ailleurs. Le campus était un endroit agréable ou les élèves étaient ici par envie d'apprendre contrairement aux écoles publiques ou certains professeurs avaient l'impression de vomir leur savoir sur des élèves qui n’étaient pas réceptifs du tout. La russe s'était donc levée tôt et préparée dans l'idée de voir en face à face les futures professeures qu'elle allait engager. Elle mettait un point d'honneur à donner sa chance aux candidatures avec des profils qui correspondaient à ses attentes et c'est pourquoi elle les faisait venir pour avoir une conversation avec elles et vérifier le bien fondé de leur CV.

Comme à son habitude, la danseuse était tirée à quatre épingle et habillée de manière très élégante. Elle avait opté pour un pantalon droit qui lui collait légèrement aux fesses et aux cuisses et puis s'évasait très légèrement, des talons fermés avec une chaussure noire et vernie et au dessus, un chemisier tout ce qu'il y avait le plus classique blanc qui entrait dans le pantalon afin de souligner sa taille de guêpe. Elle avait ramené ses cheveux dans un chignon banane dont aucune mèche ne dépassait.Légèrement maquillée pour faire ressortir son regard bleu glacé comme un iceberg.

Elle commença par saluer sa fidèle secrétaire qui lui facilitait énormément le travail, comment avait-elle fait sans elle avant ? Molly était une précieuse alliée qui lui mâchait le boulot et l'empêchait de rentrer à des heures indécentes. Elle prit les dossiers qui était préparés sur le coin du bureau de sa secrétaire et entra dans son bureau toujours bien rangé et carré à son image. Elle se remémora chaque candidature pour relire les CV et les lettres de motivations.

Il lui fallait absolument trouver des bonnes enseignantes qui sauraient intéresser ses élèves et les faire progresser vers le haut. Elle regarda sa montre à son poignet droit, la première candidate n’allait pas tarder à se présenter, elle l'espérait car si il y avait bien un défaut qui l'horripilait c'était bien le manque de ponctualité. Léna était toujours à l'heure à la minute prêt et elle demandait la même rigueur à ses enseignantes et à ses élèves. Elle pardonnait très difficilement le retard surtout lorsque sa journée était parfaitement agencée entre plusieurs rendez-vous et que la moindre minute de perdue mettait à mal toute son organisation parfaitement structurée.

Le téléphone se mit à chahuter et Léna appuya sur le haut parleur pour entendre sa secrétaire annoncer l'arrivée de sa toute première candidate de la journée. Hoffmann Alyssa, une enseignante en littérature. La russe se leva pour aller ouvrir la porte de son bureau et l'accueillir. Léna n'était pas quelqu'un de naturellement souriante, elle avait des traits très altier et une attitude au premier abord très froide, ce n'était pas pour rien qu'on la surnommait la reine de glace.

- Bonjour mademoiselle Hoffmann, je vous en prie veuillez vous donner la peine d'entrer

La danseuse se décala légèrement pour laisser la candidate passer et fermer la porte derrière-elle avant de faire son chemin d'un pas souple et élégant jusqu'à son bureau ou elle montra d'un geste gracieux le siège installé juste en face.

- Vous pouvez vous asseoir

« Ah merde, j'dois rencontrer la directrice. Faut une tenue décente ou pas ? »

Vous vous en doutiez, j'étais seule dans ma chambre. Ma mère me hurlerait de bien m'habiller et coiffer. Non m'man, j'pouvais pas car j'étais pas hypocrite, si on devait me voir, c'était normalement et pas sous un faux-masque.

« Et puis zut. »

Je laissai mes bijoux déjà portés sur moi, mes cheveux en bataille remis en arrière d'un coup de main, je mis un haut noir sous une chemise blanche mal repassée, une veste ouverte, un pantalon légèrement serré et des bottines.

« M'man, j'y vais, si j'reviens pas, c'est qu- »

« Oh non, tu feras attention sur la route, ne parle pas de dang- »

« LAISSE-MOI FINIR. Si j'reviens pas, ça veut dire qu'j'suis prise. J'ai déjà préparé des valises dans mon coffre, bon, j'vais juste éviter de les sortir, histoire qu'on me dise pas que je prends la confiance. »

Elle vint me serrer fortement dans ses bras, je cillai plusieurs fois avant de rendre son étreinte.

« Eh, j'vais pas en enfer, juste à mon futur travail, normalement. »

« Fais attention à toi, papa et moi t'aimons fort, notre petite princesse. »

« … C'était tellement mielleux que des abeilles commencent à te renifler. Bref, bisous et je vous envoie des nouvelles. »

Je fis un salut de la main avant de prendre la voiture pour aller à l'académie.

Et tout le long de la route, bien évidemment, j'avais un léger stress.

« C'est juste un entretien, Alyssa, c'est rien de compliqué, la sincérité et la vérité prévalent, t'as pas à t'faire de bile. »

Je tapotai mon front, ayant allumé une cigarette pour fumer, j'en étais à je ne savais plus combien. Soit fallait que je frappasse un truc ou que je fumasse, le choix était rapide.

Je me garai et... je puais la clope. Ah non, au moins, je devrais masquer ça. Je sortis un parfum de mon sac en bandoulière pour m'en mettre quelques gouttes, je pris un chewing-gum à la menthe fraîche et me dirigeai vers le bureau, je prévins la secrétaire qui m'autorisa à avancer. J'avais au préalable jeté le chewing-gum avant de lui parler. En espérant que ça passât.

J'allais toquer mais la porte fut ouverte, je tendis la main mais me ravisai vivement pour faire un coucou de la main. Ah ça commençait bien...

J'avançai en la remerciant avant de m'installer.

« Alyssa Elizabeth Hoffmann, professeure de littérature et ayant fait la demande pour être référente du club de Self-Defense. Enchantée de vous rencontrer, madame Pétrova. »

Dis-je tout aussi froidement. Si on continuait de discuter, des ours viendraient hiberner ici. Eh eh, je déconnais... Heureusement qu'elle lisait pas mes pensées. Mon visage restait néanmoins impassible, mon regard cerné ne la fuyait pas. Les gestes de défense ou inférieurs se voyaient, sauf que j'étais pas comme ça.

Lorsque la candidate se présenta, Léna ne fit aucune remarque sur son apparence négligée. La russe savait bien que les diamant les plus précieux se trouvaient parfois au cœur des pierres les plus banales. Elle avait toujours été de nature élégante, si petite qu'elle était, la directrice avait toujours apprécié porter de beaux vêtements et être bien coiffée, mais ces préoccupations ne semblaient pas du tout effleurer l'esprit de la professeure devant-elle.

La danseuse de renommée internationnale qu'elle était ne fumait pas et malgré l'odeur de chlorophylle qui lui emplissait les narines, elle reconnu immédiatement celle du tabac. Elle avait en horreur ces satanées cigarettes et leur pouvoir d'obsédé l'esprit des jeunes. Aussi, avant même de s'asseoir, elle se permit une remarque.

- Le campus est non fumeur, vos cigarettes ne seront tolérées qu'à l'extérieur de l'enceinte !

Avant-même toute politesse, Léna sans même ciller ou hausser le ton de sa voix avait su faire comprendre à cette candidate au poste de professeure de littérature qu'ici la tolérance était de zéro en matière de tabagisme. Pas de chance pour la jeune professeure qui avait voulu masquer l'odeur de tabac et berner la danseuse russe, elle était hypersensible à ce genre d'odeur.

Elle prit place en s'asseyant toute de grâce et de féminité en continuant de regarder Alyssa dans les yeux.

- Enchantée de même , j'espère que vous avez fait bon voyage jusqu'au Japon ? J'ai pu parcourir votre C.V et votre lettre de motivation. Ici, voyez-vous nous formons des jeunes-filles qui viennent de partout dans le monde, la multiculturalité est présente partout et certaine de ces élèves notamment celles qui viennent d'arriver ont du mal à communiquer en japonais. C'est pour cette raison que je choisis des enseignantes qui savent manier plusieurs langues et c'est en quoi votre Poly-linguisme m'a convaincu de vous donner un entretien.

La russe était comme toujours très professionnelle et très pointilleuse, elle relevait les points qui lui importaient.

- Ma question est la suivante: Que feriez-vous pour les élèves en difficultés qui auraient du mal à vous comprendre ? Des élèves qui ne maîtrise, ni l'anglais, ni le français, ni le japonais ?

C'était un cas de figure qui n'était encore jamais arrivé, mais auquel chaque enseignantes devaient être capable de palier. Le fait de ne pas être capable de communiquer avec les élèves était un véritable cauchemars pour les professeures, un défis de taille. Léna avait posé quelque-fois cette question en entretien et les réponses qu'elle obtenaient souvent étaient soit trop idylliques et irréalisables, soit lui avait fait carrément remettre en question le choix de carrière de cette personne devant-elle.

…

Pas les cigarettes, pas ça, ah non...

Je vins serrer le poing sous la table par stress, pas de cigarette ? J'allais mourir la bouche ouverte si j'avais pas la clope du soir ou qu'importait le moment...

Mais je ne devais rien dire, je n'allais pas perdre ma place si bêtement. Je hochai simplement la tête.

« Je me permettrai de revenir sur ce sujet après pour voir certains détails avec vous, si vous me le permettez... »

Puis je l'écoutai et hochai la tête, être multilingue était un plus très avantageux pour ce genre de métier. Sauf que là, la question, arriva d'un coup, je cillai légèrement avant de sourire un peu.

« Vous êtes directe et ne tournez pas autour du pot, j'apprécie beaucoup. Je maîtrise aussi l'allemand, mais si cela n'est pas non plus possible, je maîtrise les bases du langage des signes, ayant vu beaucoup de films avec des muets ou des sourds, on retient des signes, et j'ai approfondi certaines recherches pour créer des phrases. Non, je ne mens pas, sachez que tout ce que je dis, c'est sincère et honnête, je ne m'amuserai pas à mentir pour décevoir après. Et en imaginant encore, que l'élève en question ne comprend pas cela, je pense peut-être jouer avec des images, c'est un peu une solution facile, il n'y aura probablement pas de phrase concrète, mais la connaissance sera ainsi transmise. Différemment mais assurément. »

Pour une réponse sortie soudainement, je n'étais pas peu fière. Peut-être que, par contre, il y avait une meilleure réponse mais là... En réfléchissant légèrement, je ne trouvais pas d'autres solutions.

« … ou alors devais-je répondre quelque chose comme appeler une collègue ou vous ? Ou même les parents ou responsables légaux de l'élève ? »

Je soupirai légèrement d'exaspération, si c'était cela, je m'étais creusée la tête pour rien.

Malgré le fait que la candidate avait l'air de savoir retenir ses émotions, la russe habituée à déceler ce genre de chose la sentit assez tendue. Avoir mentionné le campus non-fumeur l'avait mit dans cet état et pire encore, elle demandait à aborder ce sujet que Léna croyait clos.

- Il n'y a pas à revenir là-dessus, le règlement stipule que le campus est non-fumeur et je ne vais pas le changer pour une ou deux personnes ! J'essaie d'enseigner aux étudiantes des pratiques qui seront bonnes pour leur santé et si vous souhaitez faire partie de mon équipe professorale, il vous faudra montrer le bon-exemple. Je vous autorise à fumer en dehors du campus et c'est de loin le mieux que je puisse faire! Vous n'êtes pas la seule dans l'académie et vous trouverez très facilement une personne pour vous y accompagner avec plaisir.

Cela avait le mérite d'être clair, la cigarette était un véritable fléau pour les jeunes et étant en couple avec une personne qui consommait ce genre de drogue volatile, il n'y avait rien de plus désagréable que de parler avec quelqu'un qui vous crache sa fumée toxique à la figure ou encore d'embrasser quelqu'un qui vient de terminer sa clope. Vraiment, Léna était intransigeante concernant ce point-là en particulier, elle voulait bien faire un effort en laissant les fumeuses faire leurs aérosols mauvais pour les poumons, consommer leurs cigarettes à l'arrière des bâtiments sur le parking du personnel, mais c'était la seule et unique chose qu'elle était prête à faire. L'odeur du tabac la révulsait.

La russe la laissa répondre à sa question sans jamais la couper. Il était important de lui laisser le temps de parole nécessaire à ses explications et e moins qu'elle pouvait en dire c'était qu'elle avait des idées. Un poil étrange, certes surtout si elle faisait le singe pour se faire comprendre, mais elle pardonnait cela en raison de son expérience dans l'enseignement encore minime. Au moins, elle essayait d'apporter des pistes pour résoudre les soucis et cela démontrait sa motivation. La russe se contentait de prendre quelques notes en alphabet cyrillique.

- Il n'y avait pas de bonnes ou de mauvaises réponses, je voulais juste voir votre implication et je suis satisfaite. Je recherche des professeures qui sont passionnées par leur domaine et qui arrive à communiquer cela aux élèves. Nous sommes une école pour jeunes filles, mais beaucoup d'entre-elles ont eu jusqu'ici des relations conflictuelles avec l'enseignement et la figure d'autorité que sont les professeures et c'est pour cela qu'il leur faut des enseignantes capables de leur redonner confiance dans leur capacité et les tirer vers le haut. Je veux être certaine que vos étudiantes seront entre de bonnes mains. Vous en pensez quoi ?

Ah ça f'sait chier. Heureusement que je le pensais celui-là, maintenant fallait trouver quelqu'un et/ou du monde qui fumait, de préférence, des personnes du service et pas des élèves, je ne pourrais pas parler librement. Non pas que j'aimais parler de choses osées, mais avec d'autres adultes, je pouvais sortir un ou deux mots vulgaires, dire que certaines élèves avaient été infernales, et j'en passais.

Bon, impossible de parvenir à un accord, au moins ça avait le mérite d'être clair. Je me tus face à cela, en espérant que j'oubliasse pas. Puis je souris en voyant qu'il n'y avait pas de réponse attendue.

« Je comprends et vous voyez bien que j'ai répondu sincèrement. Et au pire du pire, je vous contacte dans l'immédiat. Je préfère discuter avec quelqu'un que de chercher désespéramment. L'important est l'éducation, je suis ici pour pour leur transmettre mon savoir. Ceci est mon objectif premier et je ne m'en détournerai jamais, je vous le promets, madame Pétrova. Étant donné le nom, je dois présumer que vous êtes russe ? Si vous me le permettez. »

Vilaine curiosité quand tu nous tenais. En espérant que cela ne la vexât pas. Ça pouvait peut-être prouver que j'étais en confiance aussi ? Ah, je ne savais pas...

Léna n'ignorait pas qu'il y avait des membres du personnels enseignant ou pas d'ailleurs qui avait ce genre de TOC et qui fumait à chaque inter-cours ou presque. Il aurait fallut qu'elle soit complètement idiote de penser que c n'était pas le cas et c'est pour ça qu'elle avait fait construire un fumoir sur le parking, comme une aubette de transport en commun avec des cendriers contenant du sable pour écraser les cigarettes et des poubelles pour garder l'espace propre. C'était tout ce dont elle était capable de concilier. La russe était d'ailleurs assez étonnée qu'Alyssa n'ai pas remarqué ce dispositif, elle aurait tout le temps de le voir et d'y passer du temps quand elle prendrait ses marques dans l'établissement.

Elle appréciait sa sincérité, c'était de loin une des qualités que privilégiait la danseuse de ballet. Elle fut tout de même un peu surprise d'entendre qu'elle ne s'était pas un minimum renseignée sur elle. Habituellement, les personnes qui postulaient pour être engagées se montraient plus curieuse et savaient presque réciter son propre CV ou son autobiographie sans même qu'elle le demande. Elora serait contente d'apprendre qu'il y avait encore des gens qui ignorait son nom de famille.

- Oui! C'est bien cela ! Je viens de Moscou en Russie !

Ce n'était pas dérangeant de ne pas avoir d'éloge sur soi, Léna n'aimait pas forcément les personnes qui passaient leur temps à lui faire des compliments qui n'étaient pas sincères juste pour avoir un poste. La directrice mettait en avant le bien-être des élèves avant son entente avec les professeures.

- Vous avez des questions sur l'établissement ?

Je n'étais pas détendue, l'agression -ou presque du moins- sur la cigarette m'avait légèrement crispée, je jouais avec mes doigts sur mes cuisses, cachés sous le bureau.

« Oh, vous venez aussi de loin aussi. Merci d'avoir répondu à ma question. »

Je lui souris avant de réfléchir, regardant sur le côté, frottant mes doigts sur ma joue.

« Pour être honnête, j'avais peur d'être renvoyée à cause de mon... style, mon regard. Alors je suis très heureuse d'avoir été prise. Les cours particuliers, dois-je vous consulter avant ou je peux prendre l'initiative ? Les heures de colle sont autorisées ou c'est une autre punition ? Pour les fautes dites graves, j'entends bien. Et sinon, là tout de suite, je suis prise au dépourvu... je ne manquerai pas de venir vous voir si je dois avoir une réponse. »

Je serrai et desserrai les poings, m'occupant les mains pour ne pas penser à la nicotine, elle m'avait mise dans un petit état de stress, je devrais m'en moquer en soi, mais étant donné tout l'argent mis pour ce voyage et ce travail, ça m'aurait très franchement embêtée de devoir faire mes valises pour partir.

La jeune professeure ne semblait pas avoir remarqué ni son accent qui n'était clairement pas japonais ou peut-être qu'elle n'y portait aucune attention. Léna répondit d'un hochement de tête, cela ne la dérangeait pas réellement de répondre à des questions sur ses origines même si cela restait rare qu'on le lui demande. Elle restait une personnalité assez connue mondialement même pour des personnes qui n'avaient jamais été fan de danse classique.

Lorsqu'elle lui exposa ses craintes, Léna la regarda calmement. Il était vrai qu'elle ne possédait la tête de l'emploi, mais malgré tout, elle avait fait son choix parce qu'elle possédait un CV et des compétences qui l'avaient intéressés.

- Je suis une professionnelle avant toute chose, je n'engage pas des gens parce qu'ils sont top canon, ce que je veux avant-tout ce sont des professeures motivées qui réussiront à rendre leur cours intéressants pour des élèves. Vous pouvez prendre l'initiative des cours particuliers avec les élèves si vous sentez qu'elles en ont besoin pour comprendre. Les heures de colles sont autorisées bien-sûr la seule chose que je ne tolère pas ce sont les punitions physiques et violente. Je préfère qu'un professeure vienne me voir si il se sent dépassé par une élève plutôt que d'agir bêtement à des pulsions.

Léna mettait un point d'honneur à ce que les élèves de toutes les sections se sentent en parfaite sécurité à l'académie et toutes savaient que sa porte restait ouverte en cas de problèmes. Elle ne mettrait aucune élèves dehors si celle-ci venait lui demander de l'aide.

Je cillai soudainement à sa dernière réflexion avant de lâcher un ricanement amusé. Je secouai la tête.

« Cette idée ne m'avait pas traversée l'esprit. Mais si je sens que je ne tiens plus, mon réflexe aurait été de vous convoquer. En premier lieu, pour faire peur car convoquer madame Pétrova doit mettre une sacrée frousse, et pendant un cours devant tout le monde. Mais oui, je ne suis pas violente. »

Enfin, si mais contre des mannequins d'entraînement à la rigueur.

« Merci de cet entretien et de m'avoir accepté. »

Je me levai avant de m'incliner dignement, les bras le long du corps. J'avais appris les formules de politesse en japonais et ce n'était pas un mal.

« J'espère que nous aurons la chance de pouvoir discuter en dehors des cours. J'entends par là que je préfère être en bonne relation avec vous. »

Je m'étais redressée en le disant avec un sourire sincère, je commençai à me diriger vers la porte avant de me retourner et lui dire.

« D'ailleurs, vous êtes bien plus belle qu'à la télé ou les livres. Je regarde beaucoup la télévision alors vous ne pensez pas que je n'avais pas remarqué ? »

Je ricanai avant d'avoir une légère quinte de toux dissimulée par ma main sur mes lèvres.

Le premier réflexe de la professeure aurait été de la convoquer, certes c'était une manière de faire qui aurait sans aucun doute calmé les ardeurs des élèves les plus perturbatrices, mais Léna ne le voyait pas de cet avis.

- Si j'intervenais dans votre classe, je risquerais de saper votre autorité auprès de vos élèves, c'est pourquoi j'attends de vous que vous sachiez vous faire obéir de vous même. De plus, je ne suis pas toujours présente, j'ai mes propres classes d'élèves et j'ai des journées qui sont assez chargée, je n'ai pas le temps de patrouiller dans l'académie pour vérifier que chaque classe se passe bien, je suis certaine que vous pouvez le comprendre ?

La russe laissa un instant de pause afin que la nouvelle arrivante puisse assimiler ce qu'elle disait et reprit d'une voix toujours calme et égal à elle-même.

- Toutefois, vous devez savoir que c'est une école privée, les élèves qui sont ici, e sont parce qu'elles ont réussi une audition, la mentalité n'est pas la même que dans une école publique ou la plupart des étudiants qui vont à l'école parce qu'ils n'ont pas le choix. Je ne dit pas que toutes nos élèves sont des anges et certaines mêmes chercheront à tester vos limites.

Il ne fallait pas non plus créer de raccourcis et sauter à une conclusion, Léna n'était pas entrain de dire que les élèves de l'école publique étaient des ânes qui attendaient bêtement qu'on leur déverse un peu de savoir dans leur caboche et encore moins que ses élèves en valait la peine. Elle essayait juste de démontrer que la motivation n'était pas tout à fait pareil, étudier dans cette académie était un choix de l'étudiante, si elle voulait réussir, c'était à elle de se donner à fond.

- Je vous en prie, je vous remercie d'avoir fait le déplacement jusqu'ici.

Elle répondit à sa courbette par une légère inclinaison de la tête afin de lui rendre son salut et la laissa s'en aller. Elle avait entendu son compliment, mais que pouvait-elle y ajouter de pus ? C'était très gentil de le lui dire, mais si elle le commentait on l'aurait prise pour une personne imbue d'elle-même alors elle se contenta de laisser un rapide sourire passer sur son visage.

- La porte de mon bureau reste ouverte, si vous avez le moindre soucis, n'hésitez pas, ma secrétaire pourra vous intercaler entre deux rendez-vous. Par soucis, j'entends une bonne raison de venir me voir.