El tigro VS la petite loutre trop mims [Yuki X Ana]

« Kazane-san ! Peux-tu porter cette clarinette à la salle de répétition s’il te plait ? »

« Oui bien sûr ! »

Yuki prit l’étui de clarinette que lui tendait sa camarade et se dirigea d’un pas tranquille vers la salle de répétition. Elle était chanceuse, elle avait terminé sa journée plus tôt que prévu et se demandait ce qu’elle allait faire de ce temps libre. Surement irait -elle faire un tour en ville et profiter d’une bonne glace. Où alors, elle pourrait se rendre sur la plage et se pratiquer à la guitare. L’idée de la glace la tentait davantage par cette chaleur. Puis généralement sa gourmandise finissait par avoir le dernier mot.
Elle arriva à destination et ouvrit la porte en s’excusant au cas où il y aurait quelqu’un dans la salle. Alors qu’elle venait de franchir le seuil, les évènements de sa journée prirent soudainement une étrange direction. Devant elle se tenait une jeune fille à moitié nue dans une position suggestive. Le cerveau de Yuki disjoncta et son visage vira au rouge pivoine. Elle n’eut ainsi pas le temps de dire ou faire quoique ce soit que la créature tentatrice s’approchait et scellait ses lèvres aux siennes dans un baiser qui n’avait rien de romantique.

Il fallut un instant à Yuki pour terminer la mise à jour de ce qu’elle était en train de vivre et son réflexe fut de repousser la prédatrice en hurlant. Les joues toujours rouges, le souffle coupé (elle avait retenu sa respiration sans s’en rendre compte), elle observa la fille se tenant devant elle comme si elle débarquait d’une autre planète.

« Kami-sama mais tu es…. Dingue ! »

Yuki détourna ses yeux de cette apparition qui salissait sa vertu. Elle devait être en train d’halluciner. Cette fille ne pouvait pas être réelle. La Japonaise retenta un regard en espérant que la détraquée ait disparu. Malheureusement elle était encore là, à l’observer de ses yeux de démon. Elle semblait briller, cette couleur de cheveux n’était définitivement pas naturelle, mais ça lui allait bien. *À quoi tu penses Yuki ? Cette fille est malade et toi tu la trouve..sex..belle. Ressaisis-toi ma fille tu délire*
L’heure de son test était-il venu ? Yuki n’était pas particulièrement croyante, bien qu’attachée à certaines traditions. Peut-être que c’était sa punition. Où alors un message l’invitant à laisser sortir ses désirs refoulés. Non, elle ne fantasmait pas spécialement sur les schtroumpfs. Elle continua de regarder la fille, le visage en feu, le cœur battant la chamade.

« Est-ce que j’hallucine ou tu es bien réelle ? »

Ça avait fini par lui échapper. Elle espérait vraiment que la fille n’existe pas sinon elle allait passer pour une folle. Quoique, ce n’était pas elle l’effrontée à moitié nue qui sautait sur tout ce qui bouge.

Yuki se sentit extrêmement bête. Bien sûr qu’elle était réelle ! Les êtres maléfiques ou célestes n’existaient pas. Depuis le temps qu’elle était dans cette école d’art, elle devrait être habituée à voir des filles avec des styles étranges. Quand la bleutée s’approcha de nouveau, Yuki se recula, mais son dos rencontra la porte qu’elle avait à peine franchie. Son corps se figea `nouveau et son cœur se mit à battre plus rapidement tandis que l’inconnue portait sa main à sa poitrine. Qu’était-il en train de se passer exactement. Les sens de la Japonaise étaient en alerte, pourtant elle n’arrivait pas à bouger ne serait ce que le petit doigt.

La perverse posa à nouveau ses lèvres sur les siennes pour un baiser plus doux auquel Yuki ne répondit toujours pas. Elle avait pensé à la mordre avec force, mais la fille se retira rapidement et la fixait en fronçant les sourcils. Le démon lui demanda si elle s’appelait Miura Satome avant de porter son regard sur son téléphone. Elle l’avait prise pour quelqu’un d’autre. Yuki sentit les larmes lui monter aux yeux tandis que la colère s’empara d’elle, elle se mit à hurler:

« Bien sûr que non Baka ! Quel genre d’idiote il faut être pour se jeter comme ça sur quelqu’un sans commencer par vérifier qui elle est ! Tu es vraiment… aaah..Mais franchement c’est quoi ça ? On ne t’a pas appris le respect ! Tu ne peux pas agir ainsi et juste te moquer de ce que les autres ressentent ! Baka ! Baka ! Baka! »

Sans même s’en rendre compte sa main alla gifler la face de la jeune femme. C’était la deuxième claque que Yuki donnait à quelqu’un de toute sa vie. La première avait atterri sur la joue de Kiralee. Elle se sentait mal de ce geste qui ne lui ressemblait absolument pas. Yuki avait horreur de la violence, mais là, elle était hors d’elle. Elle avait eu vraiment peur et à présent le comportement de la fille l’enrageait. Même si elle s’en voulait, elle ne s’excuserait pas.

D’un pas rageur, elle bouscula la jeune femme avant de se diriger au fond de la pièce pour déposer la foutue Clarinette. Elle fit ensuite demi-tour et s’arrêta face à la fille aux cheveux bleus.

« La prochaine fois que tu voudras te la jouer dépravée, choisis un lieu moins fréquenté. »

Sur ces paroles elle se dirigea vers la porte, toujours les larmes aux et l’envie brûlante de fuir cet endroit et surtout cette personne.

Elle aurait dû se douter que son geste ne resterait pas sans conséquence. Elle ne s’était toutefois pas contrôlée. Son corps s’était mis en mode autodéfense face à cette inconnue qui semblait ignorer le principe de consentement. Yuki s’était sentie en danger et avait agi en conséquence.

Quand elle reçu une claque en retour, elle resta interdite. Elle ne s’était pas pris de coup depuis qu’elle avait mis les pieds à l’académie. La sensation de picotement sur sa joue raviva des souvenirs douloureux. Elle n’avait plus qu’une chose en tête : fuir cette salle et oublier ce qui venait de se passer.
Sans se préoccuper de ce que lui disait la fille, Yuki la contourna, les larmes roulant sur ses joues. Il fallait qu’elle parte, sinon elle allait faire une crise de panique. Elle ne savait nullement gérer un conflit et faisait toujours tout pour les éviter. Chaque fois que cela lui était arrivé, elle avait été tétanisée par la peur. Même si elle avait grandi et fait en partie la paix avec son passé, elle était toujours incapable de faire face à ce genre de situation.

Quand sa main atteignît enfin la poignée en métal, elle ouvrit rapidement la porte. Elle eut un hoquet de surprise lorsqu’elle tomba nez à nez sur un visage qu’elle connaissait que trop bien.

« Kira… »

Sans même réfléchir, elle se jeta dans les bras de l’Américaine et éclata en sanglots. Elle avait agi par instinct. Les bras de Kiralee étaient la seule place où elle s’était toujours sentie entièrement en sécurité. Elle sera fort la danseuse contre elle et enfouit son visage dans son épaule. Son parfum familier, quelle n’avait sentie depuis une année, la réconforta et aida son cœur à calmer sa course folle.

Elle aurait aimé rester là pour toujours et tout oublier. Elle espérait que ce ne soit qu’un rêve et que cette fille aux cheveux bleus n’existait pas. Même si elle passait pour une folle, c’était toujours mieux que d’accepter le fait que les derniers évènements qui s’étaient produits étaient réels. Yuki n’attirait jamais directement l’attention sur elle, elle détestait être au centre de ragots. Elle avait su gérer quand elle était avec Kiralee, car elle l’aimait. Au côté de la brune, elle s’était toujours sentie plus forte et capable de tout affronter.

Son corps fut automatiquement attiré par celui de la danseuse. L’odeur et la chaleur de ce dernier lui apportèrent un sentiment de sécurité instantané, ce qui permit à ses sanglots de s’estomper. Son cœur s’emballa également en retrouvant cette sensation familière. Ce n’est qu’à cet instant que Yuki réalisa vraiment à quel point Kiralee lui avait manqué. Elle avait vu récemment une vidéo qui expliquait que l’amour agissait telle une drogue sur le cerveau. Cela prenait maintenant tout son sens. Son être réagissait de bien être comme une personne addicte prenant sa dose d’héroïne. Elle se sentait si bien qu’elle ignora l’égoïsme de son geste et se contenta de venir glisser ses bras autour des hanches de l’Américaine pour l’approcher davantage. Lorsqu’elle sentit la main de son ex-fiancée se faufiler sur sa nuque, elle ressentit un immense frisson qui termina de la déconnecter de la réalité. Elle aurait voulu que cet instant dure pour l’éternité.

Malheureusement, toutes choses avaient une fin. Kiralee se décolla un peu pour venir inspecter le visage ruisselant de larmes de la Japonaise. Les doigts de l’ancienne combattante posés sur le menton de la guitariste parurent l’électriser. Yuki sembla se figer alors que ses yeux se plongèrent dans le regard vairon qui analysait sa joue. Les doigts finirent par venir sécher ses larmes avant que le corps de Kiralee s’éloigne définitivement.

Yuki retourna sur terre un peu perdue. Elle n’entendit pas vraiment ce que venait de lui dire l’Américaine et se contenta de rester planter sur le côté de la porte. La voix tranchante de Kiralee la fit frissonner. Oh, non, pas ça. Elle ne voulait pas en venir là. Elle ne voulait pas que quelqu'un soit blessé. Même si la fille aux cheveux bleus avait vraiment mal agi, elle ne méritait pas de se faire frapper. Et Kiralee n’avait pas à encore se foutre dans les problèmes à cause de Yuki. S’approchant de la porte le cœur tambourinant cette fois de peur, Yuki regarda la scène les yeux écarquiller en imaginant déjà le pire.

Toutefois, Kiralee ferma la porte au nez de Yuki en entrant dans la salle. La musicienne ne savait que faire et ignora les questions des filles qui commençaient à s’attrouper devant la salle de musique. Quelque seconde plus tard, la porte s’ouvrit brutalement (ce qui fit se déplacer Yuki de plusieurs mètres) et une masse bleue à moitié dénudée en jaillit, venant s’écraser au sol. Il n’y avait pas de pleurs, de cris, ni même de sang. La nouvelle venue se releva en grimaçant, son égo semblant plus blessé que son corps. Elle sembla vouloir dire quelque chose, mais se ravisa. Elle finit par réajuster ses vêtements et s’éloigna sans faire d’esclandre. Ainsi, sans même avoir vu ce qu’il s’était passé à l’intérieur, Yuki sut que Kiralee avait gardé son sang-froid. Ce n’était pas l’avis de tout le monde actuellement autour d’elle, mais elle savait que ça aurait pu être bien pire.

Kiralee avait bien agi. C’était étrange pour la brune de penser cela, mais au vu du comportement de son agresseur, elle savait qu’agir moins brutalement n’aurait eu comme effet que de la provoquer davantage. Yuki se mordit la langue en pensant cela, mais elle trouvait l’intervention de Kiralee assez cool. La danseuse n’avait pas hésité à voler à son secours et à la protéger comme elle l’avait toujours fait.

« Aller ça suffit ! Allez-vous-en ! Le spectacle est fini ! »

Tout le monde s’arrêta de parler pour regarder Yuki avec des yeux ronds. Elle venait de parler assez fort et avec autorité pour éloigner les élèves. C’était la première fois qu’elle haussait le ton et agissait de la sorte. Elle ne voulait pas que de nouvelles mauvaises rumeurs se répandent sur Kiralee. Elle croisa les bras et défia du regard quiconque osait faire un commentaire déplacé. Devant ce comportement inhabituel de la part de la guitariste, ses camarades se contentèrent de vaquer à leurs occupations sans rien ajouter.

Une fois le couloir dégagé, Yuki rejoignit l’Américaine dans la salle de musique et ferma la porte pour s’assurer que personne ne vienne les espionner. Posant ses yeux sur le visage de l’Américaine, elle se sentit rougir en se rendant compte que son action était un peu bizarre. Elle voulait simplement remercier Kiralee, mais à présent elle perdait ses moyens en se retrouvant ainsi dans l’intimité. Plein de sentiments contradictoires se mélangèrent en elle. Elle avait envie de fuir, de rester planter là sans rien dire, de se jeter sur Kiralee et l’embra… Elle secoua la tête pour reprendre le contrôle sur ses pensées. La voix plus timide que celle qu’elle avait utilisée pour faire fuir les commères, elle bafoua :

« Merci, Kira… pour ton aide… et désolée de t’avoir mise dans une position délicate… »

Elle avait détourné les yeux et triturait nerveusement ses doigts devant elle. Qu’elle était pathétique. Cela faisait des mois qu’elle avait envie de parler à la danseuse et maintenant qu’elle en avait l’occasion elle se dégonflait. Elle ferma un instant les yeux et prit une grande inspiration, comme elle le faisait avant de monter sur scène. C’était son rituel pour rassembler son courage et sa détermination.

Rouvrant les yeux, elle les plongea dans leurs comparses vairons et son cœur manqua un battement. Son corps agit automatique, attirée naturellement par celui de la danseuse, comme un aimant. Elle s’arrêta juste en face d’elle, son visage à quelque centimètre du sien. Elle allait commettre une erreur. Son visage s’avança, ses lèvres vinrent frôler celle de Kiralee. Un nouveau frisson parcourut le corps de Yuki, mais elle se ressaisit à temps. Elle dévia sa trajectoire pour poser ses lèvres sur la joue de l’Américaine. Ses mains vinrent cependant s’agripper à sa taille et son corps se colla au sien.
Laissant glisser ses mains dans le dos de la femme qu’elle aimait, elle vint l’éteindre avec douceur et timidité. Ses lèvres se délogèrent de sa joue pour venir s’approcher de l’oreille de la danseuse.

« Merci de toujours veiller sur moi. »

Et elle resta là, profitant encore égoïstement de ce geste avant que Kiralee ne la rejette.

Elle avait l’impression d’être remontée dans le temps. À une époque où tout lui semblait plus simple. Où elle se sentait rassurée d’être dans les bras de l’Américaine et qu’elle ne pouvait imaginer un avenir sans elle. Cela lui semblait tellement naturel d’être proche de Kiralee, que ça lui semblait inconcevable de s’en être éloignée. Elle avait commis une erreur.

Elle savait qu’en partant elle avait profondément blessé la danseuse. Ainsi, elle avait préféré disparaitre pour lui laisser de l’espace et ne pas remuer le couteau dans la plaie. Elle s’était dit que si elle gardait contact, Kiralee aurait de la peine de voir que Yuki était toujours heureuse, même loin d’elle. Elle l’aurait également attendue désespérément et à ce moment-là, Yuki ne pouvait pas lui faire de promesse de retour. Elle avait été perdue et Kiralee avait commis des erreurs qui n’avaient fait que renforcer ses doutes.

Finalement, elle était partie pour mieux revenir. Trouver un but à sa vie et être plus indépendante. Ce changement elle l’avait payé en perdant Kiralee. Elle aussi avait continué son chemin sans la guitariste et elle s’était trouvée notamment quelqu’un d’autre. Yuki elle n’avait pas encore franchi se pas de confier son cœur à une autre personne. Kiralee le détenait encore malgré ses tentatives pour l’oublier.

Pourtant, à cet instant, en sentant Kiralee répondre à son étreinte, Yuki se dit qu’elle n’était pas la seule à ne pas avoir tourné la page. Les paroles de la danseuse ne firent que confirmer cette pensée. Elle sentit une boule de bonheur se former dans son estomac à cette pensée. Des papillons s’élevèrent également. Il n’y avait que la jeune femme aux yeux vairons pour lui faire ressentir cela. Elle se sentait coupable de se sentir si bien et de profiter de l’instant alors qu’elle avait brisé le cœur de l’Américaine. Elle qui ne voulait pas remuer le couteau venait tout simplement en planter un nouveau.

L’Américaine s’éloigna après avoir pris une grande inspiration. Yuki eut un sourire qu’elle cacha, Kiralee avait l’habitude de humer son odeur. Elle la complimentait souvent sur son shampoing, alors elle n’en avait jamais changé. La nouvelle distance qui se forme entre l’ancienne amante mit Yuki en état d’alerte. Elle n’avait pas envie de partir, de briser ce moment et de devoir à nouveau se tenir loin de Kiralee. Toutefois, la demande de Kiralee la fit légèrement rougir et sourire avec tendresse. Son rythme cardiaque s’accéléra et elle réduit de nouveau la distance entre leur corps. Cette fois, elle avait totalement mis de côté la peur qu’elle avait ressentie quelques instants plus tôt. Tout s’effaça de sa mémoire et plus qu’une chose comptait : Kiralee.

« Tu es toujours aussi chevaleresque mon lutin… »

Ses lèvres allèrent se poser sur celles de la danseuse et elle l’embrassa avec passion. Sa main droite vint se faufiler sur sa nuque tandis que la gauche s’agrippa à sa chemise. Tant pis pour la culpabilité qu’elle allait certainement ressentir après. Elle avait choisi les remords aux regrets. Elle avait choisi d’écouter son cœur plutôt que sa tête.

Yuki ferma les yeux et vint caresser avec douceur les cheveux de l’Américaine. Cette dernière venait de réfugier son visage dans le cou de la Japonaise, qui frissonnait en sentant des lèvres se poser sur sa chaire. Si c’était une bonne idée ? Absolument pas. Yuki s’était laissé aller sur une pulsion. Elle ne voulait pas réfléchir aux conséquences de son acte. Elle ne voulait pas culpabiliser ni même se réjouir de la situation. Elle avait agi point. Elle aurait aimé n’avoir aucun compte à rendre à personne. Toutefois ce geste n’engageait pas qu’elle. Elle venait d’entrainer Kiralee dans une nouvelle spirale d’émotions compliquées et de rendre infidèle la petite amie de Karen.

« Non Kira, ce n’est pas une bonne idée.»

La Japonaise ne bougea cependant pas d’un pouce et continua de caresser les cheveux de la danseuse.

« C’est toi qui agis sur des coups de tête habituellement, pas moi… Je suis désolée Kira… Désolée de t’embarquer dans mes émotions… À cause de moi tu viens d’être infidèle à Karen alors que ce n’est pas ton genre de faire ça… »

Un instant passa et Kira se recula. Le regard larmoyant et semblant suspicieux. Yuki porta automatiquement une main à son cou nu. Autrefois un pendentif en forme de cœur se tenait dans le creux de son cou. Elle avait l’habitude de le triturer lorsqu’elle se sentait nerveuse. Elle avait jeté ce pendentif du haut d’une montgolfière pour se détacher de son premier amour. Geste symbolique qui devait lui permettre de passer à autre chose. Il semblerait que ça ait échoué. Kiralee semblait blessée de ne pas voir ce cadeau précieux, promesse d’un amour éternel.

Paradoxalement, Kiralee semblait être passé à autre chose rapidement en entamant une nouvelle relation. Yuki se sentie un peu froissée qu’elle réagisse ainsi face à l’absence du bijou. Elle ne montra cependant rien, elle n’avait pas envie de se disputer avec l’Américaine. Elle expliqua donc calmement :

« Je m’en suis séparée. En revenant ici, j’ai appris que tu étais en couple, mais aussi que tu avais donné un coup de poing à Keiko. J’étais vraiment en colère et déçus. Je me suis dit que la personne que j’avais tant aimée n’existait plus et que je n’avais donc aucune raison de rester accrochée au passé. Il fallait que j’avance que je passe à autre chose. Alors j’ai jeté le collier que tu m’as offert du haut d’une montgolfière… Je me disais que c’était un bon premier pas, pour t’oublier. Keiko m’a toutefois expliqué que les rumeurs étaient fausses et que ce coup n’avait pas été volontaire, ou du moins qu’elle n’était pas visée. Je ne pouvais cependant ni récupérer le collier ni revenir sur ma décision. Je ne peu pas rester accrocher à toi après ce que je t’ai fait. Ce serait trop égoïste de ma part… »

Elle marqua un temps durant lequel elle baissa le regard. Elle se sentait honteuse. Elle venait d’embrasser Kiralee et de rompre toutes ses promesses et tous ses efforts pour l’oublier. Et, surtout, elle venait lui planter un deuxième coup de couteau pour satisfaire une pulsion égoïste. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il ne fallait pas qu’elle craque, elle devait rester forte, vider son cœur. Elle verrait après pour les conséquences.

« Et voilà qu’aujourd’hui, je gifle une fille, alors que je suis contre la violence. Je te demande de l’aide, alors que je sais que ça va t’attirer des ennuis. Je t’embrasser alors que je ne veux plus te blesser… Je ne fais qu’aller à l’encontre de mes principes… Je ne sais plus qui je suis ou qui je veux être… »

Nouvelle pause pour prendre une ou deux respirations. Ravaler ses sanglots et plonger son regard dans celui vairon lui faisant face.

« Tu es mon premier amour Kira. Le seul que j’ai eu. Je ne sais pas si je tomberais de nouveau en amour plus tard, ni même si je pourrais t’oublier. Ce que je sais, c’est que je ne veux pas qu’on se fasse la guerre. Tu comptes énormément pour moi et j’aimerais ne pas te perdre. Je sais que c’est moi qui suis partie et t’ai laissé derrière. Toutefois, on avait des choses à régler toutes les deux et on a préféré la fuite à la franchise. Je ne veux plus fuir. Qu’importe ce qu’il en découlera, je veux juste que tu saches que je t’aime. Et que je t’aimerais toujours. »

Voilà, c’était sorti. Yuki se sentit une nouvelle fois plus légère, comme lorsqu’elle s’était confiée à Keiko. Mais cette fois, elle venait vraiment d’effectuer un pas en avant. Peu importe ce qu’il se passerait, ensuite elle savait qu’elle pourrait l’affronter.

Yuki se prenait pour la première fois de plein fouet la douleur qu’avait ressentie Kiralee par sa faute. Au moment de partir, elle pensait faire ce qu’il fallait pour s’émanciper et avancer dans sa carrière. Mais chaque choix avait un prix et elle avait perdu sa fiancée. Elle aurait aimé revenir en arrière et faire les choses autrement, mais il était trop tard maintenant. Elle devait juste continuer à aller de l’avant. Et, à cet instant même où Kiralee reposa tendrement ses lèvres sur les siennes, elle se dit qu’elle ne voulait pas avancer sans essayer de retrouver son bonheur passé. Elle répondit tout aussi tendrement à ce baiser qui lui fit ressentir des papillons dans son ventre. Elle avait définitivement replongé. Il lui fallut un effort presque surhumain pour décoller ses lèvres de celles de la danseuse et de sourire contre ses dernières.

« Je suis con au point d’avoir oublié mon téléphone avant de partir. Je suis trop tête en l’air pour retenir les numéros et aussi surprenant que cela puisse paraitre, je ne connais pas ton numéro par cœur. J’ai pensé à t’envoyer une lettre, mais je ne savais pas si tu voulais de mes nouvelles, je m’en voulais tellement. Je suis désolée pour ça, je me suis dégonflé Kira. Je ne savais pas si j’allais revenir ou pas, alors j’ai fini par me convaincre que ce serait plus facile si je ne tentais pas de te contacter. »

Elle se sentait incroyablement bête de cet aveu qui était pourtant la vérité. Avant de quitter le Japon, elle était allée voir son père et avait oublié son téléphone qui chargeait dans un coin de son ancienne chambre. Lorsqu’elle était revenue au Japon, elle avait noté tous les numéros de son répertoire dans un carnet qui ne quittait pas son sac. Elle ne se reposerait plus jamais sur la technologie pour garder des informations aussi précieuses.

Alors que Kiralee réfléchissait en même temps qu’elle parlait, Yuki éclata de rire. Elle la trouvait bien trop adorable. Bon, elle avouait aussi qu’elle-même ne savait pas trop ce qu’elle avait dit. Il fallait qu’elle soit claire sur ses intentions. Elle craignait la réaction de la danseuse, mais elle se dit qu’elle n’avait plus rien à perdre.

« Bien sûr que non ! Keiko est mon amie, on s’est beaucoup rapproché dernièrement, mais en tant qu’amie seulement ! »

Même si, et elle ne le dirait jamais à voix haute, il serait certainement plus facile pour Yuki de gérer une relation avec Keiko qu’avec Kiralee. Elle comprenait beaucoup plus facilement la blonde, car elles étaient pratiquement identiques dans leur manière d’être. Kiralee est l’opposé total de Yuki qui avait parfois du mal à la cerner. Mais bon, c’est de cette bourrique qu’elle était éperdument amoureuse et elle n’avait aucun contrôle sur les choix de son cœur.

« Je vais tenter d’être plus claire. Kiralee, je suis célibataire et mon cœur bat encore pour toi. Je t’aime éperdument, je n’arrive pas à t’oublier ni même à m’imaginer avec quelqu’un d’autre que toi. Toutefois, je suis aussi une personne intègre et je ne peux m’immiscer entre toi et Karen. Tu es en couple et je ne peux pas t’obliger à rompre. Comme je ne peux être ta maitresse ou quoique ce soit d’autres. OK, je viens de t’embrasser, donc de m’immiscer, mais parfois la vie nous fait faire des folies qu’on ne contrôle pas. Et puis oui en te disant tout ça clairement que je peux influencer ton choix, mais là je m’égare et c’est de nouveau plus clair. »

La guitariste eut un léger rire gêné avant de prendre une grande inspiration.

« Version courte : Je veux qu’on redevienne un couple. »

La Japonaise s’éloigna un peu et dut faire un grand effort pour maintenir le regard vairon. Elle devait surement être rouge pivoine. Elle avait peur que son cœur sorte de sa cage thoracique tellement il battait fort.

« Mais tu es avec Karen donc c’est à toi de décider ce que tu veux. Quoiqu’il en soit, je suis prête à toutes éventualités. Alors, quand toi aussi tu seras prête, fais-moi signe. »

Cette fois la guitariste baissa la tête et observa ses pieds. Elle crut qu’elle allait mourir à attendre là, figée, les prochains mots de Kiralee. La sonnerie retentit faisant sursauter la guitariste.

« Il faut qu’on retourne en cours… »

Elle n’en avait pas vraiment envie. Elle avait juste envie de rester là, près de cette danseuse qu’elle aimait et que tout redevienne simple.

Elle se sentait incroyablement idiote de son explication quant à son téléphone. C’était toutefois la triste vérité. Elle dut se retenir de faire un commentaire sur le fait que lorsqu’elle avait récupéré son mobile, il n’y avait aucun message manqué de la part de Kiralee. Elle ferma toutefois sa bouche, envoyer des piques ou rejeter la faute sur l’autre ne servait à rien. Aucune des deux n’avait tenté de contact, point. La danseuse s’était toutefois déplacée jusqu’à l’aéroport, mais il était trop tard. Yuki savait qu’elle allait venir, c’est pour cette raison qu’elle y avait laissé sa bague. Elle évita de lui rappeler ce moment, elle ne savait pas si Kiralee l’avait trouvé.

Cette dernière réussit finalement à former une phrase et lui indiqua qu’elle était contente que Yuki se soit fait une amie. La Japonaise eu un sourire en coin, clairement que Kira ressentait une gêne par rapport à sa relation avec la blonde. Kiralee restait tout de même Kiralee. Elle était cependant adorable de souligner qu’elle était contente que Yuki soit bien entourée.  La guitariste savait que la danseuse fournissait toujours des efforts pour veiller à son bien-être et qu’elle se préoccupait vraiment de ce dernier. Chose qui fit chaud au cœur de Yuki et lui confirma qu’elle avait raison d’essayer de reconquérir son ex-fiancée. Elle n’eut pas besoin de dire quoique ce soit à ce sujet, son regard rempli de reconnaissance parlait pour elle.

Plus elle voyait Kiralee rougir et s’embourber dans sa non-locution, plus elle sentait une boule se former et grandir dans son estomac. Qu’est-ce qu’elle avait fait ? Depuis quand leurs rôles s’étaient-ils inversés ? La boule dans son estomac se formait d’appréhension face à la réaction de l’Américaine, mais nullement de regret. Yuki s’avait qu’elle avait gagné en confiance et en estime d’elle-même depuis son séjour en France, elle ne pensait simplement pas que c’était à ce point. Malgré son appréhension, elle se sentait libérée d’un poids, comme lorsqu’elle avait longuement parlé avec Keiko pour la Saint Valentin. Toutefois, au lieu de sentir une grande tristesse au point de pleurer, cette fois elle se sentait vraiment sereine. Elle avait certainement fait le bon choix même si elle venait de foutre le bordel dans la tête de Kiralee. Mais bon, en réalité, il n’était pas difficile de faire beuguer Kiralee.

L’Américaine reprit finalement ses esprits pour baragouiner quelques mots avant de simplement quitter la salle. Yuki prit une grande inspiration qui lui fit remarquer qu’elle avait cessé de respirer lorsque Kiralee avait pris la parole. Elle regarda l’heure sur sa montre. Effectivement, les cours étaient finis et elle avait manqué la dernière période. Quel après-midi de fou. En se levant ce matin elle était loin de se douter que sa journée allait se dérouler ainsi. Avec tout ça, elle en avait même oublié son agression par cette étrange fille aux cheveux bleus. Il faudrait qu’elle pense à la remercier. Grâce à elle, elle avait enfin pu mettre cartes sur table avec Kiralee. Et, même si la danseuse devait être en état de choc, elle ne l’avait pas envoyé chier. Yuki eu un sourire, finalement, tout n’était peut-être pas définitivement perdu.